L'AMBIANCE DOCTRINALE D’UNE FONDATION

 

Joseph Michel

 

 

     Dans l’année qui suivit la publication de son ouvrage sur Poullart des Places [1], et  pour donner suite à l'article de Jean Orcibal posant les questions que nous avons vues (ci-dessus) et qu'il avait bien entendues, le P. Joseph Michel publiait une étude, ici reprise, où il abordait plusieurs point concernant l'environnement historique de l'œuvre du fondateur [2].

     Tout d’abord, où en était l’influence du jansénisme dans les collèges, les petites communautés et l’université  ? Quelle était donc la portée du sobriquet lancé contre les placistes d’être les gillotins des jésuites  ?

     Qu’en était-il de la durée de la scolarité et de la formation cléricale ? La formation des clercs de campagne laissait beaucoup à désirer, mais ceux qui étudiaient à l’université avaient à suivre un cursus exigeant et long pour être admis aux grades supérieurs. Quel était le lien organique entre formation doctrinale et formation spirituelle et pastorale ? Autrement dit, quelle était la place de ce que nous appelons grand séminaire aujourd’hui dans la formation d’un prêtre à cette époque ? Le P. Michel étudie le fonctionnement du Séminaire de Saint-Sulpice au début du XVIIIe siècle, ce qui permet de saisir l’originalité de l’œuvre de Poullart.

     Quelle a été la mission donnée par Poullart à sa communauté ? Les documents anciens tels que le témoignage de Thomas, les lettres patentes de 1726, le texte des Règles de 1734, la lettre d’approbation de l’archevêque de Paris, convergent remarquablement  pour indiquer une intention de ministère dans des conditions de pauvreté : le grand mérite des disciples de Poullart des Places ne sera pas d’innover mais de maintenir sans déviation son idéal de pauvreté et de dévouement aux âmes abandonnées.

     Quel était le statut canonique des premiers écoliers de Poullart ? Il n’étaient pas élèves d’un séminaire ou d’une communauté ecclésiastique : cela aurait exigé une reconnaissance légale, comme le P. Michel en donne des exemples. C’étaient donc des associés, ordonnés prêtres non pas au titre d’un bénéfice ecclésiastique, mais au titre de leurs propres ressources patrimoniales : qu’est-ce que cela pouvait-il signifier pour des écoliers qui n’avaient rien ou presque ? Quelle sécurité pour l’avenir ? Sans doute est-ce cette liberté qui donna aux élèves du Séminaire du Saint-Esprit d’exercer leur zèle dans une grande diversité d’activités pastorales, y compris au service des missions de l’Extrême-Orient et du Nouveau Monde

     Homme de modération, il est certain que Poullart des Places n’est pas parti d’un grand dessein qu’il se serait ensuite efforcé de réaliser. Il a été fidèle à la grâce et conduit par la Providence.

 

 

Une fondation anti-janséniste ?

 

     Le jugement de valeur le plus ancien qui nous soit parvenu sur l'œuvre de M. Poullart des Places est celui du sulpicien Grandet qui écrivait en 1724 : c'est pour les élever dans les principes de la plus saine doctrine catholique et romaine que le fondateur du Séminaire du Saint-Esprit avait réuni ses pauvres écoliers [3]. Quelle importance convient-il d'attribuer à l'affirmation si nette d'un contemporain, membre d'une société avec laquelle Poullart des Places avait d'excellents rapports ? Jamais contredite, elle jouit du bénéfice de son ancienneté et de la compétence de son auteur. Il peut être intéressant

cependant de l'éclairer en replaçant la fondation de 1703 dans l'ambiance doctrinale des premières années du XVIIIe siècle.

     Arnaud était mort depuis 1694, mais ses amis continuaient à prétendre que le jansénisme n'était et n'avait jamais été qu'un fantôme. La Paix Clémentine n'avait jamais été bien observée. A l'Assemblée du clergé de 1700, Bossuet signalait le péril manifesté par une infinité d'écrits latins venus des Pays-Bas. Les contestations reprenaient avec beaucoup de bruit à l'occasion du fameux Cas de conscience, signé en 1701 par 40 docteurs de Sorbonne, qui tendait à anéantir tout ce qui avait été fait au siècle précédent contre le jansénisme. 

 

     “ Restée d'abord secrète, la décision sorbonnique fut publiée en 1702, et aussitôt une bataille de pamphlets pro et contra se déchaîna comme aux plus beaux jours de l'autre siècle… L'affaire du Cas de conscience mettait en relief que, loin d'agoniser, le jansénisme était plus intrigant et plus tapageur que jamais [4]. ”

 

     A Louis-le-Grand, où Poullart des Places étudiait la théologie, le Cas faisait grand bruit. Presque tous les signataires y étaient connus. Plusieurs étaient de proches voisins : Petitpied, professeur de Sorbonne, Descombes, abbé de Sainte-Geneviève, le P. Noël Alexandre, l'écrivain le plus réputé du couvent jacobin de la rue Saint-Jacques, Tullou, curé de Saint-Benoît, la paroisse du Collège [5].

