|
De Centrafrique
  ETINCELLES
N°100
N°IOO N°100
Juin- Juillet 2012
Et voici le
Numéro 100.
Je vous le
disais, ces trois derniers numéros, 98, 99, 100, sont des
Etincelles-Souvenirs, historiques. Si vous aviez une minute pour me
manifester, en deux mots, ce que vous en pensez, quelle merveille que
d'avoir une réponse! Votre avis aussi sur les flashs ! Un
grand merci. Je cherche l'avenir.
*******************************************************************************************************
Pour
étoffer ces dernières rencontres, j'ajoute à
chaque numéro d'Etincelles deux « flashs »
en pièces jointes. Ces flashs sont de courtes histoires,
parfois anciennes, toujours vraies,. la vie à Bangui,. des
évènements très divers, croqués sur le
vif.
********************************************************************************************************
Nouvelles du
Groupe Espoir:
Le
frère Elkana fait systématiquement le tour des
paroisses, il visite tous les groupes et les dispensaires que nous
désignons du terme d'« antennes ». Il m'écrit:
Ce
qui revient à chaque fois, c'est le problème de
nourriture, « nous avons faim », « nous
prenons les médicaments sans manger». Effectivement,
c'est un point crucial pour nos malades. A cause de cela certains
sont tentés d'abandonner le traitement ... Il y avait
les produits du PAM (Service de l'O.N.U le P.A M . ou Plan
Alimentaire Mondial) Maintenant la distribution des produits est
irrégulière. Comment faire pour leur donner à
manger? »
Et quand je réagis
très positivement, en lui envoyant des euros, il écrit
encore
« Je vous
remercie pour le soutien financier que vous m'envoyez, cela me
permettra de soulager nos mamans malades qui me demandent à
manger quand je viens les visiter. Je les soutiendrai aussi par des
mini-commerces (qui-leur permettent de gagner quelques
argent pour acheter de la nourriture ) Et j'achèterai des
boites de sardines et du riz pour leur distribuer.
Quatre Evêques
en Centrafrique
Soudain le ciel de
l'église en R.C.A s'éclaircit: le Pape Benoit XVI vient
de nommer quatre Evêques en Centrafrique. Je ne connais pas
beaucoup les deux prêtres des Missions d'Afrique qui vont être
respectivement responsables des diocèses de Bossangoa et de
Berberati, ni le Coadjuteur d'Alindoa . Iln'est
pas religieux mais, prêtre du Diocèse. Un Evêque
Coadjuteur est un Evêque nommé et ordonné qui,
le jour venu, remplacera un Evêque
titulaire fatigué, qui sait qu'il ne pourra encore longtemps
assumer la charge de son
Diocèse. C'est le cas de Monseigneur Peter Marzinkowski du
Diocèse d' Alindao. Je connais bien par
contre le nouvel Archevêque de Bangui, Dieudonné
Nzapalainga, il est spiritain et nous avons
déjà longuement travaillé ensemble à
Bangui car depuis trois ans il était administrateur du
diocèse. Que l'Esprit-Saint l'éclaire et le soutienne
dans son service du Diocèse de Bangui et de l'Eglise en
Centrafrique.
***************************************************************************************
Petits aspects
peu connus de la visite du Pape Jean-Paul II à Bangui.
Au préalable,
il est bon de savoir que je fus désigné comme
responsable en tout ce qui concernait, coté Eglise catholique,
la visite du Pape à Bangui. Il n'est pas étonnant que
j'ai en main toute une série de photos de cet évènement,
avec en priorité, les photos où je suis à coté
du Pape.
Sur
ce passage de Jean-Paul II à Bangui, le 14 Aout 1995, juste
quelques touches.
Chose curieuse,
premier étonnement, mon principal interlocuteur fut le
Gouvernement car la présence à Bangui de Jean-Paul II
répond à une invitation du Président de la
République, c'est lui qui a invité le Pape. Je vous
l'explique.
Un beau matin,
Monseigneur Ndayen, notre Archevêque me demanda de faire un
tour dans les services officiels: que savent-ils d'un éventuel
passage du Pape à Bangui ?
Non
seulement la réponse fut positive: le Gouvernement attendait
le Pape à Bangui, mais les fonctionnaires compétents
pouvaient même en préciser la date. Stupéfaction
de Monseigneur: il semble que l'accord de Rome ait été
donné sans consultation, ni même information à
l'Eglise locale, ou bien la nouvelle de ce passage était
restée dans les bureaux de la Nonciature!
Nous
savions depuis longtemps, il est vrai, que Jean-Paul II projetait un
nouveau voyage en Afrique. Mais dans le projet primitif le Pape
survolait la Centrafrique sans s'y arrêter. Venant de l'Afrique
de l'Ouest il devait se rendre au Zaïre voisin, pour la
canonisation d'Anuarite, une jeune Congolaise, puis il gagnerait
l'Afrique du Sud. Mis au courant de ce projet le Président de
Centrafrique, Alphonse Kolingba, demande à son secrétaire
Daniel Sehouya d'envoyer une invitation bien tournée pour
demander à Sa Sainteté d'ajouter une escale au
programme déjà prévu; oui, ajouter l'escale de
Bangui.
De
chef d'Etat à chef d'Etat!!!! Ce fut, semble-t-il la volonté
personnelle du Pape: une réponse immédiate et positive.
Le projet de voyage primitif dut être comprimé pour y
insérer une courte escale à Bangui; elle ne compta que
quelques heures. Compression qui se fit sentir jusqu'à
l'ordonnance des repas: il resta prévu un temps pour une
collation sérieuse à l'arrivée à Bangui,
mais on oublia l'heure du repas de midi, et l'avion pontifical
décolla vers 15 heures, sans qu'on parle de repas.
Ce
court laps de temps fut un moment d'activité intense marquée
cependant par la multiplication des précautions et de
barrières, car peu de jours auparavant, le Pape avait été
victime d'un attentat et blessé au ventre. Toute la zone de
passage du Pape était mise sous surveillance et son accès
réservé aux porteurs d'un laissez-passer modulé
suivant le lieu autorisé ou la qualité du bénéficiaire.
