Le Père Martin de WAAL
décédé à Mayumba, le 11 mai 1920,
à l’âge de 28 ans.


Le P. de Waal était né à Hoorn, au diocèse de Haarlem (Hollande) le 11 novembre 1891 : deux de ses frères et deux de ses sœurs avaient déjà embrassé la vie religieuse, quand, à la mort de l’aîné d’entre eux, et dans l’intention de prendre la place du défunt, il se rendit à notre Maison de Weert : il n’avait pas encore treize ans. Il vit cette maison dans le dénuement de ses débuts et sa vocation lui parut incertaine. Il surmonta pourtant ses répugnances et fut bientôt récompensé de son courage par des grâces qui l’attachèrent fortement à son idéal de missionnaire.

Il acheva ses études classiques à Weert, fit son noviciat à Louvain, fit profession le 2 septembre 1912 et entra au grand scolasticat, d’où il sortit après six années dont les quatre dernières passées à Weert, au lieu de Louvain. Sa consécration à l’apostolat prononcée le 14 juillet 1918, il resta à Weert pendant une année, et à l’été 1919, fut envoyé dans le vicariat apostolique de Loango, où il fut chargé du séminaire de Mayumba.

« Ce cher confrère s’était un peu fatigué dans le courant de mars. Les rails reliant la lagune au hangar à pirogues avaient besoin de réparation ; il s’en chargea. Le poulailler trop vieux n’était plus un abri assez sûr pour les poules et les canards : le boa y entrait comme chez lui et faisait presque journellement des victimes. Le P. de Waal prit encore sur lui de le reconstruire. “Père, vous travaillez trop, vous vous fatiguez trop, beaucoup trop”, ne cessait de lui dire le F. Hildevert. – “Bah, répondait-il, nous sommes venus en Afrique pour cela.” Les travaux ajoutés à ses occupations de directeur de séminaire et de supérieur intérimaire de la station l’épuisèrent. Il fut atteint de furonculose. Il eut à la fois plus de vingt furoncles. Il commit l’imprudence, à l’insu de tous, de percer un de ses furoncles avec une épingle non désinfectée. Une large et profonde plaie se forma. Un infirmier de Loango, ancien enfant de la mission de Libreville, se trouvait alors à Mayumba pour soigner un commerçant. On le fit venir. Il soigna le malade avec beaucoup de dévouement. La plaie allait cependant toujours grandissant ! Les objets de pansements firent défaut. On m’en demanda par dépêche. J’en envoyai aussitôt. Hélas ! Ils arrivèrent trop tard…

« Le 10 mai, vers les quatre heures de l’après-midi, une hémorragie interne se déclara. Le soir, le F. Hildevert, le seul confrère qui l’assistât, très fatigué, alla se coucher, confiant le malade à la garde de deux séminaristes, leur recommandant bien de venir l’avertir si le père allait plus mal. Ceux-ci se rendirent-ils compte du danger, comprirent-ils ce qu’on demandait d’eux ? Il est probable que non ; car le père continua à perdre peu à peu tout son sang et personne ne bougea. Au matin du 11, le F. Hildevert, constatant ce qui s’était passé et voyant la faiblesse du père, fut effrayé. Il parla aussitôt au malade des derniers sacrements. Celui-ci se rendant bien compte de son état accepta avec empressement. Ils lui furent administrés par M. l’abbé Henri Kibassa, en présence de toute la Communauté. Le père avait sa pleine connaissance et répondit à toutes les prières.

Il allait toujours s’affaiblissant. Vers quatre heures de l’après-midi, il fit venir ses séminaristes et, le crucifix à la main, leur fit ses adieux, les exhortant à rester fidèles à leur vocation. À partir de ce moment, son crucifix ne le quitta plus ; il le portait continuellement sur ses lèvres. Vers cinq heures, on récita les prières des agonisants ; il répondit à toutes les invocations et ne cessa ensuite de répéter les saints noms de Jésus, Marie, Joseph. Il s’éteignait, doucement, sans secousses, vers six heures trois quarts. »
Henri Friteau - BG, t. 29, p. 749.

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