Le Père Ludovic VIDAL,
1867-1912


Le Père Ludovic Vidal naquit à Salignac, près de Sarlat, dans le diocèse de Périgueux, le 14 septembre 1867, d'une modeste famille, plus riche en vertus chrétiennes qu'en biens de la terre. Il avait 11 ans lorsqu'il perdit sa mère et 16 ans lorsque mourut son père ; il dut alors pourvoir à ses propres besoins, pendant qu'une tante se chargeait de sa jeune sœur.

Grâce à la charité d'une pieuse dame qui l'avait rencontré presque mourant dans les rues de Paris, et qui l'avait fait entrer dans un hôpital, puis l'avait ensuite placé dans une école secondaire, a Gien dans le diocèse d'Orléans, il put faire ses études, ce qu'il désirait depuis si longtemps et les termina dans l'espace de deux ans. Plus tard, il alla faire sa philosophie et sa théologie à Chevilly, chez les Pères du Saint-Esprit, en qualité d'aspirant à la congrégation.

C'est en cette qualité qu'après avoir passé une année comme professeur au collège de Mesnières-en-Bray, il fut envoyé en 1892 comme professeur de seconde au séminaire-collège de St-Pierre, à la Martinique. Mgr Carméné, alors évêque de cette colonie, ayant remarqué les talents extraordinaires de ce jeune ecclésiastique, d'entente avec ses supérieurs religieux, lui conféra la prêtrise après l'avoir invité, n'étant encore que diacre, à prêcher pour l'inauguration de sa nouvelle cathédrale, à Fort-de-France. Ses talents d'orateur se révélèrent dans cette circonstance au point d'exciter l'admiration de tous les Martiniquais, qui désiraient le garder ; mais trois années s'étaient écoulées depuis son arrivée, c'était le temps qui lui avait été assigné à son départ de France par les supérieurs qui le rappelèrent.

C'était à la fin de l'année 1895, époque où la France venait de faire la conquête de Madagascar, et où la fièvre paludéenne faisait de nombreuses victimes dans nos troupes. On se préoccupa donc de les rapatrier au plus vite : un certain nombre de navires-hopitaux furent affectés au rapatriement de nos soldats ; et comme la laïcisation n'était pas aussi avancée qu'elle le fut plus tard, le gouvernement demanda au Supérieur général des Spiritains de lui fournir des aumôniers pour ces transports. M. l'abbé Vidal fut un des heureux désignés pour la charge d'aumônier d'un de ces navires. Il s'en acquitta avec un zèle et un dévouement qui lui valut la sympathie et la reconnaissance de tous les malades, et la satisfaction du gouvernement qui lui décerna la médaille de la campagne de Madagascar.

Après cette campagne, des affaires de famille réclamèrent sa présence dans le Périgord. Il y resta dix ans, pendant lesquelles il fut vicaire dans les paroisses de Thonon et Montignac, puis curé de Lacropte, de Marquay et de Taillac-les-Eysies, mais toujours missionnaire soit dans la Dordogne, le Lot ou la Gironde.

En 1907, il retournait à Paris pour faire son noviciat et sa profession chez les Pères du Saint-Esprit, le 6 octobre 1908. Il fut alors affecté aux œuvres d'Haïti. Pendant près de trois ans, sa parole a retenti dans presque toutes les églises des trois diocèses de cette république. Ses accents vibrants ont flagellé, dans la cathédrale de Port-au-Prince, tous les crimes et toutes les turpitudes, quelque haut placés qu'en fussent les auteurs. Sa tête avait été mise à prix ; mais la vaillante jeunesse chrétienne le protégeait et se serait fait massacrer plutôt que de permettre qu'on touchât à un cheveu de la tête de l'intrépide missionnaire.

Depuis quelques années, le Père Vidal s'était senti atteint du diabète ; une nouvelle infirmité vint s'y ajouter, celle d'une double cataracte qui allait graduellement le priver de la vue. Dans la communauté de Bordeaux, il continua son ministère jusqu'au bout. Il y est décédé le 25 février 1912, à l'âge de 44 ans. Ceux qui avaient été présents à ses derniers moments, avaient la conviction qu'ils avaient assisté à la mort d'un saint.

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