Malgré cela on vit jaillir soudain un motard qui se croyait
tout permis, les zones et les accès réservés ne
comptaient plus pour lui, au grand étonnement des
organisateurs responsables. J'ai eu plus tard l'explication toute
simple: le Pape attendait une bouteille d'eau minérale
garantie; depuis son attentat il refusait absolument l'eau du robinet
même prétendue potable. Il ne voulait surtout pas
réactiver la blessure. Or Sa Sainteté avait soif et
devant un buffet bien garni pour la collation, il manquait simplement
de l'eau, notre motard était allé la chercher.
Revenons à
l'exécution du programme:
La
cérémonie d'accueil à l'aéroport fut
longue, le Pape salua individuellement une bonne partie des
personnalités présentes. Puis, grand cortège
vers le lieu où va être célébrée la
Grand'Messe Papale.
Prévoyant une
grande foule on avait en effet choisi de monter un très vaste
podium au centre de l'ancienne piste d'aviation, un vaste espace,
devenu l'artère la plus large de la ville. Comme sacristie on
avait obtenu l'usage des salons de l'immeuble de l'Union Douanière
Equatoriale.
Le
trajet de cette sacristie à l'autel était assez long
pour permettre le déploiement du groupe de petites danseuses,
Jean-Paul II fut très attentif à ce court spectacle
traditionnel, et l'une des petites se jeta dans ses bras. Les
catholiques et bien d'autres dans tout le pays, étaient en
éveil et voulaient suivre cette visite papale; heureusement la
messe fut retransmise par la radio et la télévision.
Nous avions répondu à toutes les exigences techniques
de ces services. Le sermon fut l'objet, comme il se doit, d'analyses
minutieuses et de commentaires multiples ; malheureusement je n'en ai
pas gardé le texte.
Après
la messe, entrevue à la Présidence; longue conversation
entre les deux hommes, le Pape, Jean- Paul II, et le Président
André Kolingba, puis direction, la Cathédrale.
Le
temps de présence du Pape à Bangui était si
compté, qu'il avait fallu une âpre discussion avec les
représentants du Gouvernement pour obtenir cet arrêt à
la Cathédrale. Cette étape fut enfin mise au programme,
et on put convier à la Cathédrale les délégations
de tous les groupes et mouvements organisés si nombreux dans
l'Eglise à Bangui. Au milieu de toutes ces solennités
ce fut un moment de liesse. Le Pape passa au milieu de cette foule
avec de temps en temps un mot à l'un ou à l'autre. Ce
fut aussi l'occasion de remettre à Jean-Paul II un cadeau
spécifiquement centrafricain: un grand plateau de bois couvert
de gros morceaux d'ivoire artistement disposés, on n'ose
parler de «tableau », mais c'est très décoratif
et Jean-Paul II le trouva magnifique et dit simplement « ce
sont les églises les plus pauvres qui offrent les plus beaux
cadeaux ». L'assemblée entonna quelques cantiques en
français et en sango. Le Pape fit une mini-exhortation, une
courte prière, certainement une bénédiction,
puis vivement retour à l'aéroport Bangui-Mpoko : les
foules du Zaïre attendent Sa Sainteté.
Merci, Jean-Paul II,
et bonne route!
**********************************************************************************************
Yves
Gautier: 30 rue Lhomond 75005 Paris. email :vesgautier@.hotmail.com
CCP:
La Source. N° du Compte 39 384 27 P 033
Pour
un reçu fiscal, intitulez votre chèque à «
Procure des Missions ». Spécifiez « pour le père
Yves Gautier ».
Notre
service est très fiable
Les trois derniers
numéros (98, 99 et 100) sont des Etincelles-souvenirs. Je veux
aussi continuer à me faire écho de la vie du Groupe
Espoir. Il vit pour le moment grâce à votre générosité
dont il a toujours grand besoin. Je vous redonne en bas de page nos
coordonnées.
Etincelles 99
Mai 2012
A mes parents à mes amis .A tous ceux qui me rejoignent par «
Etincelles »
Et à ceux
dont je retrouve l'adresse après moult années
Quelques hommes ont
particulièrement marqué le pays du Centrafrique, j'ai
leurs photos, je les ai rencontrés.
Boganda.
Je ne connais pas toutes les étapes de la formation du jeune
Barthelemy Boganda. Je sais qu'après six ou sept ans d'études
et d'initiation à la vie sacerdotale au grand séminaire
du Cameroun, il devint le premier prêtre du pays, ordonné
en 1938. Ce fut un évènement auquel furent sensibles
tous les Catholiques du pays; le sacerdoce n'était donc pas
réservé aux blancs!
Mais, grâce à
cette longue formation Boganda fait partie de la toute petite
minorité qui peut accéder à des postes de
responsabilité. Il n'est pas étonnant qu'il devienne,
avec l'accord de son Evêque, membre de l'Assemblée de
l'Union Française, l'une des trois Chambres de la France de
cette époque. Puis il fut élu Président
de l'Oubangui-Chari, pays que lui-même proposa d'appeler la«
Centrafrique ».
A l'Assemblée
de l'Union française, il rencontra Michelle qui devint sa
femme. Cette union engendra de vives réactions au sein de
l'Eglise où elle fut commentée souvent avec les paroles
les plus dures et des jugements généraux sur le
sacerdoce donné à des africains. De son coté
Boganda eut l'occasion de critiquer fortement les mœurs
cléricales et le comportement de tel ou tel de ses anciens
confrères. Autrement
dit une situation extrêmement tendue.
Or en un temps de
vacances je participais à un camp de Guides à Mbaiki.
la propriété de Boganda était toute proche, à
Boubangui et je rencontre fortuitement mon Evêque, Monseigneur
Cucherousset. Il
m'explique
qu'il va justement à Boubangui et me demande de l'accompagner.
Nous fûmes chaleureusement
reçus par Boganda, qui nous présenta sa femme et ses
trois enfants, qui nous conduisit à l'extrémité
de sa propriété au carré où poussaient
les plans de caféiers. Longuement il nous fit part de ses
projets pour l'avenir du pays. Nous y restâmes au moins deux
heures et j'ai pris conscience que j'étais le témoin
d'une réconciliation. Seul témoin d'une rencontre
d'autant plus importante que quelques semaines après
Barthelemy Boganda mourut dans un accident d'avion et qu'il ne put y
avoir d'autres marques de cette réconciliation.
Dacko.
