ETUDES sur LIBERMANN
(P. Martins)


  Date : 03-08-1846
Titre : Je vais vous dire un mot de moi
Clé : Grâce de résister à mon père
Destinataire : P. Jer. Schwindenhammer,

4198 "Je comprends votre tentation, elle est purement fondée sur ce même état intérieur qui vous cause toutes vos autres tentations et n'a en elle-même aucun fondement, rien de vrai, ni même de possible. Comme je désire vivement consoler votre âme et la soutenir dans les combats durs et difficiles que l'ennemi vous livre, je vais encore vous dire un mot de moi, à la condition que vous n'en parliez jamais à personne. Pour mon état actuel, je vous ai dit ce que je pense et j'ai dit la vérité. Ce n'est donc que de mon passé que je dois vous parler pour détruire le fondement de votre tentation. Je vous dirai donc que jamais je n'ai fait aucune oraison sur les vertus, pas même sur les vertus de Jésus et de Marie, que je n'ai même jamais pu tirer aucune conclusion, ni prendre aucune résolution à la fin de mes oraisons pour la pratique des vertus. Jamais même, je n'ai pu réfléchir sur les vertus pour savoir ce qu'il faudra faire ou enseigner. J'ai attribué cela quelquefois au détraquement de mon système nerveux, quelquefois à une incapacité naturelle. Je sens bien que mon esprit a pris une certaine force, une certaine élévation et mon jugement de l'extension et de la rectitude; mais il est certain que c'est la grâce toute seule qui a créé ce qui n'était pas, qui a fortifié ce qui était faible et rectifié ce qui était défectueux. Cela est tellement vrai et clair que si je devenais incrédule, mon esprit ne pourrait jamais nier l'existence et l'action de la grâce sur mon âme. Lorsque je parlai des vertus et de la perfection, ce ne fut jamais par une méditation préalable, mais dans la parole les vérités se manifestaient, se classaient et se développaient; je sentais, dans ce moment, une impression de lumière dans l'esprit et de force dans la volonté, impression qui n'existe plus dès que je ne parle pas; ce qui me fait croire que Dieu me donne cette grâce pour les autres, et je tremble pour mon salut propre. Dieu aura pitié de moi, je n'en doute pas. En somme, je n'ai rien acquis, ni pour les connaissances de l'intelligence, ni pour la force de la volonté, ni pour la pratique des vertus. Dieu m'a tout donné, il m'a attiré sans me demander la permission et avec une violence que je n'ai pas encore aperçue à personne, jusqu'à présent. J'étais d'abord très lâche, très indifférent, très nul pour toute vie surnaturelle. Notre-Seigneur me fit la grâce de résister à mon père qui voulait m'arracher à la foi; j'ai renoncé à lui plutôt qu'à la foi. Après ce fait, le bon Maître est venu à l'improviste m'arracher à moi-même et il tint mes facultés absorbées et captives pendant environ cinq ans; sans que pendant tout ce temps j'eusse la pensée de travailler à une vertu ou à une autre; toute mon occupation était d'être avec lui, et cela était bien facile. Je n'eus pendant tout ce temps-là aucune idée claire des choses spirituelles. En voilà assez, je pense, pour que votre tentation à mon occasion perde tout fondement. Vous voyez que Jésus agit et fait tout dans les âmes. Il est métaphysiquement impossible qu'un homme parvienne à une vertu surnaturelle par les efforts de la nature. On peut parvenir à les feindre hypocritement, mais au sérieux, impossible. P.S. Vous brûlerez cette lettre le troisième jour après la réception."


Sources : ND 8- pp. 203-204
Réf-bible :
Remarque :
 


  Date : 07-04-1828
Titre : Notre père sait que je suis baptisé
Clé : Grâce de résister à mon père
Destinataire : Samson Libermann,

4213 "P.S. J'aurais dû vous apprendre aussi que notre père sait que je suis baptisé; mais le temps me fait défaut et David vous aura certainement écrit toute l'histoire."


