Le Père Joseph, Marie WOLLENSCHNEIDER

Né : le 20 décembre 1936 à Sierentz (68)
Profès : le 08 septembre 1956 à Cellule
Prêtre: 1er juillet 1965 à Blotzheim;
Décès: 22 décembre 2013 à Wolxheim (67)

AFFECTATIONS
: SENEGAL:
Dakar (1966-1968; études de philosophie); FRANCE: Mortain (1968-1970; professeur); Lyon(1970-1973; professeur); SENEGAL: Sébikhotane (1973-1974; professeur); CONGO: Mossaka-Impfondo(1974-1980; travail pastoral); Brazzaville (1980-1986; supérieur principal et supérieur de la FAC); GABON: Libreville (1986-1990; Recteur séminaire Daniel Brottier); FRANCE: Paris (1990-1991; Recyclage); GABON: Libreville (1991-2000; Formation permanente et Vie Religieuse); FRANCE: Strasbourg (2000; Régional Est); Maison-Mère (2000-2003; 2ème Vicaire Provincial); La Meinau (2003-2008; supérieur); (2004-2006; supérieur Régional Est); Maison-Mère (2008-2012; Fraternités du Saint Esprit); (2009-2012; Archiviste de la Province); Wolxheim ( 2012-2013; Retraite)

Dans le témoignage qu'il a écrit pour l'Écho de la Mission, Joseph raconte qu'à la fin de ses études secondaires - à Blotzheim et à Saverne - il était dans des dispositions très négatives, mais que néanmoins l'idée d'être missionnaire ne le quittait pas. Le 1er septembre 1955, à l'âge de 18 ans, il entre au noviciat. Il écrit: "quatre mois, me disais-je, quatre mois, donc jusqu'à Noël! Si dans ce délai, je ne me convertis pas, je quitte le noviciat. Durant ces quatre mois, je me "plonge"; plonger, cela veut dire se donner à fond. Et ça me réussit ! En l'espace de deux mois, je me convertis."
"Plonger", "se donner à fond", sont sûrement des expressions qui caractérisent la vie et la personnalité de Joseph.
Si Joseph aimait plonger, toutes les eaux ne lui convenaient pas pour autant. Par obéissance, il a bien été à Rome, pour faire trois années de philosophie dite scholastique, mais plus tard, il insistera pour pouvoir faire sa théologie à Chevilly et ensuite une deuxième licence de philosophie à Dakar au Sénégal, après son ordination sacerdotale à Blotzheim, le 1er juillet 1965.
Il commencera sa vie missionnaire en enseignant la philosophie pendant six années, à Mortain et Lyon, en France, à Sébikhotane aussi, au Sénégal. Mais il rêvait de pouvoir se plonger dans d'autres eaux, moins froides et moins abstraites que celles de la métaphysique.
L'occasion lui en fut offerte par une lettre du P. Joseph Gross, Supérieur des Spiritains du Congo, qui, en mai 1974, l'invitait à constituer avec d'autres, spiritains et religieuses, une équipe missionnaire, itinérante ou navigante, chargée de la pastorale et de l'évangélisation le long du fleuve Congo, de Mossaka à Impfondo. Ces six ans de la Mission du Fleuve, comme on l'appelait à l'époque, furent sans doute parmi les plus riches et les plus heureuses de sa vie. Il y consacre de longues pages dans ses souvenirs et restera toujours fidèle aux amitiés nouées pendant cette époque, comme il a su rester fidèle aux amitiés de ses années d'études, de ses deux années de service militaire pendant la guerre d'Algérie, ainsi qu'à celles qu'il a nouées au long des diverses étapes de sa vie. L'amitié aussi était une eau dans laquelle Joseph aimait se plonger et qui l'a aidé à surmonter bien des épreuves tout en aidant ses amis à surmonter les leurs.
Au terme de ses années de Mission sur le Fleuve, commence pour Joseph la période de responsabilité au service des confrères spiritains: comme supérieur du District du Congo et de la jeune Fondation d'Afrique Centrale, de 1980 à 1986, comme Recteur ensuite, pendant 4 ans, du Premier cycle Daniel Brottier au Gabon. Suivirent neuf années à Libreville, à la paroisse des Rois Mages d'Akebe, au service de la formation permanente du clergé, des religieux et religieuses et des laïcs.
En l'an 2000, l'obéissance le rappelle de nouveau en France, comme Supérieur régional de l'Est et comme Vicaire Provincial; à partir de 2003 il devient vicaire dans les deux paroisses de la Meinau confiées aux Spiritains.
Le 19 septembre 2005, à Paris, survint l'AVC qu'il décrit comme "un moment crucial dans ma vie; l'aphasie complète et la paralysie du côté droit." À force d'accompagnement, de courage et d'exercice, il retrouvera la mobilité et l'élocution et, en 2008, sera capable d'assumer de nouvelles responsabilités à Paris au service des Fraternités du Saint-Esprit et des Archives de la Province. Joseph évoque cette période en écrivant, dans un premier temps, qu'il y voit "le déclin de la vie". Mais il corrige rapidement, je le cite : "cette façon de voir la vie comme une ascension et une descente obligée, c'est la vision biologique, humaine de la vie. La conception chrétienne est toute autre. Du baptême à la résurrection, c'est un chemin semé d'embûches et d'écueils, de fautes et d'erreurs, mais aussi de découvertes, d'illuminations et de révélations. C'est une ascension perpétuelle."
Joseph vivra sa dernière ascension, ou sa dernière plongée, dans notre communauté de Wolxheim, quelque 30 ans après son oncle, Antoine. Il arrive à Saint-Léon au début du mois de septembre 2012. Il a vécu heureux et apaisé dans notre communauté. Prière, lectures et réflexion, travaux d'archéologie et de sculpture, promenades, visites de parents et d'amis rythmaient ses journées jusqu'à ce 7 octobre 2013 où il a été hospitalisé à Hautepierre pour ce qu'on ne pensait être encore qu'une hémorragie gastrique, mais qui très vite se révèlera être un cancer de l'estomac. Le 14 octobre, Joseph m'apprenait lui-même le diagnostic et ajoutait, serein "Après l'Afrique et la Meinau, je peux partir…"
Comme il le souhaitait ardemment, il est "parti" peu avant Noël, deux jours après son 77ème anniversaire, dimanche, le 22 décembre. À présent, nous sommes sûrs qu'il est "plongé" dans cet amour de Dieu dont il a été, toute sa vie, le fidèle témoin.
Jean-Paul HOCH

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