Nous avons déjà souligné la place importante du
scoutisme dans la formation de la jeunesse du pays et j'ai gardé
une grande variété de photos des évènements
importants de la vie du mouvement à Bangui car je fus des
années aumônier national des Scouts.
En ces lointaines
années, les dernières de l'ère coloniale,
«blancs ». et «noirs» formaient des
communautés très séparées, le scoutisme
était l'un des rares lieux de rencontre des deux groupes, un
lieu rassemblant des garçons très engagés;
j'oserai même dire qu'il était un lieu de fraternité
vécue. Je retrouve surtout des photos de promesses qui
appelaient ces jeunes à leur engagement chrétien et des
photos de camps de chefs qui étaient des journées de
formation intense. Ces camps bien organisés et bien menés
travaillaient à la formation d'une élite. D'ailleurs,
deux des principaux chefs du scoutisme centrafricain, Marcel Douzima
et Dieudonné Magale, furent membres du premier Gouvernement
formé par le tout nouveau Président, David Dacko !
Notre pays après
la Conférence de Brazzaville était devenu un Etat, mais
un Etat encore au sein de l'Union Française; la Défense,
par exemple, dépendait encore entièrement de Paris. Il
y eu une consultation qui ouvrit la voie à une indépendance
complète. Avec les scouts j'ai vécu un peu
particulièrement cette journée de l'Indépendance.
En tant qu'Aumônier j'étais membre de l'équipe
nationale des scouts or l'équipe entière fut invitée
à la Présidence à la veille de la proclamation
de l'Indépendance en Aout 1958. Le Président David
Dacko fut étonné de me voir, seul blanc au milieu des
noirs auxquels il voulait s'adresser. Il nous demandait instamment de
tout faire pour que la journée se passe sans heurt ni pillage.
En effet, au jour de leur Indépendance, il y avait eu de très
graves désordres chez nos voisins de l'ex-Congo-Belge devenu,
très peu avant nous un Etat, le Zaïre Indépendant.
En fait, à Bangui cette première journée
d'Indépendance fut presque triste! Tout le monde avait peur!
Il fallu attendre le 1er Décembre, jour anniversaire de la
création de la Centrafrique. Ce 1er Décembre 1958 fut
la première célébration de la Fête
nationale, ce fut alors un véritable débordement de
joie.
Bokassa.
Quelques années plus tard, Bokassa a eu l'audace et l'astuce
de faire son coup d'état dans la nuit de la Saint Sylvestre.
Les premiers tirs de ses soldats se confondent avec les pétards
de la fête, sans éveiller la méfiance et sans
troubler les réveillons. Mais au matin, de multiples
arrestations donnèrent aussitôt le ton du nouveau
régime, totalement brutal et autoritaire.
Je connaissais
relativement bien Bokassa car peu auparavant il avait célébré
devant moi son mariage à la Cathédrale. Au cours de la
préparation de ce mariage je n'avais pu m'empêcher de
souligner discrètement tout ce qui rendait pareille union
plutôt hasardeuse. Astride était une grande gamine de 17
ans, encore au Lycée, ayant des ancêtres français,
belges et, je crois, un peu Egyptiens par sa mère, elle
n'était pas du tout préparée à devenir
maîtresse de maison, ignorant tout des milieux militaires et de
la politique, etc, etc.
Et Bokassa qui avait
senti mes réticences déclarait à l'occasion à
mon évêque combien j'étais raciste car je ne
voulais pas célébrer le mariage d'un noir avec un
blanche. Aussi je garde jalousement la photo de leur mariage: Astride
et Jean-Bedel agenouillés et tout attentifs, vraiment bien! A
gauche occupant une partie du décor, le dos d'un servant fait
écran, mais il y a un livre qui dépasse et révèle
la présence du troisième homme, le célébrant.
Je vous laisse deviner qui! Mais il me faut surtout donner la
conclusion de cet épisode, la voici. Peu d'années se
sont écoulées, le mariage n'a pas tenu; Astride a fui
son époux. Alors Bokassa sollicite un nouveau mariage à
l'Eglise avec Catherine qui deviendra l'Impératrice. Devant le
refus incontournable de l'Evêque, il soupire « Ah! Si
j'avais écouté le Père Gautier ». Là,
il était bon joueur! Je crois que cet épisode a fort
contribué à l'octroi de ma grande décoration de
Commandeur de l'Ordre National Centrafricain.
Continuons avec
Bokassa et disons quelques mots des préliminaires de la
fondation du brève Empire Centrafricain.
Un beau matin tout
ce que le clergé et les missions catholiques comptent comme
personnel fut convoqué à Berengo.
Modeste bourgade située à une petite centaine de
kilomètres de Bangui le domaine de .Berengo devait devenir
cité impériale et déjà ses abords
jouissaient d'une haute surveillance et les entrées y étaient
minutieusement filtrées. Pour la circonstance le clergé
a plein accès et nous voila tous rassemblés, dans ce
qui se prépare à devenir la salle du trône, pour
écouter Bokassa. Il nous affirme en premier lieu « ma
conversion à l'Islam était superficielle, je reviens à
la foi catholique ». Puis, en une seule phrase, « Je vais
devenir Empereur et le Centrafrique un Empire et je serai sacré,
comme Napoléon, à l'Eglise, soit, pour moi en la
Cathédrale Notre-Dame de Bangui».Vaste programme !
La réponse
revient à Monseigneur Joachim Ndayen notre Archevêque.
Je ne peux reproduire de façon précise la forme de
cette réponse combien délicate, mais en voici le fond.
Monseigneur se réjouit du retour de Bokassa à l'Eglise,
mais, par contre, il ne peut être question de sacre. Il n'y a
plus de sacre dans l'Eglise Catholique, et il n'y a pas matière
à sacre dans le pays de Centrafrique. Par contre si le jour
d'un couronnement le nouvel Empereur veut y venir prier en solennelle
action de grâce, la Cathédrale lui est ouverte. Pour
Bokassa ce fut dur à avaler, mais dans ce domaine des grandes
décisions de l'Eglise il n’avait aucun pouvoir.