Sources : ND 1- pp. 148
Réf-bible :
Remarque :
 


  Date : 03-09-1850
Titre : Si votre ?il vous scandalise
Clé : Grâce de résister à mon père
Destinataire : M. Libermann,

4261 Si vos parents ont fait de grands sacrifices pour l'amour de vous, comparez-les avec les sacrifices de Jésus-Christ, qui vous a accablé de tant de bienfaits Si, d'après l'Ecriture Sainte, et si par le fait l'homme quitte, abandonne son père et sa mère pur s'attacher à son épouse à combien plus forte raison doit-on quitter, ou plutôt (selon le texte) abandonner son Père ou sa Mère pour s'attacher à Jésus-Christ et devenir un même esprit avec lui? Le divin Sauveur a dit : Si votre Sil vous scandalise, ou votre bras Et ailleurs : Si quelqu'un aime son père, sa mère, son frère


Sources : ND 12- pp. 360-361
Réf-bible :
Remarque : Voir toute la lettre.
 


  Date : 01-01-0
Titre : La grâce de résister à son père
Clé : Grâce de résister à mon père
Destinataire : ,

4263 "J'ai été trois ans avec lui à Saint-sulpice; mais la troisième année nous ne nous voyions que le mercredi, parce que j'étais à Issy et lui à Paris. Il avait peu d'amis intimes, et je suis porté à croire que j'étais celui avec lequel il avait le plus de rapports. J'ai déjà commencé à lire sa vie que vous avez eu la bonté de m'envoyer, et j'ai reconnu une foule de détails sur sa conversion dont il m'avait fait confident. Je me souviens encore de sa profonde douleur et de son admirable résignation lorsqu'il reçut la lettre dans laquelle son père l'accablait de reproches au sujet de sa conversion et le maudissait. Il était tout en larmes et me disait : "Mais je suis chrétien." Et au milieu de ses larmes, j'apercevais le sourire de la joie et du bonheur."


Sources : ND 1- pp. 129-130
Réf-bible :
Remarque : Témoignage de M. Viot.
 


  Date : 01-01-0
Titre : La grâce de résister à son père
Clé : Grâce de résister à mon père
Destinataire : ,

4270 "M. Libermann nous a raconté souvent l'histoire de ses premières années, comment il se convertit vers l'âge de 20 ans, les efforts que fit son père pour y mettre obstacle, ce que fit M. Libermann pour tâcher d'ouvrir les yeux à son père. Je pense que tout cela est connu. On n'aura pas oublié non plus ce petit trait. Quand un de ses frères récemment converti au catholicisme vint le voir au Séminaire de Saint-Sulpice, il le conduisit à l'église Notre-Dame de Paris. Et là, après avoir prié ensemble pendant quelque temps, sortis à la porte de l'église, ils s'embrassèrent en pleurant, et le saint jeune homme dit à son frère, en le tenant embrassé : "Ce n'est que là que je te connaîtrai; si tu venais à abandonner la religion, souviens-toi que je ne te connaîtrai plus." Je vous demande pardon, je m'arrête; je sens que j'aurais bien des choses à dire, si je voulais dire tout ce que j'ai vu d'admirable dans votre saint Instituteur ou ce que j'en ai entendu dire. Mais tant d'autres l'ont vu aussi bien que moi et vous le disent mieux que moi."


Sources : ND 1- pp. 82-83
Réf-bible :
Remarque : M. Grillard, professeur au Grand Séminaire de Luçon.
 


  Date : 03-09-1850
Titre : La grâce de résister à son père
Clé : Grâce de résister à mon père
Destinataire : M. Libmann,

