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Femmes en Afrique
Sans elles, en Afrique, rien n'existe
Elles sont tout, elles portent tout. Rien n'est sans elles. L’amour, les arachides en terre, l'impératif désir d'un ventre fécond, nourrir son homme et l'étranger qui passe,
tenir sa place dans le village, se taire mais savoir dire tout ce qu'elle pense être bon pour la vie de la famille, source de pardon et, peut-être, en même temps bonne sorcière, paradoxe permanent et souffle vital créateur, la femme africaine, c'est tout cela.
Ceux qui les regardent de loin les ont vues
comme des esclaves, sous prétexte que de
l'extérieur on ne voit et ne
contacte que des hommes. De fait, ce sont
eux qui palabrent en public, les femmes se tenant à bonne
distance. Ils donnent l'impression que c'est eux qui
décident de tout. Erreur, en fait ce sont les femmes
qui, après s'être concertées entre elles sur
les problèmes en cours, dans l'intimité de la
nuit, là où aucune autre oreille ne peut entendre,
persuadent leurs hommes que le problème sera
résolu comme cela et non autrement. Ceux-ci
cèdent, les considérant toujours comme les grandes
gardiennes de la tradition. Ils leur font confiance, ils savent
que leur jugement est vrai parce que ce sont elles qui sont
à la source de la vie de la famille. Ce sont elles qui
donnent la vie. De fait ce sont elles les mères.
Les pères ne sont pas forcément ceux qu'on croit.
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Pour une femme avoir un ventre qui n’a rien
donné, c'est la malédiction absolue.
Elle sera capable de parcourir tous les
chemins possibles pour savoir ce qui se passe et qui fait cela,
les chemins diurnes comme les chemins nocturnes.
Normalement, il y a des enfants, souvent cinq ou six, et c'est
la grande joie. Pour que celle-ci soit complète, il lui
faut des garçons et des filles. Alors aide et protection
lui seront assurées pour toute sa vie.
Les filles aident beaucoup, même une fois mariées,
elles reviennent chaque fois que le besoin se fait sentir. Les
garçons, eux, sont toujours là, à
côté, prenant en main tous les aspects
pénibles de la vie, surtout les jours où quelqu'un
aura manqué de respect à leur Mère.
Avant d'en arriver là, il y a le long chemin de
l'éducation, c'est à sa charge, surtout pour les
plus petits. |
Il est six heures, le soleil est levé, il est temps de partir au champ. La femme africaine se presse, un enfant dans le dos, peut-être un autre dans le ventre, une grande bassine sur la tête pour y mettre sa houe et sa machette.
Elle va y travailler toute la journée.
Le champ qu'elle débrousse, elle l'a peut-être
déjà, dans les années passées,
dé broussé dix fois. il ne faut
pas laisser le moindre ombrage si on veut
récolter des arachides. Tout ce qui est arbrisseau va
être coupé à un mètre du sol, alors
il repoussera et dans quelques années la même femme
continuera de couper le même arbrisseau. Ça fait
partie de sa vie. Houer, planter, désherber et enfin
récolter, tout cela demande des mois où l'es
journées sont longues car dès les 15 ou 16 h, elle
doit rentrer avec en plus quelques légumes et du bois
pour commencer à faire la cuisine pour toute la famille.
C'est généralement assez long.
Elle est bien consciente que de faire une bonne sauce est essentiel pour que
la
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chaleur familiale
se crée quand tout le monde est
autour d'un même plat. Quand les travaux se font moins
pressants, alors les femmes entre elles se concertent afin de
voir comment, dans la communauté on peut s'entraider.
C'est dans ces réunions que le "vivre ensemble" se
crée, que la vie commune se tisse, que les travaux
communautaires se décident, que d'importantes
décisions sont prises qui vont rendre ce "vivre ensemble"
possible. Elles qui ont quitté leur propre village pour
venir dans celui de leurs maris savent très bien que ce
"vivre ensemble" doit se réaliser coûte que
coûte si elles veulent rester dans ce village qui est
devenu le leur. Elles ont toute la vie du village dans leurs
mains. |
Elles le savent et ce sont vraiment elles qui font que, dans le monde difficile d'aujourd'hui, il y ait encore une vie possible.
Bernard Foy
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Dossier composé avec des extraits de Echo de la Mission (juillet-août 2003)
Illustration : (Ph. J.-P. Buecher)
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