Le Frère Jean de VILLELUME,
1847-1936


Jean de Villelume était né à Bourg-Lastie, le 12 février 1847. Il appartenait à une vieille famille dont on retrouve l'origine au XIIe siècle : l'un de ses membres fut commandeur de l'Ordre de Malte. Mais elle avait été complètement ruinée par la Révolution, et ses membres ne vivaient plus que du travail de leurs mains. Jean était jardinier. Une pieuse personne de sa paroisse, Mme Bonnefoy, s'intéressa à lui et le présenta à l'Orphelinat de la Mère Emmanuelle, fondatrice de l’Orphelinat de Cellule.

Jean de Villelume avait alors quinze ans. Dans ce nouveau milieu, il donna toute satisfaction, passa au noviciat des Frères, fit sa profession à Chevilly en 1867 sous le nom de F. Anatole, et fut successivement admis au renouvellement des vœux temporaires et à l'émission des vœux perpétuels.

Au cours de sa vie active, nous le trouvons employé à Langonnet comme jardinier, à Saint-Ilan chef de culture et chargé des orphelins, au Bois d'Estaires, au Grand-Quevilly, à Seyssinet, puis encore à Chevilly, où il devait terminer sa vie active en qualité de concierge.

Il n'y restait pas inactif. Dès qu'il avait du temps libre, il s'employait à faire divers travaux de vannerie, paniers, corbeilles, etc., et créa dans la propriété, au bord d'un petit ruisseau, une longue roseraie. Quand, par suite de l'âge, il dut quitter la porterie, il continua ce même travail, regrettant avec raison de n'avoir pas de jeune Frère, auquel il aurait voulu montrer le métier.

Mais les années s'accumulaient sur le F. Anatole. Elles ne l'empêchaient pas, du moins, de faire de longues stations à la chapelle, où, quand il se croyait seul, il priait tout haut " Ah! mon Jésus, disait-il un jour, mon Jésus, j'suis foutu ! "

Ne pouvant continuer son travail de vannerie, il dut bientôt se résigner a monter a l'infirmerie de Chevilly, d'où il passa à l'Abbaye de Notre-Dame de Langonnet.

Ce devait être sa dernière étape. Il s'en rendait bien compte, et il ne songea plus qu'à se préparer à la mort. Le 17 mai 1936, il s'éteignait doucement et allait recevoir au Ciel la récompense des bons serviteurs. A 89 ans, il était le doyen des membres de la Congrégation.
Alexandre Le Roy

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