Le Frère Bernard TROUILLET,
1911-1993.


Né le 15 décembre 1911, à Massals, Bernard Trouillet arriva encore jeune à Allex, avec le désir d'être prêtre. Mais il était atteint d'un bégaiement persistant. Cette infirmité fut pour lui la source de bien des tracas et une dure école de patience. D'Alleu on le dirigea sur Chevilly, où il entra à la cuisine.

Après sa profession, le 9 septembre 1930, il fut cuisinier toute sa vie dans diverses maisons de la province de France. Dans les scolasticats d'abord, pendant vingt-huit ans. Que de spiritains il a pu nourrir ! Et quel labeur, alors qu'il fallait alimenter les fourneaux au bois et au charbon. Il a connu là les temps de guerre et d'après-guerre qui ne furent pas faciles à de tels postes. On ne peut que rappeler la réflexion de Mgr Le Roy, qui était évêque et qui savait de quoi il parlait : " Il est plus facile de trouver un évêque qu'un cuisinier."

Agé déjà de cinquante-six ans, on jugea qu'un emploi plus léger lui conviendrait bien, avec en plus la proximité de sa famine, qui vivait en Vaucluse. Il passa dix ans à Marseille, où pour occuper le temps il remit en état le potager. Toujours en Provence, il vint enfin à La Croix-Valmer, en pré-retraite. A la cuisine il aidait encore, ou parfois suppléait le cuisinier en place. Aussi, avec un charmant sens des nuances, il s'intitulait "marmiton et jardinier" sur sa fiche de 1981.

Il avait un air bourru et froid, qui cachait mal sa bonté, sa serviabilité, sa délicatesse. D'ailleurs, il savait rire et aussi se passionner pour le rugby ou le foot-ball. On ignorait peut-être le soin méticuleux qu'l portait à une collection de timbres...

Il fut toujours d'une fidélité absolue aux exercices de la vie spirituelle ; il veillait malgré le poids de son travail, à ce que les jeunes gens qui travaillaient avec lui eussent le temps de remplir leurs devoirs de piété. Puissions- nous en garder l'exemple. Il s'est éteint doucement à Chevilly le 19 mai 1993, âgé de 81 ans.

Page précédente