Malgré
lobturation dune fenêtre sur deux, le remaniement des bas côtés et quelques
décorations postérieures, léglise représente bien la basilique romaine, forum
couvert. Belles collection de colonnes ioniques dorigine. Plafond de la fin du XV°.
Beau pavage.
Ce
sont surtout les mosaïques qui constituent le trésor de ce sanctuaire.
Les
panneaux latéraux sont du V° et son entièrement consacrés à lHistoire Sainte
(AT) ;
Larc
triomphal est du milieu du V° (Annonciation à Marie et à Joseph, Présentation, Songe
de Joseph à la clef de larc, Epiphanie, Egypte, Sts Innocents
) ;
tendances byzantines dans le vêtement et le décor ;
La
mosaïque absidiale : à partir de la mosaïque primitive du V°, surtout
décorative, le Couronnement de la Vierge, la composition étant du XIII°, rassemblant
des éléments romains et byzantins.
UNE PAROLE DU P. LIBERMANN
I had the idea that all the devotions
of the Society ought flow from the nature of its consecration and that that is where it
should find a perfect model for all the basic virtues of the apostolate; but for some
reason, the thought never occurred to me that we could find this perfectly in the devotion
to the Immaculate Heart of Mary.
So I more or less decided on another
dedication. I tried very hard to elaborate the plan in question but nothing would come and
I was completely in the dark. Then I visited the seven basilicas (of Rome) and some of the
churches devoted to our Blessed Lady. As a result, without knowing why, I found that I had
decided to consecrate the work to the Heart of Mary. I went home and set to work again to
draw up the plan. This time, things were so clear that in the twinkling of an eye I could
see not only the broad outline but also all the details of its future development. This
brought me a joy that is impossible to describe. As I worked on the details I sometimes
came up against difficulties: when that happened, I would rush round to one of my
favourite Churches (Sta. Maria Maggiore, Santa Maria in Trastevere, the Madonna del Parto
in SantAgostino, the Madonna della Pace) and I could be sure that when I got home
and took up my pen, all the difficulties would evaporate and things would become clear
again. This never failed to work. (Letter to M. Desgenettes. L.S. III p. 364).
- le sarcophage de Ste Monique et ton tombeau, chapelle du
croisillon gauche ;
- la Vierge et lenfant, dite Madonna del Parto,
Sansovino, 1521, influence de Michel-Ange : le P. Libermann aimait sy
recueillir quasi quotidiennement ;
- La Madonne des Pélerins, Caravaggio :
beauté toute romaine ;
- le petit groupe sculpté de Ste Anne, Marie et
lEnfant, Sansovino ;
- un petit bout de fresque de Raphaël : Ezéchiel.
UNE PAROLE DU P. LIBERMANN
Il
faut remarquer que ce nest pas seulement à Marie, mais au cur de Marie que notre Congrégation se consacre. Ce
choix de la dévotion au Cur de Marie na point été leffet dun
calcul, ni du raisonnement, mais dun attrait et dune impulsion puissante. Et
toutefois rien de plus motivé, de mieux fondé, de plus conforme à notre vocation. Nous
sommes appelés à lapostolat ; or pour exercer lapostolat avec fruit, de quoi
avons-nous besoin sinon de lEsprit apostolique? Et cet esprit apostolique, où
pourrons-nous le trouver plus parfait et plus abondant, après N.S., que dans le cur
de Marie, qui en a été tout rempli, cur éminemment apostolique et tout enflammé
de désirs pour la gloire de Dieu et le salut des âmes? Sans doute elle na pas
parcouru les mers et les pays éloignés comme Pierre, Paul et les autres apôtres. ~
Dieu
ne la pas voulu; et Marie devait dans la retraite diriger les apôtres, leur
communiquer de son esprit apostolique et attirer sur les âmes les grâces de conversion
et de satisfaction. Du haut du ciel, elle continue pour la diffusion de lEglise ce
quelle a fait pour ses commencements. Nous devons donc considérer le Cur de
Marie comme un modèle parfait du zèle dont nous devons être dévorés, et comme une
source abondante où nous devons sans cesse le puiser. ~ Appliquons nous donc avec soin à modeler notre
intérieur sur lintérieur de Marie; et alors quand le temps sera venu dagir,
nous naurons aucune peine à conformer notre action extérieure à celle des ss.
