Le père Jean-Yves URFIÉ

Né : 4 août 1937 à Rennes (35)
Profès : 8 septembre 1955 à Cellule
Prêtre : 30 juin 1963 à Chevilly-Larue
Décès : 9 février 2021 à Chevilly

AFFECTATIONS :
HAÏTI :
Port-au-Prince ÉTATS-UNIS : New-York (1971-85 : aumônier des Haïtiens). GUYANE : Cayenne (1985-89 : supérieur du district, aumônier des migrants). HAÏTI : Port-au-Prince (1989-97 : directeur du journal Libèté ; 1997-99 : directeur du secondaire à St-Martial). ROME : Généralat (2000-04 : secrétariat ; site web). HAÏTI : Furcy (2004-07 : curé). FRANCE : Rennes (2008-10 : curé à « Beux-Ozanam »). HAÏTI : Furcy (2010-12 : vicaire). FRANCE : Maison Mère (2012-17 : communications, site web). ROME :Généralat (2017-18 : secrétariat, traductions). FRANCE : Maison Mère puis Chevilly (2018-2021 : communications, secrétaire à Spiritus).
Jean-Yves, c’est comme une peinture haïtienne : beaucoup de contrastes, des couleurs vives, pas de mélange, de la naïveté, du rêve, de la spontanéité, beaucoup d’idées. C’est parfois chargé, mais toujours de la rigueur, de l’honnêteté et de la droiture. Du brut de décoffrage qui provoque, demande d’aller plus loin. Tant pis si ça fait mal aux yeux, au cœur, à la conscience. Derrière bonhommie et rondeurs, il y a de la combativité, de l’am­bition, mais aussi du cœur, de la tendresse : celui qui est fragile sera brossé avec affection et bonté. C’est ce que disent ses anciens élèves du collège Saint-Martial.
Expulsé par Duvalier en 1969 avec les autres spiritains, c’est à Brooklyn (New-York), avec Antoine Adrien, Émile Jacquot et William Smarth, que Jean-Yves participe avec passion à la rédaction du journal Sèl, qui alimente la résistance au sein de la diaspora haïtienne et en Haïti. C’est de la communauté paroissiale de Brooklyn, carrefour des résistants à la dictature des Duvalier père et fils, qu’est venue, dit-on, jusqu’aux oreilles de Jean-Paul II la fameuse phrase prononcée lors de sa visite à Port-au-Prince : « Il faut que quelque chose change ici ! », point de départ d’un nouvel engagement de l’Église en Haïti.
Après quatre ans en Guyane, où il accompagne les réfugiés haïtiens, Jean-Yves rejoint le groupe spiritain revenu en Haïti. Avec une équipe, il se lance dans la rédaction du journal en langue créole Libèté, pour conscientiser les paysans et les populations les plus reculées. Grand succès. Mais les diffuseurs sont menacés, battus, arrêtés. L’équipe de rédaction doit se mettre plusieurs fois à l’abri. Il faudra arrêter à cause des pressions mais aussi des finances. Jean-Yves devient le directeur du secondaire à Saint-Martial, entre temps rendu aux spiritains. Après quatre ans à Rome, où il construit le site web de la congrégation, il revient fonder la paroisse de Furcy, non loin de Port-au-Prince. Là, il se lance aussi dans un de ses rêves les plus chers : participer au reboisement du pays ; il sollicite amis et organismes et met les enfants des écoles dans le coup ; des dizaines de milliers d’arbres sont plantés.
Revenu en France, il lance le projet de paroisse à Rennes, sa ville natale, puis s’investit dans la communication de la Province : interviews de confrères et brefs reportages sur la présence spiritaine en France. Il produit un documentaire sur Libermann, traduit en plusieurs langues, et deux films sur Haïti, dont l’un sur le culte vaudou. Il accepte le secrétariat de la revue Spiritus. En octobre 2020, il rejoint Chevilly avec des projets de films et de mémoires à rédiger. Atteint par la Covid, Jean-Yves nous quitte, laissant le tableau inachevé : il y aurait eu encore bien des touches à y apporter pour Haïti, pour la congrégation et pour le monde…
Franz LICHTLÉ
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