En Mission   
en Afrique : échos de la présence spiritaine


De Centrafrique


ETINCELLES

N°100 N°IOO N°100

Juin- Juillet 2012

Et voici le Numéro 100.

Je vous le disais, ces trois derniers numéros, 98, 99, 100, sont des Etincelles-Souvenirs, historiques. Si vous aviez une minute pour me manifester, en deux mots, ce que vous en pensez, quelle merveille que d'avoir une réponse! Votre avis aussi sur les flashs ! Un grand merci. Je cherche l'avenir.


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Pour étoffer ces dernières rencontres, j'ajoute à chaque numéro d'Etincelles deux « flashs » en pièces jointes. Ces flashs sont de courtes histoires, parfois anciennes, toujours vraies,. la vie à Bangui,. des évènements très divers, croqués sur le vif.

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Nouvelles du Groupe Espoir:

Le frère Elkana fait systématiquement le tour des paroisses, il visite tous les groupes et les dispensaires que nous désignons du terme d'« antennes ». Il m'écrit:

Ce qui revient à chaque fois, c'est le problème de nourriture, « nous avons faim », « nous prenons les médicaments sans manger». Effectivement, c'est un point crucial pour nos malades. A cause de cela certains sont tentés d'abandonner le traitement ... Il y avait les produits du PAM (Service de l'O.N.U le P.A M . ou Plan Alimentaire Mondial) Maintenant la distribution des produits est irrégulière. Comment faire pour leur donner à manger? »

Et quand je réagis très positivement, en lui envoyant des euros, il écrit encore

« Je vous remercie pour le soutien financier que vous m'envoyez, cela me permettra de soulager nos mamans malades qui me demandent à manger quand je viens les visiter. Je les soutiendrai aussi par des mini-commerces (qui-leur permettent de gagner quelques argent pour acheter de la nourriture ) Et j'achèterai des boites de sardines et du riz pour leur distribuer.

Quatre Evêques en Centrafrique

Soudain le ciel de l'église en R.C.A s'éclaircit: le Pape Benoit XVI vient de nommer quatre Evêques en Centrafrique. Je ne connais pas beaucoup les deux prêtres des Missions d'Afrique qui vont être respectivement responsables des diocèses de Bossangoa et de Berberati, ni le Coadjuteur d'Alindoa . Iln'est pas religieux mais, prêtre du Diocèse. Un Evêque Coadjuteur est un Evêque nommé et ordonné qui, le jour venu, remplacera un Evêque titulaire fatigué, qui sait qu'il ne pourra encore longtemps assumer la charge de son Diocèse. C'est le cas de Monseigneur Peter Marzinkowski du Diocèse d' Alindao. Je connais bien par contre le nouvel Archevêque de Bangui, Dieudonné Nzapalainga, il est spiritain et nous avons déjà longuement travaillé ensemble à Bangui car depuis trois ans il était administrateur du diocèse. Que l'Esprit-Saint l'éclaire et le soutienne dans son service du Diocèse de Bangui et de l'Eglise en Centrafrique.

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Petits aspects peu connus de la visite du Pape Jean-Paul II à Bangui.

Au préalable, il est bon de savoir que je fus désigné comme responsable en tout ce qui concernait, coté Eglise catholique, la visite du Pape à Bangui. Il n'est pas étonnant que j'ai en main toute une série de photos de cet évènement, avec en priorité, les photos où je suis à coté du Pape.

Sur ce passage de Jean-Paul II à Bangui, le 14 Aout 1995, juste quelques touches.

Chose curieuse, premier étonnement, mon principal interlocuteur fut le Gouvernement car la présence à Bangui de Jean-Paul II répond à une invitation du Président de la République, c'est lui qui a invité le Pape. Je vous l'explique.

Un beau matin, Monseigneur Ndayen, notre Archevêque me demanda de faire un tour dans les services officiels: que savent-ils d'un éventuel passage du Pape à Bangui ?

Non seulement la réponse fut positive: le Gouvernement attendait le Pape à Bangui, mais les fonctionnaires compétents pouvaient même en préciser la date. Stupéfaction de Monseigneur: il semble que l'accord de Rome ait été donné sans consultation, ni même information à l'Eglise locale, ou bien la nouvelle de ce passage était restée dans les bureaux de la Nonciature!

Nous savions depuis longtemps, il est vrai, que Jean-Paul II projetait un nouveau voyage en Afrique. Mais dans le projet primitif le Pape survolait la Centrafrique sans s'y arrêter. Venant de l'Afrique de l'Ouest il devait se rendre au Zaïre voisin, pour la canonisation d'Anuarite, une jeune Congolaise, puis il gagnerait l'Afrique du Sud. Mis au courant de ce projet le Président de Centrafrique, Alphonse Kolingba, demande à son secrétaire Daniel Sehouya d'envoyer une invitation bien tournée pour demander à Sa Sainteté d'ajouter une escale au programme déjà prévu; oui, ajouter l'escale de Bangui.

De chef d'Etat à chef d'Etat!!!! Ce fut, semble-t-il la volonté personnelle du Pape: une réponse immédiate et positive. Le projet de voyage primitif dut être comprimé pour y insérer une courte escale à Bangui; elle ne compta que quelques heures. Compression qui se fit sentir jusqu'à l'ordonnance des repas: il resta prévu un temps pour une collation sérieuse à l'arrivée à Bangui, mais on oublia l'heure du repas de midi, et l'avion pontifical décolla vers 15 heures, sans qu'on parle de repas.


Ce court laps de temps fut un moment d'activité intense marquée cependant par la multiplication des précautions et de barrières, car peu de jours auparavant, le Pape avait été victime d'un attentat et blessé au ventre. Toute la zone de passage du Pape était mise sous surveillance et son accès réservé aux porteurs d'un laissez-passer modulé suivant le lieu autorisé ou la qualité du bénéficiaire. Malgré cela on vit jaillir soudain un motard qui se croyait tout permis, les zones et les accès réservés ne comptaient plus pour lui, au grand étonnement des organisateurs responsables. J'ai eu plus tard l'explication toute simple: le Pape attendait une bouteille d'eau minérale garantie; depuis son attentat il refusait absolument l'eau du robinet même prétendue potable. Il ne voulait surtout pas réactiver la blessure. Or Sa Sainteté avait soif et devant un buffet bien garni pour la collation, il manquait simplement de l'eau, notre motard était allé la chercher.

Revenons à l'exécution du programme:

La cérémonie d'accueil à l'aéroport fut longue, le Pape salua individuellement une bonne partie des personnalités présentes. Puis, grand cortège vers le lieu où va être célébrée la Grand'Messe Papale.

Prévoyant une grande foule on avait en effet choisi de monter un très vaste podium au centre de l'ancienne piste d'aviation, un vaste espace, devenu l'artère la plus large de la ville. Comme sacristie on avait obtenu l'usage des salons de l'immeuble de l'Union Douanière Equatoriale.

Le trajet de cette sacristie à l'autel était assez long pour permettre le déploiement du groupe de petites danseuses, Jean-Paul II fut très attentif à ce court spectacle traditionnel, et l'une des petites se jeta dans ses bras. Les catholiques et bien d'autres dans tout le pays, étaient en éveil et voulaient suivre cette visite papale; heureusement la messe fut retransmise par la radio et la télévision. Nous avions répondu à toutes les exigences techniques de ces services. Le sermon fut l'objet, comme il se doit, d'analyses minutieuses et de commentaires multiples ; malheureusement je n'en ai pas gardé le texte.

Après la messe, entrevue à la Présidence; longue conversation entre les deux hommes, le Pape, Jean- Paul II, et le Président André Kolingba, puis direction, la Cathédrale.

Le temps de présence du Pape à Bangui était si compté, qu'il avait fallu une âpre discussion avec les représentants du Gouvernement pour obtenir cet arrêt à la Cathédrale. Cette étape fut enfin mise au programme, et on put convier à la Cathédrale les délégations de tous les groupes et mouvements organisés si nombreux dans l'Eglise à Bangui. Au milieu de toutes ces solennités ce fut un moment de liesse. Le Pape passa au milieu de cette foule avec de temps en temps un mot à l'un ou à l'autre. Ce fut aussi l'occasion de remettre à Jean-Paul II un cadeau spécifiquement centrafricain: un grand plateau de bois couvert de gros morceaux d'ivoire artistement disposés, on n'ose parler de «tableau », mais c'est très décoratif et Jean-Paul II le trouva magnifique et dit simplement « ce sont les églises les plus pauvres qui offrent les plus beaux cadeaux ». L'assemblée entonna quelques cantiques en français et en sango. Le Pape fit une mini-exhortation, une courte prière, certainement une bénédiction, puis vivement retour à l'aéroport Bangui-Mpoko : les foules du Zaïre attendent Sa Sainteté.

Merci, Jean-Paul II, et bonne route!

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Yves Gautier: 30 rue Lhomond 75005 Paris. email :vesgautier@.hotmail.com

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Les trois derniers numéros (98, 99 et 100) sont des Etincelles-souvenirs. Je veux aussi continuer à me faire écho de la vie du Groupe Espoir. Il vit pour le moment grâce à votre générosité dont il a toujours grand besoin. Je vous redonne en bas de page nos coordonnées.



Etincelles 99


Mai 2012 A mes parents à mes amis .A tous ceux qui me rejoignent par « Etincelles »

Et à ceux dont je retrouve l'adresse après moult années

Quelques hommes ont particulièrement marqué le pays du Centrafrique, j'ai leurs photos, je les ai rencontrés.

Boganda. Je ne connais pas toutes les étapes de la formation du jeune Barthelemy Boganda. Je sais qu'après six ou sept ans d'études et d'initiation à la vie sacerdotale au grand séminaire du Cameroun, il devint le premier prêtre du pays, ordonné en 1938. Ce fut un évènement auquel furent sensibles tous les Catholiques du pays; le sacerdoce n'était donc pas réservé aux blancs!

Mais, grâce à cette longue formation Boganda fait partie de la toute petite minorité qui peut accéder à des postes de responsabilité. Il n'est pas étonnant qu'il devienne, avec l'accord de son Evêque, membre de l'Assemblée de l'Union Française, l'une des trois Chambres de la France de cette époque. Puis il fut élu Président de l'Oubangui-Chari, pays que lui-même proposa d'appeler la« Centrafrique ».

A l'Assemblée de l'Union française, il rencontra Michelle qui devint sa femme. Cette union engendra de vives réactions au sein de l'Eglise où elle fut commentée souvent avec les paroles les plus dures et des jugements généraux sur le sacerdoce donné à des africains. De son coté Boganda eut l'occasion de critiquer fortement les mœurs cléricales et le comportement de tel ou tel de ses anciens confrères. Autrement dit une situation extrêmement tendue.

Or en un temps de vacances je participais à un camp de Guides à Mbaiki. la propriété de Boganda était toute proche, à Boubangui et je rencontre fortuitement mon Evêque, Monseigneur Cucherousset. Il m'explique qu'il va justement à Boubangui et me demande de l'accompagner. Nous fûmes chaleureusement reçus par Boganda, qui nous présenta sa femme et ses trois enfants, qui nous conduisit à l'extrémité de sa propriété au carré où poussaient les plans de caféiers. Longuement il nous fit part de ses projets pour l'avenir du pays. Nous y restâmes au moins deux heures et j'ai pris conscience que j'étais le témoin d'une réconciliation. Seul témoin d'une rencontre d'autant plus importante que quelques semaines après Barthelemy Boganda mourut dans un accident d'avion et qu'il ne put y avoir d'autres marques de cette réconciliation.

Dacko. Nous avons déjà souligné la place importante du scoutisme dans la formation de la jeunesse du pays et j'ai gardé une grande variété de photos des évènements importants de la vie du mouvement à Bangui car je fus des années aumônier national des Scouts.

En ces lointaines années, les dernières de l'ère coloniale, «blancs ». et «noirs» formaient des communautés très séparées, le scoutisme était l'un des rares lieux de rencontre des deux groupes, un lieu rassemblant des garçons très engagés; j'oserai même dire qu'il était un lieu de fraternité vécue. Je retrouve surtout des photos de promesses qui appelaient ces jeunes à leur engagement chrétien et des photos de camps de chefs qui étaient des journées de formation intense. Ces camps bien organisés et bien menés travaillaient à la formation d'une élite. D'ailleurs, deux des principaux chefs du scoutisme centrafricain, Marcel Douzima et Dieudonné Magale, furent membres du premier Gouvernement formé par le tout nouveau Président, David Dacko !

Notre pays après la Conférence de Brazzaville était devenu un Etat, mais un Etat encore au sein de l'Union Française; la Défense, par exemple, dépendait encore entièrement de Paris. Il y eu une consultation qui ouvrit la voie à une indépendance complète. Avec les scouts j'ai vécu un peu particulièrement cette journée de l'Indépendance. En tant qu'Aumônier j'étais membre de l'équipe nationale des scouts or l'équipe entière fut invitée à la Présidence à la veille de la proclamation de l'Indépendance en Aout 1958. Le Président David Dacko fut étonné de me voir, seul blanc au milieu des noirs auxquels il voulait s'adresser. Il nous demandait instamment de tout faire pour que la journée se passe sans heurt ni pillage. En effet, au jour de leur Indépendance, il y avait eu de très graves désordres chez nos voisins de l'ex-Congo-Belge devenu, très peu avant nous un Etat, le Zaïre Indépendant. En fait, à Bangui cette première journée d'Indépendance fut presque triste! Tout le monde avait peur! Il fallu attendre le 1er Décembre, jour anniversaire de la création de la Centrafrique. Ce 1er Décembre 1958 fut la première célébration de la Fête nationale, ce fut alors un véritable débordement de joie.

