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Ce sont 40 millions de malades qu’il faudra compter en l’an 2000, presque tous de pays démunis. Et combien d’orphelins ? 10 millions ?
Le nombre de personnes atteintes ne cesse de s’accroître. Ce fléau touche en particulier les 24-45 ans. Abandonnés à eux-mêmes, ils laissent à leur décès des enfants seuls.
De cet amer constat des ravages perpétrés par le sida au Cameroun sont nés les Centres d’accueil de l’espoir.
Au fur et à mesure de nos visites dans les quartiers de Yaoundé, les regards nous poursuivent, nous interrogent. Entre les planches ou les pisés ajourés, les joues creusées et enlaidies trahissent la maladie. Peut-on se résoudre à passer, simplement, sous prétexte :
- qu’on ne peut pas prendre en charge toute la misère (repartie bien connue) ;
- qu’on n’est pas venu explicitement pour cela ;
- qu’il y a des spécialistes, des organismes ?
Et puis, ces gens insolvables, où nous conduisent-ils ? N’y a-t-il pas mieux à faire, des structures à renforcer, des paroisses à conscientiser ? À quoi sert de les éduquer ? Y a-t-il une espérance de salut pour ces condamnés ?
Des associations largement reconnues dans nos pays peuvent faire croire qu’il faut concentrer les efforts d’abord en un même endroit.
Face aux joues squelettiques de jeunes mamans, aux vêtements déchirés de trop jeunes enfants revenant de quêter 3 sous, face à tant d’amis en attente mortelle, nous crions qu’il y a mieux que le scepticisme, le défaitisme, la casuistique. Il y a la brèche à ouvrir, la goutte d’eau à offrir à la bouche desséchée et l’attaque au jour le jour de justifications meurtrières.

Pourquoi soigner des condamnés ?

On ne pourra les soigner tous, c’est vrai ! Que vaut le petit cachet pour un malaise avant-coureur, une mort programmée ? Va-t-on abandonner sous prétexte qu’on ne peut tout soigner ?
Nous avons voulu donner forme et consistance à des groupes spontanés face à des sceptiques qui disaient : " Cet effort va-t-il durer ? Arrêtons les initiatives de tel ou tel religieux ou religieuse. Nous avons des bureaux, des projets-santé. Laissons ces gens-là laver leur linge sale en famille ! (sic) " Aucun de ces arguments ne nous permet de nous détourner de nos frères malades.
Selon les moyens qui leur sont donnés, nos Centres de l’espoir assurent des entretiens de prévention et d’information dans quartiers et villages. Ils font du soutien psychologique, spirituel, médical, matériel et social, des malades et de leur famille. Ils encadrent les orphelins et les enfants abandonnés.
Pour ne pas être sans fin assistés, nous étendons nos micro-réalisations à but ergothérapique et agricole (manioc, palmeraie). Nous rendons service aux entreprises privées ou/et d’État (stockage et livraison de matériaux de construction, réalisation de travaux en bâtiments et en intérieur). À partir de conteneurs loués dans les quartiers et d’un grand entrepôt en banlieue, nous vendons ciment et gaz domestique à des particuliers.

200 familles prises en charge

Des réalisations marquantes nous ont permis d’être reconnus auprès de certaines autorités. Des stages de formation continue sont organisés régulièrement. Parfois en province. À Mbalmayo, en décembre 1997, employés de dispensaires, prêtres et séminaristes se sont joints à nos éducateurs. Parce qu’il apprécie notre démarche, l’évêque, Mgr Ndzana, a donné une autre dimension à nos activités : son bureau diocésain de la santé a demandé la création d’une antenne à Mbalmayo.
Nous ne voulons pas être coupés de la Lutte nationale. Nos équipes présentent leurs activités par un stand à différentes manifestations nationales pour la solidarité et la santé. Ministres, représentants et experts du PNUD et de l’OMS nous connaissent et savent où nous trouver. Nous commençons à être reconnus au niveau international. Trois de nos responsables ont pu assister à l’une des conférences mondiales sur le sida à Abidjan. " Chrétiens et sida ", en France, connaît nos responsables.
Nos éducateurs mènent régulièrement des activités de prévention et de soutien dans les quartiers et les campagnes. Des antennes de quartier se développent de façon encourageante. Elles créent elles-mêmes leurs outils de travail au fur et à mesure de leur expérience sur le terrain : jeux de diapositives éducatifs, cassettes vidéo, albums-photos, grands classeurs à images.
Composées d’hommes et femmes, de couples, ces antennes informent au cours de réunions régulières, répertorient et aident les enfants de familles pauvres risquant d’être d’abandonnés.
Le ministère dévoué de ces gens mérite reconnaissance et aide. Ils vont au fond des quartiers par de petites ruelles malaisées, là où aucune de ces puissantes voitures offertes à d’autres par des organismes spécialisés n’arrivent jamais. Un travail qui se fait en collaboration avec les mouvements paroissiaux et le plus souvent sur appel des curés de paroisse.
Actuellement près de 160 enfants (dont 97 en familles d’accueil) et 200 familles sont pris en charge.

12 000 personnes touchées par notre information

Nous envisageons la mise en place d’un centre de santé pour les adultes : dispensaire, et centre d’observation, de perfusions et de soins de jour avec un studio pour création de vidéos éducatives.
Pour mieux entourer les enfants en attente de famille d’accueil, nous mettons en réseau de petites unités proches de la dimension familiale : Les " Centres de l’espoir " nous évitent ainsi d’entretenir de grandes structures.
Cette association camerounaise dynamique est animée sur place par une équipe dévouée et inventive qui a su se laisser diriger par du personnel compétent en gestion, santé et éducation.
Plus de 12 000 personnes ont été touchées par des séances d’information ou d’aide.
Si vous vous intéressez à son travail, sachez que nous avons lancé avec des amis en Région parisienne une association loi 1901 : le Comité d’aide et de soutien aux enfants nécessiteux en Afrique centrale, Casenac (1). Et, pour aller encore plus loin, un site Internet (2).
Un site sans prétention. Juste pour dire qu’il existe et qu’il se fait quelque chose quand d’autres affirment le contraire.
Un réseau fantastique d’information moderne se trouve là : réseau à humaniser, réseau qui n’a pas que des défauts. Il peut devenir un énorme Centre de l’Espoir, une gigantesque toile de solidarité.



(1) E-mail : CasenacFr@aol. com

LMFrioux

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