Je n'ai pas voulu
assister au couronnement qui eut lieu au grand stade de la ville, par
contre j'étais à la messe à Notre-Dame dans un
décor presque irrespirable par le faste voulu par Bokassa.,
Sur toute sa très grande surface et dans toute sa hauteur le
fond du chœur fut garni de plantes vertes et la cathédrale
bien trop petite pour accueillir la foule. Ce couronnement et le
faste inouï qui l'accompagnait furent, à mes yeux,
l'occasion d'une réelle rupture entre le peuple de Bangui et
Bokassa. Un indice: il y avait foule à 1 'Eglise, mais il n'y
avait presque personne au long du parcours. La mission de la Kouanga
où j'habitais voisinait la plus grande avenue de la ville.
Pour le passage du Président Giscard, on se bousculait sur 5
ou 6 rangées tout au long de l'avenue; pour le carrosse de
Bokassa à peine quelques groupes peu attentifs. Mon voisin,
comme beaucoup d'autres, restait chez lui; les extravagances de
Bokassa ne l'intéressaient pas.
************************************************************************************
Pour étoffer
ces dernières rencontres, j'ajoute à chaque numéro
d'Etincelles deux «flashs» en pièces jointes. Ces
flashs sont de courtes histoires, parfois anciennes, toujours
vraies :
la
vie à Bangui des évènements très divers,
croqués, sur le vif.
Père Yves
Gautier GROUPE ESPOIR N° 98
Etincelles
98 Mars
Avril 2012
A
mes parents, à mes amis, .
.
A tous ceux qui me
rejoignent par « Etincelles »
et même à
quelques uns dont je retrouve l'adresse,...après moult années!
C'est avec une
émotion certaine que je commence ces lignes: en effet, cette «
Etincelles » va être entièrement écrite en
France. Pour le moment, il n'est plus question que je regagne
l'Afrique car le soin de mes yeux demande un suivi long et pointu qui
ne peut, actuellement, être fait à Bangui.
Mon départ de
Bangui vient de se vivre sans grande cérémonie. Pour ma
part j'étais dans un état de fatigue extrême, je
n'étais pas du tout prêt à un tel déracinement,
il m'était trop difficile de dire « adieux » et
non pas, comme je l'ai déjà fait de nombreuses fois, un
simple «au revoir» ! En fait, qu'en sera-t-il? Je
n'arrive pas à écrire que je ne retournerai plus à
Bangui. A la grâce de Dieu!
Laissons émerger
quelques moments clefs de ces soixante années de Centrafrique
Et
commençons par le commencement : il se situe en notre grand
séminaire de Chevilly.
J’ai une photo
de groupe de cette cérémonie du 2 Juillet 1950, le jour
où j'ai entendu notre Supérieur Général,
Monseigneur Le Hunsec, orienter l'avenir de chacun des Pères
de notre nombreuse promotion, nous étions 34 à attendre
notre première affectation. Arrive enfin mon tour: « le
Père Yves Gautier, ira en Oubangui-Chari », (qui
deviendra plus tard la République Centrafricaine). Cette
affectation correspondait tout à fait à mon attente: un
pays au loin sur la terre africaine, vivant encore pleinement des
coutumes ancestrales et encore très peu évangélisé.
Je retrouve une
vraie photo-témoin caractéristique : j'y suis seul,
bien centré et les mots écrits sous la photo nous dit
toute l'importance de l'évènement: «cordon
spiritain, casque colonial, soutane blanche ; tout est prêt
pour le départ », j’espère que vous~me
voyez!!
Et jeune , tout jeune. Je me souviens d'une petite fille qui, peu
après mon arrivée à Bangui après mon
passage dans sa famille, disait à ses parents en parlant de
moi: « nous avons un Père tout neuf ».
Comme tout bon
spiritain je partais pour six, huit, ou dix ans, le voyage était
bien trop long et trop cher pour revenir souvent. Je ne garde de ce
premier voyage que la photo du « Canada », un long
paquebot, qui assurait la traversée Marseille-Douala du 6 au
23 octobre 1950. Il n'était absolument pas encore question
d'un voyage en avion. Maintenant au contraire, il n'y a plus aucune
ligne maritime régulière. Chacun s'installe dans son
fauteuil à la place fixée ; puis nous attendons pendant
sept heures dans ce fauteuil. Enfin on nous affirme que l'avion est
arrivé et nous aussi, à Bangui. Oui, nous y voila sans
avoir rien vu du trajet. De nos jours il faut partir en croisière
maritime organisée pour jouir du pittoresque
de chacune des escales et de la longue patience de la navigation. '
Voici toute une
série de photos présentant la Capitale, Bangui; la
ville, son cadre, ses monuments, et surtout, la population. Je garde
aussi toutes celles de la Cathédrale. Monseigneur Cucherousset
vient de me nommer là et me voici nouveau membre de la
Communauté de la Mission Notre-Dame, Marie Immaculée et
je suis chargé particulièrement de tous les
parlant-français.
Monseigneur
Cucherousset n'était pas encore Evêque
de Bangui: mais seulement le Vicaire
apostolique
de cette grande portion de terre africaine qui n'était pas
encore un diocèse et dépendait très directement
de Rome. Même en ce domaine l'Afrique devait lentement acquérir
sa majorité! ! !
Que faut-il entendre
par l'expression « parlant-français»? En premier
lieu tous les expatriés, les Français et autres
européens, en particulier les Portugais fort nombreux et une
poignée d'africains des colonies francophones alentours. On
les a fait venir dans ce pays qui manquait totalement d'élites
pour qu'ils tiennent les fonctions les plus basses dans
l'administration. Toute vraie responsabilité était
alors réservée aux blancs et les grands postes étaient
chasse-gardée de l'élite, les Administrateurs sortis de
l'Ecole de la France d'Outre Mer. Enfin la dernière catégorie
des ces parlant-français se nomme les « évolués
».
Qu'entendait-on par
ce mot «Les Evolués»? On appelait ainsi la petite
minorité des enfants du pays ayant fait quelques études
et cherchant à partager, timidement, le mode de vie des
blancs. Le mot est usuel. Ainsi trouve-t-on, tout proche de la
Cathédrale, un groupe de maisons « construites en dur »,
ce premier quartier édifié sur le modèle de très
modestes maisons pour des blancs ne s'appelait-il pas, « Camp
des Evolués », une vingtaine de cases à la limite
du monde blanc. Ce terme dénonce bien l'ambiance d'une époque,
il dégageait toute une philosophie et un comportement
vis-à-vis de l'homme noir. Evidemment, il vaut mieux ne pas
chercher comment on définissait ceux qui n'avaient pas
l'avantage de faire partie de cette toute petite minorité.