     Plusieurs jésuites intervinrent près de Bossuet qui prit feu. Les censures épiscopales se multiplièrent ; le 23 février 1703, Clément XI condamna le Cas de conscience :

 

     “ On y professe qu'on aura toujours pour les constitutions des papes un véritable respect intérieur, dans le même temps qu'on les viole, et on rompt tous les jours le silence, sous prétexte de le garder. ”

 

     On a souvent reproché au cardinal de Noailles le malheureux penchant qu'il avait pour le jansénisme. Le curé de Saint-Benoît étant mort en 1702, l'archevêque de Paris provoqua de vives critiques en lui donnant pour successeur Guillaume Delamarre, autre signataire du Cas, sans exiger de lui ni explication, ni rétractation [6]. Cette nomination n'était pas sans conséquences pour Poullart des Places : il s'occupait déjà de quelques pauvres écoliers et la maison de la rue des Cordiers dans laquelle il commençait à les grouper faisait partie de Saint-Benoît. Influencé par Bossuet, le cardinal de Noailles se décida à censurer le Cas dans une ordonnance qui parut en mars 1703. Tous les signataires se soumirent à l'exception d'un chanoine de Saint-Victor et de Petitpied qui préféra renoncer à sa chaire. Ce que l'abbé Le Dieu nous dit de l'élection du successeur de Petitpied est fort instructif :

 

     “ Ce matin (18 avril 1703), Messieurs de Sorbonne ont nommé M. du Bourg un des leurs, élevé chez M. Gillot, pour faire par commission les leçons de M. Petitpied ; ce choix se fit unanimement, parce que M. le Cardinal ayant fait venir ce matin-là même M. de Lestocq et M. Pirot, leur avait dit que c'était un sujet agréable au roi… Les partisans des jésuites ont fort murmuré, parce que les gillotins leur sont suspects, et qu'ils prévoient que M. du Bourg, n'ayant pas assez de santé pour soutenir ce travail, ne fera que garder la chaire, que l'on destine, dit-on, à un gillotin qui est actuellement en licence, homme d'esprit et capable de la remplir. Il est vrai que M. le Cardinal aime cette communauté, et qu'il la protège en toutes rencontres [7]. ”

 

     Solidement formés, soutenus par le cardinal de Noailles, Proviseur de Sorbonne et de Navarre, épaulés par tous les professeurs jansénistes, les gillotins s'efforçaient de noyauter l'Université. Celle-ci, à vrai dire, les regardait comme ses fils de prédilection. N'était-ce pas pour empêcher les jésuites de Louis-le-Grand de louer les locaux inoccupés du Collège Sainte-Barbe et d'y installer un pensionnat qu'elle y avait accueilli les écoliers de M. Durieux [8] ? Pour lutter contre l'influence grandissante des gillotins, la première condition était de se placer sur le même terrain, et de mettre philosophes et théologiens en mesure de briguer licence et doctorat. Il se peut que François Boucher, docteur de Sorbonne, en ait eu le dessein. Depuis 1690, il entretenait une quarantaine de pauvres clercs et leur imprimait un grand éloignement de la nouveauté [9], c'est-à-dire du jansénisme. Louis-Marie

Grignion de Montfort ne fit guère que passer dans sa communauté, mais J. B. Blain, candidat au doctorat en théologie, y resta huit ans [10].

     En désignant les placistes comme les gillotins des jésuites, l'abbé Dorsanne [11], bien connu pour ses convictions jansénistes, soulignait surtout la valeur et l'orientation de leur formation théologique; mais l'œuvre de Germain Gillot n'a manifestement joué aucun rôle dans la genèse de la fondation de M. des Places. Les influences subies par ce dernier sont celles de l'abbé Bellier, de M. Doranleau, de Michel Le Nobletz et, surtout, des jésuites. Comme vient de l'écrire le P. de Dainville, ceux-ci…

 

     “…l'ont élevé, de la grammaire à la théologie, dans leurs collèges de Rennes, Caen et Paris, formé spirituellement par leurs auteurs et leurs retraites. Le séminaire que le jeune tonsuré breton fonde audacieusement, en 1703, pour donner aux pauvres clercs une longue et solide formation théologique et spirituelle, adapte au clerge séculier une pensée très ignatienne. Séminaire de clercs comme ceux d'aujourd'hui, et non pas d'ordinands comme l'étaient pour lors la plupart des séminaires, celui-là grandira dans la mouvance du Collège Louis-le-Grand, où ses clercs suivaient les cours de philosophie et de théologie et trouvaient des confesseurs, des prédicateurs de leurs retraites et  la desserte de la cuisine. Malgré l'hostilité de l'Université et des jansénistes, que lui valut sa fidélité aux jésuites, Claude-François Poullart des Places tint à leur enseignement qu'il jugeait plus sûr [12]. ”

 

Durée de la scolarité et formation cléricale

 

     En décrivant la grande misère des pauvres écoliers [13] nous avons souligné que ceux-ci se présentaient souvent aux examens pour la réception des ordres avec peu de science et moins encore de formation cléricale. Pour la science tout au moins, il serait faux d'étendre ce jugement à l'ensemble des aspirants au sacerdoce, à ceux surtout qui briguaient les degrés ou grades académiques.

Dans l'ensemble, la législation sur l'obtention des grades était antérieure au Concile de Trente. Deux ans de philosophie étaient requis pour le degré de Maître-ès-Arts, trois ans de théologie pour le baccalauréat. Il fallait être bachelier depuis dix-huit mois et avoir subi deux nouveaux examens pour être admis au cours de licence qui durait deux ans entiers sans vacances. Au total, pour obtenir licence et doctorat, dix années d'études étaient un minimum. Le candidat à la licence devait présenter ses lettres de diaconat, le candidat au doctorat, ses lettres de prêtrise. La Faculté de Droit accordait le grade de bachelier après quinze mois d'études, celui de licencié après trois années [14].

