« Il y a des prêtres qui sont des gens normaux, qui ne
sont pas bardés dans une armure de morale... La fraternité est au cœur de leur
vie car c’est l’Esprit de Dieu qui les a choisis pour consoler les cœurs
accablés de souffrance et proclamer la bonne nouvelle aux pauvres !... Le
missionnaire n’a personne à civiliser, ni au Cameroun, ni au Bénin, ni dans les
bidonvilles de roms au Blanc-Mesnil, mais il a une personne, des personnes à
rencontrer, peu importe qu’il soit entendu, ce n’est pas de son ressort… ».
Il en aura dit et fait des choses, Gérard, au cours de sa vie de missionnaire :
prof d’anglais, curé, sourcier, jardinier, constructeur et bricoleur, cuisinier
(surtout les œufs au plat), Supérieur de district, Supérieur à la rue Lhomond,
aumônier des Congolais, accueil au service des migrants, et même économe à
Nantes ! Étonnant non ?
Évidemment, il y a des choses que Gérard aimait
profondément faire et vivre, d’autres qu’il faisait à reculons! Mais quand on
lui confiait quelque chose il y mettait tout son cœur en se disant que c’était
un Autre qui le lui demandait !
On ne l’imagine pas sans sa guitare, animer
une veillée de prière, enseigner un chant ou pousser une chansonnette lors d’un
moment convivial. Je l’ai souvent entendu apprendre un nouveau chant dans sa
chambre. Il aimait ça ! Grand blagueur, certaines ses blagues restent culte,
notamment celle du missionnaire arrivant devant St Pierre, ou celle du genre du
mot cuillère que je ne vous raconterai pas là… Grand sportif devant le petit
écran, pour le foot, le rugby, le ski, et le tour de France, il n’aimait pas
trop qu’on le dérange à ces moments de communion avec la sueur des sportifs et
il prenait avec condescendance le manque d’intérêt et de connaissance de
certains de ses confrères.
Le Cameroun est resté sa terre de prédilection.
Il y a fait ses débuts et il y est retourné pour des missions différentes, mais
avec un attachement particulier au Nord Cameroun à Mokong, puis à Bogo qu’il a
construit avec son copain Georges Ozouf. Puis sa période charismatique et sa
charge de supérieur de district. Le Bénin a été un épisode important où il s'est
investi à fond avec des confrères ghanéens. Après 6 ans au Blanc-Mesnil, c'est
au Cameroun qu'il est retourné, contre l'avis de ses supérieurs.
La Vendée,
sa terre natale était son lieu de refuge avec sa sœur religieuse décédée l’an
passé, ses frères et sœurs, ses neveux et nièces qu’il prenait plaisir à
retrouver pour une fête familiale, un match de foot ou une visite sur ses terres
de mission au Cameroun ou au Bénin. Il a finalement choisi Nantes pour cette
proximité avec les siens dont il voulait encore profiter comme « tonton
Gérard ». Mais le jour de son départ, c’est l’attaque cardiaque, et plus tard
sur son lit d’hôpital, Gérard qui appelle sa famille et les responsables
spiritains pour leur annoncer le diagnostic sans appel du médecin et leur dire
qu’il les aimait tous. Gérard a témoigné jusqu’au bout ce que nous dit Paul
Valadier :
« Les vœux religieux, sont le gage d’une volonté, qui s’apprête à
faire face à un avenir inconnu de manière créative et en fidélité à
soi !»
Franz LICHTLE.
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