Le Père Guillaume SALAUN,
1857-1887


Le P. Salaücn, né le 2 octobre 1857 à Pont-de-Buis, était le second des enfants de Guillaume Salaücn, employé à la poudrerie, et de Marie-Françoise Miessec. Son père étant mort en 1865, sa mère fut son éducatrice principale. En 1871, Guillaume entra en sixième au petit séminaire de Pont-Croix. En 1877, il choisit le petit scolasticat de Langonnet, dans l'intention de devenir religieux et missionnaire. Mais sa mère lui demanda ensuite d'entrer d'abord au grand séminaire de Quimper. Le 10 août 1880, Guillaume, qui avait reçu le sous-diaconat, se décida à livrer à sa mère un dernier assaut : "Dieu m'appelle, lui dit-il, je ne vous appartiens plus ; vous ne pouvez, ma mère, nie retenir sans me faire manquer ma vocation et devenir responsable de la perte des âmes qu'il m'appelle à sauver." - "Puisque le bon Dieu le veut, dit-elle en sanglotant, je ne puis m'opposer davantage à ses desseins, j'y consens."

Venu au grand scolasticat de Chevilly, Guillaume Salaün y passa deux années au milieu des consolations. S'il avait su se concilier de nombreux amis dans le monde, il ne se fit pas moins apprécier dans sa famille religieuse, et quand l'heure de la profession sonna, il n'y eut qu'une voix pour voter pour son admission, tant il avait su, par sa régularité, son application, sa piété, son aménité, son dévouement, se concilier l'estime et l'affection de tous. Le 27 août 1882, prêtre en 1881, il eut le bonheur d'émettre ses premiers vœux, et de recevoir son obédience pour les missions du Gabon.

La capitale du Gabon porte le beau nom suggestif de Libreville. La mission catholique y fut fondée en 1844 par Mgr Besssieux. C'est son successeur, Mgr Le Berre, qui reçut le jeune missionnaire à son arrivée en décembre 1882. A cette époque, la cathédrale Sainte-Marie de Libreville était désormais bien équipée, et soutenait ses deux premières missions à l'intérieur du pays : Donguila, sur l'estuaire du Gabon et Lambaréné sur le fleuve qui irrigue tout le pays, l'Ogooué. C'est dans ces deux nouvelles et difficiles implantations que le P. Salaün réalisa son rêve et baptisa les premiers chrétiens. A Donguila en 1883 et à Lambaréné en 1885. Cent ans après, Donguila compte 4.000 catholiques sur 5.000 habitants ; et Lambaréné 15.000 catholiques sur 37.000 habitants. Le 19 juin 1887, le missionnaire épuisé revenait en France. Le 15 août il consommait joyeux son sacrifice près de sa mère, dans la paroisse de Saint-Ségal. Ainsi vécut, ainsi mourut ce bon et fervent missionnaire, réalisant, comme beaucoup d'autres, les paroles de l'Esprit Saint Consummatus in brevi explevit tempora multa.

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