Le Père Georges SCHMITT,
décédé à Dakar, le 13 mai 1900,
à l’âge de 40 ans.


Né de pieux parents à Hirsingen (Haut-Rhin), le 4 septembre 1859, Georges Schmitt sentit naître de bonne heure en son âme le désir de se vouer au service du Seigneur. Il s’en ouvrit au vicaire de sa paroisse natale, qui sollicita son admission au petit scolasticat de Langonnet. Il y arriva le 22 septembre 1875.

Après sa profession, en août 1885, il reçut son obédience pour le Congo Français et fut tout aussitôt destiné à la nouvelle fondation de Brazzaville, où on lui confia l’œuvre des enfants. Il fut ensuite envoyé à Linzolo ; puis, en avril 1892, à son retour d’un voyage en France pour refaire sa santé, Mgr Carrie le désigna pour aller commencer la station de Bouanza, dont il fut nommé supérieur le 17 juin 1893. Il s’y est dépensé jusqu’au bout de ses forces, sans jamais compter avec les peines et les difficultés.

La carrière apostolique du P. Shmitt a été, une vie d’épreuves de tout genre, comme on le verra par les détails suivants que nous donne le F. Fraterne, l’un de ses compagnons de travaux en mission.

« C’est à Bouanza, nous dit-il, que le P. Schmitt a passé la plus grande partie de sa vie de missionnaire. Et que n’a-t-il pas eu à y souffrir surtout dans les commencements ! À peine les constructions étaient-elles achevées qu’il les voyait anéanties par suite de l’inondation du Niari. Mais, en homme de foi toujours confiant en la divine Providence, peu de temps après il recommençait à bâtir, cette fois sur un autre emplacement mieux choisi. Cette station est aujourd’hui florissante.

« Cependant ici encore, il lui faut passer par les épreuves. Le bon Dieu lui enlève d’abord le F. Désiré, juste au moment où il en avait le plus besoin pour les constructions ; puis, l’année suivante, c’est le F. Roch. Très malade à son tour, le P. Schmitt est obligé de rentrer en France en 1896. Il retourne courageusement à la fin de la même année, en compagnie du F. Hyacinthe ; et, dès son arrivée, il se remet à l’œuvre pour préparer l’installation des Sœurs de Saint-Joseph, qui devaient venir l’année suivante. Ces constructions étaient à peine terminées que le ciel lui demandait deux nouvelles victimes, le F. Philibert, puis une des religieuses nouvellement arrivées.

« Le pauvre père en était accablé : “J’aurais préféré, disait-il souvent, que le bon Dieu m’eût pris à la place d’un de ces chers confrères.” Pour comble de malheur, il vit encore expirer le cher F. Hyacinthe, qu’il avait amené avec lui deux ans seulement auparavant. Ce fut son coup de grâce. Tant d’épreuves l’avaient brisé. Mgr Carrie l’appelle alors à Loango, pour essayer de le remettre ; et enfin il se décide à l’envoyer en France. Embarqué le 21 mars 1900 dernier, le bon Père arrive à Libreville, tellement fatigué, que les confrères du Gabon lui conseillent de s’y reposer jusqu’au paquebot suivant.

« C’est là que je l’ai rencontré le 30 avril, jour où il s’embarquait avec les PP. Davezac et Bichet, les FF. Germain, Martinus, Isaure, Trémeur et moi, sur la Ville-de-Maceio, pour revenir en France. Dès lors il ne pouvait déjà plus ni marcher, ni se servir de ses mains ; il fallait le soigner comme un enfant.

« “Je crois, disait-il, que je ne reverrai plus la France, mais que la sainte volonté de Dieu soit faite ! J’aurais pourtant préféré mourir à Bouanza, là où j’ai souffert !” Le voyant baisser de plus en plus, le P. Bichet lui proposa l’extrême-onction qu’il reçut le 4 mai, dans sa cabine, avec beaucoup de piété. Après les derniers sacrements un mieux sembla se faire sentir. Mais, à Dakar, le docteur du bord, vu l’état de faiblesse de plus en plus grande du malade, décida de le faire descendre chez les confrères, pour n’avoir pas à le jeter à la mer. C’était le 12 mai. Les FF. Isaure et Trémeur l’accompagnèrent jusqu’à la mission où ils lui firent leurs adieux, sans qu’il pût prononcer une seule parole, et le lendemain il rendait le dernier soupir. » -
BG, t. 20, p. 490.

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