Je ne sais si
beaucoup de confrères préparent avec soin leurs obsèques ; mais Michel Simonnet
est de ceux-là : il a choisi les textes de la Parole de Dieu et les chants pour
la célébration. Il a laissé aussi des documents relatant sa vie familiale et
surtout ses « souvenirs d’une vie missionnaire au Sénégal ». Il est issu d’une
famille nombreuse de douze enfants, avec des parents chrétiens très pratiquants,
engagés dans la vie de la commune et de la paroisse. Parmi les enfants, trois
garçons sont devenus prêtres, une fille est entrée chez les « Filles de la
Charité ». Son désir de devenir prêtre l’amène à rejoindre ses deux frères au
grand séminaire de Troyes. En fin de formation il demande, sur les conseils de
son directeur spirituel, d’entrer au noviciat spiritain où il fera profession.
Sept mois plus tard, il sera ordonné prêtre.
Envoyé en mission au Sénégal,
il y restera quarante-six ans : Palmarin, Joal, Nguéniène, Niakhar, Saint-Louis
; autant de lieux où il va oeuvrer, se dépenser, aimer les gens qu’il va
rencontrer… Dès le début, il s’investit dans la langue sérère ; il veut vivre
proche des personnes. Il entreprend des tournées de brousse, construit des
écoles, des chapelles, transpire beaucoup durant ses déplacements, en charrette
ou à pied, sur des pistes difficiles, surtout durant l’hivernage. Ses souvenirs
de vie missionnaire sont parsemés d’anecdotes montrant le missionnaire Michel
dévoué, bravant les difficultés pour accomplir au mieux la mission qui lui a été
confiée. Il raconte par exemple comment, pour visiter un lépreux, il parcourt
plus de dix kilomètres à pied et passe des heures en charrette. Nguéniène occupe
une place particulière dans son parcours missionnaire puisque c’est lui qui a
fondé la paroisse où il résidera quinze ans. Les fidèles ne l’ont d’ailleurs pas
oublié : ils lui ont offert un pagne et une étole qui, selon leur désir, ont été
déposés dans son cercueil, sans doute pour marquer leur attachement jusqu’au
bout. Michel note dans ses souvenirs le grand travail des catéchistes et des
religieuses : Soeurs de Saint-Thomas de Villeneuve, Spiritaines, Soeurs du
Saint-Coeur de Marie. Grâce à elles il a pu développer dispensaires et écoles. «
Je suis persuadé, écrit-il encore, que nous devons à sainte Bernadette tout ce
qui a pu être réalisé à Nguéniène ; c’est à elle que j’avais confié cette
mission. J’étais quelquefois, sinon souvent, dépassé par les événements ; on
sentait la protection de la divine Providence et l’action de l’Esprit Saint qui
me précédait, m’obligeant à aller toujours plus loin et à entreprendre, sans
penser à la crainte, heureux de voir grandir la mission… »
Michel vivra
paisiblement ses vingt dernières années à Chevilly, rendant service à ses
confrères et aux religieuses, selon ses possibilités. Il a rejoint la maison du
Père, là où une demeure lui a été préparée par Celui qu’il a fidèlement servi.
Étienne LEFÈVRE
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