Bokassa. Quelques années plus tard, Bokassa a eu l'audace et l'astuce de faire son coup d'état dans la nuit de la Saint Sylvestre. Les premiers tirs de ses soldats se confondent avec les pétards de la fête, sans éveiller la méfiance et sans troubler les réveillons. Mais au matin, de multiples arrestations donnèrent aussitôt le ton du nouveau régime, totalement brutal et autoritaire.

Je connaissais relativement bien Bokassa car peu auparavant il avait célébré devant moi son mariage à la Cathédrale. Au cours de la préparation de ce mariage je n'avais pu m'empêcher de souligner discrètement tout ce qui rendait pareille union plutôt hasardeuse. Astride était une grande gamine de 17 ans, encore au Lycée, ayant des ancêtres français, belges et, je crois, un peu Egyptiens par sa mère, elle n'était pas du tout préparée à devenir maîtresse de maison, ignorant tout des milieux militaires et de la politique, etc, etc.

Et Bokassa qui avait senti mes réticences déclarait à l'occasion à mon évêque combien j'étais raciste car je ne voulais pas célébrer le mariage d'un noir avec un blanche. Aussi je garde jalousement la photo de leur mariage: Astride et Jean-Bedel agenouillés et tout attentifs, vraiment bien! A gauche occupant une partie du décor, le dos d'un servant fait écran, mais il y a un livre qui dépasse et révèle la présence du troisième homme, le célébrant. Je vous laisse deviner qui! Mais il me faut surtout donner la conclusion de cet épisode, la voici. Peu d'années se sont écoulées, le mariage n'a pas tenu; Astride a fui son époux. Alors Bokassa sollicite un nouveau mariage à l'Eglise avec Catherine qui deviendra l'Impératrice. Devant le refus incontournable de l'Evêque, il soupire « Ah! Si j'avais écouté le Père Gautier ». Là, il était bon joueur! Je crois que cet épisode a fort contribué à l'octroi de ma grande décoration de Commandeur de l'Ordre National Centrafricain.

Continuons avec Bokassa et disons quelques mots des préliminaires de la fondation du brève Empire Centrafricain.

Un beau matin tout ce que le clergé et les missions catholiques comptent comme personnel fut convoqué à Berengo. Modeste bourgade située à une petite centaine de kilomètres de Bangui le domaine de .Berengo devait devenir cité impériale et déjà ses abords jouissaient d'une haute surveillance et les entrées y étaient minutieusement filtrées. Pour la circonstance le clergé a plein accès et nous voila tous rassemblés, dans ce qui se prépare à devenir la salle du trône, pour écouter Bokassa. Il nous affirme en premier lieu « ma conversion à l'Islam était superficielle, je reviens à la foi catholique ». Puis, en une seule phrase, « Je vais devenir Empereur et le Centrafrique un Empire et je serai sacré, comme Napoléon, à l'Eglise, soit, pour moi en la Cathédrale Notre-Dame de Bangui».Vaste programme !

La réponse revient à Monseigneur Joachim Ndayen notre Archevêque. Je ne peux reproduire de façon précise la forme de cette réponse combien délicate, mais en voici le fond. Monseigneur se réjouit du retour de Bokassa à l'Eglise, mais, par contre, il ne peut être question de sacre. Il n'y a plus de sacre dans l'Eglise Catholique, et il n'y a pas matière à sacre dans le pays de Centrafrique. Par contre si le jour d'un couronnement le nouvel Empereur veut y venir prier en solennelle action de grâce, la Cathédrale lui est ouverte. Pour Bokassa ce fut dur à avaler, mais dans ce domaine des grandes décisions de l'Eglise il n’avait aucun pouvoir.

Je n'ai pas voulu assister au couronnement qui eut lieu au grand stade de la ville, par contre j'étais à la messe à Notre-Dame dans un décor presque irrespirable par le faste voulu par Bokassa., Sur toute sa très grande surface et dans toute sa hauteur le fond du chœur fut garni de plantes vertes et la cathédrale bien trop petite pour accueillir la foule. Ce couronnement et le faste inouï qui l'accompagnait furent, à mes yeux, l'occasion d'une réelle rupture entre le peuple de Bangui et Bokassa. Un indice: il y avait foule à 1 'Eglise, mais il n'y avait presque personne au long du parcours. La mission de la Kouanga où j'habitais voisinait la plus grande avenue de la ville. Pour le passage du Président Giscard, on se bousculait sur 5 ou 6 rangées tout au long de l'avenue; pour le carrosse de Bokassa à peine quelques groupes peu attentifs. Mon voisin, comme beaucoup d'autres, restait chez lui; les extravagances de Bokassa ne l'intéressaient pas.


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Pour étoffer ces dernières rencontres, j'ajoute à chaque numéro d'Etincelles deux «flashs» en pièces jointes. Ces flashs sont de courtes histoires, parfois anciennes, toujours vraies : la vie à Bangui des évènements très divers, croqués, sur le vif.




Père Yves Gautier GROUPE ESPOIR N° 98

Etincelles 98 Mars Avril 2012

A mes parents, à mes amis, . .

A tous ceux qui me rejoignent par « Etincelles »

et même à quelques uns dont je retrouve l'adresse,...après moult années!

C'est avec une émotion certaine que je commence ces lignes: en effet, cette « Etincelles » va être entièrement écrite en France. Pour le moment, il n'est plus question que je regagne l'Afrique car le soin de mes yeux demande un suivi long et pointu qui ne peut, actuellement, être fait à Bangui.

Mon départ de Bangui vient de se vivre sans grande cérémonie. Pour ma part j'étais dans un état de fatigue extrême, je n'étais pas du tout prêt à un tel déracinement, il m'était trop difficile de dire « adieux » et non pas, comme je l'ai déjà fait de nombreuses fois, un simple «au revoir» ! En fait, qu'en sera-t-il? Je n'arrive pas à écrire que je ne retournerai plus à Bangui. A la grâce de Dieu!

Laissons émerger quelques moments clefs de ces soixante années de Centrafrique

Et commençons par le commencement : il se situe en notre grand séminaire de Chevilly.

J’ai une photo de groupe de cette cérémonie du 2 Juillet 1950, le jour où j'ai entendu notre Supérieur Général, Monseigneur Le Hunsec, orienter l'avenir de chacun des Pères de notre nombreuse promotion, nous étions 34 à attendre notre première affectation. Arrive enfin mon tour: « le Père Yves Gautier, ira en Oubangui-Chari », (qui deviendra plus tard la République Centrafricaine). Cette affectation correspondait tout à fait à mon attente: un pays au loin sur la terre africaine, vivant encore pleinement des coutumes ancestrales et encore très peu évangélisé.

Je retrouve une vraie photo-témoin caractéristique : j'y suis seul, bien centré et les mots écrits sous la photo nous dit toute l'importance de l'évènement: «cordon spiritain, casque colonial, soutane blanche ; tout est prêt pour le départ », j’espère que vous~me voyez!! Et jeune , tout jeune. Je me souviens d'une petite fille qui, peu après mon arrivée à Bangui après mon passage dans sa famille, disait à ses parents en parlant de moi: « nous avons un Père tout neuf ».

Comme tout bon spiritain je partais pour six, huit, ou dix ans, le voyage était bien trop long et trop cher pour revenir souvent. Je ne garde de ce premier voyage que la photo du « Canada », un long paquebot, qui assurait la traversée Marseille-Douala du 6 au 23 octobre 1950. Il n'était absolument pas encore question d'un voyage en avion. Maintenant au contraire, il n'y a plus aucune ligne maritime régulière. Chacun s'installe dans son fauteuil à la place fixée ; puis nous attendons pendant sept heures dans ce fauteuil. Enfin on nous affirme que l'avion est arrivé et nous aussi, à Bangui. Oui, nous y voila sans avoir rien vu du trajet. De nos jours il faut partir en croisière maritime organisée pour jouir du pittoresque de chacune des escales et de la longue patience de la navigation. '

Voici toute une série de photos présentant la Capitale, Bangui; la ville, son cadre, ses monuments, et surtout, la population. Je garde aussi toutes celles de la Cathédrale. Monseigneur Cucherousset vient de me nommer là et me voici nouveau membre de la Communauté de la Mission Notre-Dame, Marie Immaculée et je suis chargé particulièrement de tous les parlant-français.

Monseigneur Cucherousset n'était pas encore Evêque de Bangui: mais seulement le Vicaire apostolique de cette grande portion de terre africaine qui n'était pas encore un diocèse et dépendait très directement de Rome. Même en ce domaine l'Afrique devait lentement acquérir sa majorité! ! !

Que faut-il entendre par l'expression « parlant-français»? En premier lieu tous les expatriés, les Français et autres européens, en particulier les Portugais fort nombreux et une poignée d'africains des colonies francophones alentours. On les a fait venir dans ce pays qui manquait totalement d'élites pour qu'ils tiennent les fonctions les plus basses dans l'administration. Toute vraie responsabilité était alors réservée aux blancs et les grands postes étaient chasse-gardée de l'élite, les Administrateurs sortis de l'Ecole de la France d'Outre Mer. Enfin la dernière catégorie des ces parlant-français se nomme les « évolués ».


Qu'entendait-on par ce mot «Les Evolués»? On appelait ainsi la petite minorité des enfants du pays ayant fait quelques études et cherchant à partager, timidement, le mode de vie des blancs. Le mot est usuel. Ainsi trouve-t-on, tout proche de la Cathédrale, un groupe de maisons « construites en dur », ce premier quartier édifié sur le modèle de très modestes maisons pour des blancs ne s'appelait-il pas, « Camp des Evolués », une vingtaine de cases à la limite du monde blanc. Ce terme dénonce bien l'ambiance d'une époque, il dégageait toute une philosophie et un comportement vis-à-vis de l'homme noir. Evidemment, il vaut mieux ne pas chercher comment on définissait ceux qui n'avaient pas l'avantage de faire partie de cette toute petite minorité. Bien peu nombreux effet ceux qui avaient pu profiter d'années de formation! Ainsi en 1955, si l'enseignement primaire commençait à se multiplier, on comptait à peine 60 africains parmi les élèves du seul Lycée de Bangui, le nouveau Lycée Emile Gentil qui deviendra à l'Indépendance le Lycée Barthelemy Boganda. En tout ce vaste Territoire de l'Oubangui Chari, on venait seulement de mettre en route, un second établissement Secondaire, à Bambari, avec encore moins d'élèves pour profiter de cet enseignement.

Le fait d'être blanc faisait de vous un personnage. Quelques originaux faisaient exception et on les écartait avec un dédain bien mérité pensait-on, ils n'étaient que des «petits blancs ». On était en plein dans ce qu'on appelle l'époque coloniale....et on ne la savait pas si proche de sa fin!

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Revenons un peu en arrière pour mieux comprendre l'ambiance générale du pays en ce temps de l'ère coloniale. On assiste à partir des années 1890, à la recherche par les nations européennes des terres africaines, à l'implantation des colonies, à la confrontation de deux mondes:

le monde africain aux modes de vie matérielle encore très rudimentaires, sans aucun moyen de communication et donc comme replié sur lui-même et forcément limité dans ses projets et ses ambitions au court rayon d'action de chacune des tribus !

.et voila que débarquent par le fleuve les premiers représentants d'un monde à la civilisation matérielle déjà fort développée, dont les antennes commencent à ausculter le monde. Ces premiers pionniers européens sont souvent animés d'un esprit de conquête et certains très impatients espèrent trouver en ces contrées qui, à leurs yeux sont des terres inexplorées, quelques richesses extraordinaires, dont l'or reste le modèle le plus typique et le plus couru! Trouver un nouveau Mexique! (Nous le savons, maintenant, il y a très peu d'or en Centrafrique). Heureusement il y a aussi parmi ces premiers explorateurs une pléiade d'hommes, comme Savorgnan de Brazza, qui étaient des «coloniaux » aux ambitions humanitaires qui chercheront à rencontrer et à comprendre l'Homme noir.

Et, enfin, nous y arrivons! Il y a aussi les missionnaires catholiques et protestants et tout ce qui se fait par les « missions » . C'est notre sujet, un sujet trop vaste, mais osons en dire quelques mots.

Le missionnaire veut être porteur de la Parole, annoncer le Christ, fonder l'Eglise, annoncer le salut comme l'affirme le Credo: « la rémission des péchés et la vie éternelle » proposée à tous, créer des communautés où se vit l'idéal de vraie fraternité évangélique de vérité et de charité. Et évoquons toute la variété des tâches humanitaires et sociales à commencer par celles de la santé et de l'éducation.

Plein de cet idéal, pour le moment et très prosaïquement je viens m'ajouter à l'équipe de la paroisse Cathédrale. Je retrouve leur photo: ils se tiennent eux aussi en soutane blanche celle des dimanches et fêtes, et je reconnais le Père Charles Gruner, un alsacien, le responsable de la communauté, le père Roger Ternet, un franc-comtois ; il est très marqué par cinq années dans les camp de prisonnier en Allemagne, (ne l'oubliez pas, nous sommes en 1950 !) il s'occupe de toute la ceinture des villages sur les routes quittant Bangui jusqu'à 20 kilomètres de la ville; le Père Louis Godard, né à Domrémy comme Jeanne d'Arc, il est chargé des écoles; le frère Marc originaire du Nord, il est en train de lancer la première imprimerie de Bangui. Je veux aussi nommer bien, qu'il ne soit pas sur cette photo, Roland Vassor, l'un des tous premiers laïcs missionnaires. Il travaille aussi à l'imprimerie mais surtout, il anime le scoutisme. Il m'a beaucoup aidé dans l'approche du milieu des jeunes africains.

Bien encadré, je vais entrer moi aussi dans l'aventure missionnaire, elle est devant moi, elle m'attend, allons!

suite avec Etincelles 99. ...elle viendra! ! !



