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Dieu prit
la rondeur de la lune et l'ondulation du serpent,
l'enlacement de la plante grimpante et le tremblement du gazon,
la sveltesse du roseau et la fraîcheur de la rose,
la légèreté de la feuille et le velouté de la pêche,
le tendre regard du chevreuil et l'inconstance de la brise,
les pleurs des nuages et la gaieté du soleil,
la timidité du lièvre et la vanité du paon,
la douceur du duvet qui garnit la gorge des moineaux
et la dureté du diamant,
le goût sucré du miel et la cruauté du tigre,
la froideur de la neige et la chaleur du feu,
la caquet du geai et le roucoulement de la tourterelle...
Il mêla toutes ces choses et en forma la femme ! Elle était gracieuse et séduisante et la trouvant plus jolie que l'ibis ou la gazelle, Dieu, fier de son oeuvre l'admira. Il en fit cadeau à l'homme....
>Huit jours après, l'homme penaud, vint trouver Dieu :
"Seigneur, la créature dont tu m'as fait don, empoisonne mon existence, elle bavarde sans trêve, elle se lamente pour un rien, elle pleure et rit tout à la fois, elle est inquiète, exigeante, tracassière ! elle est toujours après moi... elle ne me laisse pas une minute de repos... le t'en prie, Seigneur, reprends-la, carje ne puis vivre avec elle !"
Et Dieu, paternel, reprit la femme.
Mais au bout de huit jours, l,homme revient vers Dieu:
"Seigneur, ma vie est bien solitaire depuis que je t'ai rendu cette créature... Etle chantait en dansant devant moi, et quelle suavité quand elle me regardait, sans tourner la tête, du coin des yeux ! Elle jouait avec moi et il n'y a sur les arbres aucun fruit qui ne soit aussi bon que ses caresses. le t'en prie, Seigneur, rends-la moi; je ne puis vivre sans elle...
Et Dieu lui rendit la femme....
Huit jours s'écoulèrent encore et Dieu fronça les sourcils en voyant l'homme revenir avec la femme et la pousser devant lui en disant :
"Seigneur, je ne sais comment cela se fait, mais je suis certain que cette créature me procure plus d'ennui que de plaisir. Reprends-la, je n'en veux plus...
A ces mots, Dieu se fâcha :
"Homme, retourne dans ta butte avec ta femme et apprends à la supporter.. Si je la gardais, dans huitjours, tu m'importunerais encore pour la ravoir..
" Et l'homme se retira, disant:
"Malheureux que je suis, deux fois malheureux, carje ne puis vivre avec elle etje ne puis vivre sans elle.
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