     Jusque vers la fin du XVIIe siècle, il avait été possible d'obtenir licence et doctorat en théologie sans avoir jamais mis les pieds dans un séminaire. A Paris, c'est depuis 1696 seulement que les clercs étaient obligés, avant de recevoir les ordres sacrés, de séjourner quinze mois, en une ou plusieurs fois, dans l'un des établissements diocésains désignés par l'archevêque.

     Le séminaire de théologie de Saint-Sulpice recevait plus de provinciaux que de Parisiens. Tout au moins pour la période qui nous intéresse, ses registres donnent, pour huit séminaristes sur dix, la date de leur entrée et celle de leur sortie. De 1700 a 1710, le nombre des pensionnaires était de l'ordre de 70. Sur 100 jeunes clercs passés par Saint-Sulpice au cours de ces mêmes années, 57 y résidaient moins d'un an, 20 de un à deux ans, 23 de deux à neuf ans. La durée moyenne des séjours était de dix-huit mois. La pension, qui s'élevait à 424 livres [15], réservait pratiquement le séminaire à ces clercs qu'on appelait les abbés de qualité.

     Près de ces abbés, le rôle des directeurs était délicat et souvent ingrat. En août 1706, Leschassier, supérieur de Saint-Sulpice, fit part à Rigoley, un de ses confrères de Lyon, d'un bruit qui courait dans la capitale :

 

     “ Il y a longtemps qu'on dit que les Jésuites vont avoir un séminaire à Paris, d'abord on disait au Collège de Prémontré ; depuis à l'Abbaye de Port-Royal. ”

 

     Rigoley suggéra à son supérieur de fonder un nouveau séminaire dont le règlement, moins rigide que celui de Saint-Sulpice, serait mieux adapté au genre de vie des abbés de qualité. Il lui fut répondu :

 

     Si les Révérends Pères Jésuites savaient l'indulgence avec laquelle on traite ici les jeunes abbés, ils ne diraient pas que ce séminaire est trop fort pour eux. On les fait reposer deux ou trois fois la semaine, quelquefois des quinze jours entiers ; on les dispense des promenades incommodes ; on leur permet d'y aller en carrosse ; le pain, le vin, la viande y sont excellents… Tout ce qu'il y a de rigueur ici n'est qu'à l'égard des fourbes et de ceux qui ne paraissent nullement appelés à l'état ecclésiastique, dont on tâche de se défaire le plus doucement et le plus honnêtement qu'on peut… Je souhaiterais, Monsieur, aussi bien que vous, que l'on pût gagner à Dieu un grand nombre d'abbés de qualité et leur inspirer de saines doctrines, mais s'offrir à faire un autre séminaire dans un autre quartier de la ville, comment voudriez-vous en venir à l'exécution ?… Le séminaire que nous habitons ne sera-t-il plus pour les abbés de qualité ? Et quelle espérance peut-on concevoir de gagner un grand nombre de gens de qualité si l'on considère l'éducation que la plupart ont eue ? ”

 

     A Saint-Sulpice, il y avait aussi le Petit Séminaire, qui pouvait recevoir une quarantaine d'étudiants de médiocre fortune, car la pension y était réduite de moitié [16]. Des bourses permettaient même de recevoir gratuitement plusieurs pauvres écoliers. La durée moyenne des séjours y était de deux années (comme dans les nombreux séminaires dirigés par les Lazaristes) [17].

     Sans être absolument une exception, le cas de Grignion de Montfort qui, boursier du Petit Séminaire, s'y prépara pendant cinq ans tous entiers à recevoir le sacerdoce restait tout de même assez rare. Comme prend soin de le souligner son premier biographe, il était en cela…

 

     “ …bien éloigné de l'empressement de ces ecclésiastiques qui croient que leurs évêques exigent d'eux trop de temps lorsqu'ils les obligent de passer un an dans leurs séminaires avant de recevoir les saints ordres [18]. ”

 

     Il est bien clair qu'au début du XVIIe siècle, le Séminaire de Saint-Sulpice était avant tout, comme les autres séminaires parisiens, un séminaire d'ordinands. A l'exception d'une faible minorité, les jeunes clercs n'y entraient que pour se préparer aux ordres. Tout fait penser que, lorsqu'il cessa de fréquenter la Sorbonne, Grignion de Montfort organisa ses études en autodidacte. Au lendemain de son ordination sacerdotale, M. Leschassier, qui était à la fois son supérieur et son directeur de conscience, ne saura dire de lui s'il avait assez reçu ses principes de morale pour s'exposer au confessionnal [19].

     Le jansénisme n'avait pas droit de cité à Saint-Sulpice, mais lors de leur entrée, certains jeunes gens étaient déjà amateurs de nouveautés ; d'autres donnaient dans les nouveautés par suite de leurs fréquentations sorbonniques. C'étaient là choses inévitables, sanctionnées chaque fois qu'elles étaient découvertes à temps.

     Saint-Sulpice méritait pleinement sa réputation de modèle des séminaires parisiens. Dans le registre de Saint-Nicolas du Chardonnet, on peut relever le cas d'un séminariste qui fut prié de ne plus revenir pour avoir passé l'année sans communier une seule fois et fréquenté le cabaret pendant les classes [20]. Qu'on ne juge pas sur un tel exemple la formation donnée dans ce séminaire ; nous le citons seulement pour montrer que des faits et des situations restaient possibles dans les séminaires d'ordinands qui étaient impensables dans les communautés de pauvres écoliers, beaucoup plus proches de nos séminaires contemporains et généralement réputées pour leur ferveur [21].

