1 QUELQUES LETTRES DU P. LIBERMANN: L'OEUVRE DE L'ESPRIT EN NOUS

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[Tu as mis la main sur moi] <Feu sur la Terre>

0 * L'Esprit-St nous rend utiles à l'accompagnement spirituel:

L.S II,311 (1839) [31]

1 * ...Mourons à toutes choses et à nous-mêmes, et ne vivons plus que pour Dieu. Vous savez bien ... comment il faut que nous soyons pour être agréables à N.S.J.C. et dignes de lui. Remplissez votre âme de cette pensée; rentrez dans le plus profond de votre intérieur et n'en sortez jamais. Si vous faites cela, votre joie sera pleine et la paix de N.S.J.C. inondera votre âme et en fera un vase de prédilection et d'amour pour son Père. Car tant que vous resterez ainsi retiré dans le fond de votre intérieur, vous y trouverez toujours l'Esprit-Saint,qui vous élèvera et vous transportera sur le sommet de cette montagne d'amour que NS. a bâtie pour ses élus, et il vous remplira de ses grâces, de ses lumières, de ses beautés et de son bonheur. Vous prendrez une sainte habitude d'écouter sa voix, et vous serez fidèles à ses grâces." LS I, 126 (1835)[32]

2 * L'expérience de notre grandeinutilité et de notre incapacité est joie et commencement de qq progrès: LS II,208 (1839)_[33]

3 * La voie passive de la disponibilité à l'Esprit: modération de l'activité, parfaite immobilité de l'âme, attention tranquille et intérieure à la grâce de l'Esprit-St: LS I,74 (1835) [34]
"Cette union est passive de notre part: Dieu, nous vivifiant par son Esprit Saint, nous unit avec lui sans que, de notre côté, nous fassions autre chose que de nous disposer, et, étant disposés, de ne pas résister". ES 480 <112>

4 *"Tâchez...d'avoir toujours l'esprit libre, gai, ouvert; ceci est surtout nécessaire dans vos rapports avec vos confrères. Cette ouverture d'esprit et de coeur est indispensable pour l'acquisition du véritable esprit intérieur; il faut que vous soyez ouvert, simple et doux avec tous...Allez gaiement, franchement, sans dissipation pourtant, mais sans contrainte, sans recherche, sans appréhension d'être mal ou bien jugé, de plaire ou de déplaire, sans envie de paraître quelque chose, de vous attirer l'estime et la bienveillance. Dieu seul, toujours Dieu en vue, et votre esprit aura cette liberté; dans le cours de la conversation, modération, paix, douceur; plus de retours trop fréquents sur vous-même; oubliez-vous entièrement; toutes les fois, en effet, que vous penserez à vous-même, vous ne serez pas simple." LS II, 341 (1839) [34-35]