Bien peu nombreux effet ceux qui avaient pu profiter d'années
de formation! Ainsi en 1955, si l'enseignement primaire commençait
à se multiplier, on comptait à peine 60 africains parmi
les élèves du seul Lycée de Bangui, le nouveau
Lycée Emile Gentil qui deviendra à l'Indépendance
le Lycée Barthelemy Boganda. En tout ce vaste Territoire de
l'Oubangui Chari, on venait seulement de mettre en route, un second
établissement Secondaire, à Bambari, avec encore moins
d'élèves pour profiter de cet enseignement.
Le fait d'être
blanc faisait de vous un personnage. Quelques originaux faisaient
exception et on les écartait avec un dédain bien mérité
pensait-on, ils n'étaient que des «petits blancs ».
On était en plein dans ce qu'on appelle l'époque
coloniale....et on ne la savait pas si proche de sa fin!
,
Revenons un peu en
arrière pour mieux comprendre l'ambiance générale
du pays en ce temps de l'ère coloniale. On assiste à
partir des années 1890, à la recherche par les nations
européennes des terres africaines, à l'implantation des
colonies, à la confrontation de deux mondes:
le monde africain
aux modes de vie matérielle encore très rudimentaires,
sans aucun moyen de communication et donc comme replié sur
lui-même et forcément limité dans ses projets et
ses ambitions au court rayon d'action de chacune des tribus !
….et voila
que débarquent par le fleuve les premiers représentants
d'un monde à la civilisation matérielle déjà
fort développée, dont les antennes commencent à
ausculter le monde. Ces premiers pionniers européens sont
souvent animés d'un esprit de conquête et certains très
impatients espèrent trouver en ces contrées qui, à
leurs yeux sont des terres inexplorées, quelques richesses
extraordinaires, dont l'or reste le modèle le plus typique et
le plus couru! Trouver un nouveau Mexique! (Nous le savons,
maintenant, il y a très peu d'or en Centrafrique).
Heureusement il y a aussi parmi ces premiers explorateurs une pléiade
d'hommes, comme Savorgnan de Brazza, qui étaient des
«coloniaux » aux ambitions humanitaires qui chercheront à
rencontrer et à comprendre l'Homme noir.
Et, enfin, nous y
arrivons! Il y a aussi les missionnaires catholiques et protestants
et tout ce qui se fait par les « missions » .
C'est
notre sujet, un sujet trop vaste, mais osons en dire quelques mots.
Le missionnaire veut
être porteur de la Parole, annoncer le Christ, fonder l'Eglise,
annoncer le salut comme l'affirme le Credo: « la rémission
des péchés et la vie éternelle » proposée
à tous, créer des communautés où se vit
l'idéal de vraie fraternité évangélique
de vérité et de charité. Et évoquons
toute la variété des tâches humanitaires et
sociales à commencer par celles de la santé et de
l'éducation.
Plein de cet idéal,
pour le moment et très prosaïquement je viens m'ajouter à
l'équipe de la paroisse Cathédrale. Je retrouve leur
photo: ils se tiennent eux aussi en soutane blanche celle des
dimanches et fêtes, et je reconnais le Père Charles
Gruner, un alsacien, le responsable de la communauté, le père
Roger Ternet, un franc-comtois ; il est très marqué par
cinq années dans les camp de prisonnier en Allemagne, (ne
l'oubliez pas, nous sommes en 1950 !) il s'occupe de toute la
ceinture des villages sur les routes quittant Bangui jusqu'à
20 kilomètres de la ville; le Père Louis Godard, né
à Domrémy comme Jeanne d'Arc, il est chargé des
écoles; le frère Marc originaire du Nord, il est en
train de lancer la première imprimerie de Bangui. Je veux
aussi nommer bien, qu'il ne soit pas sur cette photo, Roland Vassor,
l'un des tous premiers laïcs missionnaires. Il travaille aussi à
l'imprimerie mais surtout, il anime le scoutisme. Il m'a beaucoup
aidé dans l'approche du milieu des jeunes africains.
Bien encadré,
je vais entrer moi aussi dans l'aventure missionnaire, elle est
devant moi, elle m'attend, allons!
suite avec
Etincelles 99.
...elle
viendra! !
!
Père Yves
Gautier GROUPE ESPOIR N° 97
Janvier 2012
Depuis que le vol
Air-France du Mercredi a atterri, je suis à Bangui. C'était
le 11 Janvier en cette année 2012 encore toute jeune. Je viens
de retrouver avec une joie profonde beaucoup d'amis et de
connaissances, heureux d'avoir autour de moi tous ces visages. Je
saisis le bonheur simple que l'on éprouve quand, enfin, on est
chez soi; le lieu où tout vous est familier et évocateur;
chaque objet, chaque parcelle de ces deux pièce a son histoire
et que dire pour chaque rencontre.
Je vais aussi
recommencer à vivre au sein de ma communauté spiritaine
de Saint Charles, il faudrait présenter chacun, je ne fais que
les nommer: Patrick, le responsable du groupe spiritain en RCA et
Yves (pas moi, l'autre !), Innocent notre économe, Rock et
Jean et encore Georges le jeune stagiaire. Parmi nous, deux sont
centrafricains, je suis français, le stagiaire est gabonais on
compte un citoyen du Nigeria et un «Congolais d'en face »,
le Zaïre. Voilà notre multi- nationale! Nous sommes la
Communauté; elle aura ses moments difficiles et ses richesses.
Je
m'installe donc, mais je suis aussi bien conscient qu'il y a un
problème! Comment pérenniser ma présence en
Centrafrique quand mes yeux demandent un suivi pointu et fréquent
chez un spécialiste qui, pour moi, est dans l'Est de la
France, à Besançon. Je commence à regrouper les
éléments de la réponse.
