Une âme intérieure :
1° reste sans cesse présente à elle-même et à
Notre-Seigneur qui demeure en elle;
2° elle vit et agit sous l'influence et la dépendance de Notre-Seigneur Jésus-Christ qui vit en elle.
L'âme intérieure tend en toutes ses oeuvres à faire
mourir sa vie naturelle, pour faire vivre et régner Jésus-Christ en elle.
Elle consiste en une douce et amoureuse présence de
Dieu.
L'âme intérieure est habituellement dans une suave,
simple et humble direction vers Dieu dans ses oeuvres.
Elle tâche de n'agir que par l'ordre et l'impulsion
intérieure de Dieu.
Elle attend tout de lui, elle ramène tout à lui; elle
voit Dieu dans toutes les créatures et toutes les créatures en Dieu.
Dans ses rapports avec le prochain, tout est amour
divin, paix, zèle, condescendance et humilité.
Son action est paisible, recueillie, pleine de mansuétude, de modestie et d'une douce gravité.
Elle est dans un doux repos entre les bras de son
bien-aimé.
Son occupation est de le regarder dans son intérieur,
d'écouter paisiblement sa voix, d'être fidèle à ses saintes inspirations.
Si quelque fois elle ne le fait pas sensiblement, elle
le fait néanmoins en réalité.
Elle est calme, paisible, posée, saintement réfléchie.
Elle jouit d'une grande liberté intérieure.
Son action est forte et suave.
Elle se montre d'une humeur égale et d'une conduite
uniforme.
Grand amour de Dieu, qui devient l'âme et la vie des
actions.
Satisfaction unique et très forte dans les choses
divines.
Mépris et dégoût pour tout ce qui n'est pas Dieu.
Indifférence pour soi, ses intérêts, ses plaisirs, ses
goûts et ses satisfactions.
Grande paix dans l'âme, grand calme dans l'action,
humble assurance dans la conduite, défiance douce et humble de soi-même.
Bonheur surnaturel au milieu des plus grandes
souffrances et contradictions; une vie pure, la haine du moindre péché, de
grandes assurances pour son salut; ouvres remplies de grâces et de mérites
devant le Seigneur; une grande force pour entreprendre et exécuter ce que Dieu
demande de nous.
Perfectionnement même de nos facultés naturelles, en
nous rendant surtout aptes à traiter saintement les choses divines, à concevoir
les mystères de Dieu, la vie de Notre-Seigneur et de sa très sainte Mère, la
pratique des vertus chrétiennes, et à en parler dignement.
Elle seule peut nous apprendre à bien conduire les âmes
à Dieu, surtout celles qui sont appelées à une perfection au-dessus de
l'ordinaire.
Elle nous procure les dons du Saint-Esprit, selon les
miséricordes de Dieu sur nous, et nous rend capables de le glorifier sur la
terre.
La simplicité, l'humilité, la modestie intérieure et
extérieure.
La douceur, la patience, le support de nos défauts et
de ceux du prochain.
La charité, le zèle, la prudence, la force pour
entreprendre et poursuivre ce qui est pour la gloire de Dieu, le salut des âmes
et notre propre sanctification.
L'amour des souffrances, et en toutes choses une
parfaite soumission à la sainte volonté de Dieu.
1°.Moyens extérieurs.
Fuite de ce qui est dissipant: sociétés bruyantes, gens du monde.
Sobriété dans la nourriture et le sommeil, mortifications.
Eviter les tenues et les postures molles, éviter tout
ce qui n'est que pour la délicatesse, le pur plaisir des sens, tout ce qui
n'est que pour l'amusement naturel de l'esprit; faire même quelques
mortifications.
Eviter, lorsque cela est possible, tout ce que peut
flatter la vanité, la curiosité.
Avoir une règle en tout et au moins à peu près
déterminée. Faire certains exercices de piété auxquels on sera fidèle.
Fréquenter des personnes pieuses qui puissent nous être
utiles pour la vie intérieure.
