Le Frère Albin THOMAS,
1898-1986


Paul Thomas est né le 21 février 1898, dans le diocèse de La Rochelle, au Gua, au cœur de cette belle province de Saintonge, dans un solide foyer chrétien. Après ses études primaires, ayant manifesté son désir de devenir prêtre, il est confié, comme cela se faisait alors, à un prêtre, le curé de Nancras, petit village non loin du Gua. Peu de temps après, il entre au collège Notre-Dame de la Recouvrance, à Saintes, pour y poursuivre ses études secondaires.

En 1917, il est mobilisé, comme tous les jeunes gens de son âge et envoyé au front. Il devait y connaître les horreurs de la " Grande Guerre ". Blessé au mois de septembre 1918, il sera cité deux fois à l'ordre de son régiment, le 174 R.I., pour son courage et son sang-froid. Mais ce n'est que bien plus tard, dans les années 1950, qu'il recevra, en témoignage de cette période héroïque, la médaille militaire et la croix de guerre.

A sa démobilisation, en 1919, il fait un stage d'un an à la section des vocations tardives de Saint-Ilan. Il entre ensuite à Neufgrange, au noviciat des clercs dont le P. Liagre est le Père Maître. Il lui gardera toute sa vie un attachement profond. Après sa première profession, le 25 septembre 1921, il fait sa philosophie à Neufgrange d'abord, puis à Chevilly où il est tonsuré, le 31 mars 1923.

Atteint de tuberculose pulmonaire, il doit interrompre ses études et se soigner longuement. C'est à ce moment-là qu'il opte pour être Frère. Il prononce à nouveau ses vœux, sous le nom de Frère Albin, le 2 août 1925, à Langonnet. En 1975, à l'occasion du 50e anniversaire de sa profession religieuse, il écrira dans une lettre à son Provincial, le P. Thibault : "... 50 ans de Frère coadjuteur... ça, c'est une gloire que je place très haut. "

De 1926 à 1946, il est à Langonnet où il remplit de multiples fonctions : aide-infirmier, jardinier, commissionnaire, chargé du parc, du clapier, du cimetière, etc. Mais le Frère Albin est entré dans un institut missionnaire, et son désir est d'assumer pleinement sa vocation. En 1945, il demande donc à partir en mission, " pour rendre service comme jardinier et catéchiste, dans une léproserie, " selon ses propres termes. Ses supérieurs ne l'enverront pas dans une léproserie, mais à Misserghin, en Algérie. Il y restera 22 ans. Là encore, les activités qu'il assume avec dévouement et minutie sont aussi nombreuses que variées, même si, aux dires de ceux qui l'ont bien connu, il les mènera toujours un peu à sa façon.

En 1968, il a alors 70 ans, il sollicite son retour en France. Sa santé est toujours demeurée fragile, et un certain nombre de handicaps physiques deviennent des obstacles à ses activités. C'est à Chevilly qu'il vivra les 18 dernières années de sa vie, dans une retraite active, tant au plan de la prière que des multiples services qu'il s'efforce de rendre.

Cette vie toute simple : vie de prière, vie de dévouement, trouvera son terme le 10 août 1986. Ses derniers mois seront particulièrement crucifiants pour lui. Le Seigneur lui demandera le dépouillement total de ce qui lui était cher : sa liberté d'action, une certaine forme d'indépendance tant dans sa manière de prier que dans ses jugements. Comme tant d'autres avant lui, le cher Frère Albin a vécu, parfois douloureusement, ce que le Seigneur annonçait à Pierre : " Quand tu auras vieilli, un autre te ceindra et te mènera où tu ne voudrais pas ! " Mais les voies du Seigneur, qui ne sont pas les nôtres, conduisent toujours celui qui les suit à la rencontre de Celui qui est l'Amour. Il n'avait 88 ans.

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