Le Frère Séverin WANDERER,
massacré à Bangui, le 27 juillet 1898,
à l’âge de 32 ans.


Aloys Wenderer avait appartenu aux bénédictins de Bavière, qui s’établirent dans le Zanguebar méridional. À la suite de difficultés survenues dans cet institut, il demanda à entrer dans notre congrégation, par lettre du 27 mars 1893. Mgr de Courmont, qui l’avait connu, rendant de lui bon témoignage, il fut reçu comme postulant et vint à Chevilly le 11 avril de la même année. Né le 27 mai 1866 à Buchofen, au diocèse de Passau, Bavière, il avait alors vingt-sept ans. Il fit ses premiers vœux le 2 février 1896.

Au mois de septembre suivant, il est désigné pour la Mission du Gabon d’abord, de l’Oubangui ensuite. Destiné à la station de Saint-Paul-des-Rapides, il se dévoue corps et âme aux œuvres de la mission, à la grande satisfaction de ses supérieurs, qui, volontiers, appuient sa demande de vœux perpétuels, écrite le 15 février 1898. La réponse favorable de la maison mère n’avait pas encore eu le temps d’arriver à sa lointaine mission, que nous recevions à Paris la lettre suivante de Mgr Augouard, que nous nous faisons un devoir de citer intégralement.

« Saint-Paul-des-Rapides, 1er septembre 1898
« Monseigneur et Très Révérend Père,
« Je vous écris de l’Oubangui bien à la hâte et c’est encore pour vous annoncer une mort, mort terrible.

« J’arrivais de Brazzaville à Saint-Paul, après un heureux voyage de vingt-deux jours avec notre vapeur, le Léon XIII, lorsqu’on m’apprit une navrante nouvelle. Le bon F. Séverin venait d’être traîtreusement massacré par les féroces Bondjos, et le P. Gourdy avait failli subir le même sort. Le meurtre a été perpétré à deux jours de la mission, pendant que le frère montait en pirogue à la station de la Sainte-Famille, et que le P. Gourdy suivait la route de terre.

« Contrairement à nos appréhensions, la Providence a permis que le cadavre du pauvre frère fût ramené à la mission pour reposer en terre sainte. Le corps, dépouillé de ses vêtements qu’on avait volés, sauf la chemise, portait de cruelles blessures. Celle de la gorge était épouvantable et a dû produire une mort instantanée. Elle provenait d’un coup de couteau, les autres ont été faites par des sagaies.

« L’enfant chrétien qui accompagnait le frère fut également tué, et, de plus, mangé par ces féroces cannibales. Dans la même journée, le P. Gourdy fut attaqué par terre, et ne dut son salut qu’à une protection toute spéciale du ciel. Quatre de ses hommes reçurent de terribles blessures qui, heureusement, ne furent pas mortelles.

« Jugez de notre profonde émotion, bénissez-nous et priez le bon Dieu de mettre fin aux épreuves de notre infortunée mission. » -
BG, t. 19, p. 389.

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