Le Père Pierre SCHOUVER
Ancien supérieur général


Décédé à Wolxheim le 13 septembre 2010, âgé de 74 ans
Né : 6/05/36, Meisenthal (57). Profès : 8/09/55, Cellule. Prêtre : 5/07/64, Rome.

AFFECTATIONS :ITALIE : Rome (65-67, études). FRANCE : Chevilly (67-74, professeur de dogme). CENTRAFRIQUE : Bangui (74-92, centre pastoral et supérieur du District de 88 à 92). ITALIE : Rome (92-2004, supérieur général). FRANCE : Année sabbatique (2004-2005). CENTRAFRIQUE : Bangui (2005-2007). FRANCE : Wolxheim (2007-2010).

C'est avec une certaine émotion que je voudrais vous relater la vie du Père Pierre Schouver car plus qu'un confrère, Pierre a été pour moi un ami dont l'amitié m'a marqué, un ami que j'ai encore accompagné les trois dernières années de sa vie dans notre communauté St Léon de Wolxheim. J'ai connu Pierre à l'école Saint Florent de Saverne. Nous étions tous témoins de son intelligence, une intelligence supérieure. En le regardant, nous avions l'impression, nous, d'être des tâcherons en face de nos versions grecques et latines à traduire alors que Pierre, en un clin d'œil, après avoir cherché l'un ou l'autre mot dans le dictionnaire, terminait son ouvrage. Pierre était très humble, il le restera en exerçant de grandes responsabilités au sein de notre famille missionnaire.
Ayant réussi très brillamment ses deux bacs, ses supérieurs ont estimé que Pierre était destiné à l'enseignement et l'ont envoyé à Rome poursuivre ses études philosophiques, théologiques et exégétiques. C'est dans cette ville que nous nous sommes retrouvés à nouveau pour des études. Avec ses 3 licences réussies avec mention "très bien" "summa cum laude", Pierre est revenu en France pour y enseigner la théologie dans le consortium de Chevilly qui regroupait, outre nos confrères spiritains, les étudiants en théologie des Missions africaines de Lyon et les étudiants des Missions étrangères de Paris. Après sept années d'enseignement, Pierre avait hâte de partir en Afrique car c'est ce continent qui avait motivé sa vocation missionnaire dès son plus jeune âge.
Ses supérieurs l'ont envoyé en République Centrafricaine où il a vécu plus de 20 ans. Il a montré qu'il n'était pas seulement un bon théologien, un bon exégète, mais aussi un bon pasteur. C'est à partir du Centre Jean XXIII de Bangui, un centre de formation, que Pierre va sillonner toute la République de Centrafrique pour former des catéchistes, des animateurs liturgiques, des responsables de l'animation rurale. L'archidiocèse lui avait confié également une charge pastorale dans un quartier de Bangui. Pierre aimait s'asseoir avec les gens devant leur case pour les écouter parler de leur vie, pour partager avec eux joies et peines. Avec les gens du quartier et plus particulièrement avec les jeunes, Pierre a construit une chapelle pour les célébrations dominicales. Il a construit aussi un pont pour faciliter l'accès à un point d'eau potable. Pendant quelques années, il a exercé la fonction de secrétaire de la conférence épiscopale de Centrafrique. Ses confrères spiritains l'ont choisi également comme Supérieur principal. Comme supérieur, il aimait rendre visite à ses confrères à travers le pays pour les soutenir dans leur ministère, les encourager. Les confrères de Centrafrique ont aimé le regard positif de Pierre sur les personnes et les choses, l'ont aimé pour son sourire, sa bonne humeur, sa joie de vivre.
C'est fort de sa réputation de théologien et de pasteur que Pierre est arrivé en 1992 à Itaïci, au Brésil, pour le chapitre général de la Congrégation. Comme le Supérieur général précédent ne voulait pas assumer un deuxième mandat, assez rapidement le nom de Pierre circulait dans les couloirs comme futur Supérieur général. Les confrères africains présents à ce chapitre sont venus me voir et m'ont dit : "c'est le P. Pierre Schouver que nous voulons comme Supérieur général car il aime tellement l'Afrique, c'est avec lui que nous serons compris et aimés." Ils n'avaient pas tort. Voici ce qu'un Spiritain africain m'a écrit :"Pierre est un Ancien qui nous laisse, à nous Spiritains africains, un héritage précieux du sens de l'écoute, du discernement et surtout de sa vivacité intellectuelle faisant de lui un précieux facilitateur dans les moments difficiles."
Pendant 12 ans, Pierre a visité les confrères dans une cinquantaine de pays pour les encourager dans leur vie missionnaire. Il a mis en œuvre les décisions d'Itaïci, principalement l'ouverture de notre Congrégation en Asie. Nous lui devons donc notre présence à Taïwan, aux Philippines, au Vietnam. Sa tâche de Supérieur général n'a pas été facile tous les jours, mais Pierre avait un optimisme naturel et une force de caractère qui lui permettaient de dépasser obstacles et conflits.
A la fin de ses deux mandats, en 2004, Pierre m'avait écrit pour savoir si un ancien supérieur général pouvait retourner et travailler à la base. Me trouvant en Guinée à cette époque, je lui ai répondu que cela était bien possible et qu'il était capable, sans doute mieux que moi, de recommencer une vie missionnaire sur le terrain. Avec l'accord du Supérieur provincial de France, Pierre est donc reparti en Centrafrique, ce pays qu'il aimait et qui lui avait donné tellement de joies apostoliques. Mais son séjour ne devait durer que deux ans car la maladie était au rendez-vous : des problèmes de vision et des problèmes de mémoire. C'est à contrecœur qu'il a accepté de ne plus retourner en Afrique après un congé dans sa famille.
En octobre 2007, Pierre a donc rejoint notre maison de retraite. A plusieurs reprises et avant qu'un voile n'obscurcisse sa belle intelligence, il m'avait déclaré : "je suis heureux dans cette maison." Quand sa maladie devait s'aggraver, Pierre était entouré par l'affection des religieuses qui le soignaient, entouré de l'affection de sa famille. Chaque semaine, sa sœur Marie-Claire avec sa cousine Céline, son frère Joseph avec son épouse Andrée, venaient lui rendre visite et lui apporter également le bonjour des autres membres de sa famille, principalement de ses neveux et nièces qui aimaient bien leur Tonton Pierre. C'est donc dans l'affection de sa famille humaine et de sa famille religieuse que Pierre a vécu ses trois dernières années de sa vie terrestre. La Congrégation lui est reconnaissante comme 22ème successeur de Claude Poullart des Places, notre premier fondateur, et comme 12ème successeur du P. François Libermann, notre deuxième fondateur.
Pierre Haas
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