M. Nicolas-Joseph WARNET
SUPERIEUR DE LA CONGREGATION ET DU SÉMINAIRE
DU SAINT-ESPRIT ET DE L'IMMACULÉE-CONCEPTION
7 janvier 1845 – 28 avril 1845


Premières années.

Nicolas-Joseph Warnet nacquit le 30 mai 1795, à Alincourt, canton de Juniville, arrondissement de Rethel (Ardennes), diocèse de Reims. Il fit, ses études littéraires au collège de Réthel, sa philosophie à Amiens. D’après une note de ses parents, il aurait, été ensuite employé comme Professeur chez les Jésuites à Saint-Acheul ; d'après une autre pièce, il aurait rempli cette fonction au Collège royal d'Amiens. Quoi qu'il en soit, vers le mois d'octobre 1819, M. Warnet entra, au Seminaire du SaintEsprit, établi alors rue Notre-Dame-des-Champs.

Il fut ordonné prêtre à Paris, la veille de la Trinité, 1823. Sa santé, se trouvant mal de la vie sédentaire et de l'enseignement, il sollicita un emploi dans les Missions coloniales : M. Bertout, le désigna pour Bourbon, où il arriva le 21 août 1824 et fut nommé vicaire à Saint-Denis, qui avait alors pour curé M. Collin, prêtre très âgé, ancien Lazariste. Chargé de l'instruction religieuse et des confessions des élèves du Collège royal de Saint-Denis, ce fut lui qui fit faire la première communion au jeune Frédéric Le Vavasseur.

Tous ceux qui ont, connu M. Warnet, à Bourbon rendent le meilleur témoignage à sa piété et à son zèle pour le salut des âmes. Malheureusement, sa santé commença bientôt à se ressentir du climat des tropiques et des fatigues du saint ministère; et, après environ cinq ans de séjour dans la Colonie, au grand regret de l'abbé Collin et des paroissiens, il s’embarqua pour la France, vers le 15 décembre 1829 ; par une lettre du 4 février suivant, il annonçait à M. Fourdinier son arrivée à Nantes. Il se fit traiter dans les environs de cette ville, chez M.de Royers, à La Chapelle-sur-Erdre. Le 6 avril, il recommandait beaucoup le jeune Levavasseur à MM. Bertout et Fourdinier; « car, disait-il à ce dernier, je m'intéresse a lui comme à mon fils unique » Parti de Bourbon avant lui, Frédéric Levavasseur, en mai 1829, se trouvait alors à Versailles, auprès d'un professeur de Saint-Cyr, qui lui donnait des leçons particulières.

Une autre lettre du 12 avril 1831. à M. Fourdinier, est empreinte des plus vives sympathies pour le Séminaire du Saint Esprit : c'est que la Maison, alors sous le coup de la persécution, et privée de tout secours,n'avait plus que très peu d'élèves, presque plus de directeurs et, dans ces tristes circonstances, il se voyait contraint de renoncer à son dessein d. aller à Paris, où, d'ailleurs, l'hiver l’incommodait trop, tandis qu’en été l'air de la campagne et les eaux minérales lui redonnaient un peu de santé. Enfin, après avoir passé environ deux ans aux environs de Nantes, muni d'un excellent. certificat de Mgr de Guirinness, il se rendit à Marseille où Mgt de Mazenod lui confia transitoirement la direction des Religieuses de Saint-Pierre. A l'expiration de ce ministère, six mois après, le 14 avril 1832, pourvu aussi du meilleur certificat de Mgr de Mazenod, M. Warnet se résolut à offrir ses services au Cardinal de Latil, Archevêque de Reims.

Eu égard à l'état précaire de sa santé, il n'eut à desservir que la petite paroisse de Remaucourt; il y fut pendant ln choléra et y resta jusqu'au printemps de 1833. Plusieurs lettres des Vicaires généraux du diocèse témoignent de l'estime, et, de l'affection qu'il avait su conquérir. Vers la même époque, l'évêque de Nantes et Mme de la Ferronnays, Supérieure de la Visitation de cette ville, firent auprès de lui les plus vives instances pour lui faire accepter l'aumônerie du Couvent : le titulaire, ancien missionnaire de Bourbon, l'abbé Minot, songeait à aller rejoindre M. Dalmond à Madagascar; mais il dut céder aux prières des Visitandines et ajourner l'exécution de son départ : M. Warnet s'était décidé à se rendre à Paris pour se faire recevoir membre de la Congrégation.

On crut que, professeur au Séminaire du Saint-Esprit, comme nous l'avons vu, pendant deux ans, avant son départ pour Bourbon, il pouvait être reçu au nombre des associés, et il le fut en effet, après un an seulement d'épreuve, le 11 juin 1834. Son acte d'admission porte, outre sa signature, celles de MM. Fourdinier, Supérieur, Nicole, Bertrand et Warnet.