Se déclarer sans crainte et sans respect humain comme
voulant servir Dieu selon la plus grande perfection; ne pas le faire avec
vanité.
Avoir un directeur spirituel, choisir celui qui peut
véritablement nous conduire dans la voie de la perfection, et non selon nos
goûts naturels ou dans des vues humaines.
Pas de recherche dans son extérieur, mais simplicité en
tout.
2° Moyens intérieurs
Eloignement du péché; le craindre beaucoup, même les moindres imperfections et
la moindre infidélité à la grâce.
De plus, mort à toutes les créatures: biens,
réputation, parents, amis, et à tout ce qui peut intéresser selon la nature,
pour n'être attaché qu'à Dieu seul, et ne rien aimer qu'en Dieu et pour Dieu.
Mort à soi-même; goûts naturels, jouissances, aises,
commodités et agréments de la vie, désirs et affections naturelles, tout doit
être sacrifié à notre adorable Maître, qui veut vivre et régner dans nos âmes.
Se détacher même des goûts et jouissances spirituels.
Surtout guerre à notre amour-propre dans tous ses
replis et détails, le tout avec douceur et confiance en Dieu seul et en sa
sainte grâce, et uniquement pour lui plaire.
Pratique de l'oraison faite avec soin et fidélité au
milieu des distractions et des difficultés.
Fréquentes oraisons jaculatoires et retours vers
Notre-Seigneur; chercher à lui plaire en tout ce que l'on fait.
Veiller sur ses sens intérieurs, surtout sur
l'imagination pour ne pas la laisser se satisfaire.
Tendre sans cesse vers les vertus propres de la vie
intérieure et vaincre les obstacles; faire son examen particulier sur le plus
grand obstacle en nous.
Avoir souvent Jésus devant les yeux et faire ses
actions pour l'amour de lui.
Légèreté et mobilité de l'esprit à fixer; raideur et
dureté de caractère à adoucir; opiniâtreté naturelle à rendre souple;
empressement et activité à modérer.
Inquiétudes, agitations et embarras d'esprit à
tranquilliser; trop grande violence d'imagination ou de sentiment à calmer.
Attendrissement sur soi et sensibilité à amortir;
attaches du coeur aux objets créés à rompre.
Désirs de jouissances, tout retour d'amour-propre sur
soi-même à rejeter.
Tout cela fait, non avec raideur et par ses propres
forces, mais par amour pour Dieu qui est en nous, et pour lui être agréable en
toute notre conduite et parvenir à la vie intérieure.
Avoir souvent devant les yeux Jésus et Marie; y joindre
de fréquents actes d'amour, d'humilité, d'offrande de soi-même et de ses goût,
de soumission et d'abandon entre les mains de Notre-Seigneur, et se laisser
entraîner aux mouvements intérieurs qu'il nous donne.
Agir, autant que possible, par ce mouvement extérieur
de la grâce, et dominer le plus possible, l'influence du mouvement naturel
dans nos actions, pensées, désirs, goûts...; agir plus par principe d'amour
que par tout autre.
Grande assiduité à lire et à méditer l'Ecriture Sainte,
qui est la lumière qui doit nous guider, nous échauffer, et qui est une
nourriture bien vivifiante pour notre âme; se nourrir peu par les vues de
l'esprit et beaucoup par l'union de la volonté.
Etre souple, docile, humble, modeste, paisible, doux et
dispos entre les mains de Dieu, pour se laisser manier par ses divines volontés
et ses inspirations intérieures, selon son bon plaisir.
Avoir une conduite doucement grave, modérée, posée,
calme, paisible, le tout sans affectation.
Etre maître de tous les mouvements de sons âme;
diminuer le plus possible les mouvements spontanés qu'on appelle primo-primi,
surtout ceux qui sont vicieux, comme aussi les impressions spontanées.