 

 

Des apôtres pour les âmes abandonnées

 

     Le texte des Regulae et Constitutiones Seminarii et Communitatis Sancti Spiritus, tel qu'il fut approuvé par Charles de Vintimille, archevêque de Paris, le 2 janvier 1734, a été rédigé, ou tout au moins révisé, dans les derniers mois de 1733. Le premier chapitre explicite le but de la Société :

 

     “ Former dans l'amour de l'obéissance et de la pauvreté des pauvres écoliers qui soient, entre les mains de leurs prélats, prêts à tout, à servir dans les hôpitaux, à porter l'Evangile aux pauvres et même aux infidèles, disposés non seulement à accepter, mais à aimer de tout cœur et à préférer à tout autre les postes les plus humbles et les plus pénibles pour lesquels l'Eglise trouve difficilement des ouvriers. ”

 

     L'inspirateur de ce beau texte n'est pas M. Bouïc, mais bien Poullart des Places qui, en 1702, au témoignage de M. Thomas, “ avait dès ce temps-là même, une affection particulière pour les œuvres qui étaient les plus obscures, pour les œuvres abandonnées [22] . Au reste, la règle générale, à laquelle l'évolution de l'œuvre de Germain Gillot ne faisait pas exception, c'est que, sur le chapitre de la pauvreté, les fondateurs sont toujours plus exigeants que leurs successeurs.

     La lettre d'approbation de Mgr de Vintimille n'est pas adressée au seul supérieur du Séminaire du Saint-Esprit, mais au supérieur et aux directeurs. Elle précise que les Règles latines proviennent pour une part de M. Poullart des Places, pour l'autre de l'expérience de M. Bouïc et des autres directeurs [23].

     La part des directeurs, fruit de leur expérience, se limitait à des précisions sur le fonctionnement du séminaire et de la communauté. Quant au but poursuivi par cette dernière, les lettres patentes du 2 mai 1726 l'affirment sans ambages, il avait été fixé par le fondateur lui-même :

 

     Feu Sieur Claude-François Poullart des Places a voulu par cet établissement élever, dans une vie dure et laborieuse et dans un parfait désintéressement, des vicaires, des missionnaires et des ecclésiastiques pour servir dans les hôpitaux, dans les pauvres paroisses et dans les autres postes abandonnés pour lesquels les évêques ne trouvent presque personne [24]. ”

 

     Pierre Thomas écrivait de son côté, dans une lettre antérieure à 1734 :

 

     La fin que M. des Places et ceux qui lui ont succédé se sont proposée en établissant le Séminaire du Saint-Esprit est d'élever des ecclésiastiques laborieux, capables et désintéressés, qui soient prêts à remplir volontiers les emplois les plus pénibles et les moins recherchés tels que sont la desserte des hôpitaux, les vicariats et les petites cures de la campagne, les Missions en France, dans les colonies du royaume et ailleurs, la direction des séminaires, la régence dans les villes de province, la direction des religieuses et autres emplois semblables.

 

     On peut, malgré tout, comparer, dans une certaine mesure, le rôle des rédacteurs des Règles latines à celui de Guigues le chartreux tel que le présentaient les Mémoires de Trévoux, dans leur numéro de janvier 1704 :

 

     “ Les règles des premiers chartreux, du temps de saint Bruno, ne furent écrites que sur des tables de chair et au fond des cœurs. Leur manière de faire et leurs coutumes furent, quelque temps après, ramassés par le B. Guigues qui les transmit à la postérité. On ne peut pas dire que Guigues soit le législateur. Il n'a fait que recueillir les restes de l'esprit de saint Bruno et faire passer à ses successeurs les observances qui, de son temps, étaient en usage à Chartreuse et que le S. Instituteur avait établies. ”

 

     Il faut pourtant faire une remarque importante : par prudence, les Règles latines, telles qu'elles furent soumises à l'approbation de l'archevêque de Paris et à celle de la Chambre des Comptes, gardaient silence sur des points importants qui faisaient cependant partie de l'héritage de M. Poullart des Places. Leurs rédacteurs avaient eu soin de consulter d'habiles avocats et différentes personnes éclairées afin de n'y rien mettre qui pût déplaire à la Chambre [25]. Retirée du texte officiel en 1733, la règle sur l'interdiction des bénéfices ecclésiastiques n'y reparaitra qu'en 1746 [26].

     Les démarches faites près de Poullart des Places par saint Louis-Marie de Montfort et, au nom de saint Jean-Baptiste de La Salle, par l'abbé Clément [27], militeraient, s'il en était besoin, en faveur de l'attribution au fondateur lui-même de l'idée d'orienter les spiritains vers les postes les moins recherchés et les moins lucratifs. La Règle des Missionnaires de la Compagnie de Marie est en effet très stricte :

 

     Il faut qu'ils soient sans bénéfices, même simples, et sans biens temporels, même de patrimoine ; s'ils en ont avant d'entrer dans la Compagnie, ils laissent leurs bénéfices entre les mains des présentateurs et leurs biens à leurs parents ou aux pauvres selon l'avis d'un homme sage… ”

 

     Quant à Jean-Baptiste de La Salle, il attendait de Poullart des Places non pas des directeurs d'école normale, mais des directeurs spirituels et des confesseurs pour ses frères et pour leurs élèves. Or, comme il le déplorait, I'emploi de confesser les enfants était peu considéré et estimé de la plupart des prêtres et on n'en trouvait pas ordinairement qui veuillent s'y employer [28].

