Le Frère Paul VERGNAUD

Né : le 18 février 1940 à Blond (87) ;
Profès : le 21 septembre 1959 à Piré
Vœux perpétuels : 26 novembre 1968 à Libreville (Gabon) ;
Décédé : le 09 août 2013 à Paris (75)

AFFECTATIONS :
FRANCE:
Cellule (64-67); GABON: Lambaréné (67-71); Libreville-Sainte Marie (71-73); FRANCE: Bordeaux (73-82); CONGO: Brazzaville (82-93); ITALIE: Rome (93-95); FRANCE: Maison Mère (1995-2012); Chevilly Larue (2013)

J'ai fait la connaissance de Paul Vergnaud, à Brazzaville, dans les années 82-93. Econome de la Maison Libermann, il avait entre autres attributions d'accueillir les broussards quand ils venaient dans la capitale.
À cette époque, je venais de Kindamba et j'avais fait plus ou moins 7-8-9 heures de pistes sous le soleil et dans la poussière. Paul m'accueillait gentiment. Le gîte et le couvert étaient toujours prêts. Il savait que j'avais bon appétit et après des mois de régime manioc, j'étais bien content de trouver du pain et des frites, même si j'arrivais à l'improviste.
La Maison Libermann était de construction récente et il lui manquait du mobilier : après la sieste, Paul manipulait du contreplaqué pour faire un meuble. N'ayant pas d'atelier et il travaillait à même la salle à manger qui devait retrouver sa fonction pour le prochain repas.
Mais l'activité principale de Paul à Brazzaville, a été celle de procureur. Il acceptait de rendre service aux religieuses ainsi qu'à d'autres congrégations de religieux, en leur facilitant les transferts d'argent. Le Père René Tabard a entendu souvent des félicitations pour le fait qu'il se démenait pour avoir des CFA et que généralement, tout le monde était servi rapidement. J'ai entendu souvent de leur part: "avec lui, au moins, on est sûr d'avoir l'argent dont on a besoin rapidement". Cette activité lui a permis de rencontrer beaucoup de gens. Il était souvent invité par eux et surtout très apprécié pour sa gentillesse.
Autre travail: s'occuper des enfants de la rue. Il faisait venir quelques jeunes à la Maison Libermann et les initiait à la cuisine, à la charcuterie, à la menuiserie et à la politesse. Le P. Tabard a vu il y a 5 ans des jeunes ayant de bonnes places dans de grands restaurants de Brazzaville et Pointe Noire et qui avaient toujours une grande admiration pour Paul.
C'est lui qui va commencer la mise en activité de la "David" en 1992, qui accueille aujourd'hui encore une vingtaine de jeunes enfants de la rue en internat. Des centaines de jeunes sont passés par le centre, qui sera continué par le P. Jarrot : il y a des chauffeurs de taxi, des menuisiers, des mécaniciens qui doivent tout à ce centre mis en place par Paul.
Avant de venir au Congo, Paul avait déjà connu le Gabon pendant 7 ans : d'abord à Lambaréné, puis à Libreville, pendant la guerre du Biafra. Il s'était alors occupé de l'accueil des enfants Biafrais arrivant de cette terrible guerre complétement affamés. Il fallait leur redonner goût à la vie, les nourrir, les voir faire leur premiers sourires…
De Libreville, il vient à Bordeaux pour 9 ans, où il se fait entre autre cuisinier, puis, ce sera Brazzaville pour 11 ans. Ensuite, Paul ira à Rome, pour 2 ans.
C'est de Rome, qu'il arrive à rue Lhomond en 1993. Il y restera 17 ans souvent entre les mains des médecins. Il a quand même continué à travailler, pendant tout ce temps-là, à son atelier de menuiserie, malgré toutes les souffrances qu'il endurait. Une dernière opération semblait l'avoir remis sur pieds. A Chevilly-Larue, il s'était même remis à marcher un peu. Mais, après quelques signes encourageants, il a commencé à décliner.
Après une longue agonie, Paul a enfin trouvé le repos et la joie dans la Jérusalem céleste.
Joseph MERMIER