Le Père François URIEN,
1857-1908


La vie du P. Urien n'a été qu'un long enchaînement de souffrances physiques et morales. Un vrai martyre. Né d'une excellente famille de cultivateurs chrétiens, sur la paroisse de Roscoff, le 8 septembre 1857, il fit ses études au petit séminaire de Saint-Pol-de-Léon, d'où il entra à Langonnet pour la philosophie. C’est à Chevilly qu'il se prépara à l'ordination sacerdotale en 1882 et à la profession religieuse en 1883. Dès cette époque, ses notes de santé accusent des accidents hépathiques, des coliques néphrétiques et la gravelle, qui ne laissent pas d'être inquiétants ; et tout le monde sait combien ils sont douloureux.

Son obédience, néanmoins, le destina aux missions du Gabon. Il s'embarque à Bordeaux le 20 octobre 1883 et aborde à Libreville. C'est dans ce poste qu'il exerce d'abord son ministère. En 1884, Mgr Le Berrre eut la joie de bénir l'église paroissiale, en présence du Commandant supérieur, M. Cornut-Gentille. Après l'église, on bâtit l'école, et les deux Pères de la communauté, Gachon et Urien, se firent pédagogues. Cela ne les empêchait pas d'entendre les confessions, d'assurer des catéchismes, de visiter les malades ou d'assurer les offices du dimanche. On conçoit que la santé du P. Urien ne put résister à tant de labeurs. La gravelle reparut et malmena si fort le bon Père, qu'il fallut l'administrer le jour de l'Ascension 1885. il se remit pourtant, et il fut envoyé à Saint-Paul de Donghila.

Ce changement ne suffisant pas, on dut le faire rentrer en France le 28 février 1886. Comme il se reposait à Saint-Ilan, il lui arriva une aventure assez étrange. Un confrère, atteint d'une crise de folie, lui asséna une trentaine de coups sur la tête. Par la suite, une ostéite céphalique se déclara et l'obligea à rejoindre Paris pour se remettre entre les mains des spécialistes. Plusieurs opérations furent nécessaires, exécutées sans anesthésie. Il lui fallut un courage héroïque pour supporter ces atroces douleurs.

Au commencement de 1901, le Supérieur général l'appela à Paris pour tenir l'économat et les comptes de la maison mère. Il s'y donna de bon coeur, attaché à l'ouvrage tout le jour, et parfois une partie de la nuit. Il se privait ainsi du repos nécessaire à sa santé, que contrariaient si souvent des névralgies, une gastrite opiniâtre et une continuelle faiblesse. Cette réclusion exagérée devra compter pour l'une des causes qui amenèrent sa dernière maladie.

Vers la mi-juin 1908, le P. Urien se sentit atteint de violentes douleurs à la jambe. Le médecin diagnostiqua une phlébite et lui conseilla le repos au lit. Le 4 août , le P. Urien rendait le dernier soupir: une embolie s'était produite. Tout le monde fut frappé de la douce sérénité empreinte sur sa physionomie après sa mort.

Ses funérailles ont eu lieu le lendemain, la messe fut chantée à 8 heures par le P. Barillec, qui devait bientôt l'aller rejoindre, et au cimetière de Chevilly, et dans le paradis du bon Dieu, rendez-vous de tous les bons missionnaires.

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