Cahier Afrique (08)



  EDUCATION EN MILIEU BORANA

La région Borana est la région le plus au sud de l’Éthiopie, à la frontière du Kenya. La population principale est composée de Borana, éleveurs nomades qui se déplacent à travers leur vaste territoire a la recherché de pâturages et d’eau pour leur bétail dont ils dépendent pour leur survie. Pour le monde extérieur, ils sont considérés comme des gens non éduqués et non développés. En dehors de leur environnement, ils sont considérés comme inférieurs et sujets aux discriminations.

Leur territoire est très grand, 300 Km sur 300 Km, avec quelques centres administratifs. Les Boranas n’ont rien à voir avec ces centres. Ils y vont au marché pour acheter des provisions, des vêtements, pour boire et vendre leur bétail. Il est difficile de voir un Borana entrer dans un bureau ou une banque sans le remarquer. Les habitants des villes sont des immigrants non - Borana qui se sont installés comme administrateurs ou commerçants. Les nomades Boranas vivent ou plutôt survivent pauvrement avec seulement quelques uns d’entre eux comme  riches éleveurs et propriétaires de troupeaux. Les Boranas sont les principaux fournisseurs de viande de bœuf du pays, mais ce sont les commerçants qui tirent le plus de profit de la vente de bétail. La santé, l’éducation, les services vétérinaires et le commerce sont aux mains des étrangers. Doucement quelques Borana trouvent du travail dans ces domaines.

Des champs apparaissent ici ou là, les Boranas étant obligés de cultiver, poussés par le gouvernement. Leurs maisons sont faîtes de bois et terre, faciles à ériger mais aussi facilement attaquées par les termites. Les femmes entretiennent la maison, préparent la nourriture, récoltent l’eau et le bois. Elles ont aussi leur tour de garde des troupeaux. Les hommes eux ont le privilège des décisions, responsables des troupeaux pour les pâturages et l’abreuvage. Les jeunes enfants gardent les veaux et les chèvres et en grandissant passent à garder les bœufs, vaches et chameaux.

La situation des écoles :
Dans ce contexte, l’éducation semble être un élément étranger et les Boranas ont des difficultés à l’intégrer dans leur système de valeurs. Du point de vue de beaucoup, l’éducation est seulement une aliénation des enfants par rapport a leur famille, a leur environnement et culture. Pour ceux qui ont reçu une certaine éducation, c’est la seule façon d’améliorer la situation des Boranas.  Jusqu’en 1970, très peu de Boranas ont atteint l’école secondaire et même le primaire. Quelques jeunes ont atteint le niveau d’écoles techniques, collèges agricoles, voir un niveau universitaire. Le premier lycée en terre Boranas a ouvert en 1980 à Yabello. Un autre a ouvert, 250 Km plus a l’Est, à Neghele. Un autre a ouvert à Moyale, la ville frontière avec le Kenya, 250 Km plus au sud. Il n’y a pas d’autre école au - dessus du primaire dans tout le territoire Borana.

La venue des spiritains :
Les spiritains sont venus en territoire Borana en 1972. Après consultation auprès d’un certain nombre d’officiels du gouvernement et d’anciens nous avons décidé de nous impliquer dans le développement de l’éducation, au service des Boranas.
Nous avons vu le manque d’éducation comme le problème le plus important de la société Borana. Nous avons ouvert notre première école primaire en 1975 à Dhadim (12 Km au nord de Yabello). La deuxième fut ouverte à Dhoqqolle (85 Km au sud de Yabello) en 1981. Pendant des années, les sécheresses périodiques, les batailles entre nomades, le manque de personnel, le changement de gouvernement en 1991, nous ont empêchés d’étendre notre engagement. À la fin des années 80, évaluant la situation, nous réalisons que nos étudiants sortant de nos écoles primaires faisaient face a de grandes difficultés en voulant joindre le lycée gouvernemental à Yabello. Étant Boranas, venant de familles nomades ayant peu de contacts en ville, ils dépendaient des arrangements de pensionnats gouvernementaux durant leurs années de lycée. Aussi parce que les Boranas sont généralement pauvres ils ne pouvaient poursuivre leur éducation, le prix du pensionnat étant trop cher. Les spiritains décidèrent que la construction d’un foyer serait la solution, fournissant aux étudiants un lieu ou dormir et manger, ou ils peuvent étudier le soir, étudiant au lycée gouvernemental dans la journée. Le foyer fut construit, tout d’abord pour les garçons en 1997 et ensuite pour les filles en 2002. Ces foyers comprennent des dortoirs, une salle à manger et cuisine, une salle polyvalente équipée avec télévision et vidéo, des bureaux et une bibliothèque. Avec seulement 3 employés nous aidons les étudiants le soir par des cours supplémentaires d’anglais. Nous organisons aussi une sorte de vie communautaire chrétienne avec des temps de prières et d’études bibliques. Deux petits groupes de catéchèse fonctionnent. Une autre école primaire a aussi été ouverte en lien avec le gouvernement à Dharitto (20 Km à l’est de Yabello.)

Dans tous ces efforts, nous sentons que nous ouvrons les enfants Boranas et leurs parents à des horizons nouveaux, améliorant leur vie au quotidien.

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- Ethiopie : en milieu Borana  -