apôtres, selon les desseins de Dieu sur nous. ~
Le St Coeur de Marie nous est donné pour être la lumière qui doit nous guider, et la
force qui doit nous soutenir dans nos travaux (Règle Provisoire, 1° partie, ch.2,
art 3, texte et commentaire, Glose 18, pro manuscripto, pp 17-19)
J'ai fait, en 1859, le
voyage de Rome, et j'y suis resté six ans. J'ai eu occasion d'aller voir, comme en
pèlerinage, la misérable mansarde qu'avait habitée le serviteur de Dieu. C'était un
petit réduit où l'on entrait qu'en se courbant et qu'il partageait avec des pigeons qui
s'y réfugiaient. J'ai su, de la propriétaire de la maison, que pour subsister, le
serviteur de Dieu allait lui-même au marché acheter quelques légumes, et quand l'argent
lui faisait défaut, ce qui arrivait assez souvent, il se mêlait aux pauvres qui
mendiaient leur nourriture aux portes des couvents. J'ai vu les enfants de la maison qui
mont raconté que, pendant son séjour chez eux, le P. Libermann soccupait de
leur faire dire leurs prières et de leur enseigner le catéchisme. Toute la famille le
regardait comme un saint et continuait à lappeler il santo. (N.D.II,
221-222, Procès
apostolique, 61° session, 17 mars 1882, témoignage du F. Thomas Mabit c.s.sp.)
In 1859, I went to Rome
and I stayed there for six years. This gave me the chance to make a pilgrimage to the
miserable attic where the Servant of God used to live. It was a little cubby-hole which
you could only enter by bending down and which he shared with some pigeons who also lived
there. I learnt from the owner of the house that in order to survive, he used to go to the
market and buy a few vegetables, and when he ran out of money, which was a frequent
occurrence, he would join the poor people at the doors of convents to beg for some food. I
met the children of the house who told me that when he lived there, Fr. Libermann used to
teach them to pray and learn their catechism. The whole family were convinced he was a
saint and still referred to him as il santo. (Testimony of Brother Thomas Mabit. N.D. 11, 221-222)
Mr Libermann, en entrant
dans la maison de Mr Patriarca , lui demanda de lui donner le logement le plus pauvre,
ajoutant quen dehors du déjeuner, il ne demandait aucun autre service de la maison,
mais quil sarrangerait lui-même. On lui montra deux petites mansardes qui
navaient dautre plafond que les poutres dont la pente ne permettait pas de se
tenir debout toute la longueur du logement. Ces mansardes servent ordinairement de
débarras pour toutes sorte de vieilles choses dont on na plus besoin ; on y
fait parfois dormir de pauvres paysans venus à Rome pour y vendre leurs marchandises.
Elles plurent beaucoup
à Mr Libermann, et lui furent cédées toutes deux pour un écu par mois, sans
meuble ; il choisit pour sa chambre la plus misérable des deux ; dans
lautre, il y avait des pigeons qui lui tenaient fidèlement compagnie, et quil
se chargeait de nourrir. Mais encore fallait-il meubler cet appartement. Pour ce faire, Mr
Libermann ftl acheter une paillasse quil étendit par terre et quil recouvrit
dune mauvaise couverture; il na pas eu dautre lit durant son séjour
dune année à Rome. Le reste de son mobilier consista en une vieille table, et
enfin une caisse. Son crucifix et une image de St François étaient le seul ornement de
sa chambre.
Comme il lavait
déjà dit, il sarrangeait par lui-même et ne voulait que personne ne prenne la
peine de lui venir en aide. Il mettait lui-même de lordre dans sa chambre,
nettoyait ses souliers, achetait son pain. Un jour, il lui arriva de laisser tomber son
vase de nuit dans lescalier ; il prit immédiatement un balai et arrangea
lui-même cet annui qui sétait produit aux frais du propriétaire.
Le matin, il sortait de
bonne heure et allait faire ses dévotions, il communiait chaque jour. Les églises
quil fréquentait de préférence étaient St Pierre et St Augustin, à cause de la
Madonne quon y vénère, et pour laquelle il nourrissait une grande dévotion. Il
visitait dautres Madonnes chaque jour ou presque. Revenu à la maison, il prenait
une tasse de café de deux sous, et parce que ces bonnes personnes lui en donnaient une
mesure abondante, il ne voulait pas quon y mît du sucre de peur quelles y
perdent ; il achetait lui-même son sucre.
