Le Père Louis TRéBERN,
1869-1936


Louis Trébern naquit à Plomeur, près de Pont-l'Abbé, le 29 août 1869. Orphelin de père dès l'âge de six ans, il grandit sous la vigilance d'une maman dévouée, qui cultiva en lui les germes d'une vocation qu'elle avait demandée à Dieu. Après ses classes primaires, le jeune Louis travailla jusqu'à seize ans aux travaux des champs, initiation providentielle qui devait lui être si utile au cours de sa longue carrière d'économe. Recommandé par le curé de Plomeur au Père Limbour supérieur du collège de Beauvais, il fut accepté en sixième malgré son âge. Il poursuivit son parcours scolaire par Langonnet et Cellule, et termina sa rhétorique en 1890.

C'était l'époque où le cri de ralliement des anticléricaux était le fameux "Les curés sac au dos." A vingt ans, Louis était de la classe. Que faire ? Les supérieurs, se rappelant le curé d'Ars évitant la caserne, envoyèrent Louis Trébern poursuivre ses études en Haïti.

Surveillant et professeur au séminaire-collège de Port-au-Prince, il y travailla cinq ans, tout en poursuivant ses études philosophiques et théologiques, si bien qu'il fut ordonné prêtre le 8 juin 1895.

Pour le noviciat, la France étant interdite au soldat réfractaire, il s'en va au Portugal et émet ses premiers voeux à Cintra, le 19 mars 1897. Il est alors nommé professeur à Porto. Son dévouement, son zèle pour sa charge, sa compétence pédagogique, lui valurent les meilleures notes quand arriva l'heure de ses voeux perpétuels, qu'il prononça à Formiga, le 26 septembre 1901.

L'enseignement, où il excelle pourtant, ne sera plus désormais dans ses attributions : l'économat lui permettra de faire valoir d'autres qualités. Il est d'abord nommé directeur de l'école agricole de Cintra. Il s'en va ensuite au Brésil, où le gouvernement décide la fondation d'une école d'agriculture en Amazonie. On lui donne incontinent le grade de colonel brésilien ; mais I'oeuvre ne résista pas longtemps aux cahots de la politique locale. Restant en Amérique, il est transféré au Canada pour remplir pendant deux ans les fonctions d'économe de I'oeuvre de Saint-Alexandre de la Gâtineau.

Une loi d'amnistie lui permet enfin de rentrer en France en 1912. L'économat de Chevilly est vacant, il est confié au P. Trébern. Il a toujours aimé le travail manuel, ayant un surcroît de forces à dépenser. Ici il ne peut guère se livrer aux travaux des champs, mais il va diriger la construction du noviciat des Frères. En 1916, il est mobilisé dans une section d'infirmiers militaires. Toujours ardent et dévoué, il dut, par deux fois, subir une opération chirurgicale pour accidents contractés au service des blessés. Démobilisé le 24 mars 1917, il vient à Chevilly reprendre ses fonctions.

Après la guerre, il fut chargé de l'économat à Saint-Michel de Priziac, et lorsqu'il fallut aménager Béthisy pour les Soeurs du SaintEsprit, le P. Trébern y fut envoyé. On fit encore appel à ses compétences pour la propriété de St-Bonnet, puis pour Missei-ghin. Enfin, la volonté de ses supérieurs l'envoya à Piré-sur-Seiche.

Le 11 octobre 1930, le P. Trébern arrivait dans cette jeune communauté qui sera le lieu de son repos. Tous ceux qui l'approchaient étaient gagnes par sa bonté ; il se montra si bon, si affable, si charitable, que bientôt il fut pour tous le "bon Père Trébern". Dur pour lui, mortifié, il fit toujours de son mieux pour faire plaisir à ses confrères. Modèle de travail et de régularité, il allait, chaque jour, matin et soir, travailler dans la propriété. Cette fatigue lui était nécessaire : son corps trop vigoureux avait besoin de ce travail, l'entretien du parc y gagna.

Il passa ainsi à Piré six bonnes années, mais il commençait à se sentir fatigué et il parlait de se retirer à Langonnet. La Providence en jugea autrement. Le 20 janvier au soir, il fut frappé de paralysie. Transporté àRennes, il mourut le 9 février 1936, assisté de ses confrères, gardant sa connaissance presque jusqu'à la fin.

Selon l'usage, M. le recteur de Piré, dans une courte et pathétique allocution, prononça l'éloge du défunt, faisant ressortir entre autres qualités, son humilité et sa bonté...

Page précédente