Avoir toujours les yeux sur l'intérieur de Jésus et de
Marie. Considérer 1° les merveilles admirables qui se passaient sans cesse
dans l'humanité sainte de Jésus-Christ, ses intentions, sentiments, désirs, vues
et dispositions dans les mystères, et sa vie toute divine.
2° L'action intérieure si admirable de l'âme sainte de
Jésus, ses actions extérieures, sa parole, sa démarche, sa tenue, selon les circonstances
différentes où était cette adorable humanité.
3° Ses rapports avec son Père, avec les hommes, et son
état intérieur en elle-même.
4° Les rapports de Jésus avec Marie, soit intérieurs
soit extérieurs, et ceux de Marie avec Jésus.
5° L'état intérieur de Marie dans les différents
circonstances merveilleuses où elle se trouvait; la vie de Jésus en elle et sa
vie en Jésus.
Nous former sur ces grands modèles, selon la grâce et
par les mouvements de la grâce qui est en nous.
La contention et l'effort naturel qui sont la perte de
la vie intérieure.
Ne pas s'attacher aux jouissances et sentiments
naturels, ne pas les rechercher trop violemment, mais s'attacher à Dieu seul.
Ne jamais se troubler ni s'inquiéter des sécheresses,
des distractions et des autres difficultés, mais s'humilier, se fortifier par
la foi et la confiance en Dieu. Eviter l'ambition, les désirs des choses
grandes et des distinctions spirituelles.
Ne pas chercher à faire, à penser, à sentir autrement
que les autres, mais s'appliquer à aimer Dieu purement; ne pas rechercher ni
vouloir des vues élevées et sublimes; l'esprit doit s'abaisser et le coeur
doit être grand sous l'influence de la grâce divine.
Eviter les vues imaginaires de la perfection et des
choses divines; tendre à tenir en repos l'imagination et agir par la volonté et
dans l'amour.
Eviter un certain enchantement et emportement de
l'imagination, qui exalte les idées; elle nous fera croire que nous sommes plus
avancés qu'en réalité.
Craindre très fort une certaine hardiesse et assurance
de pensée et d'action, en matière spirituelle, qui n'est pas accompagnée et
tempérée par la crainte et la défiance de soi-même et cette humiliation
intérieure, qui sont toujours les compagnes inséparables de la véritable
liberté d'esprit, qui vient de la confiance en Dieu. Cette hardiesse tend même
à la présomption, qui est une grande ruine pour la vie intérieure; elle porte
aussi à condamner ceux qui ne pensent pas comme nous et qui nous condamnent.
Eviter, comme un grand danger, l'estime, la satisfaction
et la complaisance pour son état; lorsqu'on aperçoit un défaut en soi, ne pas
chercher à le couvrir en l'expliquant favorablement ou en considérant d'autres
bonnes choses pour se consoler.
On doit savoir aussi que, toutes les fois qu'on juge
un autre, on est de suite jugé; quand on condamne un autre, on est de suite
condamné. Se juger toujours mal soi-même et toujours bien les autres, c'est le
propre d'une âme intérieure.
Eviter le trouble et l'embarras, lorsqu'un autre, qui
est meilleur que nous, ne fait pas selon que nous croyons qu'il devrait faire,
selon les règles de la perfection; nous n'avons pas à rendre compte des autres,
mais de nous-mêmes.
En général, éviter et calmer toutes les tentations qui
tendent à nous troubler, nous inquiéter, nous mettre en activité.
Lire la vie des saints les plus distingués et les plus
fervents; lire peu d'auteurs spirituels et encore peu à la fois. Nos lectures
doivent être plus pour le coeur que pour l'esprit; il faut plutôt viser à se
rendre fervent qu'à s'instruire; notre grand livre doit être l'intérieur de
Jésus et de Marie, non pas écrit par la main des hommes, mais par la main de
Dieu même, et notre grand maître, l'Esprit-Saint, parlant dans le fond de notre
âme. Ecoutons-le, soyons-lui fidèles, il nous sanctifiera.
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