Lucien est né dans le village de Drusenheim, en bord du
Rhin, relié par un bac à la rive allemande ; un symbole pour Lucien qui y a
toujours vu un appel vers le large ! Il est le cadet de la fratrie avec son
frère aîné Ernest, et son frère jumeau Albert. Sa famille, écrira Lucien
« est tout ordinaire, travailleuse, vivant dans un climat de foi
chrétienne. » Il a toujours gardé des liens étroits avec les siens. En 1956,
il interrompt son noviciat pour permettre à son jumeau de finir son service
militaire en Algérie et le remplacer pour aider les parents dans les tâches
agricoles. Bien plus tard, le 18 septembre 2016, famille, paroisse et commune de
Drusenheim organiseront une belle célébration pour son jubilé d’or sacerdotal et
lui témoigner ainsi de leur profonde gratitude.
Sa précoce vocation
missionnaire l’envoie d’abord chez les Missionnaires du Sacré-Cœur d’Issoudun.
Très rapidement, un confrère spiritain, le P. Henri Ernst, le fait entrer à
l’Ecole de Neufgrange grâce au P. Joseph Klipfel. Une réorientation que Lucien
ne regrettera jamais, pas plus que notre Congrégation du reste. Son parcours de
formation est classique : Neufgrange, Saverne, Cellule où il fait profession
religieuse, Mortain, près de deux longues années de service militaire, surtout
en Algérie, et la théologie à Chevilly. Il est ordonné prêtre à Neufgrange avec
Joseph Plug et Martin Fischer.
Après un stage pastoral au Sénégal commence
sa vie missionnaire active, au Cameroun d’abord, puis en France, avant les
années de retraite pour raisons de santé. Au cours de toutes ses années, Lucien
change souvent de poste. Il n’y a derrière ces nombreux changements, ni
instabilité fondamentale, ni difficultés de caractère. Seulement une immense
disponibilité. Comme si à chaque urgence nouvelle, les Supérieurs se
demandaient : mais qui solliciter ? Lucien, évidemment ! Et Lucien accomplissait
toujours sa tâche avec conscience et compétence. Voici la liste abrégée des
responsabilités qu’il a assumées. Au Cameroun, vicaire à Sangmélima,
procureur-vicaire à Mbalmayo, procureur à Douala. En France : responsable du
Foyer Saint-Paul à Strasbourg, économe à Saverne, économe à La Croix-Valmer,
responsable de la gestion de Pentecôte sur le Monde à Paris, comptabilité à
l’économat provincial, responsable des services d’assurance maladie et retraite.
Partout, il avait à cœur d’acquérir une grande compétence dans ses
responsabilités.
En janvier 2004, on lui découvre une grave maladie du foie qui nécessite une intervention chirurgicale lourde à Hautepierre. Avec patience, sans jamais se plaindre, Lucien se soumettra, de longues années, aux examens et interventions de toutes sortes, ayant à cœur d’entretenir d’excellentes relations d’amitié et de confiance avec les médecins, chirurgiens et personnel soignant qui le suivent. En début d’année, le cancer du foie s’aggrave soudain. Lucien, bien au courant de sa situation, a encore eu la force d’organiser ses affaires en prévision de son prochain départ. Comme il l’écrivait lui-même, sa vie ressemblait à un long labyrinthe... Ce long labyrinthe a débouché, le jeudi 11 avril au matin, sur la lumière qui, pour Lucien, est déjà la lumière de Pâque.
Jean-Paul Hoch