Le Père Jean-Baptiste SIMON
décédé à Chevilly, le 13 juillet 1983, à l'âge de 79 ans


Né à Bramans, en Savoie, le 30 juillet 1904, Jean-Baptiste SIMON fit ses études secondaires à Suse et à Allex. Il entre au noviciat d'Orly et fait profession le 8 septembre 1924. Le service militaire, la campagne du Rif au Maroc, une blessure, tout cela ne l'empêche pas de poursuivre ses études de séminaire. Prêtre à Chevilly le 12 octobre 1930, il reçoit en 1931 son affectation pour l'« Oubangui-Chari » (actuellement République Centrafricaine).

De 1931 à 1939, il est à Berberati, résidence ordinaire, mais c'est un grand marcheur et il parcourt toute la Haute Sangha, débordant sur le Tchad et même le Cameroun. Un ministère de pionnier, avec toutes ses difficultés et ses joies, jalonné par la mise en place de plusieurs « annexes » qui deviennent les missions de Nola Bozoum, Moundou, etc.

En 1938, Rome demande aux Spiritains de quitter cette région pour la céder aux Pères Capucins de la Province de Toulouse... Le Père Simon, pendant un an, va les initier à la région et les aider. La guerre survient et amène le Père à exercer son ministère dans la Savoie et en Isère. En 1946, retour en Afrique - Oubangui - et ce sont les 13 années de Boda dont le Père, pourtant fort discret, ne parlait jamais sans émotion : on sentait que son cœur y était toujours. C'étaient les années qui virent l'autonomie, puis l'indépendance. Des joies, bien sûr, pour le Père ; des difficultés aussi, en particulier au moment du décès du Président Boganda. Alors, en 1959, le Père quitta Bocla et passa 2 ans à Dékoa. En 1961, ce fut le retour définitif en France. Six ans d'économat à Allex. Neuf ans à Marseille comme Supérieur de la communauté et responsable des OEuvres pontificales missionnaires. En 1976, le Père arrive à La Croix-Valmer « en semi-retraite » note-t-il avec humour. Semi-retraite active : comptabilité, ministère (Plan de la Tour, Cotignac, Sainte-Maxime), beaucoup de services dans la maison, au jardin, les fleurs, la lavande, la récolte des champignons et des asperges sauvages et beaucoup d'autres soi-disant bricoles.

Cependant sa « charge d'années » augmentait, mais il voulait rester valide. En février 1983, c'est le début du déclin physique avec une fracture du bassin ; malgré tout son courage et sa volonté de reprendre le dessus, il devient nécessaire de le diriger sur Chevilly et son infirmerie. Déchirement pour lui certes, pour sa communauté de Croix-Valmer aussi. Le mal faisant son oeuvre (cancer dès le 13 juillet), « il est passé sur l'autre rive », entrant dans la joie du Seigneur.

Réservé, peu expansif au premier abord, le Père Simon homme de la montagne - était un homme solide, un prêtre solide, un religieux solide, Discret sur son admirable oeuvre de missionnaire, très pudique sur lui-même, il arrivait cependant qu'il Se livre plus profondément.

Je garde le souvenir d'une journée à Marseille où le Père Simon et le Père Hirlemann évoquaient avec un extraordinaire brio les heures épiques que l'un et l'autre avaient vécues avant et pendant la guerre. J'avoue avoir regretté de ne pas avoir de magnétophone et je l'ai dit au Père Simon. Sa réponse : «Si vous en aviez eu un, nous n'aurions pas dit tout cela ! »

Beaucoup plus sensible qu'il n'y paraissait au premier abord sous l'écorce du montagnard ; très fidèle en ses amitiés ; docile et obéissant comme un enfant tout en étant parfaitement adulte ; soucieux des autres et cherchant à leur faire plaisir ; gentiment malicieux ; plus traditionnel que révolutionnaire ; d'une régularité de métronome : tel était le Père Simon.

Il ne lui manquait - à lui ce pionnier de la Mission, ce géant à côté de nous - il ne lui manquait qu'une chose : accepter d'avoir besoin des autres. En quelques semaines, le Seigneur le lui a appris dans sa maladie et ses souffrances... et là aussi il fut un bon élève et un exemple. Merci, Père Jean-Baptiste, et à Dieu.

P. GEORGES HENRI THIBAULT

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