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Dossier Sinistrés par la Banque Mondiale


Justice-Titre

Offre alléchante pour 20 000 paysans : la Banque mondiale, en collaboration avec le gouvernement du Kenya, met sur pied un plan d’irrigation de 17 000 hectares de terres riches mais desséchées et semi-désertiques, pour produire du coton et du maïs.
Nous sommes en 1979. Tous nos paysans alléchés vendent leurs troupeaux, partent de chez eux vers cette terre promise fertile et productive.
Un projet de 3 000 hectares coûte 108 millions de dollars à la Banque mondiale.
Échec. Le dernier plant de coton pousse en 1990. Depuis, aucune eau ne coule dans le réseau de canaux en terre. Les réservoirs autrefois brillant au-dessus de chaque lot de villages artificiels construits pour les ouvriers restent désespérément ternes. Secs, les tuyaux d’adduction des maisons éclatent. Des centaines de kilomètres de canaux en réseaux sont vides, en partie effondrés, peu à peu recouverts de végétation.
L’Église doit-elle abandonner 8 000 personnes ?
Les paysans qui en avaient les moyens sont repartis, laissant des villages fantômes. Dans ce pays aride des Ormas, semi-nomades qui survivent avec les moyens plus traditionnels des pasteurs, environ 8 000 personnes implantées là se retrouvent abandonnées, sans aucun droit sur les terres. Leurs maisons, maintenant en piteux état, sont la propriété du gouvernement. Ils sont sans travail. Pas de pluies assez abondantes pour permettre des plantations.
L’approvisionnement en eau, inexistant. Dépendants du gouvernement qui distribue irrégulièrement un maïs de mauvaise qualité, les paysans n’ont aucun accès au système politique. S’ils comptaient pour quelque chose, un candidat choisi pourrait résider à Nairobi, à 500 km de là.
Deux spiritains irlandais et un anglais travaillent avec eux. Peter Shuttle, le curé, déclare dans un rapport de mars 1998 : " Depuis notre arrivée, Bura Tana a été déclarée zone sinistrée. Les victimes du plan d’irrigation veulent " sortir " de là, mais ils ne savent où aller. Ils ont été abandonnés par le gouvernement qui les fait survivre avec une poignée de maïs par mois. " La situation est pire que jamais.
L’un d’eux se lamente : " Notre vie est pire que celle des prisonniers qui, eux, sont nourris et ont l’espoir de retrouver la liberté ! "
" Je suis sûr, affirme Philip Marsh, qu’en dehors des situations de guerre, des régimes d’oppression et des catastrophes naturelles, vous trouverez difficilement une mission plus difficile que Bura Tana. Il est très difficile de trouver des volontaires pour aller dans ce coin perdu, où règne la désespérance. J’y vois une vraie priorité spiritaine… 8 000 personnes implantées là vont être abandonnées de l’Église si nous ne pouvons maintenir notre engagement. " Les spiritains perdraient là aussi l’occasion d’un bon témoignage et d’un soutien à divers groupes de musulmans indigènes.

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