Le P. Annet USSEL,
décédé à Monton, le 27 Décembre 1909,
à l’âge de 55 ans.


Annet Ussel naquit le 6 mars 1855, à Monton, dans le Puy-de-Dôme. Un ancien élève du petit séminaire de Saint-Sauveur, qui s'intéressait à son avenir, lui donna quelque temps des leçons de latin, et, en octobre 1868, le présenta au petit scolasticat de Cellule.

Ses humanités terminées, M. Ussel passa, le 24 septembre 1873, au grand scolasticat de Langonnet. Après sa profession, faite en 1878, il fut retenu en France pour le professorat et placé à Merville, à l'institution Notre-Dame d'Espérance. Il y fit d'abord la classe de sixième, puis ensemble celles de quatrième et de troisième, tout en étant préfet de discipline. Son calme, sa régularité, sa constance, l'avaient fait fort estimer comme préfet. Mais (lui-même le remarquait, et il l'avouait bien humblement) on n'était pas tout à fait à l'aise avec lui, à cause d'une certaine raideur qu'il avait dans les formes et de sa facilité à prendre de l'ombrage.

En 1881, après la retraite annuelle, il reçut son obédience pour Pondichéry. Il ne put se faire à ce climat aux chaleurs accablantes ; il demanda son changement et revint en France.

En 1883, nous le retrouvons à Merville professeur de rhétorique et préfet de discipline. Cette dernière fonction lui occasionna certaines difficultés avec son supérieur. Afin d'éviter les tiraillements qui auraient pu s'ensuivre, on l'envoya pour un an à Cellule.

C'est là qu'en 1885, on vint le prendre pour le placer à Landana, dans un poste tout à fait en conformité avec ses goûts : professeur de philosophie au séminaire indigène et chargé des catéchismes. Sa position fut analogue à Loango, en 1887 : seulement, c'est la théologie qu'il enseignait aux clercs indigènes. Dans le même temps, il étudiait beaucoup la langue fiote ; il voulait arriver à se faire comprendre des Noirs, il y réussit passablement.

En 1888, le P. Ussel fut envoyé à Boma, dans la préfecture apostolique du Bas-Congo. Là, tout en remplissant les fonctions de supérieur et d’économe, il s'occupait du ministère et des catéchismes. Il rendit les plus grands services à la communauté par son tact, sa modération, sa bonté, sa connaissance des hommes et des choses. Il était dans les meilleurs termes avec le gouverneur général de l'État libre du Congo, aussi bien qu'avec ses agents. C'est lui qui reçut et accueillit comme des confrères les pères belges descendus à Boma pour nous succéder.

Après la cession de Boma, le P. Ussel revint à Loango. Il n'y fit pas un long séjour ; Mgr Carrie, qui avait formé le projet de fonder une station à Sette-Cama, lui confia le soin de choisir lui-même l'emplacement le plus favorable. Le P.Ussel arriva au lieu désigné en mars 1890. Grâce à la bienveillance des commerçants et à l'aimable hospitalité du chef de poste, qui l'hébergea un mois durant, il put bien explorer le pays. Son choix se fixa sur l'île Ngalé, située au centre de nombreux villages, à l'endroit où la lagune prend sa plus grande largeur. L'autorisation venue et l'acquisition faite, au mois de juillet le père commença les premières installations avec l'aide d'une vingtaine de Loangos. Bientôt, le P. Sublet vint le rejoindre, puis le F. Vivien, amenant chacun des renforts de travailleurs.

La nuit de Noël, dans une simple maison en planches, au milieu des caisses, des marmites et des instruments de travail, sur une table à peu près équilibrée, le P. Ussel offrit la divine victime pour faire descendre des grâces de salut dans tous les recoins de cette terre nouvelle qu'il venait conquérir à la foi ! L'année suivante, la veille de la Pentecôte, ce fut encore une autre fête : la bénédiction d'une véritable chapelle.

Après sept ans de labeurs sur la terre africaine, le P. Ussel, très fatigué, et violemment secoué par un accès de bilieuse hématurique, rentra en France le 8 mars 1892. En octobre il était prêt à repartir pour le Congo, lorsqu'il fut retenu à la maison mère comme professeur au Séminaire colonial. Ce fut d'abord la philosophie, puis la morale qu'il eut à enseigner. Cet enseignement de la morale, qu'il garda pendant les 15 dernières années de sa vie, lui tenait fort à cœur ; et vers la fin il a montré un courage extraordinaire pour faire ses cours malgré le mal qui le minait. Son dévouement était incontestable, mais sa manière ne fut pas très goûtée : ses cas de conscience revenaient toujours les mêmes ; et son élocution, pour vouloir être trop plaisante, produisait plutôt de l'agacement.

Conjointement avec le directeur du séminaire, le P. Ussel fut aussi chargé de traiter les affaires du clergé colonial ; et dans ses relations avec le personnel du ministère, où toujours il fut très bien vu, il mettait beaucoup de tact et de prudence.

Entre ses mains l'on vit éclore une œuvre nouvelle, l'“Œuvre des partants”. Il s'agissait de fournir un trousseau aux nouveaux missionnaires. Dans la suite, on recueillit encore pour eux des objets liturgiques, comme ornements ou vases sacrés, ou d'autres articles utiles à leurs catéchumènes. Avec beaucoup de zèle et d'habileté, le P. Ussel mit l'œuvre en bon train, et il la rendit prospère.

Souvent, pendant les vacances, le P. Ussel donnait des retraites. Ce n'était pas sans fatigue. à la fin de l'année scolaire 1907, se sentant encore moins dispos que de coutume, il accepta, par dévouement, de prêcher la retraite aux séminaristes. Il en vint à bout très péniblement, car déjà il avait à lutter contre le mal qui l'emporta plus tard, le diabète et l'albuminurie ; et à la rentrée d'octobre, il ne se trouva pas suffisamment remis. Il voulut pourtant reprendre son cours de morale, mais il alla s'alanguissant de plus en plus. Enfin, au mois de mai 1909, s'illusionnant un peu, et comptant que le ciel d'Auvergne amènerait plus tôt le rétablissement d'une santé par trop compromise, il se retira dans sa famille, à Monton, soigné par ses deux sœurs. Il y mourut le 27 décembre 1909. -
Paul Thierry - B, t. 4, p. 299.

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