Le Père Urbain SAMUEL,
1870-1950


Urbain Samuel naquit le 8 septembre 1870 à Trébas. Après ses classes primaires dans son village, Urbain accomplit ses études secondaires àValence-d'Albigeois, de 1884 à 1890. C'est dans la Société des prêtres de Sainte-Marie de Tinchebray (,Orne) qu'il fit ses études théologiques et fut ordonné prêtre le 3 juillet 1898. Affecté avec un confrère de Tinchebray à Madagascar, ils arrivèrent à Analalava en septembre 1901.

La société de Tinchebray ne pouvant leur envoyer de renfort, le Père Samuel sollicita son admission dans la congrégation du SaintEsprit ; il revint en France pour accomplir son noviciat spiritain en 1906. Et il était de retour à Analalava le 1- février 1907.

A elle seule, la mission d'Analalava était un véritable diocèse, s'étendant de la Sofia jusqu'à Maromandia, et de la mer à l'ouest jusqu'à la forêt betsimisaraka, à l'ouest de Mandritsara ; soit un rectangle de quelque 300 kilomètres sur 500, partagé plus tard en six districts administratifs.

On allait à pied, bien sûr ! le filanzane était trop coûteux ; les routes n'existaient pas, et les chevaux n'ont jamais pu tenir dans ce pays . Le bœuf porteur, qu'on utilise ailleurs, ne se conçoit pas dans un pays où les fleuves, sujets à la marée, élargissent indéfiniment leurs berges limoneuses.

Cependant on visitait, au moins une fois l'an, les églises des 35 cantons de la province. On voyageait aussi en boutre sur la Loza et il arrivait parfois bien des péripéties quand le vent d'est soufflait trop fort. Comme saint Paul, le P. Samuel fit maint naufrage. La tradition a retenu celui qu'il subit avec Mgr Combat et où le digne prélat perdit tout : mitre, crosse, ornements, tout... sauf la vie.

Faire l'histoire de la vie du P. Samuel, ce serait faire l'histoire de la fondation d'Analalava, et il y aurait quantité d'anecdotes à raconter, vraie source de la grande histoire. Les premiers temps de cette fondation en un pays neuf qu'aucun Père n'avait encore pénétré, furent pénibles et peu consolantes.

Le P. Samuel a été le semeur patient, comme l'était son père en pays albigeois. Il n'a pas créé d'architecture nouvelle ; on ne montre pas telle belle église qui serait son œuvre ; il n'a jamais, en construction, dépassé la case rectangulaire en pisé, au toit de tôle. Mais durant toute sa vie il a perfectionné sa science malgache. Aussi les homélies du dimanche, sans dépasser plus d'un, quart d'heure, étaient toujours préparées, centrées sur une anecdote, un proverbe, une coutume malgache ; elles étaient comprises et retenues.

En 1913, le Père quitte à regret les rives de la mer bleue pour la mission de Maevatanana, cette étuve qui n'a qu'un seul privilège, celui de voir ses manguiers mûrir les premiers sur la côte ouest.

Marovoay l'accueille en 1917, et longtemps seul, le Père patauge dans les rizières, où les villages s'égrènent au gré des plantations.

Vingt ans après, il revint à Analalava en semi-retraite. Mais dix ans plus tard, en 1947, ce secteur passant sous la juridiction des Pères Capucins, il prit sa retraite à Majunga, cette fois la retraite complète, pour la terminer le 8 octobre 1950, à 80 ans.

"Cinquante années de dévouement, sans défaillance, cela ne mérite pas la Légion d'Honneur, mais j'imagine que cela mérite bien un bon petit coin au paradis, et c'est encore préférable de beaucoup." C'est par cette réflexion que se termine la notice beaucoup plus étoffée que rédigea pour lui le P. Pierre Grenier.

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