Je retrouve le
Groupe Espoir, fidèle à sa mission auprès des
malades qui lui font confiance. Plusieurs médecins, deux Sœurs
infirmières, une secrétaire, forment actuellement une
bonne équipe; ils sont au service de tous ces patients qui le
plus souvent sont des patientes. La Maison Espoir, notre centre, au
voisinage de 1 'Avenue Boganda s'organise progressivement et attend
ce fameux
laboratoire, dont on parle-depuis longtemps, qu’il faudra bien
faire passer du stade de projet
à celui d'un bon instrument fonctionnel. Et, surtout, nous
attendons le Frère Elkana, le futur responsable du groupe. Il
vient d'être reçu glorieusement à ses examens, il
sera bientôt à Bangui.
Depuis deux jours
j'ai repris mes listes; d'abord celle de tous ceux que j'ai
rencontrés dans ce séjour prolongé en France et
dont l'accueil est fait tout de gentillesse et d'amitié. Puis
la liste de ceux qui ont répondu à mes appels pour nous
aider financièrement. C'est vrai, il nous faut beaucoup
d'argent pour la vie du groupe et certains l'ont compris et
n'hésitent pas à nous envoyer des dons généreux,
mais il y a aussi bon nombre de petits dons qui pèsent un
lourd poids de fraternité. Il y a de quoi être émus
quand on reçoit un don qui réveille des souvenirs d'il
y a vingt ans, trente ans ou même plus! Il y a de petites
sommes qui valent beaucoup. Grand merci à tous. Nous avons
toujours besoin de votre aide. Ce matin, Sœur Irène m'a
présenté une facture de plus de 3.200.000 CFA soit plus
de 4.800 Euros pour des médicaments. J'espère qu'il yen
aura pour quelques semaines!!!
Terminons ce travail
par la listes des abonnés à Etincelles ; nous arrivons,
avec, pour le moment, des éditions très irrégulières,
au Numéro 97.. .arriverons nous à atteindre le N°
100 ?
Bangui et la
Centrafrique 2012 ! Un pays tellement fragile, une économie
qui ne parvient pas à répondre aux nécessités
premières de la population. Le salaire minimum garanti reste
bloqué depuis des années à 18.000 frs CF A, soit
26 euros par mois! ! !
A mon retour, j'ai
le défilé des quelques miséreux qui me
connaissent et attendent quelque chose de moi. Malgré ma
connaissance du milieu, j'en reste tout interloqué: comment
peut-on atteindre un tel degré de dénuement?
Alors,
exceptionnellement, j'ai voulu répondre, sans même
discuter, à leur principale requête personnelle; qu'au
moins une fois, aujourd'hui, ils aient un problème résolu
et s'endorment plus paisiblement. J'ai justement un solliciteur
devant ma porte, il est en fauteuil roulant, ses jambes sont
complètement atrophiées. Je copie deux lignes du papier
qu'il a préparé: « je vous supplie de m'aider
avec 12.000 CFA (soit 18 euros) pour arranger les douches et les WC
de ma maison; ayez pitié de moi.» signé Joseph G
... je lui ai donné ce qu'il attendait sans discuter. A-t-il
seulement une « maison,» ! Cadeau à la demande,
cadeau de retour, cadeau de jour de l'an, il sait que l'occasion est
unique. J'ai pu donner parce que moi-même j'avais reçu,
merci encore à tous les donateurs.
Je retrouve à
Bangui un monde de croyants. J'en oublie les difficultés
actuelles au niveau du clergé
pour entrer dans la mouvance positive de la vie de l'Eglise en
Centrafrique. A Saint Charles,
où je demeure, les réunions se succèdent:
préparation de la liturgie dominicale, réunion des
Foyers Notre-Dame, grand rassemblement de la Confédération
du Saint-Esprit, travail avec le groupe des « Vocations»;
partout des jeunes, du sérieux, de la vie Dans une ambiance
pareille il semble normal d'écouter la Parole et-de tout
replacer très naturellement sous le regard de Dieu. Combien
ai-je eu de visiteurs qui me promettent de confier au Seigneur la
guérison de mes yeux et la pérennité de ma
présence parmi eux! Je ne sais comment s'appelle la vieille
maman qui est à ma porte depuis un quart d'heure, elle aussi
célèbre Dieu, tout simplement, pour la joie de mon
retour, et, certainement aussi, dans l'espérance d'un petit
bienfait.
Pour terminer cette
Etincelle, un dernier sujet s'impose, la
bonne année, n'y
manquons pas,
Une année,
vous le savez, est le parcours de la terre, en une immense ellipse
autours du soleil, alors bon voyage, et quelques vœux pour ce
long voyage!
D'abord un vœu
tout simple : ayez, assez souvent, au jour le jour de ces 366 jours,
la ~~
préoccupation
de rendre les autres heureux, alors, vous aussi, soyez heureux.
J'ai bien écris
366 et pas 365, car cette année 2012 est bissextile, il y aura
29 jours en Février.
Et un second vœu
bien plus large: Noël, Jour-de-l'An, nous accueillons Celui qui
se fait homme pour diviniser tous les hommes et donc, chacun de nous.
J'ai bien écris, il s'agit de notre divinisation!!!
Quel
plus, merveilleux cadeau. Nous le fignolons en chacune de nos
journées. Un long périple au cours des ans. Que 2012
soit pour chacun une grande avancée en cette rencontre avec
Dieu sur un chemin de vérité et de charité.
....et qu'Etincelles
se porte bien et lance au loin sa modeste lumière.
Avec beaucoup
d'affection
Yves Gautier
Yves
Gautier B.P.780 CF Bangui
Email
: yvesgautier@hotmail.com
CCP
:La Poste: Gautier Yves. La Source.
Etablissement
2004 Guichet 01012 -
N°
du compte 39 284 27 P -
Clé
RIP: 033
Téléphones:
portable à Bangui 75 041060 de France: 002367504 1060
maison
saint Charles:
A
Paris: 30 rue Lhomond 75005 Paris
Téléphone
01 47074909
Pour
recevoir un reçu fiscal:
Intitulez
vos chèques: « Procure des Missions »
Votre
enveloppe adressez la aussi à « Procure des Missions»
30 Rue Lhomond 75005 Paris Et spécifiez « pour le
Père Yves Gautier de Bangui » ; notre service est très
fiable;
De Centrafrique
Groupe
Espoir Bangui, le 15 septembre 2011
A
mes parents, à mes amis
Mais
aussi
« Etincelles
96 »
Bangui,
…le Père Gautier,…
Etincelles…
,
souvenirs du
passé
!
