Le Père Alphonse THOULOUZE

Le 15 octobre 1849, l'évêque de Viviers écrivait au Père Libermann, Supérieur des Missions du St-Esprit à Paris :
" Monsieur le Supérieur,
l'abbé Thoulouze, directeur de la maîtrise de ma cathédrale, m'a demandé la permission de se consacrer au service des missions dans les colonies sous votre direction.
Quoique je tienne à cet excellent prêtre, je ne veux pas m'opposer à un projet qui contribuera à la gloire de Dieu et au bien des âmes ; j'autorise Mr Thoulouze à se rendre dans votre maison. C'est un très bon prêtre, d'une vertu solide, tout formé pour le ministère et qui joint à ses autres mérites celui d'une parfaite modestie. Je crois qu'il sera très utile à votre œuvre. C'est un sacrifice que je fais en vous le cédant. J'en serai dédommagé quand j'apprendrai le bien qu'il fera par son zèle dans vos possessions.
" Agréez, Monsieur le Supérieur, l'assurance de mes sentiments affectueux.
+ J. Hippolyte, évêque de Viviers."

Le Père Alphonse THOULOUZE est né le 4 juillet 1810 dans la commune d'Aubenas. Ordonné prêtre le 17 juin 1838, il avait 39 ans quand il rejoignit le Père Libermann et la Congrégation du St Esprit. Mais son départ déclencha au pays une tempête de récriminations :

- l'abbé Vernède, son adjoint à la maîtrise, alertait l'opinion : Comment ce prêtre, dont la santé ne peut soutenir le travail auprès de 12 élèves, ose-t-il prétendre partir en terres lointaines, alors qu'ici il doit suivre un régime alimentaire si sévère !

- le 4 novembre 1849, le curé et les vicaires du canton d'Aubenas signaient une déclaration dénonçant l'insuffisance de sa santé, incapable des fatigues d'un ministère pénible !

- lé 12 janvier 1850, c'était un oncle d'Alphonse qui écrivait au Père Libermann que l'abbé Thoulouze est de santé si fragile qu'il se sacrifierait inutilement en partant en mission.

- le 22 avril suivant, c'était le frère d'Alphonse qui écrivait au supérieur de Notre-Dame du Gard à Picquigny près d'Amiens, pour assurer que le retour de son frère au pays natal était la seule solution raisonnable. Et il transmettait les certificats des deux médecins qui ont soigné son frère les mois précédents, l'un pour les poumons, l'autre pour l'estomac et l'intestin.

Les signatures de ces lettres et de ces certificats étaient tous dûment certifiés et légalisés par la maire de la commune . ...

Mais rien n'y fit. L'abbé Alphonse Thoulouze prononçait ses vœux de spiritain le 20 avril 1851. Il était affecté à la mission de la Guyane et rejoignait aussitôt son poste. Le 16 juillet 1851, il mourait à Cayenne, martyr de la fièvre jaune, ayant accompli son sacrifice à 41 ans.

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