Le Frère Alexis SILLERE,
1855-1944


Alexis Sillère naquit à Seix, dans le diocèse de Pamiers, le 27 juillet 1855. Son père était tisserand et cultivait en même temps un coin de terre. Fils unique, orphelin de père et de mère à l'âge de dix ans, il devint conducteur de son oncle aveugle. Il l'accompagna à Paris où son oncle se fit mendiant, tandis que lui-même travaillait chez un banquier. A la mort de son oncle, le P. Besserat l'accepta à l'orphelinat et le soutint dans ses études professionnelles : il devint tourneur sur bronze pendant quatre ans chez Mr Fédide, 248 rue St-Jacques à Paris.

C'est à Paris, au patronage de Ste-Mélanie qu'il connut la congrégation du Saint-Esprit. Il entra au postulat des Frères à Langonnet (Morbihan) le 26 septembre 1874. Il y fit un excellent noviciat et prononça ses premiers vœux le 1er octobre 1876, sous le nom de Frère Victor. Il passa ensuite avec succès le brevet élémentaire.

Affecté à l'orphelinat de Saint-Nfichel il y fut successivement chef de section de culture des champs, puis instituteur à l'école primaire.

Envoyé en Haïti, il écrivait en décembre 1904 à Mgr Le Roy, supérieur général. Cette lettre personnelle nous fera connaître Alexis Sillère, car n'a-ton pas dit : "Le style est l'homme même". Ajoutons qu'il était, à un an près, du même âge que Mgr Le Roy.

"Monseigneur et Très Révérend Père, je dois vous dire merci d'avoir bien voulu penser à moi pour une mission à laquelle je ne croyais point être appelé. Après avoir consacré la plus grande partie de mon existence à la formation de la jeunesse française, me voici préposé à contribuer de mon petit mieux à l'éducation et à l'instruction de la haute jeunesse d'Haïti. Qui l'eût dit, Monseigneur, lorsqu'il y a un an nous faisions, si vous vous souvenez, des projets pour l'Espagne ? Comme tout change ! Puissé-je moi aussi changer et me montrer de plus en plus digne de votre confiance, mon Très Révérend Père.

"Et maintenant, peut-être serez-vous content de connaître mes occupations. Les voici, Monseigneur. Je suis pion pendant 5 heures par jour, j'enseigne l'arithmétique et la géométrie en quatrième, trois heures par semaine ; et je fais de l'anglais avec le frère Théodore. Dieu le veut ainsi, je crois, pour empêcher tout retour d'amour propre, car autant je suis sûr de moi quand je professe, autant je suis bégayant et humilié quand, à mon tour, je deviens élève. Eh bien soit ! si après cela je puis rendre plus de services à la congrégation. Voilà, Monseigneur, l'état où je me trouve, et, si avec ces dispositions, vous me bénissez, je me croirai un homme heureux.

"Je profite de l'époque où cette lettre vous arrivera pour vous adresser mes meilleurs souhaits de bonne année, et je fais des vœux, Monseigneur, pour que 1905 marque le terme des épreuves de la Congrégation et de l'Église de France.
"Votre fils très obéissant, frère Victor."
Il est mort pieusement à Langonnet, le 28 juin 1944, à 88 ans.

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