Aujourd'hui,
si
vous
le
voulez, ce passé retrouvera ses racines actuelles.
J'ai
ouvert
mon carnet d'adresses: je dirais plus volontiers', mon carnet de
souvenirs et de visage: ainsi, j'espère
vous
rejoindre
Enfin,
me voici de retour à Bangui !
J'ai
été retenu près de cinq mois en France par les
soins nécessaires pour essayer de garder ma vue à un
assez bon niveau. Ces longues semaines furent pour moi l'occasion de
rencontrer bien des amis et j'ai été très touché
par la délicatesse de leur accueil et toutes leurs
prévenances. Certes pour certains nous ne nous sommes jamais
perdus de vue, mais, pour quelques autres, cc furent des
retrouvailles après, parfois, des dizaines d'années de
silence. Ma feuille Etincelles a souvent entretenu les contacts.
Je
retrouve à Bangui tous mes documents et ma correspondance des
derniers mois aussi que plusieurs réponses à mes
appels. Mais surtout je suis heureux de constater que votre effort
pour nous aider n’est pas vain. Il y a eu l’achat puis la
rénovation de la « case espoir » qui
représentent un effort considérable que vous avez rendu
possible. Cette case est un bel instrument au service des malades.
Nous espérons y monter un petit laboratoire pour les analyses
les plus simples.
L'action
essentielle demeure celle des médicaments, les nôtres,
ceux qu'on appelle les ARV ou anti-retro-viraux. Ils sont au cœur
de nos préoccupations car, nous l'avons déjà
écrit, il s'agit d'une question de vie ou de mort. Nous en
achetons sur Bangui chaque fois que nous en avons l'occasion, mais
ces médicaments sont rares en Centrafrique. Grace à vos
dons notre Groupe Espoir n'a pas encore connu de rupture et nous
cherchons à trouver en France une Centrale de pharmacie avec
laquelle nous pourrions travailler. Pour le moment nous n'avons que
très peu de réserve car les ruptures de livraisons des
organismes internationaux sont hélas trop fréquentes.
Parlons
un peu finances; comme je reviens après une longue absence,
notre Sœur infirmière me présente les factures
.les plus urgentes et je retrouve sur mon bureau, la facture des ARV,
pour un total de 6.300 000
CFA
(soit 9.692 euros), et aussi celle des médicaments divers qui
elle aussi monte et atteint .3.174.000 Frs CFA (soit 4.838 euros)..
N'oublions pas d'ajouter 1.000.000 CFA.(soit 1.500 euros) que j'ai
déjà donné la semaine dernière pour une
première livraison d' ARV. Au total, nous venons de répondre
positivement à l'achat de médicaments pour plus de 10
millions CFA (ou 15.000 euros).
De
quoi tenir au moins deux mois! C'est un grand investissement, mais
n'oubliez pas que nous suivons plus de 900
malades
séropositives! Espérons que les organismes
internationaux reprendront au plus vite leur service. Inutile de dire
que tout ce que vous pouvez m'envoyer sera le bienvenu.
Une
autre bonne nouvelle: le frère Elkana est parmi nous. Il est
venu à Bangui pour prononcer son engagement définitif
dans notre Congrégation des Spiritains. II est aussi désigné
pour prendre la direction du « Groupe Espoir» au début
de 2012. Il doit auparavant terminer un cycle d'études
supérieures à la Faculté de la Santé à
Yaoundé.
Bangui,
bientôt « Bangui 2012»! La ville semble de moins en
moins entretenue, J'ai remarqué les emplacements de deux
grands chantiers en plein centre de la ville, mais sans savoir ce
qu'ils nous promettent ; d'ailleurs ces chantiers paraissent
inactifs. J'ai l'impression de baigner dans une misère
générale, mais avec tout un peuple qui est jeune, qui a
l'art de survivre, dans un pays dont l’économie semble à
la dérive.
Pour
terminer je voudrais évoquer mon groupe de miséreux
parmi les plus miséreux; ils viennent les uns après les
autres ; ils se réjouissent de mon retour et attendent, bien
entendu une petite générosité qui allégera
quelques heures la lourdeur de leur existence. Ils seraient. très
heureux si je les appelais chacun par leur nom, mais depuis ma
lointaine jeunesse j’ai des difficultés avec ce
vocabulaire des noms propres et mon grand âge n’a rien
arrangé. La plupart me confie à Dieu.
En
sept heures d'avion, nous avons changé de continent, mais
aussi changé de « continent- spirituel ». Ici,
dans la vie courante, l'allusion à Dieu est naturelle. A mon
retour combien m'ont assuré de leurs prières pour mon
bon rétablissement. Dès le premier Dimanche j'ai
retrouvé dans les églises ces assemblées
abondantes, serrées, et surtout jeunes. Certes la moyenne
d'âge est beaucoup plus jeune à Bangui qu'en Europe.
Mais pour le Seigneur, ces .jeunes sont là ils prient et
chantent dans les églises.
Et
pour terminer il est donc tout normal que j'invoque le Seigneur:
qu'il nous donne sa Joie et sa Paix.
,.."
En 'toute amitié. ~.
Yves
Gautier
________________________________________________________________
Yves
Gautier Maisson Saint Charles BP 798 CF Bangui République
Centrafricaine
Email
y:yesgautier.@hotmail.com
Téléphones
portable (236) 75 04 10 60 et Maison Saint Charles (236) 21 61 00 02
Gautier
Yves La Banque postale Centre financier La Source 39 384 27P 033 clé
Rib 65
Pour
un reçu fiscal, intitulez votre chèque :« Procure
des Missions» adresser votre enveloppe aussi à Procure
des Missions 30 rue Lhomond 75005 Paris et spécifiez«
pour le Père Yves Gautier à Bangui » Notre
Service est très fiable.
De Centrafrique
Depuis 2 mois
cette «Etincelles 95» est en attente; je ne m'occupe ni
de mener à bien sa conclusion, ni de son impression, ni de son
expédition. Je plaide coupable, mais je demande la prise en
considération des circonstances atténuantes que sont
une grande fatigue et aussi des complications multiples aves mes
instruments de bureau.