Père Yves Gautier GROUPE ESPOIR N° 97

Janvier 2012





Depuis que le vol Air-France du Mercredi a atterri, je suis à Bangui. C'était le 11 Janvier en cette année 2012 encore toute jeune. Je viens de retrouver avec une joie profonde beaucoup d'amis et de connaissances, heureux d'avoir autour de moi tous ces visages. Je saisis le bonheur simple que l'on éprouve quand, enfin, on est chez soi; le lieu où tout vous est familier et évocateur; chaque objet, chaque parcelle de ces deux pièce a son histoire et que dire pour chaque rencontre.

Je vais aussi recommencer à vivre au sein de ma communauté spiritaine de Saint Charles, il faudrait présenter chacun, je ne fais que les nommer: Patrick, le responsable du groupe spiritain en RCA et Yves (pas moi, l'autre !), Innocent notre économe, Rock et Jean et encore Georges le jeune stagiaire. Parmi nous, deux sont centrafricains, je suis français, le stagiaire est gabonais on compte un citoyen du Nigeria et un «Congolais d'en face », le Zaïre. Voilà notre multi- nationale! Nous sommes la Communauté; elle aura ses moments difficiles et ses richesses.

Je m'installe donc, mais je suis aussi bien conscient qu'il y a un problème! Comment pérenniser ma présence en Centrafrique quand mes yeux demandent un suivi pointu et fréquent chez un spécialiste qui, pour moi, est dans l'Est de la France, à Besançon. Je commence à regrouper les éléments de la réponse.

Je retrouve le Groupe Espoir, fidèle à sa mission auprès des malades qui lui font confiance. Plusieurs médecins, deux Sœurs infirmières, une secrétaire, forment actuellement une bonne équipe; ils sont au service de tous ces patients qui le plus souvent sont des patientes. La Maison Espoir, notre centre, au voisinage de 1 'Avenue Boganda s'organise progressivement et attend ce fameux laboratoire, dont on parle-depuis longtemps, qu’il faudra bien faire passer du stade de projet à celui d'un bon instrument fonctionnel. Et, surtout, nous attendons le Frère Elkana, le futur responsable du groupe. Il vient d'être reçu glorieusement à ses examens, il sera bientôt à Bangui.

Depuis deux jours j'ai repris mes listes; d'abord celle de tous ceux que j'ai rencontrés dans ce séjour prolongé en France et dont l'accueil est fait tout de gentillesse et d'amitié. Puis la liste de ceux qui ont répondu à mes appels pour nous aider financièrement. C'est vrai, il nous faut beaucoup d'argent pour la vie du groupe et certains l'ont compris et n'hésitent pas à nous envoyer des dons généreux, mais il y a aussi bon nombre de petits dons qui pèsent un lourd poids de fraternité. Il y a de quoi être émus quand on reçoit un don qui réveille des souvenirs d'il y a vingt ans, trente ans ou même plus! Il y a de petites sommes qui valent beaucoup. Grand merci à tous. Nous avons toujours besoin de votre aide. Ce matin, Sœur Irène m'a présenté une facture de plus de 3.200.000 CFA soit plus de 4.800 Euros pour des médicaments. J'espère qu'il yen aura pour quelques semaines!!!

Terminons ce travail par la listes des abonnés à Etincelles ; nous arrivons, avec, pour le moment, des éditions très irrégulières, au Numéro 97.. .arriverons nous à atteindre le N° 100 ?

Bangui et la Centrafrique 2012 ! Un pays tellement fragile, une économie qui ne parvient pas à répondre aux nécessités premières de la population. Le salaire minimum garanti reste bloqué depuis des années à 18.000 frs CF A, soit 26 euros par mois! ! !

A mon retour, j'ai le défilé des quelques miséreux qui me connaissent et attendent quelque chose de moi. Malgré ma connaissance du milieu, j'en reste tout interloqué: comment peut-on atteindre un tel degré de dénuement?


Alors, exceptionnellement, j'ai voulu répondre, sans même discuter, à leur principale requête personnelle; qu'au moins une fois, aujourd'hui, ils aient un problème résolu et s'endorment plus paisiblement. J'ai justement un solliciteur devant ma porte, il est en fauteuil roulant, ses jambes sont complètement atrophiées. Je copie deux lignes du papier qu'il a préparé: « je vous supplie de m'aider avec 12.000 CFA (soit 18 euros) pour arranger les douches et les WC de ma maison; ayez pitié de moi.» signé Joseph G ... je lui ai donné ce qu'il attendait sans discuter. A-t-il seulement une « maison,» ! Cadeau à la demande, cadeau de retour, cadeau de jour de l'an, il sait que l'occasion est unique. J'ai pu donner parce que moi-même j'avais reçu, merci encore à tous les donateurs.

Je retrouve à Bangui un monde de croyants. J'en oublie les difficultés actuelles au niveau du clergé pour entrer dans la mouvance positive de la vie de l'Eglise en Centrafrique. A Saint Charles, où je demeure, les réunions se succèdent: préparation de la liturgie dominicale, réunion des Foyers Notre-Dame, grand rassemblement de la Confédération du Saint-Esprit, travail avec le groupe des « Vocations»; partout des jeunes, du sérieux, de la vie Dans une ambiance pareille il semble normal d'écouter la Parole et-de tout replacer très naturellement sous le regard de Dieu. Combien ai-je eu de visiteurs qui me promettent de confier au Seigneur la guérison de mes yeux et la pérennité de ma présence parmi eux! Je ne sais comment s'appelle la vieille maman qui est à ma porte depuis un quart d'heure, elle aussi célèbre Dieu, tout simplement, pour la joie de mon retour, et, certainement aussi, dans l'espérance d'un petit bienfait.

Pour terminer cette Etincelle, un dernier sujet s'impose, la bonne année, n'y manquons pas,

Une année, vous le savez, est le parcours de la terre, en une immense ellipse autours du soleil, alors bon voyage, et quelques vœux pour ce long voyage!

D'abord un vœu tout simple : ayez, assez souvent, au jour le jour de ces 366 jours, la ~~ préoccupation de rendre les autres heureux, alors, vous aussi, soyez heureux.

J'ai bien écris 366 et pas 365, car cette année 2012 est bissextile, il y aura 29 jours en Février.

Et un second vœu bien plus large: Noël, Jour-de-l'An, nous accueillons Celui qui se fait homme pour diviniser tous les hommes et donc, chacun de nous. J'ai bien écris, il s'agit de notre divinisation!!! Quel plus, merveilleux cadeau. Nous le fignolons en chacune de nos journées. Un long périple au cours des ans. Que 2012 soit pour chacun une grande avancée en cette rencontre avec Dieu sur un chemin de vérité et de charité.

....et qu'Etincelles se porte bien et lance au loin sa modeste lumière.

Avec beaucoup d'affection

Yves Gautier



Yves Gautier B.P.780 CF Bangui

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De Centrafrique


Groupe Espoir Bangui, le 15 septembre 2011



A mes parents, à mes amis

Mais aussi

« Etincelles 96 »


Bangui, …le Père Gautier,… Etincelles… , souvenirs du passé !

Aujourd'hui, si vous le voulez, ce passé retrouvera ses racines actuelles.

J'ai ouvert mon carnet d'adresses: je dirais plus volontiers', mon carnet de souvenirs et de visage: ainsi, j'espère vous rejoindre



Enfin, me voici de retour à Bangui !

J'ai été retenu près de cinq mois en France par les soins nécessaires pour essayer de garder ma vue à un assez bon niveau. Ces longues semaines furent pour moi l'occasion de rencontrer bien des amis et j'ai été très touché par la délicatesse de leur accueil et toutes leurs prévenances. Certes pour certains nous ne nous sommes jamais perdus de vue, mais, pour quelques autres, cc furent des retrouvailles après, parfois, des dizaines d'années de silence. Ma feuille Etincelles a souvent entretenu les contacts.


Je retrouve à Bangui tous mes documents et ma correspondance des derniers mois aussi que plusieurs réponses à mes appels. Mais surtout je suis heureux de constater que votre effort pour nous aider n’est pas vain. Il y a eu l’achat puis la rénovation de la «  case espoir » qui représentent un effort considérable que vous avez rendu possible. Cette case est un bel instrument au service des malades. Nous espérons y monter un petit laboratoire pour les analyses les plus simples.


L'action essentielle demeure celle des médicaments, les nôtres, ceux qu'on appelle les ARV ou anti-retro-viraux. Ils sont au cœur de nos préoccupations car, nous l'avons déjà écrit, il s'agit d'une question de vie ou de mort. Nous en achetons sur Bangui chaque fois que nous en avons l'occasion, mais ces médicaments sont rares en Centrafrique. Grace à vos dons notre Groupe Espoir n'a pas encore connu de rupture et nous cherchons à trouver en France une Centrale de pharmacie avec laquelle nous pourrions travailler. Pour le moment nous n'avons que très peu de réserve car les ruptures de livraisons des organismes internationaux sont hélas trop fréquentes.


Parlons un peu finances; comme je reviens après une longue absence, notre Sœur infirmière me présente les factures .les plus urgentes et je retrouve sur mon bureau, la facture des ARV, pour un total de 6.300 000 CFA (soit 9.692 euros), et aussi celle des médicaments divers qui elle aussi monte et atteint .3.174.000 Frs CFA (soit 4.838 euros).. N'oublions pas d'ajouter 1.000.000 CFA.(soit 1.500 euros) que j'ai déjà donné la semaine dernière pour une première livraison d' ARV. Au total, nous venons de répondre positivement à l'achat de médicaments pour plus de 10 millions CFA (ou 15.000 euros).


De quoi tenir au moins deux mois! C'est un grand investissement, mais n'oubliez pas que nous suivons plus de 900 malades séropositives! Espérons que les organismes internationaux reprendront au plus vite leur service. Inutile de dire que tout ce que vous pouvez m'envoyer sera le bienvenu.


Une autre bonne nouvelle: le frère Elkana est parmi nous. Il est venu à Bangui pour prononcer son engagement définitif dans notre Congrégation des Spiritains. II est aussi désigné pour prendre la direction du « Groupe Espoir» au début de 2012. Il doit auparavant terminer un cycle d'études supérieures à la Faculté de la Santé à Yaoundé.


Bangui, bientôt « Bangui 2012»! La ville semble de moins en moins entretenue, J'ai remarqué les emplacements de deux grands chantiers en plein centre de la ville, mais sans savoir ce qu'ils nous promettent ; d'ailleurs ces chantiers paraissent inactifs. J'ai l'impression de baigner dans une misère générale, mais avec tout un peuple qui est jeune, qui a l'art de survivre, dans un pays dont l’économie semble à la dérive.


Pour terminer je voudrais évoquer mon groupe de miséreux parmi les plus miséreux; ils viennent les uns après les autres ; ils se réjouissent de mon retour et attendent, bien entendu une petite générosité qui allégera quelques heures la lourdeur de leur existence. Ils seraient. très heureux si je les appelais chacun par leur nom, mais depuis ma lointaine jeunesse j’ai des difficultés avec ce vocabulaire des noms propres et mon grand âge n’a rien arrangé. La plupart me confie à Dieu.


En sept heures d'avion, nous avons changé de continent, mais aussi changé de « continent- spirituel ». Ici, dans la vie courante, l'allusion à Dieu est naturelle. A mon retour combien m'ont assuré de leurs prières pour mon bon rétablissement. Dès le premier Dimanche j'ai retrouvé dans les églises ces assemblées abondantes, serrées, et surtout jeunes. Certes la moyenne d'âge est beaucoup plus jeune à Bangui qu'en Europe. Mais pour le Seigneur, ces .jeunes sont là ils prient et chantent dans les églises.

Et pour terminer il est donc tout normal que j'invoque le Seigneur: qu'il nous donne sa Joie et sa Paix.


,.." En 'toute amitié. ~.


Yves Gautier

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Yves Gautier Maisson Saint Charles BP 798 CF Bangui République Centrafricaine

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De Centrafrique


Depuis 2 mois cette «Etincelles 95» est en attente; je ne m'occupe ni de mener à bien sa conclusion, ni de son impression, ni de son expédition. Je plaide coupable, mais je demande la prise en considération des circonstances atténuantes que sont une grande fatigue et aussi des complications multiples aves mes instruments de bureau.

Aujourd'hui, je suis heureux de vous envoyer enfin cette « Etincelles 95 » Elle vous parviendra avec une feuille jointe qui ressemble à un cri du cœur.

Bangui 5 Mars 2011

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Père Yves Gautier
Groupe Espoir

ETINCELLES N° 95


Décembre 2010

Noël!

Des souhaits, oui, et de bon cœur ! Beaucoup de bonheur et une solide santé; certainement ! Mais, avant tout, cette année, je nous souhaite d'entrer dans le dynamisme des noms de l’Enfant que Marie a mis au monde.

Il est Jésus, «Dieu sauve ». Rien ne peut l'arrêter. Il ne reculera devant aucune difficulté. Il sait le poids du monde où il vient de naître, puisqu'avec l'annonce de ce nom, l'ange précise : « il sauvera son peuple de son péché» ; quelle perspective pour un enfant!

Il est Emmanuel «Dieu avec nous ». Dieu proche, tout proche de tout humain, et donc de moi aussi! Quel Dieu inattendu; j'imaginais un Dieu transcendant, forcément lointain. !. Or il veut être pour moi Dieu intime, vraiment proche!

Voilà de quoi méditer et grandir.

Un secteur très sensible: la rentrée des classes et la scolarisation des enfants.

En œ mois de Décembre, chaque jour, de nombreux enfants viennent me demander ce qui leur est nécessaire pour rester à l'école avec la diversité des cas : des assurances impayées, des scolarités réglées partiellement, manque total de matériel scolaire; certains n'ont encore ni un crayon ni un cahier, et je ne parle pas du rayon vêtement avec, parfois, l'uniforme imposé. En fin de trimestre les autorités scolaires s'inquiètent de tous ces règlements financiers promis mais jamais faits et menacent de renvoyer les mauvais payeurs.

