Le Père Jean Laurent VIDAL,
1809-1849.


Jean Laurent Vidal est né à Lavergne, canton de Sévérac-le Château, le 10 du mois de mai 1809, et fut baptisé le lendemain par M. Cadilhac, curé de Lavergne. Fils de Jean-Pierre Vidal, maréchal-ferrand, et de Marie Delmas, l'enfant eut le malheur de perdre sa mère, quand il était encore dans son bas âge, et l'on pouvait craindre que sa marâtre, car le père se remaria, ne mit un obstacle insurmontable à la vocation particulière d'un jeune enfant, qui n'avait pas d'ailleurs de ressources pour les études toujours dispendieuses du collège et du séminaire. Ce fut le contraire qui arriva : la marâtre se conduisit en véritable mère àl'égard du petit ; elle le seconda de tout son modeste pécule ; et celle qu'il vit sans doute entrer avec peine dans la maison fut comme une Providence visible pour son fils adoptif.

Le jeune Vidal poussa ses classes de latin jusqu'en troisième chez l'instituteur de Lavergne, M. Veissière, qui rendit par la suite le meilleur témoignage sur la sagesse et les talents de son élève. Celui- ci alla terminer ses classes au collège de Millau, chef-lieu de son arrondissement. Après avoir terminé ses études théologiques au grand séminaire de Rodez, il fut ordonné prêtre, à No\'ebl 1834, par Mgr Giraud, qui devint par la suite cardinal-archevêque de Cambrai. Il entra immédiatement après son ordination dans la communauté des missionnaires de Vabres, par conséquent à la fin de 1834 ou au commencement de 1835. Sa sortie est marquée dans le registre de la communauté au millésime de 1847. Le P. Vidal était doué d'un vrai talent pour la chaire, et le P. Ginestet, un de ses confrères de Rodez, qui fut vicaire général à Basse-Terre en Guadeloupe, disait de lui : \fs12 et \i qu'il aurait bâti un sermon sur la pointe d'une aiguille. Travailleur infatigable et rigide observateur de la règle, il n'avait contre lui qu'un peu de violence dans son zèle et un peu de rudesse dans son élocution." Il travailla avec fruit dans les missions diocésaines.

Pour compléter ces notes reçues du P. Rigal en 1867, nous dirons simplement que M. Vidal suivit son ami le P. Arlabosse dans la société du P. Libermann et y fit profession le 2 novembre 1847. Par lettre du 17 mai 1848, le P. Libermann proposa le P. Vidal comme Préfet apostolique du Sénégal, avec résidence à Saint-Louis. Il y exerça ses fonctions jusqu'à sa mort qui survint le 7 septembre 1849.

A sa mort, le cardinal Giraud, archevêque de Cambrai (ancien évêque de Rodez), adressait au P. Arlabosse une lettre de condoléance:

" Très cher Monsieur Arlabosse, je connaissais déjà par les journaux la fin prématurée de votre vaillant confrère et ami, M. Vidal. Je ne suis pas moins reconnaissant des détails que vous me donnez sur les derniers moments de cet homme apostolique, parce qu'ils m'ont singulièrement édifié. Sa mort du reste a répondu parfaitement àtoute sa vie, vie de foi, d'obéissance, de dévouement. Vous êtes bien digne, mon cher abbé, de lui succéder : le même zèle pour les âmes vous anime ; acceptez donc la Mission qui vous est offerte, elle vient de Dieu, puisque vous ne l'avez pas recherchée, et que vous la redoutez.

De finiente uno surgit alter : c'est la devise de l'apostolat et du martyre. Recevez, Monsieur l'abbé, l'expression de mes sentiments très dévoués et très affectueux.
Pierre cardinal Giraud, arch. de Cambrai.

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