Le Père Jean-Pierre SUBLET,
décédé à Loango, le 4 décembre 1894,
à l'âge de 38 ans.


Né le 10 septembre 1856, à Villy-le-Bouveret, diocèse d’Annecy, Jean-Pierre Sublet entra le 30 septembre 1874, en qualité d’élève de philolosophie, à Notre-Dame de Langonuet, reçut la prêtrise le 8 mars 1879 et fit profession en août de la même année.

Placé d’abord au collège de Pondichéry et rentré en France après la fermeture de cette maison (1889), il reçut son obédience pour le Congo français.

Toujours gai, toujours aimable el toujours sérieux dans ses charges et dans ses fonctions, il fit, en peu de temps, des travaux étonnants sur Ies langues de Setté-Cama. Catéchisme, grammaire et dictionnaire, tout avait été abordé et mené à bonne fin par cet infatigable missionnaire qui s’occupait aussi de son œuvre d’enfants avec une activité admirable ; le temporel ne lui faisait pas oublier le spirituel. Il eut bientôt mis son œuvre sur un excellent pied, et Dieu seul sait tout le mal qu’il s’est donné et les torrents de sueur qu’il a versés pour accomplir sa rude tâche. Je dis les torrents de sueur, car à Setté-Cama il fait excessivement chaud, et le travail y était très pénible. Il avait débuté avec le regretté F. Vivien, allant pendant plus de deux mois dans les rivières, les marais et les racines inextricables de palétuviers, glaner çà et là un arbre, un bambou, etc., pour les premières construclions de la mission, dont tous Ies bois ont été ainsi amassés peu à peu au prix de fatigues et de privations extraordinaires. Que de bains pris à contre-cœur jusque dans la vase des marigots ! Que de pirogues chavirées ! Que de belles pièces de bois perdues après de rudes journées passées à les cbercher ! Que de fois la boîte de conserve de corned-beef, seul menu du dîner, est allé rejoindre au fond de l’eau Ies poutres de palétuviers !

Aux constructions ont succédé les défrichemenls des forêts vierges au milieu desquelles a été élablie la mission. C’est là qu’il fallait voir le cher P. Sublet, à l’œuvre avec les enfants, aux prises avec les géants des forêts. Comme il se remuait, comme il courait, animant l’un, soutenant l’autre, brandissant la hache, faisant grincer la scie, mettant la main et la vie partout.

Que de peines il s’est données pour trouver des enfants, pour les soigner dans leurs maladies ! Ce fut là son épreuve la plus grande et la plus pénible : ses chers enfants mouraient malgré tous ses soins. Le zèle des âmes le dévorait ; il aurait voulu les sauver toutes, parcourir tout le pays, prêcher partout. Trois ou quatre jours encore avant sa maladie, il m’écrivait qu’il partait pour aller visiter un village pahouin, et cela, disait-il, pedibus jambisque. Je crois bien que c'est ce voyage qui lui a porté Ie dernier coup. Dur à lui-même, il n’a pas pris assez soin de sa santé, qu’il prodiguait sans réserve pour Dieu et pour Ies âmes. Espérons qu’il a reçu maintenant sa récompense, mais, pour nous, la séparation est pénible ! Enfin, fiat ! -
Mgr Hippolyte Carrie - BG, t. 18, p. 26.

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