Sœur Octavie évoque l'effort considérable que nous avons fait pour aider les familles à scolariser leurs enfants. Nous avons largement dépassé les limites de l'argent reçu à titre de parrainage, car nous avons aussi aidés d'autres membres de la famille des enfants parrainés. Toujours le même problème: comment isoler le parrainé de ceux qui l'entourent? Et il reste' tant d'enfants qui, par manque de quelques monnaies, ne seront jamais scolarisés. C'est grave.

Les Parrainages en fête.

Nous voulons fêter Noël au niveau du groupe «Parrainage-Espoir ». Nous nous réunirons pour partager quelques friandises, mais surtout, nous retrouver, mieux nous connaître, faire des photos que nous vous enverrons. N'oublions pas Celui qui nous rassemble et d’une façon ou d'une autre, marquons la présence de l'Enfant-Jésus puisque Noël, c'est Lui, Un cantique devant une crèche, où nous pourrions, peut-être, inviter les enfants à improviser eux-mêmes une crèche?


Economie centrafricaine

Il aime se faire appeler« papa gâteau ». Il s'est spécialisé dans la fabrication et la vente de ce qui ressemble à de très compacts «pains au chocolat ». Chaque unité de sa marchandise est enveloppée dans un très léger papier transparent. Je n'ai jamais vu sa table de fabrication, mais je sais qu'il s'est entendu avec un boulanger pour la cuisson d'une cinquantaine de pains par jour. Il a ses points de vente à la porte des écoles et il ajoute quelques clients de mon genre. Pour ma part j'ai un forfait que j'ai voulu en sa faveur: il me livre quatre pains le dimanche que je paye 1.000 Fcfa. Je sais que je dépasse assez sérieusement le tarif qui n'est que de 100 frs l'unité mais je sais aussi que Papa-Gâteau n'a qu'un minuscule bénéfice et que les 50 pains cuits et vendus chaque jour lui permettent à peine de vivre et de continuer ses études. Sa visite hebdomadaire est aussi l'occasion de parler un peu de tout. Il lui faut se battre! Papa-Gâteau, avec persévérance, cherche à tenir la route, il a trouvé ce tout petit job, il s'accroche.. A Bangui, il y a foule de ces tout petits commerces qui permettent la survie.

La poupée de la réconciliation

J'attendais tranquillement que les enfants et leurs accompagnateurs soient arrivés pour notre modeste fête des enfants-parrainés, à l'occasion de Noël et du Jour de l'an. J'étais assis dans un fauteuil bas, à l'entrée de mon bureau, la porte grande ouverte. Soudain, ce fut comme un

éclair: elle a sursauté en me découvrant, son visage se remplit d'effroi, elle poussa un grand ., cri et s'est enfuie au plus vite et au plus loin. C'est l'une des petites invitées, je lui donne sept ou huit ans, et c'est bien la première fois que je me trouve sur sa route !

Très intrigué par l'attitude de cette petite fille que je ne connais pas du tout, je me suis simplement levé; aussitôt, dès qu'elle m'a aperçu sur le pas de la porte, la gamine a poussé à nouveau un grand cri. Quand j'ai quitté mon bureau et que j'ai rejoins le groupe, pour participer à la fête, nouvelle frayeur; elle a quitté précipitamment sa place au milieu des autres enfants pour chercher refuge auprès de l'adulte qui l'accompagne. Malgré les reproches et les paroles d'apaisement du groupe qui ne comprend pas ces frayeurs, elle reste en alarme et garde un œil vigilent dans la direction qui est la mienne.


Et moi, dans mon coin, je ne veux pas gâter la fête, je me remue le moins possible, et je cherche que faire? Soudain, j'ai une idée! Il y a, à portée de ma main, dans un grand sac, un gros paquet avec une dizaine de poupées genre «poupée barbie». Je vais essayer la réconciliation par la poupée. Ces «barbies» en ont déjà séduit bien d'autres! Délicatement, sans me faire remarquer, je m'empare de la poupée encore toute enveloppée de cellophane transparente. Je redresse la poupée dans la direction de ma petite fille. Trois ou quatre fois mes yeux passent de l'enfant à la poupée et de la poupée à l'enfant et son regard change quand elle a réalisé que c'est bien une poupée qui vient vers elle. Puis lentement, lentement je me rapproche et toujours lentement sans un mot je la lui tends. Pas un instant d'hésitation, elle s'en empare et me regarde. Je lui ai réservé un grand sourire. Heureuse, elle dévisage la poupée, elle en prend possession, puis, tenant fortement le jouet, d'elle-même, elle regagne 'résolument sa place au milieu des autres enfants. Il n'y a plus de peur ! Elle est même venue jusqu'à moi acceptant une légère bise sur le front.

Ce simple jouet, une poupée, remue tant de sentiments dans le cœur d'une petite fille !
C'est magique! La poupée de la réconciliation!


P.S. J'ai cherché à comprendre la racine de cette peur-panique.

La même tentative d'explication m'a été proposée par les trois auditeurs de ce texte «mais tu es blanc! » ; On m'assure que cet enfant habite assez loin de Bangui, un quartier où il ne passe aucun blanc.. .Mais alors quelle terrible image a bien pu éveiller en elle la proximité inattendue du « petit blanc » que je suis?

****************************************************************************************** Yves Gautier B.P. 780 CF Bangui République Centrafricaine Email : yvesgautier@hotmail.com

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Supplément à Etincelles 95

A propos d'Etincelle 93

La réponse à mon appel... une vraie déception.


Certes, pour mes réalisations en Centrafrique, j'ai toujours eu recours à votre soutien matériel et financier et j'ai récemment retrouvé avec émotion un bon paquet de lettres reçues au .cours des années; elles étaient souvent accompagnées de quelque versement et j'ai toujours été heureux de votre affection et de votre générosité. Ordinairement je vous tiens au courant de mes nécessités sans formuler des appels.

Mais voila que soudain ici, à Bangui, la situation- se dégrade, nous risquons un vrai drame avec toutes ces mamans malades qui font confiance au Groupe- Espoir. Alors, très exceptionnellement, je vous envoie «Etincelles 93 », un véritable appel.

J'ai envoyé 400 lettres; les dernières enveloppes ont été expédiées il y a plus d’un-mois. J’ai-eu-au total à œ- jour, 24 réponses dont deux n’étaient accompagnées d'aucun versement, mais elles m'ont réchauffé le cœur. !

24 réponses bénies, mais 24 réponses seulement, ça me fait mal!

Je sais combien de sollicitations vous arrivent chaque jour. J'ai cru être un solliciteur pas tout à fait comme les autres. J'ai encore sous mon bureau le paquet des anciennes lettres; ces signatures qui font tout de suite surgir un visage. Tant d'évènements du passé qui soudent encore des liens qui, pour moi, restent actuels. Alors, si peu de réponses, ça me fait mal!

Yves Gautier

A Bangui le 22 Décembre 2010 ****************************************************************


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Décembre 2010
Groupe Espoir
Soixante ans de présence; soixante ans d'histoire.
>Le Samedi 6 Novembre 2010, mes frères spiritains et mes amis ont voulu organiser une fête pour célébrer mes 60 années de présence en ce pays qui maintenant s'appelle la République Centrafricaine. Ils me donnaient ainsi l'occasion d'évoquer ces longues années.de vie. J'ai parlé, au cours de la messe célébrée pour cette occasion, de l'appel qui m'a conduit jusqu'à devenir Père Spiritain et missionnaire en Centrafrique, et j'ai parlé aussi des grandes heures de l'implantation de l'Eglise pendant toutes ces années. Ce fut assez long, je n'ai pas voulu alourdir la cérémonie par la lecture de la page sur la naissance du pays. Cette page, elle était préparée, la voici:
Je ne suis pas historien, mais je réfléchis sur ma propre histoire, moi, qui au cours de ces 60 années, ai suivi au jour le jour la succession des évènements en ce pays de Centrafrique, cherchant à en saisir surtout les aspects positifs et les courants dominants.
Je vais commencer par évoquer, si non au jour le jour, du moins années après années, quelques uns des principaux évènements qui depuis 1950 ont marqué le pays. Ils sont, chacun, chargés d'histoire et d'une profonde signification, mais ici, je me contente de les énumérer.

Un peu en vrac, nous citons : les « 14 Juillet » et les derniers Gouverneurs, la présentation du drapeau et la proclamation qui fonde la nouvelle République Centrafricaine  : la mort du Président Boganda, la proclamation de l’indépendance ;la suite des différents présidents et les espoirs que, parfois, ils soulevaient ; l'accueil chaleureux d'un Président Français ;. mention aussi de l'Empire et de ces folles années ; sans oublier les coups d'état et les mutineries, mais aussi, pendant des années, les espoirs et les efforts du monde paysan pour la culture du coton et celle du café avec les coopératives et l'O.R.D. Il y aurait tant d'autres faits intéressants qui auraient mérité d'être cités

de trouver quelques lignes directrices à cette histoire En 1950 l 'Oubangui-Chari formait avec trois autres territoires, le Tchad, le Gabon et le Congo, la , colonie de l'Afrique Equatoriale Française. Certes on avait respecté .l'encadrement des chefs traditionnels dans les quartiers et les villages, mais on ne leur laissait que des pouvoirs très limités, Les vraies instances d'autorité, à tous les niveaux, et plus encore toutes les institutions financières étaient dans les mains des Français, habituellement on parlait des« blancs > ». Nous abordons ainsi l'une des grandes questions de cette époque: la place de l'homme noir dans ce pays organisé par les blancs. Nous abordons aussi la question plus large de l'ouverture de la jeune Centrafrique au vaste monde, > La culture traditionnelle était une culture très localisée, et dans l'espace et dans le temps. L'arrivée des blancs va tout changer, car derrière ces hommes venus de France il y a un monde immense avec une variété et une richesse de cultures difficiles à cerner. Au cours des siècles ces peuples ont été parfois unis et parfois antagonistes jusqu'à s'affronter dans des guerres terribles. Nous entrons dans l'histoire du monde, un monde immense dont cette petite contrée de l'Afrique centrale était restée éloignée. Avec cette poignée de colons débarquant et voulant imposer leur propre culture, une culture qui met en avant l'argent et la maîtrise des forces de la matière, c'est le monde entier qui frappe à la porte des contrées d'Afrique Centrale. . Nous sommes bien en face de développements culturels inégaux et avec des données si complexes que l'affrontement est inévitable quand le monde noir se mesure au monde blanc ; en Centrafrique aussi il y eut des affrontements. En ces régions où l'importance des ethnies est si marquée, et le reste toujours, une petite élite réclame soudain la naissance d'une Nation » et elle demande aussi laquo; >l'Indépendance » sans tarder. Sur le plan administratif la chose est relativement facile. En simplifiant, si les partis, souvent après de longs débats, décident de signer l'accord, on signe et l'affaire est conclue. Mais pour la majorité des citoyens, passer du statut de colonisé à celui de citoyen libre est un long travail d'information, de prise de conscience et de patience. Il s'agit ni plus ni moins de la marche vers la maturité de tout un peuple. Cette marche doit s'effectuer dans le respect de chacun, une véritable reconnaissance des personnes, leur plus grande autonomie. On appelait ce lent effort d'adaptation « l'évolution ». A quelques dizaines de mètres de cette Cathédrale, vous trouverez les vestiges de ce qui fut un premier essai d'urbanisme amélioré pour les familles de ceux qui étaient prises dans ce mouvement. Cet ancien carré de cases .s I>'appelle laquo; I>le camp des Evolués ». Le plus important reste souvent pour la finale, or je dois encore évoquer le monde des esprits. Nous avons conscience de l'importance de la place qu'il occupe; il I>est comme une présence permanente, aussi réelle que l'air que l'on respire, avec des capacités d'action étonnantes. Ce monde des esprits est globalement rejeté par l'Eglise car orienté, trop souvent, vers des pratiques négatives et habité par la peur. Mais pourtant, n'est ce pas un monde qui ouvre au spirituel! N’y a-t-il pas là, place à une large conversion? »
Nous en venons à parler de l'Eglise en Centrafrique, à évoquer ses Grandes Heures sur 60 ans, et ce fut la matière du sermon de cette messe anniversaire. BR>
La Caritas du Diocèse de Bangui change de responsable
>L'Abbé Elysée Guedjande vient d'être nommé responsable de la Caritas du diocèse de Bangui. Il remplace l'Abbé Nicaise Kopedo. Je suis toujours son conseiller à la Caritas, et je reste chargé du Groupe Espoir. Il y a beaucoup à faire dans la Caritas Diocésaine et l'Abbé Elysée saura certainement organiser une action très efficace dans tous les domaines où on attend un secours en faveur des nécessiteux..

B>Diffusion de notre feuille :« Etincelles »
Avez-vous bien reçu les Numéros 91 92 et 93 ? Nous sommes tout disposés à vous les envoyer si vous n'avez rien reçu. Par ailleurs il reste des exemplaires disponibles de tous les numéros et si vous le désirez, nous pouvons vous aider à compléter votre collection. >En route pour Mobaye Christine se tient près du fauteuil à coté de ma porte, tous les matins, depuis trois jours, Le billet bleu de 1.000 Fcfa, que je lui donne, ne la satisfait visiblement pas. Enfin ce matin je l'écoute ; je dois lui payer le voyage sur Mobaye ville située à environ 900 kilomètres de Bangui. Or, rien de plus risqué que de donner pour un voyage. Cela exige une somme qui dépasse les petits dons au jour le jour et trois fois sur quatre, le bénéficiaire bouffe l'argent et reste à Bangui.
Ma cliente semble tellement fragile et assurée que je lui demande de préciser combien elle attend pour payer le voyage. Elle me demande 15.000 Fcfa. C'est beaucoup et j'objecte que cela me paraît cher pour un voyage Bangui-Mobaye. Alors, Christine se lance dans une longue explication: elle n'est pas seule, elle part avec tous ses enfants et elle en a sept. (j'espère qu'ils ne sont pas tous du voyage !) Elle a négocié longuement pour obtenir ce prix de faveur. Interloqué par le nombre de passagers, je reprends ma respiration et, sans rien dire, je lui tends les trois billets verts de chacun 5.000 frs, ces billets tant attendus. Christine parait tout interdite devant la somme qu'elle a dans sa main. Avant de partir elle se retourne vers moi, et tient à me dire qu'elle prie pour que je ne sois pas oublié par le Seigneur.

