Pierre est né dans une
famille nombreuse et profondément chrétienne. La prière était au cœur de la vie
de famille, les parents donnaient l’exemple… Très jeune, Pierre se sentait
appelé à la vie religieuse et missionnaire. Pendant la guerre, il a fréquenté le
lycée de Sélestat puis il fit le grand saut pour partir à l’École des Missions
de Blotzheim puis à St Florent avant de rejoindre Cellule pour l’année de
noviciat, Mortain pour la philo et enfin Chevilly pour la théologie.
En
septembre 1960, il prend le bateau pour Brazzaville où fait un stage de 6 mois:
temps d’acclimatation au pays et initiation au lingala avant de rejoindre sa
première mission, Kellé dans le diocèse d’Owondo. Il a gardé un souvenir
merveilleux de ces années de brousse passées avec le P. Joosten puis avec le P.
Corentin Le Solliec. Les tournées le menèrent jusqu'à la frontière du Gabon à la
rencontre des confrères spiritains qui œuvraient dans ce pays. Il a vécu une
belle collaboration avec les Sœurs de la Croix de Chavanot, Sœur Bernadette et
Sœur Anne-Marie. Il quittera Kellé pour quelques années d'enseignement au petit
Séminaire de Makoua, puis ses supérieurs lui confièrent la mission d'Ewo. En
1975, après une année de recyclage à Mortain, il rejoint la mission d'Ouesso. Ce
furent des années difficiles avec l'assassinat du Cardinal Biayenda puis celui
du Président N’gouaby. Les chrétiens avaient peur de venir à la messe et les
jeunes hésitaient à fréquenter la Mission.
La dernière mission au Congo fut
Dongou, mission fondée par Mgr Paul Biechy dans le diocèse d’Impfondo sur le
fleuve. La guerre du Pool à Brazzaville rendant la vie de plus en plus
difficile, il s’est résolu, fatigué et usé, mais la mort dans l’âme, à quitter
l’Afrique. Il est alors affecté à Vence, puis à Blotzheim et Saverne avant de
rejoindre la Maison Saint Léon où il était heureux de vivre ses dernières
années.
Pierre connaissait la gravité du mal qui le minait mais n’en
parlait pas. Il se faisait violence pour accepter les invitations que je lui
proposais. La dernière de ces sorties fut un repas à Schirmeck. En milieu de
semaine, il m’a téléphoné pour me dire qu’il gardait la chambre, sa respiration
étant devenue très difficile. Admis à l’hôpital de Saverne le vendredi, il nous
a quittés le samedi dans la soirée, entouré de sa famille et de confrères
spiritains, 10 ans après le décès du grand frère Jean. Le cœur de Pierre était
resté à Kellé, mission de sa jeunesse où il s’était pleinement épanoui. Grâce à
Mgr Jean Gardin, il recevait des nouvelles du pays dans lequel il avait œuvré 40
ans. Si son décès nous a surpris, Pierre n'a pas été pris à l'improviste: il
attendait ce moment de Lumière et de Vérité pour entrer dans la joie de son
Maître qu'il a servi toute sa vie dans la prière et une vie missionnaire féconde
et heureuse au service des Congolais.
Martin SCHEER