4276 "Votre affaire me paraît très difficile et je ne pense pas que vous puissiez vous en tirer à la satisfaction de vos pauvres parents. Vous aurez besoin d'une grande fermeté de foi, d'un soin et d'une attention habituelle sur toutes vos paroles, de la confiance en Dieu; prenez de bonnes résolutions, invoquez Marie, priez intérieurement, lorsque vous ne pourrez le faire à l'extérieur et j'espère que Dieu vous protégera. Pénétré du danger que vous courez, j'ai souvent pensé à vous devant Dieu. Voici les conseils que je crois pouvoir vous donner : 1° Tout en conservant pour vos parents l'affection que vous leur devez, conservez cependant votre coeur tout entier à Dieu, et mettez avant tout sentiment et tout devoir, ceux que vous devez à Dieu, qui est votre père selon la nature, à Jésus-Christ qui l'est selon la grâce. Si vous avez reçu beaucoup de bienfaits de vos parents et amis, vous avez tout reçu de Dieu par les mérites infinis de Jésus-Christ. Si vos parents, amis et bienfaiteurs vous aiment, votre premier et le plus grand de tous vos bienfaiteurs vous aime infiniment davantage. Si vous devez aimer les personnes qui vous ont donné le jour et toutes celles auxquelles vous êtes attaché par les liens de la nature, vous devez aimer bien davantage celui qui vous a engendré pour cette vie et pour la vie éternelle. Si vos parents ont fait de grands sacrifices pour l'amour de vous, comparez-les avec les sacrifices de Jésus-Christ qui vous a accablé de tant de bienfaits, en mourant pour vous sur la croix et qui s'immole encore tous les jours pour vous sur l'autel, afin de vous sanctifier et pour vous montrer qu'il serait prêt à renouveler tous les jours les douleurs de son sacrifice du calvaire. Si, d'après l'Ecriture Sainte, et si par le fait l'homme quitte, abandonne son père et sa mère pour s'attacher à son épouse parce qu'ils doivent être (1), à combien plus forte raison doit-on quitter, ou plutôt (selon le texte) abandonner son père ou sa mère pour s'attacher à Jésus-Christ et devenir un même esprit avec lui? L'Esprit de Jésus-Christ est fort et puissant; une fois dans une âme, il s'empare d'elle et domine tous ses actes, toutes ses pensées, tous ses sentiments; si donc un acte, une pensée, un sentiment n'est pas conforme à l'Esprit de Jésus-Christ, quelque puisse être le motif que la nature met en avant pour l'appuyer, cet acte, cette pensée, ce sentiment doivent être éloignés de notre âme et nous ne devons pas y adhérer, mais à Jésus-Christ seul et nous laisser dominer par son divin Esprit. Le divin Sauveur a dit : "Si quelqu'un aime son père, sa mère il n'est pas digne de moi. Telles sont les réflexions et autre semblables dont vous pourrez nourrir votre âme pour la préserver du danger et la maintenir dans la fermeté de la foi que notre divin Sauveur attend de vous."


Sources : ND 12- pp. 360-361
Réf-bible :
Remarque :
 


  Date : 08-11-1851
Titre : Energie et constance
Clé : Grâce de résister à mon père
Destinataire : M. Emonet,

4282 Continuez à faire attention à vous pour maintenir l'énergie et la constance d'application à vos classes, lecture spirituelle, etc.: qu'en général tout ce que vous faites soit fait avec âme, sans cependant y mettre de la contention, de la raideur ou de l'exagération.


Sources : ND 13- pp. 368
Réf-bible :
Remarque :
 


  Date : 01-01-1836
Titre : Libermann chez le curé de Saverne
Clé : Grâce de résister à mon père
Destinataire : Samson Libermann,

4285 P.S. M. le Curé de Saverne m'a bien reçu et m'a offert l'hospitalité tout le temps que j'aurais voulu rester chez lui. Seulement d'abord il y avait un quiproquo : il attendait un professeur du petit séminaire de la Chapelle En me voyant arriver pendant la nuit, il vint courir vers moi jusque dans la cour, pensant que c'était ce professeur : ce qui le troubla un peu au premier moment


Sources : ND 1- pp. 170
Réf-bible :
Remarque :
 


  Date : 01-01-1845
Titre : On essaie de reconvertir Libermann
Clé : Grâce de résister à mon père
Destinataire : Samson Libermann,