5* "Tout ce que nous avons à faire, tout ce à quoi notre âme doit s'appliquer, consiste pour elle à se disposer moyennant le secours très puissant de la divine grâce, qui est en nous très forte, par la miséricorde de notre bon Maitre, à suivre les mouvements et les impressions du divin Esprit qui est en nous Il veut être l'âme de notre âme; c'est à nous à le rendre ainsi maitre absolu de cette pauvre âme, afin qu'il puisse lui communiquer sa vie et son action . Laissons-le agir en nous comme notre corps laisse agir notre âme, qui le remue comme elle le croit convenable et comme elle le veut. .. Oh! quel bonheur, quelle sainteté serait la nôtre ... si notre âme n'avait plus de goûts, excepté ceux que le divin Esprit lui donne; si elle n'avait plus de désirs, plus d'affection, plus d'action, plus de mouvement que ceux qu'elle reçoit de l'Esprit-Saint; si nous n'aimions plus rien, si nous ne nous glorifiions plus, si nous ne sentions plus ni jouissances ni satisfactions, si nous n'avions plus de vouloir ni de vie qu'en lui et par lui! Alors, rien ne mettrait plus obstacle à la perfection et à la sanctification de notre âme, tandis qu'au contraire, par nos propres désirs, nos propres affections, nos volontés et notre propre action, nous gênons et embarrassons l'action de la grâce divine en nous; nous y mettons sans cesse opposition, nous restons toujours dans notre propre vie.
Voici donc ... toute la conduite que vous avez à tenir. Ne travaillez pas avec violence, ne faites pas d'efforts pour vous unir plus ou moins parfaite-ment à Dieu. L'union de notre âme à Dieu est l'oeuvre de N.S. et non la nôtre; c'est le divin Esprit qui doit l'opèrer en nos âmes plus ou moins parfaitement, selon les desseins de Dieu sur nous et selon notre fidélité à y correspondre... Laissez-vous aller à la tendance que cette impression (de l'Esprit) excite en vous, mais n'allez pas plus loin que ce mouvement intérieur ne vous porte...
...Vous la favorisez, l'action divine, quand vous usez de moyens qui vous mettent ordinairement dans un état de recueillement, et qui portent plus facilement et plus fortement votre âme à Dieu, par exemple l'observation de la règle, le silence, une douce attention à Dieu, la pensée fréquente de ce qui est capable de vous toucher, la considération de N.S. et de la Très Sainte Vierge dans les différents mystères ... ND III,102-103,(13.01.1842) A Schwind.

6 * "Tout ce que avez à faire, c'est de vous rendre docile et maniable entre les mains de l'Esprit de vie, que notre Seigneur et doux Maitre a mis dans votre âme pour être toutes choses en vous. il doit être le principe et la source unique de toutes vos affections, de tous vos désirs et de tous les mouvements de votre âme. il doit être le mobile de votre esprit et le guide de votre âme dans les mouvements qu'il lui imprime. C'est à lui seul qu'il appartient de vous donner une impulsion, une impression quelconque, et c'est à lui aussi qu'il appartient de vous faire réduire en pratique cette impulsion et cette impression. Car si vous y mêlez votre violente activité, vous ne pourrez que gâter les choses.
Faites bien attention à cette parole de N.S.: "Ego sum via. Je suis la voie". Il faut que votre oeil intérieur, c'est-à-dire votre esprit, soit toujours paisiblement fixé vers Jésus demeurant dans votre âme, et vous ne devez aller à son Père que par cette voie divine de Jésus; voie qui n'est pas difficile à trouver et qui n'est pas loin de vous. Elle est dans le fond de votre âme; vous n'avez qu'à y rester, vous irez droit au Père. Jésus vous a laissé son Esprit-Saint pour vous diriger et vous conduire dans cette voie céleste. C'est cet Esprit divin qui tourne votre âme et la dirige dans cette voie. Il n'y a que l'Esprit-Saint qui la connaisse et qui puisse vous y faire marcher.
Notre Maitre ajoute: "Ego sum Veritas, je suis la vérité"; nom admirable et au-dessus de toute expression. Jésus est la vérité; et par conséquent, en nous tenant, par la grâce de son divin Esprit, dans la voie qui est lui-même, nous possèdons la souveraine vérité, et par conséquent, lorsqu'on est dans cette voie, on est déjà arrivé. Et que nous faut-il davantage? Aussi ... tenez -vous en paix dans cette admirable voie qui est en vous? Cette voie étant en vous et au fond de votre intérieur, tenez-vous-y; elle est et sera toujours en vous toute vérité." LS I, 366 (1837) [39-40]

7 * "Soyez saint ... parce que le Père de N.S.J.C. est saint, et parce que son Esprit qui doit vivre et agir en vous est saint. Entrez pleinement dans les desseins de sainteté que notre grand Maitre a sur vous ... Quittez-vous en toutes choses et en toutes circonstances; afin que l'Esprit de Jésus puisse demeurer, agir et vivre en vous, selon la suavité de la miséricorde de Dieu sur vous.Abandonnez-vous pleinement à cet Esprit de la souveraine sainteté, et non seulement il vivra pleinement en vous, mais votre vie ne sera plus la vôtre, ce sera celle de l'Esprit de J.C., qui sera toutes choses en vous." LS I, 3O1 (1837) [4O]