Ces lignes ne sont pas une histoire montée, c'est l'actualité la plus proche, Christine était encore devant moi il y a deux heures, La famille devrait prendre la route demain matin... .Je n'ose encore affirmer qu’ils seront bien à Mobaye dans les jours suivants? ? ?

Malgré tout, parfois, j'essaye. Et si, aujourd'hui, j'avais gagné!
Y. Gautier

Y.G.



Retour de Guinée


En octobre dernier, j'ai passé une quinzaine de jours à Conakry, du l" au 15. L'archevêque, Mgr Coulibaly, m'avait demande de participer à Ia session d'ouverture de 1'année pastorale : deux jours de reprise spirituelle à précher pour sés prêtres, puís deuxjours de session sur lês archives (qui sont trop souvent négligées en Afrique). Je suÍs resté avec eux jusqu'à Ia fín de Ia semaine, heureux de retrouver quelques (rares) anciens, heureux de faire connaissance avec Ia jeune génération. Tout ceei se passait à Conakry. Le dimanche suivant, le maître des novíces spiritaíns m'a emmené avec lui à Boffa, première mission de Guinée, où a été bati le novíciat. Je devais >leur >parler de 1'histoire de Ia congrégation, de 1'histoire aussi de 1'évangélisatíon en Afrique de Í'0uest ( Sé négal, Guinée, Guinée-Bissau, Mauritanie): en tout, dix heures de cours aux novices. Au retour, le mercredi suivant, je me suis arrêté à Sonfonia, un nouveau quartíer de Conakry mais à 25-30 km du centre (Ia villc s'étend maintenant sans interruptíon jusqu'à 40 km, sur Ia presqu'ile, et atteint les contreforts du Fouta Djalon, aux pieds du Kakoulima -1005 mètres). Le curéde cette nouvelle paroisse, 1'abbé Corréa, est venu souvent aux archives pendant son sejour en France, quand il préparait son premier mémoirc. Il a une egiise moderne de 800 à 1000 places, malhcurcusement inachevée (pas de crépissage extérieur, pas de plafond - quel bruit terriblc quand il pleut sur les tôles !) et pás de presbytère. J'ai díné avec lui dans une famille chrétienne de militaires. Le chauffeur de Ia famille m'a reconduit ensuite à Ia villa de 1'archevêque où je logeais. Mais quelle circulation, de nuit comme de jour ! J'étais heureux de n'avoir pas à conduire. Deux matinées passées aux archives díocésaines m'ont permis ensuite de commencer un classement adapté, avec lê futur archiviste du diocèse. Et lê vendredi soir, 15 octobre, je reprenais 1'avion pour Paris.

L'atmosphère, en Guinée, était apparemment calme. On sentait tout de même une grande tension dans 1'attente du deuxième tour des électíons toujours à nouveau retardé. Pendant Ia session, Mgr Coulibaly a été appelé, en même temps que 1'Imam principal de Conakry, auprès du général Konaté, le Président de transition : celui-ci leur demandait d"intervenir auprès des deux candídats restés en lice pour qu'ils s'accordent sur une date des élections. Ce qui a été fait. Les « Religieux » ont eu un grand role à jouer pour que Ia paíx soit sauvegardée. L'un des deux candidats, Cellou Diallo, est Peul. Les membres de cette ethnie, Ia pius forte de Guinée, disaíent: c'est notre tour de gouverner après un malinké (Sekou Touré) et un sousou (Lansana Conte).] Ils étaient prêts à utiliser les armes. Les deux candidats ont accepté d'inviter leurs partisans à rester tranquilles et à respecter le verdict des umes. Des appels ont été lancés à Ia Radio, à la T.V. Des neuvaines de prières ont été dites dans les quartiers. Les élections ont eu lieu le 7 novembre. Contrairement au premier tour. c'est le Malinké Alpha Conde qui l'a emporté (52,52 % des voix contre 47.48 à Cellou Diallo). QueJques troubles ont éclaté à 1'annonce de cêerésultat. Un couvre-feu a aussitôt été établi. Et toutes les autorités ont repris leurs démarches pour que Ia population reste calme. La proclamation de Ia Commission Electorale Indépendante (dirigée par un ancien général malien, neutre donc) a été approuvée par Ia Cour Suprême. Cellou Diallo, alors, a accepté le verdíct et le travail a repris tranquillement à Conakry. On attend maintenant de voir quel gouvernement Alpha Conde va présenter, puisqu'il a parlé de gouvemement d'union nationale. Finalement, c'est bien qu'il ait été élu, il a toujours été dans 1'opposition par rapport à Sékou Touré comme par rapport à Lansana Conte, il a même connu Ia prison pour ses prises de position. A 72 ans, ce sera sans doute son seul mandait II serait grand temps qu'il sorte Ia Guinée de 52 ans de dictature et de magouilles. La Côte d'Ivoire, elle, n'a pas eu celte chance...
extrait d'un courrier de Gérard Vieira, déc 2010






Groupe Espoir                                                                                                                         N° 93 Octobre et Novembre 2010

Etincelles », et aussi, « A mes parents et à mes amis » . ..

Je viens de tirer la feuille avec les noms de tous ceux, parents et amis, que j'ai rencontrés pendant mes six semaines de séjour en France. Un sentiment domine, la joie de ces courtes retrouvailles. Et certaines sont un peu exceptionnelles, on ne s'était pas revu depuis une cinquantaine d’années. Très gentiment beaucoup se préoccupent de ma santé et plus précisément de l'état de mes yeux atteints d'un mal assez courant à mon âge, la dégénérescence maculaire qui se présente chez moi sous une forme où, pour le moment, il n'y a pratiquement aucun traitement. J'espère que mes yeux tiendront. Et je garde la lumière de ces accueils et de toute cette amitié.

Heureux de retrouver Bangui et l'Eglise à Bangui, bien que cette Eglise soit encore en pleine crise.

Elle est celle où depuis soixante ans j'annonce l'amour de Dieu pour chacun de nous, cet amour manifesté dans le Christ. Elle est celle où nos efforts se conjuguent pour reconnaître à chacun plus de dignité, les baptisés ne partagent-ils pas déjà la vie de Dieu! Cette Eglise est aussi celle où, depuis mon arrivée en Centrafrique en 1950, nous cherchons à aider chacun à trouver et à suivre l'un des multiples projets pour arracher sa vie à la pauvreté. Elle est, cette Eglise, celle qui nous appelle à vivre au jour le jour la vraie fraternité entre les hommes, et cela, malgré leur immense diversité, vivre cette fraternité universelle que le Seigneur est venu nous annoncer.

N'est-ce pas là quelques chemins bien orientés de la mission et de celui qui se dit « missionnaire ». .

Cette Etincelles est particulière, exceptionnelle; elle est un appel ponctuel, bien ciblé. J'espère beaucoup votre participation. Je vous explique au moins le principal de notre action contre le Sida et la vie du « Groupe Espoir ».

Ce Groupe Espoir est un grand rassemblement de femmes, la plus part des Mamans, atteintes par la maladie du Sida. Elles sont plusieurs centaines, presque un millier, à venir régulièrement à notre maison, le Centre- Espoir au quartier Bas-Congo, ou aux dispensaires satellites, où les médecins et Sœur Irène, notre infirmière, les attendent. Les réunions ne sont ni tristes, ni monotones; les nouvelles en sont étonnées car elles se savent toutes porteuses de ce virus du sida capable de les conduire à la mort. Ici, on prétend gagner, on veut permettre à chacune de retrouver malgré sa maladie l'assurance de la vie, d'une vie normale, et pour les mamans, la joie de voir grandir leurs enfants.

Leurs visites régulières sont l'occasion pour chacune de recevoir sa dose mensuelle de médicament, ceux qu'on appelle les Anti-Retro-Viraux,(les A.R. V.), les précieux médicaments traitement spécifique du Sida. En général ces médicaments sont très efficaces. Ils ne guérissent pas et les patientes restent contagieuses, mais ils freinent l'évolution de la maladie et permettent à ceux qui les prennent de retrouver une vie tout à fait normale. On nous en propose souvent des nouveaux car les chercheurs découvrent des « molécules » plus actives que les précédentes, mais aussi plus couteuses

Le Laboratoire est pour nous une étape indispensable; le plus souvent, nous nous tournons vers l'Institut Pasteur de Bangui. Il y décèle la maladie et avertit le malade qui est devenu séropositif L'analyse du sang permet aussi de connaître le degré d'évolution de la maladie. Il s'exprime parce que les techniciens appellent le niveau du « CD4 ».

Sans nous perdre dans les précisions techniques, nous savons qu'à un certain stade de la maladie, il n'y a qu'une alternative, les ARV pris régulièrement où la mort. Et la prise de ces médicaments doit être régulière, dès que l'on arrête cette prise régulière, les malades retombent rapidement dans de graves troubles et même, pour certains, vers une issue fatale.

 

J'ai eu un choc, ce matin. Sœur Irène me parlait de son travail et de ses soucis pendant mon absence. Elle me raconte surtout ses insomnies car elle a risqué de manquer de ces fameux ARV les Anti Retro Viraux et la situation reste encore très tendue. Ce n'est pas la première fois qu'une telle éventualité de rupture dans la fourniture des ARV survient, et si elle se prolongeait, nous n'osons en augurer les conséquences! Ces perspectives me font mal.

Depuis des années le Fonds Mondial nous fournit gratuitement tous les ARV, il règle aussi tous les frais de laboratoire. Tout cela est considérable, et nous en sommes très reconnaissants, mais pour de multiples causes et raisons, il ne peut nous garantir la permanence et la régularité de la livraison des ARV. Or c'est une question primordiale et ces périodes de tension, ces risques de ruptures dans la livraison des médicaments nous plongent dans l'anxiété tellement l’enjeu est grand. D'où l'idée de constituer une réserve d'ARV de deux ou trois mois, petit stock en réserve qui nous mette presque à l'abri de tous ces aléas. C'est la justification de l'orientation de cette« Etincelles» car pour réaliser ce stock il nous faut beaucoup d'argent.

En ce moment la boite de triomune, le médicament de base parmi les ARV, nous coûte 16.000 Frs (francs CFA) à Bangui soit 24 euros ; c'est une dose mensuelle et actuellement nous en consommons mille par mois! Nous espérons la trouver, cette boite, bien moins couteuse en nous adressant directement aux Laboratoires et aux grands organismes. Je n'ose évoquer les molécules les plus onéreuses qui sont pourtant de plus en plus nécessaires pour certains malades ; nous devrons aussi nous en procurer. Je ne puis vous faire un projet très détaillé.

Si vous êtes très généreux nous chercherons à agrandir notre rayon d'action car à coté du groupe-Espoir, à Bangui et en province, il y a encore tant de malades qui restent sans secours:

Un grand merci au nom de toutes. Avec beaucoup d'affection.

J'expédie cette Etincelles à tous mes amis, ceux que j'ai rencontrés il y a peu, comme à ceux qui semblent «perdus de vue ».' Vous pouvez être étonnés de recevoir ce courrier après des années de silence, mais, savez- vous qu'il reste en moi comme des fibres sensibles que les années n'effacent pas et qui vibrent quand je pense à vous.
Y ves Gautier: B.P. 780 CF Bangui Email : yvesgautier@hotmail.com

Téléphones: portable (236) 75 04 10 60 Maison Saint Charles; 236 2



RCA: ETINCELLES 92

Des nouvelles du Groupe Espoir
Nous avons surmonté, au moins pour un moment, la crise de pénurie de médicaments. Une situation tragique, car, pour les malades, la pénurie d'ARV amènerait la reprise active de la maladie, elle conduit à la mort ! La permanence et la régularité du traitement sont essentielles à sa réussite. Une rupture momentanée de la prise des médicaments provoque de graves troubles qui demandent un suivi médical sérieux et délicat pour permettre au malade de retrouver l'équilibre. Remercions Sœur Irène qui a tout fait pour que chacune ait à temps ces fameux antirétroviraux. Vous le savez, actuellement aucun traitement ne guérit du sida, mais les antirétroviraux permettent de vivre et d'avoir une vie tout à fait normale Nous envisageons la mise en place dans notre maison espoir du quartier Bas kongo d'un petit laboratoire médical. Mais pour une pareille installation il faut tenir compte de bien des facteurs : les instruments pour les analyses, à commencer par un microscope électronique, puis toute une gamme de produits et, surtout, un minimum de personnel.

Une photo.
J'ai sous les yeux une grande et belle photo de groupe, mais celle-ci est très particulière car c'est la-photo d'une partie du groupe espoir et, à part deux ou trois personnes amis de passage au site du groupe, ce sont toutes des malades séropositives. Certaines de ces mamans, à leur arrivée au groupe, étaient dans un état lamentable et se voyaient déjà mourantes; elles sont maintenant transformées, redevenues souriantes et croyant à la vie pour elles-mêmes et leur famille.