4289 "J'ai reçu tous les effets que vous m'avez envoyés; la choucroute, cela m'a coûté 108 ou 110 francs; cela me paraît bien cher pour le port. J'ai reçu avant-hier les livres. J'ai envoyé à Pauline ses étrennes pour elle et Caroline, ainsi que les livres qui étaient pour Pauline. J'ai envoyé aussi à Mlle Valérie le paquet qui portait son adresse. J'ai reçu une lettre de (mot hébreu). Elle me demande de lui trouver un débit de tabac aux environs de Strasbourg, comme si j'étais tout-puissant. Elle me fait un sermon pour me convertir et m'offre la nourriture et le logement chez elle, pour que je puisse faire pénitence ou au moins que, dans ma pénitence, j'aie de quoi soulager ma misère et ma peine. Elle est mariée en effet et demeure dans un hameau à trois ou quatre maisons, où elle s'ennuie à la mort. Je vais tâcher de trouver à son mari une place d'employé au chemin de fer. Je sais bien que je me charge par là d'un grand sujet de tracasseries par la suite. Je pense même qu'il y aurait peu d'espérance pour cette tête exaltée et remplie d'idées ridiculement superstitieuses. Je ne veux cependant pas avoir le reproche à me faire d'avoir négligé un moyen pour le salut de cette pauvre âme. D'ailleurs, il se pourrait que, dans la suite, on obtienne d'elle que ses enfants soient placés de manière à faciliter leur conversion"


Sources : ND 7- pp. 3-4
Réf-bible :
Remarque :
 


  Date : 01-01-0
Titre : Libermann à Saverne après la conversion
Clé : Grâce de résister à mon père
Destinataire : ,

4294 "Après sa conversion, il est revenu à Saverne et y a passé deux jours. Les juifs le montraient du doigt, et chacun tenait à le voir quand il passait dans la rue; mais on ne l'a pas insulté, et il n'y a pas eu de scènes désagréables à son sujet."


Sources : ND 1- pp. 15-16
Réf-bible :
Remarque : Témoignage du P. Corbert.
 


  Date : 30-03-1845
Titre : On a essayé de reconvertir Libermann
Clé : Grâce de résister à mon père
Destinataire : Samson Libermann,

4298 j'ai reçu de nouvelles lettres de (mot hébreux) et de son mari. Je crois qu'enfin elle renonce à ma conversion, elle ne me prêche plus dans sa dernière. Elle veut avoir un débit de tabac à Benfeld et s'imagine que je suis tout-puissant. Je vais tâcher de lui procurer une place au Chemin de fer, quand cela sera fait.


Sources : ND 6- pp. 108-109
Réf-bible :
Remarque :
 


  Date : 01-05-1840
Titre : J'ai passé cinq années? sans rien juger
Clé : Grâce de résister à mon père
Destinataire : M. Bureau,

4299 "Ne soyez jamais sage et éclairé dans les choses de Dieu à vos propres yeux, et ne vous regardez pas non plus comme saint et bien avancé. Il vaut mieux que vous vous reconnaissiez comme ayant peu de connaissances dans les choses divines, et étant peu avancé dans la piété. Mais le meilleur encore est de ne jamais vous occuper de vous, de vous oublier et de ne porter aucun jugement sur votre intérieur. Contentez-vous de servir Dieu dans l'humilité de votre coeur e dans un amour parfait, sans vous mêler d'examiner et de juger. Je vous assure en toute vérité que j'ai passé les cinq premières années de mon séminaire, sans rien examiner ni rien juger. Depuis le temps où j'ai été obligé d'examiner et de juger, je ne m'en trouve pas aussi bien, et mon plus grand désir serait de me retirer et de ne plus m'occuper de rien; car je vois de grandes afflictions d'esprit en tout cela. Ne cherchez même pas à vous faire une idée analytique de la perfection chrétienne; mais donnez-vous à Notre-Seigneur le mieux que vous pourrez, avec humilité et amour du coeur. N'élevez jamais votre esprit, ne le laissez jamais aller dans les hauteurs de la vie spirituelle, ni à une certaine dureté et rigueur, ni à une certaine agitation sourde, laquelle jette souvent dans des illusions. Oubliez-vous, et ne faites rien ni pour qu'on pense à vous, ni pour qu'on vous oublie; habituez-vous à la constance, au courage et à la patience; demandez-en souvent la grâce, car vous en avez besoin."


Sources : ND 2- pp. 118
Réf-bible :
Remarque :
 




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