Rien de bien particulier à signaler, sinon l'attention et le zèle qu'apporte le nouveau directeur et le professeur à la formation des Séminaristes. Nous trouvons aussi traces de sa coopération aux projets de réforme de M. Fourdinier. Au décès de celui-ci, il fut élu Supérieur en considération de ces services, et à titre d'ancienneté, le 7 janvier 1845. Ont signé cet acte d'élection : MM. Gaultier, Texier, Warnet. L'élection fut confirmée par Mgr Affre, Archevêque de Paris, et ne rencontra point d'opposition du Gouvernement; mais M. Warnet n'avait accepté la charge qu'avec l'intention, ainsi qu'il en était convenu entre lui et, ses confrères, de s'en démettre en faveur de M. Leguay, dès que celui-ci pourrait quitter son poste de Vicaire général de Perpignan; et, par un acte formel du 28 avril, il remit sa démission à ses confrères réunis en Conseil [1]. Lors du décès de M. Fourdinier, il y avait deux aspirants au Séminaire, M. Robert et M. Sainte-Colombe. Le premier rentra dans son diocèse; le second fut admis le 9 mars 1845. Mgr Gousset, archevêque de Reims, depuis le 26 mai 1840, le nomma Chanoine honoraire. On sait que l'illustre prélat, devenu Cardinal en 1850, honora surtout de son amitié l'abbé Gaultier.

Dans l'année qui suivit sa démission, le 3 octobre 1845, M. Warnet fut élu premier assistant et l'abbé Gaultier second. Conformément aux recommandations du Cardinal Préfet de la Propagande, M. Warnet seconda M. Leguay de tout son pouvoir et, lorsque fut traitée la question de la fusion de la Congrégation du Saint-Esprit avec celle du Saint Cœur de Marie, il lui donna sa pleine approbation. Ses infirmités l'empêchant d'exercer les fonctions de professeur, dans la mesure où elles le lui permirent, il prit part à l'administration de l'Institut. Assez souvent, l'état précaire de sa santé le forçait à prendre des vacances, soit à la Chyperie, soit en Bretagne. En août 1858, il quitta le château où, en retour de l’hospitalité qu'il y recevait, il remplissait la charge de chapelain pour se retirer à Notre-Dame de Langonnet : il s'y trouvait plus tranquille et plus heureux.

Volontiers il s’employait pour diriger les retraites des prêtres séculiers qui venaient à l'Abbaye, ou aider à prêcher celles des petits scolastiques, des Frères et des jeunes détenus de la colonie de Saint Michel-en-Priziac. On lui doit Le Trésor des Prédicateurs et des Fidèles paru en I860 : il avait déjà publié en 1848 La Santé de l'âme et du corps. Cependant, le poids de l'âge et les infirmités lui faisaient pressentir la proximité de sa fin. Le 8 janvier 1863, il écrivit au P. Levavasseur : « Mille remerciements, cher ami, de vos vœux de bonne année. Pour toute grâce, demandez que je finisse saintement ma carrière et que je meure saintement dans le Seigneur. Il me semble que je ne désire sérieusement que cela, etc. » On pensa que les bains de mer redonneraient la vigueur à sa constitution épuisée. Il alla donc le 4 juillet à Saint-Ilan; mais les bains de mer n'eurent pas l'effet qu'il en attendait; sa maladie s'aggrava.

Aux vacances des petits scolastiques de Langonnet, quelques-uns lui furent envoyés pour le soigner et lui tenir compagnie. Ce lui fut une douce consolation, mais de peu de durée: car, ils arrivèrent le 22 août, et le 30, il rendait sort âme à Dieu, après avoir manifesté les dispositions les plus édifiantes. Le lendemain eurent lieu ses funérailles; il fut inhumé au petit cimetière de l'Établissement. M. Achille du Clésieux, qui l'avait visité plusieurs, fois durant sa maladie, y assista avec toute sa famille.
(Extrait des Cahiers du P. Jérôme SCHWINDENHAMER)

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[1] (1) Le 28 avril 1845, je soussigné Nicolas-Joseph Warnet, élu Supérieur de la Congrégation et du Sommaire du Saint-Esprit, le 7 janvier dernier, et confirmé en cette qualité par Mgr l'Archevêque de Paris, le 3 mars suivant; considérant que je, ne me suis déterminé à accepter le titre et la charge de Supérieur que pour ne pas laisser en souffrance les affaires de notre Congrégation et de notre oeuvre; considérant que ma nomination, bien que légalement définitive, n'était que provisoire dans la supériorité à M. Alexandre Leguay, Vicaire général de Perpignan: considérant enfin que M. Leguay peut entreprendre pour les intérêts de notre oeuvre des travaux et des voyages devenus néeessaires et que ma santé me rend impossibles; j'ai donné et donne, par ces présentes, ma démission pour le plus grand bien de l'oeuvre, et en faveur dudit M. Lelpiay, qui a consenti à se rendre an plus tôt à Paris pour me succéder.
Fait à Paris, les jour et an que dessus.
Signé : WARNET.
Observations de M. Warnet sur la distance des dates entre l'élection de M.Warnet et son approbation. - Nous faisons observer que M. Warnet, élu Supérieur le 7 janvier 1815, n'a été confirmé que le 3 mars suivant, par la seule raison que, n'ayant accepté que provisoirement à cause de sa faible santé, il espérait être remplacé presque aussitôt, sans qu'il fût besoin d'enregistrer l'acte constatant son élection faite par les directeurs. Mais les circonstances et les besoins de notre oeuvre ayant exigé que sa nomination reçût un caractère légal, nous le présentâmes le 2 mars à Mgr l'Archevêque, qui l'approuva le lendemain.
« Fait à Paris, le 5 mars 1845.
Signé : WARNET
L'approbation et confirmation de l'élection de M. Warnet par Mgr Affre est exprimée dans les meilleurs termes. - Le 25 avril suivant, le Ministre de la Marine, l'amiral de Mackau, répondait à la notification qui lui fut donnée de cette nomination : « Je vous remercie de cette communication et ne puis que me féliciter des relations que mon département aura désormais à entretenir avec vous dans l'intérêt du culte colonial."

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