8 * "Ne vous plaignez pas du peu de temps que vous avez pour l'oraison et l'étude, heureux missionnaire dont les instants sont pris pour le travail du salut des âmes. vous êtes bien plus à féliciter qu'à plaindre; c'est un grand bonheur que je n'ai pas. Moi aussi, qui n'ai pas un instant dans la journée pour m'occuper de ma pauvre âme, ni pour étudier ...
Pour votre manière d'agir en général.Un navire a ses voiles et son gouvernail. Le vent souffle dans la voile et fait marcher le navire vers la direction qu'il doit prendre; c'est donc par les voiles qu'il marche et qu'il prend une direction générale; cependant cette direction serait trop vague et pourrait parfois égarer le navire sur la ligne qu'il doit prendre, sans s'en écarter du tout. Votre âme est le navire, le coeur représente la voile, l'Esprit-Saint est le vent; il souffle dans la volonté et l'âme marche, et elle marche vers le but que Dieu se propose; votre esprit est le gouvernail qui doit empêcher que, dans la force et la vivacité du mouvement donné à votre coeur, vous ne sortiez de la ligne directe et déterminée par la divine Bonté.
Ayez une attention douce et calme de l'esprit à ce que vous dites et faites. cette attention est une attention entièrement soumise à la divine volonté. Le mérite et la sainteté de l'acte résident dans le mouvement de la volonté.L'action de l'esprit est une action directrice qui empêche la volonté, le coeur de sortir de la direction exacte, que la prudence chrétienne demande pour l'accomplissement parfait du bon plaisir de Dieu... ND VII,147-148 (1845) [41]

9 * Si N.S. nous donne son Esprit-St, ce n'est pas pour que nous vivions, même en partie, selon le nôtre; il doit être notre conducteur, notre amour, notre tout.
La qualité propre de cet Esprit étant d'être l'amour de Dieu, il en résulte que tout en nous doit procéder de cet amour, en être accompagné, et aller droit à Dieu. Il nous a été donné pour être la vie de notre âme; par conséquent, l'amour unique de Dieu seul doit la remplir et pénétrer toutes ses facultés et ses puissances.
Elle est morte par elle-même, Dieu n'y résidant pas; elle ne devient vivante que par l'Esprit-Saint; elle n'a donc de vie que par le mouvement qu'il lui donne. Tout autre amour et toute autre action sont morts.
Si nous voulons l'entendre, le voir et marcher sous sa conduite,il faut être attentif à ses inspirations, tenir nos regards continuellement tournés vers lui, pratiquer le silence intérieur, c'est-à-dire de toutes nos passions et de toutes les facultés de notre âme, éviter la trop grande action intérieure, l'empressement et l'activité, modérer tous les mouvements violents, même ceux qui ont des choses bonnes pour objet, ne vouloir connaitre d'autre sagesse et d'autre prudence que celle qui nous vient de l'Esprit-Saint, et, par cette voie intérieure, éviter tous les efforts naturels pour nous unir à lui, nous occuper uniquement d'éviter les obstacles qui viennent de l'empressement et de l'attachement aux créatures et à nous-mêmes.
Tout cela doit être fait en toute paix et tranquillité d'âme, et dans cette disposition qu'il faut attendre de lui tout ce qui lui plaira de nous montrer et de nous faire exécuter, nous tenant toujours prêts à la suivre sans jamais le précéder."..ES suppl.,79 [5O]

