La rencontre au quotidien Samedi 25 janvier 2003, loh3O, l'avion décolle pour Conakry, capitale de la république de Guinée. Diplôme en poche, le monde du travail s'ouvrait devant moi, mais j'avais décidé de partir en Afrique. Je découvre l'opération AMOS. Et voilà, l’aventure comrnence. Je pars pour 3 mois dans la mission catholique de Boffa, premier lieu évangélisé en Guinée par les Spiritains en 1877. |
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J'ai des souvenirs plein la tête : visages d'enfants, chants en sousou, paysages de brousse, jeux scouts, odeurs de riz-sauce poissons, danses endiablées, discussions interminables sur la culture, la place de la femme, la religion... je vais en relever l'un ou l'autre un peu plus marquants. L'Accueil
Qui n'a jamais entendu parler de l'accueil africain?... La
paroisse de Boffa est tenue par le Père Uchenna,
Spiritain venu du Nigéria. Il s'occupe d'une
école primaire (de 400 élèves) et d'un
internat de garçons encadrés par deux volontaires
français de la DCC. Le noviciat des Spiritains pour
l'ensemble de l'Afrique de l'Ouest, avec deux novices
sénégalais et le Père Jean Daviet,
màitre des novices, résidait aussi dans la
mission. La qualité des longues discussions avec cette
"tablée internationale" dépassait de loin la
qualité culinaire ! Les scouts m'ont invitée
très chaleureusement, dès mon arrivée,
à participer à leurs activités. De forts
liens d'amitié se sont tissés entre ces jeunes et
moi, aussi bien à travers des discussions qu'à
travers la préparation de pièces de
théâtre ou encore 1 0 les nombreux travaux que nous
avons réa-
Sur les marchés devant leurs étalages, devant un
feu en train de préparer la sauce, près des
forages pour aller puiser l'eau ou
encore sur les bords du fleuve attendant
l'arrivée de la pêche, les femmes en Guinée
sont partout et leur rôle dans la famille est essentiel.
Pourtant ont-el les vraiment la reconnaissance qu'elles
méritent vis-àv is des hommes que l'on retrouve
souvent n train de discuter tranquillement ?... Les temmes sont
très actives aussi au sein de la paroisse. Ce sont les
femmes que l'on retrouve le plus souvent dans la chorale, dans
le nettoyage de l'église, dans les travaux de
rénovation de l'église entrepris cette
année... Par contre elles sont encore eu nombreuses dans
la vie professionnel'e. J'ai eu la chance de travailler avec la
seule professeur femme de l'école qui était
vraiment très enthousiasmée et avide d'aPprendre
pour mieux transmettre ensuite.
La pratique de la religion catholique a quasiment
été interdite dans les années 1970 sous le
régime de Sé u Toure. Les 5% de catholiques (plus
de 80% de mu sulmans) vivent leur foi de manière assez
démonstrative. J'ai vécu le Carême avec
eux. ils ont tendance à le pratiquer à la
manière du ramadan : le plus
important est de jeûner totalement la journée mais
la nuit tout est permis... Le Père Uchenna avait beau
expliquer le Carême chrétien, le regard des autres
était le plus fort et il fallait montrer "que l'on est en
Carême'.
Mais surtout ce qui me restera le plus en mémoire, ce sont tous ces moments simples de la vie quotidienne que j'ai passés avec les internes. C'est Rochas qui vient me prendre la main, puis Salim qui me demande de l'aide en lecture, c'est aussi Mohamed qui fait le fou avec son seau pendant la toilette ou encore Roger et Mountaga qui viennent me raconter ce qu'ils ont fait pendant leur week-end. Il y a aussi Khalil qui joue au petit chef ou Joseph-Bernard qui bat tout le monde au jeu de dames, Léonce qui est malheureusement souvent malade ou "grand frère Sékou" qui vient aider Capri Fino à faire sa lessive... Toute une petite bande de 40 garçons pleins de vie ! ... Trois mois d'une expérience fabuleuse, riche en rencontres et en découvertes... trois mois simples et magiques, parfois un peu difficiles, à l'image de la vie. Amélie de Carmantrand |