Le Père Camille VERGUET,
décédé à Bangui, le 19 avril 1906,
à lâge de 30 ans.


Enfant du Jura, Camille Verguet était né le 23 novembre 1875 à Vernantois. Après des études classiques, faites aux petits séminaires de Vaux et de Nozeroy, il avait eu la pensée d’entrer dans la congrégation, mais l’évêque de Saint-Claude, voulut qu’il allât au grand séminaire de Saint-Claude, pour y mûrir sa vocation. Ce ne fut qu’au mois de mars 1898 qu’il put donner suite à son projet.

Il fut admis au noviciat d’Orly et fit profession le 20 mars 1899. Il alla terminer ses études théologiques à Chevilly et fut ordonné prêtre le 31 mars 1900. Au mois d’octobre, il s’embarquait pour la mission de l’Oubangui.

Placé d’abord à Brazzaville, le P. Verguet y fut chargé de l’œuvre des enfants ; et un peu plus tard, on lui confia le soin d’évangéliser les villages Batéké des environs. Le moyen d’arriver à des résultats fructueux et durables parmi ces Noirs, c’était d’établir dans les principaux centres de populations des écoles et des catéchistes. Le jeune et zélé missionnaire s’y appliqua généreusement.

Il parcourut tous les villages de la circonscription qui lui était confiée et, à force d’exhortations et d’insistance, il finit par amener un certain nombre d’enfants dans les écoles. C’est ainsi, grâce à ses efforts persévérants, qu’a commencé cet heureux mouvement vers la religion chrétienne, qui depuis n’a fait que grandir parmi la jeunesse de ce pays.

Au bout de deux ou trois ans, il fut désigné pour la station de Saint-Paul-des-Rapides, à Bangui. Là, il arrivait au milieu de populations bien plus sauvages, absolument neuves et même anthropophages. L’heure de la Providence n’avait pas encore sonné pour les Bondjos ; et les Ndris, que les missionnaires avaient amenés de l’intérieur et réunis autour d’eux, avaient laissé s’affaiblir leurs bonnes dispositions, à mesure qu’augmentait leur bien-être. On dut aller plus loin, à la recherche de peuplades mieux disposées. Tels parurent être les Bouroussés, à deux jours de marche de la station. Le P. Verguet, toujours prêt à se dévouer, aux dépens même de sa santé, fut heureux de se voir désigné pour défricher ce nouveau champ. Il y avait fort à faire ; car aux coutumes générales de l’anthropophagie et de la polygamie se mêlait chez les indigènes la peur de l’Européen.

Le père commença par s’occuper des enfants. Grâce aux attraits de la nouveauté, il eut bientôt son école complètement remplie. Il avait à mener de front l’instruction de ces petits Noirs et l’étude d’une langue inconnue, sur laquelle on n’avait aucune notion ; rien ne le découragea, et il se mit bravement à l’œuvre. Au bout de peu de temps, il avait gagné la sympathie des indigènes. Il acquit même une grande autorité, qui servit plusieurs fois à apaiser les conflits, non seulement entre Noirs, mais encore entre commerçants et indigènes.

Voici ce qu’écrivait, à la date du 24 avril, le P. Sallaz, son compagnon : « Le cher P. Verguet nous a été enlevé le jeudi 19 avril, vers trois heures de l’après-midi, après une dizaine de jours de maladie. La fièvre l’a pris au retour d’un voyage au grand village de Bakoundou, où il était allé préparer l’installation d’un catéchiste. Pendant la semaine sainte, il avait été fort affaibli par la fièvre ; le Vendredi Saint, l’hématurie se déclara ; et, malgré les soins empressés du médecin du poste français, il succomba le jeudi suivant, après avoir fait généreusement à Dieu le sacrifice de sa vie. » -
BG, t. 23, p. 768.

Page précédente