Le Père Grégoire SAUNER,
décédé à Mayumba, le 30 octobre 1891,
à lâge de 30 ans.


Grégoire Sauner était né le 20 février 1861 à Brimigkofen, près de Mulhouse. Après avoir fréquenté l’école primaire de son village, il fit ses études latines jusqu’à la troisième, chez les Frères de Marie, à Belfort ; puis il passa au petit séminaire de Luxeuil. Vers le milieu de sa seconde, il demanda à entrer dans la congrégation, qu’il avait connue par plusieurs scolastiques. Admis au petit scolasticat de Cellule, le 14 mai 1880, il arriva au grand scolasticat en septembre 1882 et passa au noviciat en septembre 1886.

Comme déjà à cette époque il avait une santé faible et qu’il crachait même parfois du sang, on l’envoya une année à Rambervillers (1887-1888).

Admis à la profession le 26 août 1888, il fut, selon son désir, destiné aux missions d’Afrique et envoyé au Congo français.

« Pieux et zélé, écrit Mgr Carrie, il aurait pu, avec de la prudence, vivre de longues années en Afrique et rendre ainsi de grands services. » Mais il n’était pas assez prudent pour le soin de sa santé. Tombé malade peu après son arrivée, il se releva bientôt la première fois.

Une quinzaine de jours avaient suffi, pour remettre sur pied le P. Sauner. Ses forces revenaient d’une manière surprenante, tellement qu’il pouvait facilement faire sa promenade journalière jusque dans les derniers villages qui se trouvent derrière la mission. Mais cette santé apparente disparut bien vite quand des pluies continuelles commencèrent à nous inonder. À partir du mois d’octobre, plus de promenade, moins d’appétit. Une toux plus forte, des nuits insupportables. Le bon père pouvait cependant continuer à offrir le Saint Sacrifice tous les jours, malgré ses grandes souffrances. Il voulait même continuer à faire le catéchisme général du jeudi et confesser les élèves qui l’avaient choisi pour directeur. Quand on lui faisait remarquer que tout cela le fatiguait : « Il faut bien, disait-il, que je fasse quelque chose tant que je le puis. »

La nuit du 24 octobre 1891 fut pour lui un véritable martyre. Le lendemain, dimanche, il n’en pouvait plus. Il voulut cependant monter encore à l’autel ; mais ses forces le trahirent. Il dut se contenter de recevoir la sainte communion et d’assister à la messe de huit heures. À partir de ce jour, il devint bien évident, pour tous ceux qui l’entouraient, que la mort approchait.

Le 29, il était relativement calme, mais d’une faiblesse extrême. « Je crois que c’est la dernière nuit, me dit-il, je sens que je m’en vais ; je suis content d’aller au ciel. » Tout alla assez bien cependant jusqu’à deux heures du matin. À ce moment, le bon père entra en agonie. Il s’endormit paisiblement et sans aucun effort. -
BG, t. 16, p. 314.

Page précédente