La bonne Mme Patriarca, en racontant ce fait,
ajoutait quelle navait jamais trouvé une personne aussi délicate et
désintéressée : « Jamais, disait-elle, il ne marchandait ; il voulait
toujours que ces bonnes personnes gagnent quelque chose ». Souvent dans leurs
rapports avec les étrangers quils logeaient, ils consultaient le bon Père
Libermann, et ses réponses mettaient toujours la paix dans leurs curs. Mmr
Patriarca disait aussi que Mr. Libermann était la bénédiction de sa maison. Elle lui
proposa plusieurs fois de prendre une autre chambre moins inconfortable, mais il ny
consentit jamais.
Après son
petit-déjeuner, il lisait et écrivait jusquau déjeuner, à une heure, et il
mangeait comme les pauvres, ne demandant rien de particulier pour lui-même. Après le
déjeuner, il sortait encore ; parfois des ecclésiastiques français venaient le
visiter, et il parlait avec eux le plus souvent de piété. Néanmoins quand il se
trouvait en compagnie, il était très gai et sa charité était si grande que sa
présence emplissait tout le monde de joie. Le soir, il se couchait à 10 heures ; on
ne lui donnait rien à dîner ; il est probable quil mangeait un peu de pain
dans son grenier avec ses pigeons.
On ne la jamais
entendu se plaindre de ses souffrances, ni du froid, ni de la chaleur, bien que son
grenier ait été un véritable four pendant lété. La seule détente que je
lai vu prendre, disait la bonne Mmr Patriarca, cétait de caresser mon petit
garçon Raffaël, quil avait vu naître et qui est à présent enfant de chur
à St Pierre. Il donnait aussi chaque jour des bons conseils à mes jeunes enfants, mais
toujours avec bonté et en souriant. Jamais cette dame ne la vu dans les accidents
dus à son mal, on voyait seulement les plaies quil avait à la tête. Il préparait
et prenait lui-même ses remèdes, seul dans
son grenier. Jamais, pour le reste, il ne parlait de ses problèmes, ni de ses
affaires ; il se montrait toujours égal à lui-même, toujours aimable et content.
On la souvent entendu dire : « Oh, si je naimais pas le bon Dieu,
je serais le plus ingrat des hommes ; il ma donné tant de grandes
grâces ! » (Procès
de Béatification de Paris
Témoignage
du
R.P.
François Delaplace, Secrétaire général de la Congrégation
du St Esprit. Le P. Libermann à la maison Patriarca).
4 - Santa Maria in Trastevere
Léglise
est construite sur lespace dun lieu de culte ancien, du III° s. Celle-ci date
du IV° ; elle a été restaurée au IX°, puis sous Innocent II, en 1140, du temps
de St Bernard de Clairvaux, et en lien avec son action au service du Pape et de
lEglise ; les XVII° et XIX° lont abîmés de retouches malvenues :
malgré tout, elle demeure un bel exemple de style médiéval (les grosses colonnes
disparates de granit, larchitrave faite de morceaux
). Campanile et mosaïques
extérieures ont été retouchés également. Le plafond à caisson est du XVII°. Beau
pavage cosmatesque.
Les mosaïques sont de toute beauté :
Larc triomphal, avec Isaïe et Jérémie, est du XII°
La calotte où se reflète la spiritualité mariale de St Bernard est aussi du
XII° : noter le geste familier de Jésus envers sa mère : le décor est
byzantin, mais les visages et les gestes sont moins hiératiques.
Les beaux tableaux de mosaïque au-dessous des fenêtres, si riches en couleur,
montrent des scènes de la vie de Marie ; ils sont de Cavallini, fin XII°.
Comme
le P. Libermann la écrit à Mr Desgenettes, cétait un de ses lieux de
pèlerinage marial. Le désir du P. Libermann, pèlerin de luvre des Noirs, de se consacrer aux personnes abandonnées, se
retrouve dans les activités de la Communauté SantEgidio, qui a son siège tout
près. A certains moments de lannée, léglise se transforme en une grande
salle de banquet au service des pauvres de Rome (voir les photos dans latrium)
: elle devient ainsi la maison de
léglise toute ouverte aux nécessiteux. Sise au milieu du quartier modeste du
Trastevere (au-delà du Tibre), cest vraiment léglise de
Notre-Dame des Pauvres.