Et des « flashes » que nous diffusons.
J'ai dans mes cartons toute une série de petites histoires réunies sous le nom de « flashes». Beaucoup n'ont jamais été publiées. Ecrites parfois depuis des années, beaucoup ne vieillissent pas et gardent habituellement toute leur tonalité locale. En voici deux :
« Nana »
En ces jours où notre pays de Centrafrique est à nouveau bouleversé par de dangereux groupes révoltés, l'histoire de « Nana » reste d'actualité même si le pays et les groupes antagonistes ont changé. Cette jeune femme, Nana, est un bon témoin de la grande souffrance de tous les réfugiés.
« Chimène »
Son terrible isolement et sa mort dramatique, l'une des malades que le groupe espoir n'a pas pu sauver. Elle est bien la sœur tragique de toutes ces Mamans qui veulent vivre et qui vivent.

Depuis des années il vient me voir, il arrive à l'instant le plus inattendu, et parfois au plus mauvais moment. Bertrand, très jeune, a voyagé avec son père, qui est mort depuis longtemps, mais ce contact avec l'Europe a laissé des traces, il en rêve; d'ailleurs plusieurs de ses frères sont installés en France. Quant à lui, il n'a pas réussi à quitter Bangui, où il se bat pour survivre. Il m'a parfois raconté des tas d'histoires, plus ou moins vraies, pour essayer de me tirer quelque argent. Il y eut dans sa maison une première femme, un premier enfant, puis il y eut Chimène, une autre Maman. Il y a un peu plus de deux ans, elle lui a donné son second fils.
Il y a quinze jours Bertrand venait, tout heureux, m’annoncer qu’il partait en Province avec femme, enfants et quelques bagages, comme compagnon d'un ami menuisier qui lui offrait logement et 25.000 francs par mois. C'était comme un faible rayon de soleil au moment où tout allait au plus mal avec ses logeurs du quartier à Bangui. Mais, aujourd'hui, trop peu de temps après sa précédente visite, le voici à nouveau et le ton est complètement différent, il me lance, tout de go, « ma vie est en train de s'écrouler » Comment? Etincelle 92 « Oui Chimène, ma femme, a bu de la soude caustique, et elle vient de se tuer ». Je reste quelque peu abasourdi, et lentement, Bertrand m'explique : Chimène se savait séropositive. Quand elle a vu mourir du Sida celui qui l'avait fréquentée et contaminée, elle ne l'a pas supporté; Elle a bu la soude caustique, elle s'est suicidée. Mort particulièrement difficile à accepter, ça fait mal. Lentement avec Bertrand, nous évoquons Chimène. Elle avait vingt-quatre ans... Elle était baptisée, mais ne fréquentait plus les messes dominicales, par contre elle faisait partie d'un groupe de prières elle communiquait très peu, elle ne lui a pas dit un mot de son projet.. .. Quel drame a pu se jouer au plus intime de sa tête et de son cœur ? Quel terrible gâchis. Je suis consterné et, je puis dire, habité d'une certaine colère; elle n'a trouvé personne pour lui dire qu'on peut vivre normalement tout en étant séropositive. Mais elle-même n'a rien dit, aucune main n'a pu se tendre pour la sauver, aucune parole réconfortante et fraternelle n'a pu la détourner de son effroyable décision. Sous ce choc, j'ai été envahi par la pensée, et comme par la présence, de toutes les malades du « Groupe Espoir» ; Chimène n'est-elle pas la sœur tragique de toutes ces mamans, sa mort semble mettre brutalement en relief ce que ce groupe a de dramatique et de merveilleux. De dramatique, car comment évaluer ce qui se passe au cœur de toutes ses femmes, ce qu'elles peuvent ressentir lorsqu'elles se reconnaissent séropositives, et qu'elles se trouvent soudain situées dans l'ombre de la mort, avec l'angoisse de l'abandon des enfants.
Et disons-le aussi, merveilleux, car, pour la très grande majorité d'entre elles, voila que grâce au traitement et soutenues par l'ensemble du groupe, elles peuvent en vérité se tourner à nouveau vers l'avenir et vers la vie.
Chimène n’est pas entrée dans ce courant très terrestre de salut, mais son désespoir a certainement rencontré l’immense miséricorde du Seigneur Y.G.

Nana
Elle est là, derrière la grande grille qui ferme la petite véranda de mon logement. Elle a un bébé dans les bras, les boucles d'oreilles précisent que ce bébé est une petite fille, un an, dix huit mois ? Elle se replie sur sa Maman devant le danger, du moins l'étrangeté que je représente, je suis un blanc. La petite a sur la tête une « casquette américaine, », elle est magnifique, elle est marrante. Je connais certainement cette jeune maman, mais je n'arrive pas à l'identifier. Les précautions avec lesquelles elle se présente font brusquement revivre tout un passé, pas très lointain. Nana et son époux, Papy, sont des réfugiés du Zaïre. Ils venaient implorer secours tous les jours, demandant n'importe quoi, inventant n'importe quoi, semblant jouer avec nos moyens limités et notre pauvre bonne volonté. Jusqu'au jour où tout a cassé; « je ne veux plus vous voir, je ne vous donnerai jamais plus rien » Ils l'avaient cherché. Je n'étais pas le seul à mal les supporter, car le jour où j'ai évoqué ce couple devant mon équipe, tous unanimes se sont récriés: « Papy, celui-là, il n'est pas possible... ! »
Mais, aujourd'hui, Nana est toute petite, elle disparaît presque devant son enfant, il n'y a plus aucune recherche dans sa mise, elle est triste. Je vais chercher deux gros biscuits, l'un pour l'enfant, l’autre pour la Maman qui le range posément dans son sac. Elle me présente deux papiers, vite parcourus, la lettre de leur logeur annonçant que, faute de prompt règlement du loyer, il allait les mettre dehors, et leur lettre à eux, signée Nana Kanga et Papy Samba. En des phrases de style redondant et conventionnel, je deviens, devant Dieu et devant les hommes, leur ultime secours. Evidemment le ciel s'écroule si je ne donne pas immédiatement les 10.000 Frs (soit 15 euros) montant des règlements les plus urgents. J'ai renoué le dialogue, et j'ai même la faiblesse de rappeler à Nana mes grandes résolutions passées et l'incapacité presque physique, dans laquelle je reste, de recevoir son mari, Papy. Oui, je vais lui donner quelque chose, mais, qu'elle le sache, mon intervention d'aujourd'hui est exceptionnelle. En donnant directement je passe outre aux règles de mon équipe et de tout le processus d'intervention que j'ai moi-même pesé et laborieusement mis en place. Nana m'écoute sagement, il n'y a que le résultat qui compte. Je lui ai remis une enveloppe. Elle ne l'a pas ouverte. Elle l'a rangée dans son sac, à coté du biscuit. Elle me dit deux fois merci avec, dans les yeux, une petite lueur de confiance, puis elle a réajusté l'enfant sur ses reins. Elle repart, mission accomplie, elle va rejoindre Papy et le logeur intraitable. Aujourd'hui, jour de chance, elle va résoudre quelques problèmes.et payer son loyer. Nana le sait trop maintenant, ce n'est pas drôle de n'être qu'un réfugié, Elle semble devenue fragile, il ne faut pas la casser.


Etincelles »,. email : yvesgautier@hotmail.com Yves Gautier Maison St Charles: BP 780 CF Bangui. Tel; (236) 21 61.00 02 portable: (236) 7504 1060: CCP: Gautier Yves: la Source Des nouvelles du Groupe Espoir
Nous avons surmonté, au moins pour un moment, la crise de pénurie de médicaments. Une situation tragique, car, pour les malades, la pénurie d'ARV amènerait la reprise active de la maladie, elle conduit à la mort ! La permanence et la régularité du traitement sont essentielles à sa réussite. Une rupture momentanée de la prise des médicaments provoque de graves troubles qui demandent un suivi médical sérieux et délicat pour permettre au malade de retrouver l'équilibre. Remercions Sœur Irène qui a tout fait pour que chacune ait à temps ces fameux antirétroviraux. Vous le savez, actuellement aucun traitement ne guérit du sida, mais les antirétroviraux permettent de vivre et d'avoir une vie tout à fait normale Nous envisageons la mise en place dans notre maison espoir du quartier Bas kongo d'un petit laboratoire médical. Mais pour une pareille installation il faut tenir compte de bien des facteurs : les instruments pour les analyses, à commencer par un microscope électronique, puis toute une gamme de produits et, surtout, un minimum de personnel.

Une photo.
J'ai sous les yeux une grande et belle photo de groupe, mais celle-ci est très particulière car c'est la-photo d'une partie du groupe espoir et, à part deux ou trois personnes amis de passage au site du groupe, ce sont toutes des malades séropositives. Certaines de ces mamans, à leur arrivée au groupe, étaient dans un état lamentable et se voyaient déjà mourantes; elles sont maintenant transformées, redevenues souriantes et croyant à la vie pour elles-mêmes et leur famille.

Et des « flashes » que nous diffusons.
J'ai dans mes cartons toute une série de petites histoires réunies sous le nom de « flashes». Beaucoup n'ont jamais été publiées. Ecrites parfois depuis des années, beaucoup ne vieillissent pas et gardent habituellement toute leur tonalité locale. En voici deux :
« Nana »
En ces jours où notre pays de Centrafrique est à nouveau bouleversé par de dangereux groupes révoltés, l'histoire de « Nana » reste d'actualité même si le pays et les groupes antagonistes ont changé. Cette jeune femme, Nana, est un bon témoin de la grande souffrance de tous les réfugiés.
« Chimène »
Son terrible isolement et sa mort dramatique, l'une des malades que le groupe espoir n'a pas pu sauver. Elle est bien la sœur tragique de toutes ces Mamans qui veulent vivre et qui vivent.

Depuis des années il vient me voir, il arrive à l'instant le plus inattendu, et parfois au plus mauvais moment. Bertrand, très jeune, a voyagé avec son père, qui est mort depuis longtemps, mais ce contact avec l'Europe a laissé des traces, il en rêve; d'ailleurs plusieurs de ses frères sont installés en France. Quant à lui, il n'a pas réussi à quitter Bangui, où il se bat pour survivre. Il m'a parfois raconté des tas d'histoires, plus ou moins vraies, pour essayer de me tirer quelque argent. Il y eut dans sa maison une première femme, un premier enfant, puis il y eut Chimène, une autre Maman. Il y a un peu plus de deux ans, elle lui a donné son second fils.
Il y a quinze jours Bertrand venait, tout heureux, m’annoncer qu’il partait en Province avec femme, enfants et quelques bagages, comme compagnon d'un ami menuisier qui lui offrait logement et 25.000 francs par mois. C'était comme un faible rayon de soleil au moment où tout allait au plus mal avec ses logeurs du quartier à Bangui. Mais, aujourd'hui, trop peu de temps après sa précédente visite, le voici à nouveau et le ton est complètement différent, il me lance, tout de go, « ma vie est en train de s'écrouler » Comment? Etincelle 92 « Oui Chimène, ma femme, a bu de la soude caustique, et elle vient de se tuer ». Je reste quelque peu abasourdi, et lentement, Bertrand m'explique : Chimène se savait séropositive. Quand elle a vu mourir du Sida celui qui l'avait fréquentée et contaminée, elle ne l'a pas supporté; Elle a bu la soude caustique, elle s'est suicidée. Mort particulièrement difficile à accepter, ça fait mal. Lentement avec Bertrand, nous évoquons Chimène. Elle avait vingt-quatre ans... Elle était baptisée, mais ne fréquentait plus les messes dominicales, par contre elle faisait partie d'un groupe de prières elle communiquait très peu, elle ne lui a pas dit un mot de son projet.. .. Quel drame a pu se jouer au plus intime de sa tête et de son cœur ? Quel terrible gâchis. Je suis consterné et, je puis dire, habité d'une certaine colère; elle n'a trouvé personne pour lui dire qu'on peut vivre normalement tout en étant séropositive. Mais elle-même n'a rien dit, aucune main n'a pu se tendre pour la sauver, aucune parole réconfortante et fraternelle n'a pu la détourner de son effroyable décision. Sous ce choc, j'ai été envahi par la pensée, et comme par la présence, de toutes les malades du « Groupe Espoir» ; Chimène n'est-elle pas la sœur tragique de toutes ces mamans, sa mort semble mettre brutalement en relief ce que ce groupe a de dramatique et de merveilleux. De dramatique, car comment évaluer ce qui se passe au cœur de toutes ses femmes, ce qu'elles peuvent ressentir lorsqu'elles se reconnaissent séropositives, et qu'elles se trouvent soudain situées dans l'ombre de la mort, avec l'angoisse de l'abandon des enfants.
Et disons-le aussi, merveilleux, car, pour la très grande majorité d'entre elles, voila que grâce au traitement et soutenues par l'ensemble du groupe, elles peuvent en vérité se tourner à nouveau vers l'avenir et vers la vie.
Chimène n’est pas entrée dans ce courant très terrestre de salut, mais son désespoir a certainement rencontré l’immense miséricorde du Seigneur Y.G.