     Le grand mérite des disciples de Poullart des Places ne sera pas d'innover mais de maintenir sans déviation son idéal de pauvreté et de dévouement aux âmes abandonnées. Le principal mainteneur de cet idéal fut, on le sait, Pierre Caris, le pauvre prêtre.

     Le nom de Bouiques donné par les jansénistes aux membres de la communauté du Saint-Esprit n'est pas une preuve qu'il faille accorder une importance particulière au second successeur de Poullart des Places. On écrivait indifféremment Bouïc ou Bouy; aujourd'hui, ce nom patronymique s'écrit Bouix. On prononçait et on prononce toujours Bouy. C'est par mauvaise plaisanterie que les rédacteurs des Nouvelles Ecclésiastiques tiendront à faire prononcer Bouiques, comme ils feront appeler Mulotins les disciples du P. de Montfort, Trouillardistes ou Trouillardins les Prêtres du Sacré-Cœur de Marseille, comme il arrivera à un évêque janséniste d'orthographier Marie-à-la-Coque le nom de la sainte visitandine de Paray-le-Monial [29].

 

Séminaire et communauté

 

     L'étude attentive des archives spiritaines confirme une tradition jamais contestée : Poullart des Places fonda non seulement un séminaire, mais aussi une congrégation. Dans notre biographie de Poullart des Places nous avons amplement expliqué (au chapitre XVII) pourquoi la plus élémentaire prudence lui défendait de parler, dans ses règlements, de religieux, de communauté, de règles et à plus forte raison de vœux. Nous avons illustré le danger que le terrible édit de 1666 faisait courir à toute nouvelle communauté religieuse par ce qu'il advint, en 1707, à M. Charron et à ses frères hospitaliers. La même année, un arrêt du Conseil d'Etat supprimait les Filles de l'Instruction chrétienne ou Filles du Saint-Esprit, communauté fondée, rue Notre-Dame des Champs en 1658, pour l'éducation des enfants pauvres. Le 26 avril 1702, le chancelier Phillipeaux de Pontchartrain était intervenu au nom de sa Majesté pour faire “ dissiper promptement cette prétendue Communauté du Saint-Esprit établie au faubourg Saint-Germain sans lettres patentes. Vous savez, avait-il précisé au destinataire de sa lettre, que le seul défaut de lettres patentes vous suffit pour procéder contre cet établissement [30].”

     Loin d'obvier à l'absence de lettres patentes, l'approbation romaine la plus solennelle risquait d'éveiller des susceptibilités épiscopales et d'être, pour l'institut religieux le plus méritant, un sérieux obstacle à sa reconnaissance par le pouvoir royal. L'Institut du Saint-Sacrement en avait fait la cruelle expérience. Comptant parmi ses objectifs les séminaires, mais aussi les missions parmi les hérétiques et les païens, il relevait de la Congrégation de la Propagande ; en 1647, quinze ans après sa fondation, une bulle l'avait érigé en congrégation ecclésiastique. Après avoir dit la vigueur de son premier essor, un auteur contemporain de Poullart des Places ajoutera :

 

     Il a paru nécessaire de rapporter les commencements de cette congrégation qui, quoique approuvée par Innocent X, est tombée par défaut de lettres patentes. Ils sont offusqués par le succès illustre du Séminaire des Missions Etrangères, établi à Paris en 1663, avec lettres patentes et tout ce qui était nécessaire pour le faire fleurir [31]. ”

 

     Le défaut de lettres patentes constituait donc une menace pour la vie, tout au moins pour le développement des nouvelles communautés. Plusieurs de celles-ci vécurent cependant assez longtemps sans autre couverture juridique que les autorisations épiscopales. Les Frères des Ecoles chrétiennes ne sollicitèrent de lettres patentes qu'après la mort de leur fondateur ; les disciples du P. de Montfort ne purent obtenir les leurs qu'en 1775.

     L'œuvre de Poullart des Places était reconnue par l'Archevêque de Paris, et sous sa juridiction immédiate. Les Règles latines ne changèrent rien d'essentiel au gouvernement de la communauté. Aussitôt après la réélection de M. Bouïc, en mars 1734, ses confrères le prieront “ de continuer à les gouverner comme cy-devant et depuis son autorisation par Monseigneur le cardinal de Noailles, au mois de mars 1710. ” Au XVIIIe siècle, les membres ou associés  de la Congrégation du Saint-Esprit étaient quelquefois appelés Placistes, et le plus souvent, les Messieurs du Saint-Esprit. Le nom de Spiritains était donné à tous leurs anciens élèves, même à ceux qui étaient entrés dans la Société des Missions Etrangères ou dans la Compagnie de Marie. Michel Le Barbier, premier collaborateur de Poullart des Places, était fils de l'un des principaux notaires de Rennes. A cette exception près, tous les premiers associés avaient d'abord été reçus comme pauvres écoliers, mais, comme presque tous les pauvres écoliers de leur temps, ils furent ordonnés ad titulum patrimoniale et non ad titulum ecclesiae. Pour être bien compris, ce fait doit être éclairé. Pour empêcher la multiplication des prêtres mendiants, les conciles avaient interdit aux évêques de conférer les ordres sacrés à tout clerc séculier non pourvu d'un bénéfice ecclésiastique, de pensions ou de biens patrimoniaux suffisants pour son honnête entretien. Au début du XVIIIe siècle, les bénéfices susceptibles d'être accordés à des clercs n'ayant pas encore reçu les ordres majeurs étaient, le plus souvent, réservés à ceux qui en avaient le moins besoin. Avant de se présenter au sous-diaconat, les non-bénéficiaires - les plus pauvres entraient presque tous dans cette catégorie - devaient faire enregistrer leur titre patrimonial, preuve qu'ils possédaient paisiblement une rente viagère, variant selon les diocèses, de 60 à 80 livres. En règle générale, le titre patrimonial avait pour garantie des biens immobiliers : maisons, champs, prairies… Le régime de la propriété foncière avait donc, par la force des choses, de sérieuses incidences sur le recrutement sacerdotal.

