Le Père Jean-Baptiste SCHMITT
décédé le 25 mars 2000 à Wolxheim, âgé de 90 ans


Né - 24.06.09, Herbitzheim (67). Profès : 08.09.30, Orly. Prêtre : 03.10.37, Chevilly
AFFECTATIONS:
Cameroun : Sangmélima (38-43) ; Djoum, fondation (43-47) ; Minkane (49-54); Djoum, curé (54-79) ; Nyamfendé (79-88). France : Wolxheim (88-00)

Lorsqu'il m'a accueilli à Djoum, il m'a donné l'impression d'un homme débordant d'ardeur. Il courait la brousse du même pas énergique qu'il avait gardé ici, à Wolxheim, à ses débuts. Il écrivait : "Je ne faisais qu'une halte de quinze jours entre les tournées de brousse qui se suivaient régulièrement ". Il en était comme affamé : " Mes jambes en avaient autant besoin que mon zèle ".

Ardeur à vouloir enraciner l'évangile dans le coeur des gens, ardeur soutenue par sa grande confiance au Coeur Immaculé de Marie. Il ne faisait pas mystère de sa dévotion envers elle. Il me disait que le décès de sa maman, alors qu'il était encore enfant, y était pour beaucoup. C'est à ce même Coeur Immaculé de Marie qu'il a consacré la Mission de Djoum. Il se plaisait à raconter que la fondation avait été possible en pleine guerre, grâce au don généreux d'un industriel américain, rencontré par hasard et avec qui il avait sympathisé. Un Américain presbytérien, donc protestant - et en ce temps-là les relations catholiques et protestants n'étaient pas des plus tendres.

Mes premières tournées de brousse avec lui m'ont fait découvrir son ardeur à "faire la doctrine", àenseigner le catéchisme. Enseigner, il le faisait dès la tombée du jour, car ses yeux étaient très sensibles àla lumière du soleil. C'étaient de longues instructions, qu'entrecoupaient la récitation du chapelet et les chants. Moi qui ne connaissais pas la langue, j'ai somnolé plus d'une fois, assis sur les rudes troncs de parasoliers, - et je n'étais pas le seul.

Ardeur à entretenir un réseau d'amitié, à Herbitzheim en particulier, pour obtenir les moyens financiers de réaliser ses projets. Les petites oboles, additionnées, lui ont permis d'édifier église, presbytère, écoles, dispensaire, maison des Soeurs, tout ce qui faisait une Mission de brousse en ce temps-là.

Mais il ne s'investissait pas seulement dans la brique. Avec ardeur encore, il s'est lancé dans ce que nous appelons aujourd'hui " les moyens de communication ". Avant beaucoup d'autres, il avait su créer des outils pour la catéchèse. La machine à polycopier ne chômait pas. Combien d'heures passées a rédiger des articles pour la revue paroissiale en langue locale, destinée aux catéchistes, le " Nkul Zamba ", (Tam-Tam de Dieu), dont il n'était pas peu fier. Que de temps passé à réaliser les offices du " dimanche sans prêtre ", pour maintenir la vie liturgique dans les villages les plus reculés.

Un homme plein d'ardeur, d'impétuosité parfois, de naïveté aussi, mais toujours homme de prière. Dès les débuts de son ministère, il écrivait : "Je consacre les dernières heures de la journée au Seigneur ". Cet isolement à la chapelle, à la nuit tombée, selon l'exemple du Maître quand il allait prier dans le silence et la solitude. Le Maître et sa Mère lui ouvrent leurs bras aujourd'hui.
Albert Gully

Page précédente