Nana
Elle est là, derrière la grande grille qui ferme la petite véranda de mon logement. Elle a un bébé dans les bras, les boucles d'oreilles précisent que ce bébé est une petite fille, un an, dix huit mois ? Elle se replie sur sa Maman devant le danger, du moins l'étrangeté que je représente, je suis un blanc. La petite a sur la tête une « casquette américaine, », elle est magnifique, elle est marrante. Je connais certainement cette jeune maman, mais je n'arrive pas à l'identifier. Les précautions avec lesquelles elle se présente font brusquement revivre tout un passé, pas très lointain. Nana et son époux, Papy, sont des réfugiés du Zaïre. Ils venaient implorer secours tous les jours, demandant n'importe quoi, inventant n'importe quoi, semblant jouer avec nos moyens limités et notre pauvre bonne volonté. Jusqu'au jour où tout a cassé; « je ne veux plus vous voir, je ne vous donnerai jamais plus rien » Ils l'avaient cherché. Je n'étais pas le seul à mal les supporter, car le jour où j'ai évoqué ce couple devant mon équipe, tous unanimes se sont récriés: « Papy, celui-là, il n'est pas possible... ! »
Mais, aujourd'hui, Nana est toute petite, elle disparaît presque devant son enfant, il n'y a plus aucune recherche dans sa mise, elle est triste. Je vais chercher deux gros biscuits, l'un pour l'enfant, l’autre pour la Maman qui le range posément dans son sac. Elle me présente deux papiers, vite parcourus, la lettre de leur logeur annonçant que, faute de prompt règlement du loyer, il allait les mettre dehors, et leur lettre à eux, signée Nana Kanga et Papy Samba. En des phrases de style redondant et conventionnel, je deviens, devant Dieu et devant les hommes, leur ultime secours. Evidemment le ciel s'écroule si je ne donne pas immédiatement les 10.000 Frs (soit 15 euros) montant des règlements les plus urgents. J'ai renoué le dialogue, et j'ai même la faiblesse de rappeler à Nana mes grandes résolutions passées et l'incapacité presque physique, dans laquelle je reste, de recevoir son mari, Papy. Oui, je vais lui donner quelque chose, mais, qu'elle le sache, mon intervention d'aujourd'hui est exceptionnelle. En donnant directement je passe outre aux règles de mon équipe et de tout le processus d'intervention que j'ai moi-même pesé et laborieusement mis en place. Nana m'écoute sagement, il n'y a que le résultat qui compte. Je lui ai remis une enveloppe. Elle ne l'a pas ouverte. Elle l'a rangée dans son sac, à coté du biscuit. Elle me dit deux fois merci avec, dans les yeux, une petite lueur de confiance, puis elle a réajusté l'enfant sur ses reins. Elle repart, mission accomplie, elle va rejoindre Papy et le logeur intraitable. Aujourd'hui, jour de chance, elle va résoudre quelques problèmes.et payer son loyer. Nana le sait trop maintenant, ce n'est pas drôle de n'être qu'un réfugié, Elle semble devenue fragile, il ne faut pas la casser.


Etincelles »,. email : yvesgautier@hotmail.com Yves Gautier Maison St Charles: BP 780 CF Bangui. Tel; (236) 21 61.00 02 portable: (236) 7504 1060: CCP: Gautier Yves: la Source Etablissement 20041 Guichet 01012 N° du compte: 39 384 27 P 033 clé Rip 65






La préfecture Apostolique de la Likouala a été créée en fin 2000, en division du diocèse de Ouesso qui couvrait 120.000 Km². Il y avait alors, en 2001, cinq Spiritains : deux Français, le Père Corentin Le Soliec et le Frère Marcel Pelhate, un Père Nigérian, un Congolais et moi-même. Il y avait également deux prêtres Fidei Donum congolais.
Aujourd’hui, après dix ans, toute cette équipe a été renouvelée. Il n’y a plus que trois prêtres spiritains : le Père Lucien Favre (Suisse), le Père Antonio Luis Matias (Angola) et Hervé Moutaleno (Congo) et nous espérons pour l’an prochain un jeune père Nigerian. Nous avons eu depuis trois ans une ordination par an pour le clergé diocésain : un natif de la Likouala, les deux autres natifs du Rwanda arrivés avec les réfugiés de 1997. Il faut ajouter 8 prêtres Fidei Donum : deux Congolais, et six prêtres venus de la République Démocratique du Congo.
Cette vaste région isolée au cœur de la forêt et enclavée, loin de Brazzaville, répond bien au charisme spiritain d’aller vers les plus pauvres, spécialement là où il y a peu d’ouvriers. Notre pastorale s’organise autour de 8 centres paroissiaux très éloignés les uns des autres. La principale difficulté, ce sont non seulement les distances mais les moyens de les franchir par fleuves et rivières et par pistes forestières avec des véhicules 4x4.
Depuis le début, nous avons misé sur l’enseignement par les écoles catholiques avec aujourd’hui 15 écoles primaires, deux collèges et un lycée ; un centre de formation technique que dirige le Père Lucien avec le soutien d’un Coopérant (DCC) et deux écoles dites des métiers : alphabétisation et apprentissage.
Dans le souci d’aller vers les plus pauvres, depuis maintenant quatre ans, nous avons mis sur pied la scolarisation des " autochtones de la Forêt " (nouvelle appellation de Pygmées) par la mise en place d’écoles préparatoires avec la méthode O.R.A. (revoir le numéro de Pentecôte de début 2008). Oserai-je dire que pour un véritable travail d’évangélisation de ce monde de la forêt, il faudrait trouver de " vrais missionnaires " capables de s’engager sur le long terme en apprenant, avec le lingala, la langue spécifique des pygmées Baakas ? Ces missionnaires, nous les cherchons encore.
Ajoutons que depuis novembre 2009 nous avons à faire face et à gérer un afflux de 114.000 déplacés-réfugiés venus de l’autre rive en RDC, suite à un mouvement de rébellion dans la région de l’Equateur
Mgr Jean Gardin





aperçus sur l’Île Maurice et ses Spiritains.
L’Île Maurice, plus petite qu’un département français, présente un grande variété de populations, de coutumes, de religions. Cette richesse provient de la diversité d’origine des peuples qui s’y sont établis. Par ordre d’entrée en scène, sur cette terre inhabitée avant le 15ème siècle : des Français, des Africains et des Malgaches, des Indiens, des Chinois. Tout cela fait un beau mélange, même si les clivages restent bien marqués entre les différentes communautés.
D’un point de vue économique, l’île, qui ne vivait que de l’exportation de la canne à sucre, s’est dotée de nouvelles ressources depuis une trentaine d’années, avec le textile et le tourisme.
D’un point de vue religieux, les hindous sont les plus nombreux suivis par les chrétiens (environ un tiers des 1 200 000 habitants), les musulmans, les bouddhistes, etc. La religion est partout visible : églises, temples, mosquées, sans compter les innombrables petits autels ou grottes que chrétiens et hindous installent sur les chemins, à l’intérieur des maisons ou dans les cours et qui sont ornés de fleurs et de lampes. Les églises sont pleines et les assemblées priantes, animées par des chorales très dynamiques. Le temps du carême est particulièrement fervent. Chaque paroisse organise sa période de " 40 Heures " durant laquelle, devant le Saint Sacrement, viennent se recueillir un nombre considérable de personnes de toutes confessions.
Le 9 septembre, pour la fête du Père Laval, les foules accourent de tous les points de l’île et même de La Réunion pour vénérer " le Saint de l’Île Maurice ".
Nous sommes une quinzaine de Spiritains à travailler à l’île Maurice, auxquels il faut ajouter huit laïcs associés, de diverses nationalités : Mauriciens, Malgaches, Irlandais, Français, Polonais. Dans les paroisses ou Centres d’accueil où nous oeuvrons, voici les principales directions que suit notre pastorale, dans la ligne des orientations diocésaines :
Victor COUSSEAU



RCA : Étincelles 91


A mes parents, à mes amis Voici, exceptionnellement un concentré qui tient la place de deux feuilles, le numéro 91 d'Etincelles et la page «A mes parents à mes Amis» que je construis habituellement au retour de chaque séjour en Europe.
Cette feuille est bien sous-titrée « A mes parents à mes amis » pour vous dire à tous ceux chez qui je suis entré combien j'ai été sensible à l'amitié avec laquelle vous m'avez accueilli; rencontres souvent trop rapides et pourtant chaleureuses et positives.
Je m'adresse aussi à tous ceux que j'aurais tant aimé rencontrer et je me contente de ces lignes pour leur dire mon regret d'être resté au loin. Jusqu'au dernier moment j'espérais encore aller vers Lille ou Bordeaux, mais, prosaïquement; j'ai seulement pris le train pour regagner Roissy.
Parlons de ces dix semaines passées en Europe, séjour motivé par une très grande fatigue. Pour moi qui suis habitué dans les paroisses banguissoises à la foule et à la jeunesse des assemblées dominicales, je ne peux m'empêcher en retour de ce séjour en France d'évoquer ce qui saute aux yeux: dans les églises : où sont les enfants, où sont les jeunes?
Pour mieux marquer l’importance de cette remarque, je vous donne deux chiffres pris dans ma famille spiritaine qui me semblent révélateurs d'une profonde et tragique évolution. En Septembre1947, j'étais l'un des 300 jeunes européens à devenir spiritain par l'engagement des premiers vœux. Pour obtenir ce chiffre, j'additionne les professions des différents pays où notre Congrégation avait alors un noviciat. En l'année 2009, combien de jeunes des provinces spiritaines de l'Europe ont-ils prononcé leurs vœux? «0 », oui, vous lisez bien, « ZERO », pas un seul: une année vide ! Le phénomène n'est pas propre à ma Congrégation; à part quelques exceptions pour des groupes religieux habituellement très récents, les chiffres sont analogues et dans les diocèses, les ordinations sacerdotales se font rares. Grave problème pour la vie de l'Eglise en Europe, avec quelles répercutions en Afrique?
Et me voici encore une fois de retour à Bangui, retour difficile car pour comble de malchance, j'ai attrapé je ne sais quel bacille et ma belle forme de retour a fondue comme neige au soleil. Heureusement qu'il y a les antibiotiques, mais pour le moment je suis à nouveau à plat. !
> Le groupe Espoir

Il y eut un moment très inquiétant, nous étions menacés de manquer d'anti-retroviraux, (A.R.V), les médicaments spécifiques du Sida qui nous sont fournis pas le« Fond Mondial» une super ONG. La continuité et la régularité de la prise de ces médicaments est, pour les malades, une question de vie ou de mort. Dans l'état actuel des recherches, les A .R. V .redonnent à ces mamans une vie tout à fait normale, mais elles sont toujours porteuses du virus qui reprend vigueur dès que le traitement est mal suivi.
Je vous raconte maintenant une petite histoire, prise sur le vif, pour nous remettre dans le bain de l'extrême pauvreté qui rode dans tous les quartiers de Bangui.
En titre :« La marmite. » -.
> « Je veux, aujourd'hui, faire une véritable sieste, dormir un bon moment, dans le calme de la demie journée et la chaleur particulièrement forte de ce mois de Mai. Or, j'entends gratouiller très discrètement, là, juste derrière la porte fermée. Je décide de n'en tenir aucun compte et je fais durer comme prévue ce temps de repos.

Une heure plus tard j'ouvre la porte, et oui, il y a bien une cliente, Marie, une petite boiteuse, je la connais bien, elle est armée d'un perpétuel sourire, et depuis des années elle vient régulièrement demander un peu d'aide. Elle invente chaque fois un modeste stratagème pour me soutirer le plus possible de «pata », la monnaie nationale. J'oubliais de signaler que depuis une >dizaine de mois elle ne vient plus seule car, elle porte, soudé à elle, un magnifique bébé,. il s'appelle Dieu Merci»

Autour de > mes deux fauteuils elle a déposé tout un bric-à-brac : deux petits balais tout neufs, un « nylon » qui renferme sans doute tous ses trésors, il tient lieu aussi de sac à main ; ses espadrilles et je ne sais quels autres petits objets misérables et bien nécessaires, en particulier une petite marmite telle qu'on les confectionne au quartier en fondant tous les débris d'aluminium que l'on peut trouver. Aujourd'hui cette petite marmite, bien mal fondue, sera au cœur du débat.

> En effet, avant même que je lui ai donné les 2.000 fcfa, (soit 3 €), limite de ma largesse du jour, Marie m'explique qu'elle veut absolument acheter la marmite qui n'est pas encore à elle. Un tel objet, est nécessaire pour préparer la nourriture du bébé et la sienne aussi bien sur  !

Cette marmite vaut, assure-t-elle, 5.400 > Frs. (soit 8,30 €) Elle exhibe dans le creux de sa main trois pièces de 500 Frs Cfa (soit 0,75 € chacune) et attend que je fournisse le complément. Devant un tel appel, j'ai doublé la mise et allongé deux billets roses de 2.000 cfa chacun, soit un total de 6 €. Tout en tendant les billets je réalise que la marmite ne vaut pas la moitié de la somme demandée, mais, fatigué, je n'ai pas envie de discuter,   à l'une de ses prochaines visites, un jour, je préciserai le vrai prix de la chose !

Un merci de satisfaction, Marie déploie savamment le pagne et elle remet laborieusement le gros bébé sur son dos, puis, sous un bras, le sac nylon, sous l'autre, les balais, à la main la fameuse marmite et voila Marie, toujours souriante, qui repart lentement, en boitillant, les premiers pas mal assurés. Elle me rappelle «je vais à Saint Paul... ».Sa case est à six kilomètres,- sa démarche est très lente, patiente, la route sera longue, soutenue par la joie d'avoir cette petite somme d'argent qu'elle désirait tant. !! Trajet aller, trajet retour, quel effort pour quelques pièces  !

«0 Seigneur envoie ton Esprit, qui renouvelle la face de la terre ! »
Pour conclure un mot sur la Pentecôte, la fête des Spiritains ; elle fut l'occasion de réunir les membres des nos trois communautés qui sont à Bangui ( St. Paul, St. Bernard et St. Charles) C'est aussi l'assurance de la réussite du monde. Voila un langage plein d'espérance car nous sommes encore si loin de ce royaume de Vérité, de Fraternité, et de Charité. Pourtant ces vertus sont les fondements du royaume voulu par Jésus. Mais son Esprit est au travail pour conduire chacun à réaliser sa part.