     Comme la majorité des aspirants au sacerdoce, les séminaristes de Poullart des Places étaient fils de petits propriétaires ; certains, comme Allenou de la Ville-Angevin, pouvaient même appartenir à la noblesse la plus authentique, ils n'en étaient pas moins de pauvres écoliers. Le titre clérical de M. Bouïc le déclare, celui-ci n'avait aucun bien pour sa subsistance, nourriture et entretien ; la fourniture de ses parents n'étant pas suffisante pour constituer en sa faveur la rente de 80 livres exigée dans le diocèse de Saint-Malo, Vincent Bouy, son oncle, y ajouta sa propre maison. Le titre clérical n'établissait donc aucune différence entre les séminaristes choisis pour être associés à la Communauté du Saint-Esprit et qui se trouvaient placés, par le fait même, sous la juridiction immédiate de l'Archevêque de Paris, et ceux qui, leurs études terminées, entraient dans la Compagnie de Marie ou aux Missions Etrangères ou se mettaient directement à la disposition d'un évêque qui n'était pas toujours celui de leur diocèse d'origine. Mais tandis que les associés recevaient le sacerdoce dans le diocèse de Paris, des mains de l'archevêque ou de celles d'un prélat par lui mandaté, les séminaristes, selon une tradition instituée par le fondateur lui-même, recevaient le sacerdoce des mains de l'évêque dans le diocèse duquel ils allaient exercer leur ministère.

     Si les spiritains du XVIIIe siècle n'étaient pas membres de la Congrégation du Saint-Esprit, ils restaient très attachés et très dévoués à ceux qui les avaient formés. Après avoir enseigné quelques années la théologie à Québec, François Frison de la Mothe revint en Europe et prit place, sous la direction de M. Thomas, parmi les directeurs du séminaire de Verdun [32]. L'histoire de Jean-Charles Perrin est des plus significatives : entré aux Missions Etrangères en 1777, il fut envoyé dans l'Inde où il se fit vite apprécier par son dévouement et sa connaissance des langues et coutumes malabares ; vingt ans plus tard, on le retrouve parmi les missionnaires du père de Montfort ; en 1807, sur recommandation de M. Bertout, il est nommé préfet apostolique de la Martinique ; il écrit alors au ministre des Cultes qu'il n'a consenti à se charger de cette mission que “ par pur dévouement aux intérêts d'une congrégation dans laquelle il a trouvé sa première éducation et à laquelle il n'a cessé d'être attaché ”.

 

 

Conclusion

 

     Quelle sera notre conclusion ? Les précisions que nous avons apportées ne sauraient éclaircir absolument toutes les questions que nous pouvons nous poser au sujet de Poullart des Places et de son œuvre. Comme l'a bien souligne M. Orcibal, il restera toujours quelque chose d'obscur dans la vie des saints et surtout des fondateurs d'ordre. L'historien peut s'estimer particulièrement défavorisé en notre cas. Le manuscrit Thomas, tel qu'il nous est parvenu, s'arrête précisément à la fondation [33]. La correspondance de Poullart des Places avec sa famille a disparu dans l'incendie de l'hôtel de ses parents, en décembre 1720 [34]. Le silence de J.-B. Blain, le biographe de saint Jean-Baptiste de La Salle, qui avait été le condisciple de Claude au collège de Rennes et qui se trouvait à Paris au moment où Montfort fit son contrat avec Poullart des Places, a été considéré à juste titre comme une anomalie [35] . On s'est étonné aussi de la façon dont cet auteur introduit, dans la vie de M. de la Salle, le court passage où il est question de Poullart des Places : Je ne sais par quel mouvement [36]  Il donne l'impression de parler à contrecœur et même de cacher quelque chose, alors que, pour l'ordinaire, il est plutôt prolixe.

     Malgré tout, nous pensons qu'il n'y a pas, dans les sources, de lacune irrémédiable. Nous pouvons souvent éclairer un document insuffisamment explicite par un autre. Le contexte historique, général ou immédiat, apporte aussi beaucoup de lumière, comme on l'a vu, par exemple, pour ce qui est des fondations religieuses de ce temps, du fait de l'édit de 1666 et de la vigilance particulière du pouvoir sur ce point dans les premières années du XVIIIe siècle. Dans certains cas, le mieux, croyons-nous, est de nous tenir strictement à ce qui nous est affirmé par un document unique sans épiloguer ni bâtir d'hypothèses.

