Le Père Albert SÉBIRE,
1863-1936.


Albert Sébire est né à Sainte-Honorine-la-Chardonne, canton d'Athis, le 21 janvier 1883. Sa mère, Rose Dufay était parente du P. Léon Dufay, mort héroïquement à l'île Maurice, et de sa sœur, la Mère Michaël Dufay, qui fut supérieure générale des Sœurs Missionnaires du Saint-Esprit.

Après ses études secondaires à l'Institution Sainte-Marie de Tinchebray, et le baccalauréat ès lettres avec mention assez bien, il entra au grand séminaire de Sées. Attiré par les missions lointaines, il choisit la vie religieuse dans la congrégation du Saint-Esprit.

Prêtre le 31 octobre 1886, il fut affecté l'année suivante au Sénégal. Il y resta onze ans. Tout en y faisant son travail de missionnaire, il y recueillit nombre de renseignements au point de vue médical et économique sur les plantes du pays. Il édita un livre : Les plantes utiles du Sénégal, et un petit manuel d'agriculture réunissant quantité de notions pratiques, ainsi mises au service de tous. Ces travaux ont été faits pendant qu'il était directeur de la mission de Thiès. Il y reçut le ministre des colonies, André Lebon, qui le décora du Mérite agricole et le nomma officier de l'Instruction publique.

Le P. Sébire rapporta du Sénégal une maladie de foie, qu'il dut aller soigner chaque année à Mondorf (Luxembourg), aux frais d'une excellente dame qui le prit en affection. Mais l'infatigable missionnaire qu'était le P. Sébire ne resta jamais inactif. Chargé, pendant quelque temps, d'enseigner le wolof à l'École des langues orientales, il profitait de ses jours libres pour donner des conférences missionnaires dans les collèges et séminaires des diocèses de Sées, de Bayeux, d'Angers, etc.

Un nouveau champ d'action allait bientôt s'ouvrir devant lui. Un riche commerçant d'Anvers, M. Joseph Wégimont, avait acquis de vastes concessions au Congo français. Il y voulait des missionnaires ; et, disait-il, "si vous n'en avez pas en France, venez en chercher en Belgique". Le P. Sébire fut chargé de répondre à cet appel. Un premier centre de recrutement fut établi à Lierre, près d'Anvers ; un autre à Gentinnes (Brabant), en 1903. Puis le noviciat et le scolasticat s'ouvrirent à Louvain.

Survint la guerre de 1914. Le P. Sébire passa en Hollande, où, déjà, avaient été fondés l'école apostolique de Weert et le noviciat des Frères de Baarle-Nassau. Après la tourmente, le P. Sébire repassa en Belgique pour y relever les ruines de Lierre, et donner un nouvel élan aux œuvres précédemment lancées. Quêteur intrépide, il suffisait à tout. Bientôt la Belgique et la Hollande se trouvèrent dans les conditions exigées pour former deux provinces, avec la perspective d'avoir leurs missions, en 1929. Et comme le P. Sébire prenait de l'âge, il fut remplacé par un missionnaire du Katanga, le P. Georges Vandelbucke, mais il ne cessa pas pour autant de continuer à soutenir les œuvres qu'il avait fondées.

Un jour, il fallut pourtant s'arrêter. Il tomba malade en revenant de ses quêtes à Waterloo. Pendant les quatre jours qui précédèrent sa fin, le cher Père Sébire, pleinement et doucement résigné, n'émit aucune plainte, et il conserva la pleine possession de lui-même, comme un bon ouvrier qui retourne près de son Maître après avoir achevé son travail, le 1- octobre 1936. Il était âgé de 73 ans. Grâce à lui, la congrégation du Saint-Esprit compte, à sa mort, deux nouvelles provinces, plus de 200 Pères et Frères voués au salut de la race noire, pendant que 500 aspirants se préparent à les rejoindre. Les deux provinces de Belgique et de Hollande se proposaient de célébrer prochainement les noces d'or sacerdotales de leur fondateur . il est allé les fêter au ciel.
A. Le Roy, 1936.

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