« Etincelles », Feuille de liaison de Caritas-Bangui
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Y. Gautier
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Et, d'abord, quelques nouvelles,
Je remonte au mois de Février dernier: ce jour là, je sors des bureaux " Air-France" à Bangui. J'ai en main un billet qui me permet de rester en France du 27 mars au 8 Juillet, un long séjour car je suis très fatigué, mais aussi un grand moment où je suis encore assez en forme pour multiplier les rencontres et profiter de nombreuses amitiés.
J'ai encore sillonné la France, (avec, il est vrai, une petite escale en Suisse), sans parvenir à rejoindre ni Bordeaux ni Strasbourg; admirablement bien reçu par tant d'amis. J’ai même~ renoué des amitiés après plus de cinquante années de silence. Bien reposé malgré tous ces voyages, de retour à Bangui, mes visiteurs constatent même que j'ai grossi, et ils y voient le signe de la qualité de l'accueil reçu et de la cuisine offerte pendant mes congés.
le 8 Juillet, je rejoins donc ce pays du Centrafrique, où, je le sais, notre Eglise vient de vivre une forte crise dont les échos ont porté très loin. Dans cette crise qui a saisi le clergé du pays et plus précisément celui du Diocèse de Bangui, .j’ai été particulièrement visé. J’ai été étonne' de lire toutes les inepties et déformations des faits les plus simples et les plus clairs. Je ne prends qu'un exemple : j'ai été affiché sur des pages entières dans la presse locale comme un délateur acharné, or je n'ai jamais adressé, ni à la Nonciature de Bangui, ni à Rome, la moindre lettre ou la moindre parole de dénonciation. La Nonciature peut l'attester. Il est douloureux d'entendre nier la pratique des valeurs auxquelles on a donné sa vie et dont la principale est bien le vœu de chasteté; elles ont été niées gratuitement, de la pure fantaisie. Enfin ce que l'on présente comme l'une des grandes richesses traditionnelles africaines: le respect des anciens! Où est-il ? Tout cela est très lourd car ceux qui ont inspiré ces textes ont semblé oublier un moment tout souci de fraternité.
Que, désormais, le Seigneur nous donne à tous de grandir dans son Esprit de Vérité et de Charité.
Mais aussi j'ai retrouvé toute une famille de grands miséreux. Malgré des années de travail à Caritas et donc une certaine habitude; au retour de l'Europe, je reste frappé par la profondeur de la misère. J’ai retrouvé tout un groupe d'hommes et de femmes et, bien sûr, accompagnés de quelques enfants, qui n'ont rien, mais vraiment rien! Le travail des jeunes est toujours un problème majeur,
Les solliciteurs eux aussi affluent ils sont toute une troupe avec tous les motifs possibles et imaginables pour vous arracher quelques billets. Il est impossible de tout prendre en charge pourtant les nécessités restent grandes.
Le discernement n'est pas chose facile et la patience est mise à rude épreuve : il y a des jours où on en arrive à dire:" les petits pauvres! Je ne veux plus ni les voir ni les entendre !", mais eux sont là avec une patience à toute épreuve.
A coté, sans être aucunement miséreux et solliciteurs, il y en a tant de familles qui vivent avec infiniment peu. Je rappelle souvent que le Smig national est à 25 euros (par mois, bien sûr). Nous touchons là le caractère le plus grave de la pauvreté du pays.
Le " Groupe " Espoir
 
Il continue sa route. J’admire les membres du groupe, les médecins, l'infirmière, les assistantes familiales qui suivent des centaines de malades. Hélas il y a parfois des moments sombres.

Voici un petit exemple vécu. Je I’appelle
POURQUOI "
Pourquoi courir à la mort quand le chemin de la vie reste ouvert.
" Je lui donne 4 ans, il est tout joli avec un habit orange et une petite casquette rouge. Il tient la main d’une grande femme qui me rappelle que son nom est " Jeanne-Marie ". Elle en vient rapidement au véritable objet de la visite, ce petit garçon a un jumeau qui devrait être opéré de la hernie, il n’y a pas tout l’argent nécessaire pour acheter les médicaments, prévoir les modes opératoire et payer I’ honoraire du chirurgien. Je ne discute pas et lui donne 5000 Fcfa (7,5 euros) ma participation à tous ces frais.
Mais déjà elle me parle des jumeaux, ils sont ses petits-enfants. Le père est mort du sida ; la maman elle aussi vient de mourir du sida; elle a été très malade mais elle ne parlait jamais de sida. Pourquoi ces morts quand le traitement du sida, est, presque toujours efficace quand il est pris;
à temps.
Quant aux enfants, les jumeaux, ils sont encore trop jeunes pour comprendre que leur vie vient de basculer maintenant qu'ils sont orphelins. Ils ont~ certes une grand-mère encore assez jeune et très courageuse, mais ce n’est pas tout à fait une Maman.
"
Pour le " Groupe Espoir" " un grave problème revient souvent, la question des médicaments~ pour Ies maladies opportunistes et toutes autres maladies attaquant les Mamans et les enfants suivis par notre groupe. En effet le Fond Mondial par l'intermédiaire du CNLS nous donne régulièrement les anti-retro- viraux et paye les tests et les analyses. C'est beaucoup, mais pour tous les autres médicaments, c'est nous qui les achetons. Certes les malades devraient prendre une part.ie de ces frais de médicaments, mais il faut aussi être certain que la question argent et finance n'empêchera personne de se soigner.
Où trouver celui ou ceux qui nous assureront la possibilité d'avoir ces médicaments en quantité suffisante?
Du nouveau avec les musulmans
C'est assez important pour qu'on en reparle.
Du 7 au 4 Novembre le groupe des amitiés islamo-chrétiennes invite à prendre part à une cinquantaine de rencontres en France, mais aussi dans sept pays européens et en Algérie.
Par ailleurs, un premier forum Catholiques-Musulmans s'est tenu au Vatican du 4 au 7 Novembre. Il constitue une étape dans le renouveau du dialogue entre les deux religions. Les deux délégations de 29 participants chacune sont enfermées à huis-clos pour confronter les conceptions de l'amour de Dieu et de l'amour du prochain.
" Parrainage-Oubangui "
Il est sérieusement question de rebaptiser, de changer légèrement le nom de ce groupe qui deviendrait "Parrainage-Espoir ". Nous n'avons plus guère de place dans cette édition d'Etincelles pour en parler plus longuement, mais le N89, le prochain numéro d'Etincelles, s'attaquera d'abord à ce vaste sujet. Il ne se fera pas trop attendre.
Y. Gautier
B.P. 780 Maison ST. Charles
.Bangui
email : yyesgautier@)hotmail.com Tel: (236) 75 0410 60
Etincelles 88


Madagascar, 20 décembre 2009

Quand je suis arrivé au foyer Brottier, le 17 septembre, c’était pour découvrir une maison d’accueil en étape de finition, et pour repérer tout un tas de petites choses à faire : des lampes, des serrures, des lits et des moustiquaires qui ne sont pas tout à fait au point. Mes deux premiers mois ici ont été occupés par la mise en état de la maison d’accueil, Eden Brottier. Pressé par les premiers hôtes, il a fallu hâter la mise en place du fonctionnement (c’est une activité totalement nouvelle pour moi), la réparation des lacunes… Mais ça y est : ça marche ! Tout n’est pas encore parfait, mais on peut passer quelques jours heureux avec une vue splendide dans notre Eden…
Nous accueillons cette année onze garçons dans le foyer, et comme la DCC nous a octroyé un coopérant, Florian, un séminariste de Reims, les cours que nous dispensions l’an dernier se sont sensiblement allégés pour nous. La marche de Eden, si elle a été une responsabilité de plus à intégrer dans notre programme (la vocation de notre maison d’accueil étant de faire vivre le Foyer, il est normal que chacun de nos gars prenne part aux permanences que nous organisons) ne perturbe aucunement la marche de la maison de formation. Pour la troisième année consécutive, c’est le Père Christian qui est en tandem avec moi et notre communauté à deux est toujours sur un petit nuage. La paroisse, qui a maintenant un Spiritain malgache comme curé, est beaucoup plus liée à notre engagement dans la formation. Une réelle communauté de travail facilite bien les choses.
La température de ce mois de décembre est toujours aussi lourde et difficile à supporter : la chaleur étouffante et les orages proches qui n’éclatent pas (un seul vrai orage à ce jour !) rendent les journées pénibles. Mais les cyclones (déjà 7 dépressions signalées, mais encore trop lointaines pour avoir de l’influence sur Diégo) montrent bien le bout de leur nez. Vivement un peu de fraîcheur et d’eau ! Pour la première fois depuis que je suis ici, nous avons eu une baisse sensible de la pression de l'eau et de notre ravitaillement. Et comme par hasard, c’était la semaine où notre maison était pleine. Mais enfin, vaille que vaille, la situation se rétablit tout doucement et nos hôtes actuels n’ont plus à économiser sur les douches.
Nous voilà donc repartis pour un nouveau triennat… Christian, beaucoup plus jeune que moi, a pris davantage de responsabilité dans la maison et c’est lui qui conduit actuellement la communauté.
Je vous laisse en vous redisant mes meilleurs vœux pour les fêtes qui approchent et pour l’année nouvelle. Quelle sera-t-elle ? Les dernières décisions du semblant de pouvoir malgache laissent augurer un départ difficile. Mais après tout, il y aura toujours des tas de gens à aider et qui comptent sur nous… Essayons de ne pas les décevoir.
Gaby Vuittenez
Congo, décembre 2009

Dans la LIKOUALA, en arrivant, j'ai trouvé une situation difficile du fait de l'afflux de nouveaux réfugiés revenus de la République Démocratique du CONGO voisine où des querelles ont éclaté entre deux ethnies qui se disputent des terrains de culture, des zones de pêche et de chasse après le rapatriement par le HCR de nombreux réfugiés qui avaient passé 7 ou 8 ans au Congo. Ces gens, qui ont de nouveau fui leur pays par peur de massacres, ont bien sûr de nouveau traversé l'Oubangui. Ils sont arrivés sans rien, particulièrement sur les secteurs de BETOU, BOYELLE, DONGOU et IMPFONDO.
Beaucoup se sont bien tournés vers l'Église et la Communauté protestante américaine qui a un hôpital à Impfondo. Ils continuent à arriver et sont déjà plus de 95.000 personnes. Ils ont occupé des salles de catéchisme et de réunion, des bâtiments publics inoccupés car inachevés.
Des chrétiens et d'autres personnes ont partagé un peu de nourriture et des vêtements, mais ce ne sont que quelques gouttes d'eau. Les secours officiels avec le PAM, l'UNICEF, MSF ont commencé à arriver à partir de BANGUI, mais les autres traînent encore (les ONG et les institutions officielles demandent beaucoup de temps pour réagir et nous sommes loin de Brazzaville)
J'ai pour ma part passé les fêtes de Noël avec le Père Lucien Fabre dans les paroisses de MOKABI, ENYELLE et BETOU : une tournée de près de 800 km en pirogue puis en 4x4 par les pistes forestières. C'est le secteur où nous avons la majorité des écoles préparatoires pour les enfants  autochtones de la forêt, les pygmées, une expérience qui, grâce à plusieurs d'entre vous, commence à donner de bons résultats.
La principale difficulté est toujours de pouvoir assurer le soutien des animateurs enseignants et de les suivre dans leur lieu de travail.
Quelques enfants ont déjà intégré les écoles dites normales avec les enfants bantous et là ils sont souvent parmi les premiers. Parfois ce sont les Bantous, les maîtres, qui demandent que leurs enfants puissent étudier avec ceux qu'ils considéraient comme des sous-hommes. A Enyelle, aux messes de Noël de la nuit et du jour, c'est même un pygmée qui a dirigé la chorale, composée en majorité de Bantous. Une véritable révolution due à l'Évangile.
La crise au niveau des sociétés forestières continue, avec un petit espoir de reprise, mais avant cela il y a une vague de compressions : La CIB vient, la semaine dernière, de licencier 675 salariés. La paroisse de MOKABI a perdu une grande partie de ses habitants qui ont rejoint leur région au Cameroun, en Centrafrique ou au sud du Congo à la suite des licenciements. Ce qui nous oblige à repenser la pastorale dans ces secteurs forestiers. Heureusement, l'an passé nous avons reçu de l'aide pour nous équiper en véhicules tout terrain.
Il n'y a toujours que 12 prêtres et un diacre dans la préfecture apostolique, mais nous avons eu cette année 4 entrées au grand séminaire de Brazzaville. Ils sont maintenant huit. Merci à ceux qui ont commencé à nous aider pour les études et la pension (environ 1000 Euros par séminariste).
Le 26 septembre 2010, nous aurons la célébration du centenaire de la première évangélisation de BETOU, commencée par le père AUGOUARD en 1910.
Jean Gardin



ARCHIVES (1)
- Ethiopie : éducation. .

- Algérie : Bulletin N°1.

- RCA : Etincelles 86. .

- Dossier Maasaï1
- Angola : la reconstruction...

- Guinee : retour en France.....

- Conakry : regards d'un jeune missionnaire

- Guinee : avec les réfugiés

- Un foyer de charité au milieu de troubles et de guerres

- R.C.A. : Etincelles (2005-2006)

- Bangui : Après la tempête ?

- R.C.A. : 3 jeunes spiritains et une paroisse de 50 ans (2005)

- Mozambique

- Mozambique : c'est Noël chaque fois...

- La Likouala au Congo

- Kinshasa :Actions qui engagent

- Madagascar : à Noël 2007...

- Guinee : l'Afrique c'est aussi un potentiel humain...

- FANO : Apport du christianisme.

- Mauritanie : Un "was neïes" (quoi de neuf?).

- Réunion : Une paroisse "historiquement" engagée.

- Algérie : Non! le peuple ne se résigne pas.

- F.O.I.: transition, espoir, relance...

- Bénin : Tanguieta - vers les communautés de base

- Congo : Ouesso - espérances et difficultés

- Gabon, PAC : objectifs témoin et homme

- (1) Ce cahier est un composé d'extraits de correspondance de missionnaires travaillant dans le pays indiqué.
-(2) Le dossier est une reprise d'articles de spiritains parus dans Missi Nø85 (1er trim. 2004) avec l'aimable autorisation des responsables

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