10 * "Ce serait une chose très grande, très douce et très admirable si l'Esprit-Saint accomplissait ainsi en nos âmes cette union si sainte avec Jésus en Marie,' et avec Marie en Jésus. Que Jésus vive en vous comme il a vécu en Marie; que nous soyons unis à Marie comme elle a été unie avec Jésus, d'une union de désir, d'une union d'amour, d'une union de volonté, d'une union de vue. Que nous soyons aveugles, perclus et anéantis en nous-mêmes et pour nous-mêmes, et que l'Esprit de Jésus soit toute occupation, tout mouvement et toute vie en nous, pour nous unir et nous faire une même chose avec lui en Marie, par Marie et avec Marie.
Je sais fort bien que nous ne parviendrons jamais à la perfection de ce divin amour et de cette divine union; n'y prétendons pas; mais prions Jésus de nous en donner quelque petite étincelle, et prions Marie de nous attirer dans son admirable intérieur, pour nous y unir et nous y donner quelque petite participation... Vivez le plus que vous pouvez annulé en vous-même; donnez-vous sans cesse à Jésus et à Marie; soyez sans cesse reposé sur le sein de Jésus et abandonné entre les mains de son divin Esprit. Prenez bien garde, et conservez votre esprit dans une grande douceur et une grande souplesse devant lui en toutes choses; tenez votre âme dans un état de bassesse et de pauvreté, et dans l'oubli de vous-même..."LS II, 424 (1840) [43]

11 * "Quand le divin Esprit agit en nous, notre âme est brûlante, et au milieu de ce feu, elle est comme portée, unie à Dieu sans trouble, sans inquiétude, sans agitation, sans irritation, sans mouvement d'amour-propre, et, au contraire, avec un mouvement d'abaissement de nous-mêmes, non seulement devant Dieu, mais dans notre propre intérieur et devant toutes les créatures... Que nous sommes heureux, lorsque nous sommes sous la puissance du divin Esprit, sous l'influence complète de l'esprit d'amour de Jésus! Tout devient amour en nous; toutes nos actions, même les mouvements les plus légers de notre âme, et, à plus forte raison, ses mouvements et actions intimes, tout est amour; amour pour notre Dieu, devant qui nous sommes sans cesse prosternés et anéantis; amour pour les hommes, sans aigreur, sans jugement envers qui que ce soit; notre esprit est calme, sans s'activer contre ceux qui nous affligent, qui nous contredisent, nous persécutent et nous tourmentent en quelque manière que ce soit. Bons et méchants, gens qui sont de notre avis ou qui ne le sont pas, parsonne ne peut jamais mettre notre esprit hors de son repos en Dieu ni s'attirer notre mécontentement, qu'il ait raison ou qu'il ait tort.
Je vous dis ces choses ...afin que vous puissiez distinguer ce qui, en vous, vient du divin Esprit, et ce qui vient de votre activité naturelle si nuisible à la vie de Jésus dans votre âme. Si vous savez bien profiter des moments précieux de ces contradictions, vous parviendrez à cet objet si désiré et si ardemment désirable. C'est pour cela que Jésus a pris plaisir à vous mettre un tout petit moment sur la croix...
Je vais vous donner encore une autre règle, qui pourra vous faire distinguer le mouvement de notre bon Maitre, de votre propre activité.
Lorsque Jésus agit par son Esprit,il donne le mouvement à la volonté et par elle il met en action toutes nos puissances; notre esprit se ressent bien de l'action de notre Maitre, mais le mouvement ne lui est pas directement imprimé. Aussi, l'Esprit divin agit d'une manière uniforme; son action est forte mais suave, elle est unie, et n'a aucune agitation, et, de plus, elle tend à l'union de N.S. En un mot, il n'y a nul désordre dans son action, qui a tout le goût de l'action de la grâce divine.
Mais lorsque c'est par activité propre qu'on agit, ou que l'activité propre s'en mêle,le principe de notre action semble partir de l'esprit, toute la force de l'action et toute son énergie sont en lui. La volonté y participe aussi; on voit même quelquefois que le premier principe de notre activité est dans la volonté, et même dans la grâce qui nous touche; mais en même temps, on sent que la cause prochaine d'où part directement l'action n'est pas dans la volonté, mais dans l'esprit... qui est préoccupé entièrement de son objet ...
Cette règle est pour tout ce qui se passe en nous dans la vie spiri-tuelle. Tous les sentiments parfaits, toutes les dispositions divines de Jésus communiquées selon la perfection de sa vie en nos âmes doivent faire leur premier séjour dans la volonté, puis dans l'esprit, et avoir les mêmes qualités dans l'action, comme je viens de vous le dire." LS II,599-6O2, (31.12.1841)