     Dans la conception et l'orientation de son œuvre, il est bien certain que Poullart des Places n'est pas parti d'un grand dessein qu'il se serait ensuite efforcé de réaliser. Il a été fidèle à la grâce et conduit par la Providence. “ [C'est] quand il commença d'aller au collège, [donc sans doute vers neuf ou dix ans, qu'il fonda] une pieuse association avec ses compagnons sans en rien communiquer à ses parents ni à son précepteur.” (Thomas) Il semble bien difficile de rapprocher cette initiative des congrégations secrètes qui fonctionnaient souvent dans les collèges de la Compagnie de Jésus car celles-ci étaient toujours réservées à de grands élèves, toujours aussi placées sous la direction d'un père jésuite. Plus tard, lorsqu'il choisit d'entrer à Louis-le-Grand, renonçant par le fait même aux grades universitaires, c'était pour être plus agréable à Dieu [37]. A Louis-le-Grand, la lecture de la vie de Michel Le Nobetz devait beaucoup contribuer à l'orienter vers les pauvres : petits Savoyards et pauvres écoliers, persuadé qu'il était, nous dit son biographe (Thomas) “ que leurs âmes n'étaient  pas moins chères à Jésus-Christ que celles des plus grands seigneurs et qu'il y avait  autant et plus de fruits à espérer ”. Quand il eut compris que Dieu voulait se servir de lui pour lui former des prêtres [38], il n'est pas étonnant, dès lors, qu'il ait songé à préparer des prêtres pauvres pour les pauvres, pas étonnant non plus qu'il ait voulu pour eux la même formation, les mêmes études soignées qu'il avait voulues pour lui-même. C'est à partir de ce moment, qu'il put avoir des vues assez nettes sur l'avenir de son œuvre. Ses vues lui paraissait même si ambitieuses qu'il n'osa pas les communiquer ouvertement à son directeur et se les reprocha ensuite comme une faute de vanité [39].

     D'autre part, ce que nous savons de son tempérament nous interdit certainement de penser que sa fondation ait pu avoir des visées polémiques. D'un naturel doux et traitable, complaisant à l'excès, il ne pouvait presque désobliger personne et c'est même en cette seule chose qu'il se trouvait de la constance [40]. C'est donc en un sens très positif, nullement agressif, qu'il faudra comprendre son souci de pureté doctrinale. Dans le domaine des positions permises, il n'était pas homme à prendre parti pour des thèses extrêmes et durcies. La Règle approuvée en 1734 reflète bien son esprit lorsqu'elle prescrit aux professeurs spiritains de s'écarter “ tout autant des opinions trop larges que des opinions trop rigides ”: “ Ce que l'Eglise approuve qu'ils l'approuvent de même et qu'ils condamnent ce qu'elle condamne ” [41].

     Si nous pouvons encore désirer mieux connaître notre héritage, ce que nous en savons suffit déjà, on le voit, à nous tracer un chemin clair et droit.



[1]. Joseph MICHEL, CSSp, Claude-François Poullart des Places, fondateur de la Congrégation du Saint-Esprit (1679-1709), Editions Saint-Paul, Paris, 1962, 352 p.

[2]. Joseph MICHEL, "L'ambiance doctrinale d'une fondation", Spiritus, Supplément 1963, "Etudes spiritaines", p. 9-22.

[3]. Joseph GRANDET, La vie de Messire Louis-Marie Grignion de Montfort, prêtre, missionnaire apostolique, composée par un prêtre du clergé, Nantes, 1724, p. 563.

[4]. Dom Charles POULET, Histoire du Christianisme, Epoque contemporaine, Paris, Beauchesne, 1947, p. 58-59.

[5]. On trouve le Cas de Conscience et les principaux documents qu'il provoqua dans DUPLESSIS D'ARGENTRE : Collectio Judiciorum de novis erroribus, t. III, Paris, 1736, p. 413 ss.

[6]. Mémoires de l'abbé Legendre, Paris, 1865, p. 259.

[7]. Journal de l'abbé Le Dieu, Paris, 1856, t. II, p. 415.

[8]. QUICHERAT, Histoire de Sainte-Barbe, Paris, Hachette, 1862, t. II, p. 254.

[9]. Lettre de M. de Leschassier a un directeur du séminaire du Puy (23 janvier 1709), Arch. de Saint-Sulpice.

[10]. De 1694 a 1702 (LESCHASSIER, lettre à M. Perrin, août 1704).

[11]. Dans son Journal, t. VI, p. 169.

[12]. Etudes, avril 1963, p. 125.

[13]. MICHEL, Poullart des Places,  chap. Xl.

[14]. FANTIN DES ODOARDS, Dictionnaire de la discipline de l'Eglise, Paris, 1787, t. III, p. 201. DURAND DE MAILLANE, Dictionnaire de Droit canonique, Paris, 1761 aux mots Degrés et Grades. Leurs quatre années de théologie terminées, les séminaristes de Poullart des Places pouvaient rester deux ans dans la communauté. Il leur était alors permis de suivre les cours de la Faculté de Droit et de se faire graduer. Normalement, ils ne pouvaient espérer d'autre grade que le baccalauréat ; une réglementation récente permettait pourtant aux étudiants âgés de plus de 25 ans, d'obtenir le baccalauréat après seulement trois mois d'études et la licence après six mois. Ces grades de grâce ne donnaient pas le droit de requérir des bénéfices. Quant à l'examen de doctorat, il ne pouvait pas intéresser les spiritains : seuls s'y présentaient les candidats au professorat à la Faculté. 

