Le Père J.B. THIÉRARD,
1824-1854


Jean-Baptiste Thiérard naquit le 4 mai 1824, à Matton, dans les Ardennes. Son père instituteur et le curé du la paroisse lui assurèrent une excellente préparation à son entrée au petit séminaire de Charleville, en octobre 1838. En 1842, il fut admis au grand séminaire de Reims. Il se prépara à l'ordination avec sérieux : "Jusqu'à présent, disait-il, je n'ai rien fait pour mon salut et ma perfection, je ne me suis occupe qu'à sucer le lait et le miel de la dévotion ; il est temps que je commence à pratiquer des vertus solides, c'est-à-dire le renoncement à moi-même, l'humilité et la charité."

Prêtre à Reims le 29 mai 1847, il se présenta le 9 juillet suivant au noviciat de La Neuville près d'Amiens, où le reçut le Père Libermann. Une épidémie de choléra s'étant abattue sur la région, il eut l'occasion d'exercer sa charité de façon immédiate. C'est dans ces conditions que le 2 février 1849, par sa profession religieuse, il devenait missionnaire du Saint-Esprit et du Saint-Cœur de Marie.

On vivait alors une époque héroïque : en 1843, sept prêtres étaient partis les premiers sur les côtes du Vicariat apostolique des Deux-Guinées ; cinq étaient morts des fièvres tropicales, un découragé était revenu en France, seul le Père Bessieux avait pu joindre le Gabon et commencer la mission. En décembre 1845, le Père Tisserant envoyé au Sénégal comme Préfet apostolique faisait naufrage à la hauteur de Mogador. En 1847, Mgr Truffet mourait à Dakar dans la première année de son séjour. Les jeunes missionnaires qui se préparaient à partir brûlaient d'ardeur pour continuer l'Œuvre où ces pionniers de l'Afrique s'étaient sacrifiés.

C'est le 31 janvier 1850 que le P. Thiérard embarqua à Brest pour atteindre l'île de Gorée le 23 mars. Il arrivait pour les fêtes de Pâques. Le samedisaint il eut la joie de baptiser une cinquantaine de jeunes et d'adultes, et de prêcher le lendemain aux européens et aux mulâtres connaissant le français. Il eût été heureux de poursuivre sa mission dans cette région de Dakar : mais Mgr Bessieux l'affecta à la mission équatoriale du Gabon.

C'était un milieu très différent, où tout était à entreprendre. Il y fallait du temps et de la patience. Notre jeune missionnaire se donna sans compter et sans attendre, et, comme beaucoup d'autres, il eut le courage d'offrir sa vie pour l'Afrique à l'âge de trente ans, avec l'ardeur des martyrs, emporté par une fièvre pernicieuse le 13 juin 1854.

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