Le Frère Firmin SANTIER,
décédé à Langonnet, le 29 février 1910,
à l’âge de 28 ans.

Joseph Santier, naquit le 11 avril 1881, à Broons, dans les Côtes du Nord. Il fit et sa profession religieuse à Chevilly, le 25 mars 1900sous le nom de F. Firmin. Durant quelques semaines, il remplit les fonctions d’infirmier à la maison mère ; puis reçut son obédience pour Madagascar. Il embarquait à Marseille le 10 octobre 1900.

La plus grande partie de sa vie religieuse, le F. Firmin l’a passée à Madagascar, et dans une seule communauté, celle de Fénérive. Il y arriva le 8 novembre 1900.

Était-il l’homme de la situation, l’ouvrier habile à mener de front une foule de travaux également urgents, assez robuste pour faire face à cette rude tâche ? À l’entendre, on aurait pu craindre le contraire. Il n’avait fait, disait-il, que dix-huit mois d’apprentissage à la menuiserie avec le cher F. Léonard. La modestie seule le faisait parler ainsi. Ouvrier incomplet peut-être, il ne devait pas tarder à se perfectionner ; il devait même former parmi les enfants de l’école quelques ouvriers excellents qui lui doivent à présent d’avoir pu s’établir honnêtement, et le chef de la province, dans un rapport paru à l’Officiel de la colonie, le qualifiera lui-même plus tard d’ébéniste distingué.

Le F. Firmin est resté à Fénérive plus de cinq années, c’est-à-dire tant que dura la période des installations. À son grand regret, il prenait, en mai 1906, la route de France, emportant le secret pressentiment qu’il ne reverrait plus sa chère mission.

Nous perdions en lui, en même temps qu’un ouvrier habile, passionné pour son œuvre, un bon religieux. Sans doute le cher frère comme tout le monde, avait ses petits défauts ; il était vif, primesautier, il y avait de la ténacité très bretonne en cette tête, mais ce n’étaient là que des ombres dans le tableau et son enjouement, sa droiture, son attachement à son œuvre, faisaient vite oublier le reste.

En 1907, le cher F. Firmin recevait son obédience pour le Haut-Congo français. Écoutons le P. Prat nous dire ce qu’y fut son séjour d’un an à peine.

« De la mission Saint-François de l’Alima, le F. Pol-de-Léon était parti pour Brazzaville en juillet 1906, et de là pour la France, car il était atteint de la maladie du sommeil. Restaient à la mission les PP. Prat et Épinette. Il n’y avait pas de frère. Or, on avait résolu de changer la mission de place. Elle était sur les bords de l’Alima, exposée aux piqûres de la mouche tsétsé qui y abonde, et entre deux forêts marécageuses. Derrière cet emplacement, à 400 mètres du côté nord, se trouvait un beau plateau, bien à découvert. La vue y était belle, l’air meilleur, la réverbération moins à craindre, et la mouche tsétsé n’y arrivait pas. Mgr Augouard nous envoya, à la fin de mai 1907, le F. Firmin chargé d’y installer les constructions.

« Les planches étaient prêtes, les pièces de bois sciées, pour construire une maison de 20 mètres de long. Le montage de la maison se fit en juin et juillet. Le F. Firmin fut aidé par le P. Épinette. Ils y apportèrent l’un et l’autre trop d’ardeur et s’y fatiguèrent beaucoup. Le P. Épinette mourait deux mois après d’une bilieuse hématurique.

« Le F. Firmin se remit bientôt aux constructions. En février 1908, il tomba malade ; on fut obligé de le faire descendre à Brazzaville où le docteur le déclara tuberculeux et le fit partir pour la France. Il n’était resté qu’un an au Congo.

« Ce qui m’a étonné chez le F. Firmin, continue le P. Prat, c’est sa grande facilité à parler la langue indigène. Cette facilité, puis aussi, ses manières extérieures, faisaient qu’il avait une grande autorité sur les travailleurs. Aucun ne lui aurait résisté, et c’est par la douceur qu’il les gagnait. »

Rentré en France, le F. Firmin revint à Notre-Dame de Langonnet, berceau de sa vie religieuse. Longtemps il nourrit même la pensée de repartir à Madagascar. Hélas ! une impitoyable maladie venait bientôt lui enlever ce dernier espoir. Il mourut à Langonnet, le 29 février 1910. -
Auguste Fortineau. - B, t. 5, p. 209.

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