12 * "... Ne jugez personne que lorsqu'on a autorité et qu'on y est obligé, et alors juger avec charité et sans prévention. Dès qu'on commence à entrer dans un grand esprit de charité, croire plutôt le bien que le mal; interprêter toutes choses plutôt en bien qu'en mal. Lorsqu'on a un indice du mal, se bien garder de prononcer tout de suite, mais soumettre la chose à des examens plus approfondis. Lorsque le mal est constaté, remonter à son principe. Cela donne de plus vives lumières, qui font voir quelque fois le mal moins grand qu'on ne l'avait pensé, et fournissent les moyens de le guérir. Quand on voit le mal (on ne doit juger que lorsqu'on le voit bien clairement), cela ne doit pas empêcher de voir aussi le bien qui s'y trouve mêlé, et d'en avoir de l'estime.
Il faut veiller constamment sur notre pauvre nature, pleine de malice et toujours portée à voir le mal, à le punir, à le détester dans les autres, tandis que nous sommes assez enclins, quand il s'agit de nous, à nous excuser. La grâce et la lumière du St Esprit font tout le contraire. Ce divin Esprit n'est que charité; il ne critique pas et ne porte pas à critiquer; il nous occupe de nous-mêmes, de nos propres misères, et nous incline à croire plus facilement le bien que le mal; quand il nous fait voir le mal dans le prochain, ce n'est pas avec cette horreur, ce mécontentement, cette peine et cet éloignement qu'on éprouve d'ordinaire au sujet des personnes dans lesquelles on le reconnait; on est animé, au contraire, d'une affectueuse compassion, et l'on tend à remèdier aux maux de ses frères , avec douceur et suavité.
... Nous n'avons qu'à jeter un coup d'oeil sur nous-mêmes... Il (notre souverain Maitre) a eu compassion de nous, il en a compassion encore tous les jours, autrement nous péririons mille fois. Misérables que nous sommes! Dieu a été bon, tendre et compatissant envers nous, et nous ne voulons pas l'être envers les autres!
Cette conduite est cependant dans l'ordre de la volonté de Dieu. Il
ordonne aux Israëlites d'avoir compassion des esclaves et des étrangers, parce qu'ils avaient été eux-mêmes en Egypte, et que c'est lui qui les en avait retirés. J'ai été, dans ma vie, coupable et très coupable de cette faute, bien grande pour une âme comblée de grâces de Dieu. J'ai bien plus jugé qu'excu-sé. Aussi je tâche de veiller extrèmement sur moi-même. Il a fallu que Dieu me fît sentir vivement ce qu'il y avait de mauvais dans cette conduite, en me laissant juger moi-même par les hommes. Je suis encore maintenant orgueilleux, et je sens encore très vivement et très sensiblement le stimulant de ces manières d'agir des hommes à mon égard; et toutefois j'ai une joie si grande quand cela m'arrive, qu'il me semble que j'ai trouvé un trésor.
N'oubliez pas un dernier principe, savoir, qu'un premier coup d'oeil ne doit jamais être un jugement. D'abord, un jugement prononcé dès la première fois qu'on voit une personne, est un jugement précipité. Je dis la première fois, je pourrais en dire autant de la 6E et 8E fois. Il faut être très lent. Le premier jugement sera le plus souvent faux, dans son tout ou dans ses parties. Si même il est vrai, ce ne sera que par hasard; car il n'est fondé et ne peut l'être que sur des conjectures. Un jugement précipité provient ordinairement de la présomption, d'une certaine bonne opinion de soi-même, d'une absence de charité ou d'une certaine démangeaison de s'occuper des autres, et même de se mettre dessus..." LS III 299-3O1 ( La Neuville, le 14 aoüt 1843, à un ecclésiastique).