[15] - Correspondance de M. Leschassier, t. III, n° 1378, février 1709.

[16]. “ Au commencement, la pension de cette nouvelle maison étalt de 200 livres au lieu de 400 demandée au grand séminaire. Plus tard, la pension s'éleva et vers la fin du xviiie siècle, elle montait à 450 livres, tandis qu'au grand séminaire on demandait 580 livres.” Liste des anciens élèves du séminaire de saint-Sulpice : II, Petit séminaire, p. 1. Cette liste dont la publication fut commencée en 1905, est un important document de sociologie religieuse. Sur la pension des séminaristes, les documents conservés aux Arch. Nat. sont sans intérêt pour les trente premières années du xviiie siècle.

[17]. Voir document cité par DEGERT, Histoire des séminaire français, Paris, Beauchesne, 1912, t. II, p. 18.

[18]. GRANDET, op. cit., p. 21.

[19]. Lettre a M. Lévêque, 31 decembre 1700.

[20]. Arch. Nat., MM 479.

[21]. En août 1704, M. Leschassier écrivait à M. Perrin, vicaire général de l'évêque de Rennes : “ Nous avons ici, il y a près de deux ans, M. Blain dans notre séminaire. Pendant tout ce temps, il n'a donné aucun sujet de mécontentement. Au contraire, il a édifié la communauté par sa modestie, sa piété et ses autres vertus et nous voyons avec consolation qu'il continue dans les saintes pratiques qui lui ont été familières dans la communauté de M. Boucher, docteur de Sorbonne où vous savez qu'il a demeuré pendant quelques années ”.

[22]. KOREN, Ecrits, p. 268.

[23]. Arch. Nat., M 200 : Regulas et Constitutiones Sodalitii vestri quas partim a venerabili viro Claudio Francisco Poullart des Places, sacerdote et institutore vestro suscepistis, partim vobis ipsis post longam et felicem experientiam conscripsistis...

[24]. LE FLOC'H, Poullart des Places, Nouvelle édition 1915,  p. 574-575.

[25]. Lettre de Pierre Thomas, Arch. CSSp.

[26]. “ Regula sequens fuerat in originali oblato Archiespiscopo et approbato omissa, et restituta fuit communi et unanimo consensu subscriptorum in cœtu inito die 14 junii, anno 1746 : nemo ex sodalibus beneficium ecclesasticum, aut pensionem super beneficio possideat nisi forte sint tenuis redditus et teneant locum tituli eccleslastici. ” : Arch. Nat. M 200, n° 1. Voir MICIIEL, Poullart des Places, p. 181-182.

[27]. Jean-Charles Clément, à qui Louis XIV accorda l'abbaye de Saint-Calais, le 1er novembre 1709, n'avalt certainement manifesté jusque là aucune sympathie pour le jansénisme et, le plus probable est qu'll n'en manifesta jamais.

[28]. MICHEL, Poullart des PLaces, p. 327.

[29]. Ch. de Caylus, évêque d'Auxerre.

[30]. DEPPING, Correspondance admlnistrative sous le règne de Louis XIV… Paris, 1851, t. II, p. 794.

[31]. GIBERT, Institutions ecclésiastiques…, Paris, 1736, t. I, p. 292.

[32]. Arch. des Miss. Etr., vol. 21, p. 129.

[33]. MICHEL, Poullart des Places, p. 340-341.

[34]. MICHEL, Poullart des Places, p. 250.

[35]. Voir EYCKELERR, Le testament d'un Saint, p. 8. Ce silence n'a peut-être pas d'autre explication que la vive hostilité qui marquait les rapports entre le père de Poullart des Places et celui de son ancien condisciple. La maison des Mottais, qui servait de titre clérical au fondateur avait été acquise en 1668, alors qu'elle était en vente judiciaire. Vingt ans plus tard, le comte Pépin de Sévigné prétendit avoir des droits sur cette maison. Pour soutenir sa contestation, il eut pour curateur ou procureur, M. Blain (père) qui, pour des raisons que l'on trouve dans un mémoire de M. Poullart des Places (père), céda la place a M. Géligaut : “ Geligaut est le frère de lait du sieur de Sévigné-Pépin qui ne cherche qu'a chagriner le défenseur (M. Poullart des Places père). C'est un homme que le dit Géligaut, entièrement dévoué a exécuter ses volontés aussi bien que l'a été le sieur Blain, son homme d'affaires, curateur avant lui ; mais comme il (Blain) a du bien et que sa profession ne lui permet pas un emploi si bas, il a eu l'adresse de se tirer d'un si méchant pas et le dit sieur de Sévigné a mis à sa place le dit Géligaut qui est un misérable qui n'a rien à perdre. ” (Arch. du Maine-et-Loire, E. 3673).

[36]. MICHEL, Poullart des Places, p. 227.

[37]. MICHEL, Poullart des Places, p. 78-79.

[38]. MICHEL, Poullart des Places, p. 130-131.

[39]. MICHEL, Poullart des Places, p. 168-169.

[40]. Choix d'un état de vie, 1701.

[41]. Cap. VII, 3e art. 110 des Règles latines (en vigueur jusqu’à la nouvelle Règle de vie approuvée par le décret du 7 juin 1987). Le texte latin est le suivant : “ Ab omni novitate doctrinæ discipulos suos arceant ; opiniones laxiores pariter ac rigidiores ne doceant ; quod probat Ecclesia, et ipsi probent ; quod damnat, damnent. ”

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