LE F. FERNAND VATTÉR
(Notices Biographiques III p. 75-76)
décédé à Ste-Marie de Libreville le 2 février .1907.


Le bon F. Fernand est de ceux qui, sans faire grand bruit, remplissent dans les Communautés et dans les Missions une utile carrière, rendant des services très 'appréciables et amassant pour le ciel des trésors de mérites que Dieu sait justement récompenser.

Né le 23 février à Werden, au diocèse de Cologne, il entra d'abord en qualité de postulant à Kayserswerth, le 13 septembre 1886, et de là passa au noviciat de Marienstadt, où il fit profession le 126 septembre 1868. Modèle de régularité, travailleur infatigable, caractère toujours égal et d'un commerce facile, les supérieurs de nos communautés, de fondation récente en Allemagne, tinrent à le garder, surtout pour son bon esprit.

Les événements militaires de 1870 l'obligent à passer en France et à chercher une sorte de refuge à N.-D. de Langonnet, d'où il vient prononcer ses voeux perpétuels à Chevilly, le dimanche du Saint-Rosaire, ler octobre 1871.

Le 14 janvier 1873, il s'embarquait pour la Mission du Gabon Il y travaillera avec autant de modestie que de courage , durant 34 ans. Le P. Klaine, dans ses travaux d'horticulture et d'arboriculture, n'aura pas de plus ferme collaborateur; et, s'il pouvait partager avec le P. Fernand sa médaille d'honneur, ce ne serait que justice, il est le premier à le reconnaître.

Durant ce long intervalle de labeurs continus, le Frère n'est revenu que deux fois en France refaire sa santé, d'abord en juin 1877, sur ordre formel du médecin en chef, le Dr Paul Barret, puis le 29 mars 1897, en un profond état d'épuisement. Cette fois encore, il se remet pourtant assez bien pour reprendre la mer à Marseille le 25 août de la même année. Le bon Frère a la nostalgie de ses beaux jardins de Ste-Marie. Avec quel bonheur il les revoit! Il les féconde de nouveau de ses sueurs. Là s'épuiseront ses dernières forces. « Ne pouvant plus travailler au jardin potager, écrit le P. Le Clec'h en 1905, le doyen de nos Frères aime encore à s'occuper d'une précieuse cressonnière sise en aval de notre belle fontaine. De plus, il prépare des manguiers greffés et autres arbres fruitiers pour les stations qui lui en font la demande. »

Enfin, la lampe chez lui continue à brûler, épuisant sa provision d'huile jusqu'à ce qu'elle s'éteigne faute d'aliment, à la date, de pieuse mémoire pour notre Congrégation, du 122 février 1907. Le Vénérable Père, en voyant arriver ce jour-là le bon, l'humble, le laborieux F. Fernand, n'aura pas eu de peine à reconnaître en lui le vrai religieux, le coadjuteur infatigable des missionnaires, le Frère parfait tel qu'il l'avait toujours souhaité.

Le P. Dahin annonçait ainsi à la Maison-Mère la sainte mort du cher Frère, dans une lettre du 21 février 1907. « Notre bon vieux F. Fernand a rendu son âme à Dieu le samedi 2 février 1907, à minuit cinq minutes. L'enterrement a eu lieu le même jour à 5 heures du soir.

« Ce cher Frère est mort comme il avait vécu, en saint religieux, en prédestiné. Que d'heures, durant ces dernières années, cet excellent Frère a passées dans un coin, au fond de la chapelle 1 Il a été un grand sujet d'édification pour tous, malgré son industrie pour cacher sa piété et ses visites prolongées du Saint-Sacrement. Il passait des heures entières devant le saint Tabernacle. Avec quelles instances n'avait-il pas demandé à faire la communion quotidienne! Quand ses forces ne lui ont plus permis de se rendre à la chapelle, pour assister à la sainte messe, il m'a supplié de le laisser aller habiter une toute petite chambrette à St-Joseph (École des apprentis), à côté de l'oratoire où le Père Directeur dit la messe chaque matin. Et, comme je faisais des difficultés, le bon Frère me dit : « Assister à la sainte messe, mon Père, ça vaut « quelque chose, savez-vous? a . .

« Avec quelle joie notre Vénérable Père et nos chers vieux Gabonais de là-haut n'ont-ils pas dû recevoir ce bon et fidèle serviteur de Dieu.! »

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