13 * "Que l'Esprit-St remplisse votre âme pour y être votre consolation, votre joie, votre force, votre lumière et votre amour! Notre bon Seigneur nous a envoyé son divin Esprit pour qu'il soit toute notre vie, qu'il opère en nous toutes les perfections et la sainteté qu'il a opèrées en N.S. lui-même. Voyez quelle bonté de la part de notre Dieu, quel miracle de grâce et d'amour, de nous envoyer un si grand Maitre pour nous instruire de toutes les merveilles que le Père a mises en son Fils bien-aimé et pour les opèrer en nous âmes!" LS II, 407 (1839) <126-127>

14 * L'Eucharistie est le "chef d'oeuvre de l'union de N.S.J.C. avec ses saints sur la terre"..."Mais, dans le très saint sacrement, il nous communique une si grande plénitude d'Esprit Saint et un si grand don d'amour et d'union, que nous mourrions infalliblement sinous le voyions clairement... LS I, 51 (1834) <127>

15 * Le missionnaire (P. Lairé, Grand Bassam, 1851) a besoin d'être saint pour que sa mission soit salutaire aux populations; mais non pas de sa propre sainteté, mais de celle de NS: "Ah! que je voudrais que tous mes chers confrè-res sentissent aussi vivement que je le sens, le besoin de la sainteté dans un missionnaire d'Afrique.
Soyez donc saint comme Jésus était saint; c'est le seul et unique moyen de racheter, de sanctifier les âmes.
Que l'Esprit de Jésus anime tous vos actes, qu'il forme tous les senti-ments de votre âme, qu'il amortisse et modère tous les entraînements de viva-cité de l'esprit, tous les sentiments durs et raides du coeur, en un mot, tout ce qu'il y a de passionné et de dérèglé dans l'âme; qu'il domine toutes vos impressions, qu'il dirige et conduise tous les mouvements de votre âme. Qu'il communique à votre coeur la douceur et l'humilité dont le divin Maitre nous a donné l'exemple. Oh! que cette douceur et humilité de coeur sont importantes et que peu d'hommes les possèdent. Ces deux précieuses vertus, fruit immédiat du véritable et parfait amour, exigent une abnégation intérieure bien parfaite et une grande docilité et soumission à Dieu.
Toute raideur de volonté, toute confiance en soi et à ses idées doivent disparaitre, être anéanties, pour qu'on possède ces deux magnifiques vertus. Mais aussi un missionnaire qui aurait ces deux vertus profondément gravées dans son âme, et qui les ferait entrer dans toutes ses habitudes intérieures et dans la cs actes, ce missionnaire serait sanctifié par l'esprit de Dieu. Mais celui qui n'a pas ces deux grandes sanctifiantes vertus est un avorton dans l'apostolat de JC, eût-il le zèle de saint Paul et de saint François-Xavier, parce que le fondement lui manque; l'esprit de Jésus ne peut l'animer, ce divin Esprit est le plus souvent remplacé par l'esprit propre et qqfs par l'esprit de ténèbres." ND XIII,144 (1851)

16 * "O très saint et très adorable Esprit de mon Jésus, faites-moi entendre votre douce voix. Raffraichissez-moi par votre souffle délicieux. O divin Esprit, je veux être devant vous comme une plume légère, afin que votre souffle m'emporte où il veut, et que je n'y apporte jamais la moindre résistance". CSJ 86 <133>

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