Aujourd'hui, je
suis heureux de vous envoyer enfin cette « Etincelles 95 »
Elle vous parviendra avec une feuille jointe qui ressemble à
un cri du cœur.
Bangui 5 Mars
2011
===================================================================
Père Yves
Gautier Groupe Espoir
ETINCELLES
N° 95
Décembre 2010
Noël!
Des
souhaits, oui, et de bon cœur ! Beaucoup de bonheur et une
solide santé; certainement ! Mais, avant tout, cette année,
je nous souhaite d'entrer dans le dynamisme des noms de l’Enfant
que Marie a mis au monde.
Il est Jésus,
«Dieu sauve ». Rien ne peut l'arrêter. Il ne
reculera devant aucune difficulté. Il sait le poids du monde
où il vient de naître, puisqu'avec l'annonce de ce nom,
l'ange précise : « il sauvera son peuple de son
péché» ; quelle perspective pour un enfant!
Il est Emmanuel
«Dieu avec nous ». Dieu proche, tout proche de tout
humain, et donc de moi aussi! Quel Dieu inattendu; j'imaginais un
Dieu transcendant, forcément lointain. !. Or il veut être
pour moi Dieu intime, vraiment proche!
Voilà de quoi
méditer et grandir.
Un secteur très
sensible: la rentrée des classes et la scolarisation des
enfants.
En
œ mois de Décembre, chaque jour, de nombreux enfants
viennent me demander ce qui leur est nécessaire pour rester à
l'école avec la diversité des cas : des assurances
impayées, des scolarités réglées
partiellement, manque total de matériel scolaire; certains
n'ont encore ni un crayon ni un cahier, et je ne parle pas du rayon
vêtement avec, parfois, l'uniforme imposé. En fin de
trimestre les autorités scolaires s'inquiètent de tous
ces règlements financiers promis mais jamais faits et menacent
de renvoyer les mauvais payeurs.
Sœur
Octavie évoque l'effort considérable que nous avons
fait pour aider les familles à scolariser leurs enfants. Nous
avons largement dépassé les limites de l'argent reçu
à titre de parrainage, car nous avons aussi aidés
d'autres membres de la famille des enfants parrainés. Toujours
le même problème: comment isoler le parrainé de
ceux qui l'entourent? Et il reste' tant d'enfants qui, par manque de
quelques monnaies, ne seront jamais scolarisés. C'est grave.
Les Parrainages
en fête.
Nous
voulons fêter Noël au niveau du groupe «Parrainage-Espoir
». Nous nous réunirons pour partager quelques
friandises, mais surtout, nous retrouver, mieux nous connaître,
faire des photos que nous vous enverrons. N'oublions pas Celui qui
nous rassemble et d’une façon ou d'une autre, marquons
la présence de l'Enfant-Jésus puisque Noël, c'est
Lui, Un cantique devant une crèche, où nous pourrions,
peut-être, inviter les enfants à improviser eux-mêmes
une crèche?
Economie
centrafricaine
Il aime se faire
appeler« papa gâteau ». Il s'est spécialisé
dans la fabrication et la vente de ce qui ressemble à de très
compacts «pains au chocolat ». Chaque unité de sa
marchandise est enveloppée dans un très léger
papier transparent. Je n'ai jamais vu sa table de fabrication, mais
je sais qu'il s'est entendu avec un boulanger pour la cuisson d'une
cinquantaine de pains par jour. Il a ses points de vente à la
porte des écoles et il ajoute quelques clients de mon genre.
Pour ma part j'ai un forfait que j'ai voulu en sa faveur: il me livre
quatre pains le dimanche que je paye 1.000 Fcfa. Je sais que je
dépasse assez sérieusement le tarif qui n'est que de
100 frs l'unité mais je sais aussi que Papa-Gâteau n'a
qu'un minuscule bénéfice et que les 50 pains cuits et
vendus chaque jour lui permettent à peine de vivre et de
continuer ses études. Sa visite hebdomadaire est aussi
l'occasion de parler un peu de tout. Il lui faut se battre!
Papa-Gâteau, avec persévérance, cherche à
tenir la route, il a trouvé ce tout petit job, il s'accroche..
A Bangui, il y a foule de ces tout petits commerces qui permettent la
survie.
La poupée
de la réconciliation
J'attendais
tranquillement que les enfants et leurs accompagnateurs soient
arrivés pour notre modeste fête des enfants-parrainés,
à l'occasion de Noël et du Jour de l'an. J'étais
assis dans un fauteuil bas, à l'entrée de mon bureau,
la porte grande ouverte. Soudain, ce fut comme un
éclair: elle
a sursauté en me découvrant, son visage se remplit
d'effroi, elle poussa un grand ., cri et s'est enfuie au plus vite et
au plus loin. C'est l'une des petites invitées, je lui donne
sept ou huit ans, et c'est bien la première fois que je me
trouve sur sa route !
Très intrigué
par l'attitude de cette petite fille que je ne connais pas du tout,
je me suis simplement levé; aussitôt, dès qu'elle
m'a aperçu sur le pas de la porte, la gamine a poussé à
nouveau un grand cri. Quand j'ai quitté mon bureau et que j'ai
rejoins le groupe, pour participer à la fête, nouvelle
frayeur; elle a quitté précipitamment sa place au
milieu des autres enfants pour chercher refuge auprès de
l'adulte qui l'accompagne. Malgré les reproches et les paroles
d'apaisement du groupe qui ne comprend pas ces frayeurs, elle reste
en alarme et garde un œil vigilent dans la direction qui est la
mienne.
Et
moi, dans mon coin, je ne veux pas gâter la fête, je me
remue le moins possible, et je cherche que faire? Soudain, j'ai une
idée! Il y a, à portée de ma main, dans un grand
sac, un gros paquet avec une dizaine de poupées genre «poupée
barbie». Je vais essayer la réconciliation par la
poupée. Ces «barbies» en ont déjà
séduit bien d'autres! Délicatement, sans me faire
remarquer, je m'empare de la poupée encore toute enveloppée
de cellophane transparente. Je redresse la poupée dans la
direction de ma petite fille. Trois ou quatre fois mes yeux passent
de l'enfant à la poupée et de la poupée à
l'enfant et son regard change quand elle a réalisé que
c'est bien une poupée qui vient vers elle. Puis lentement,
lentement je me rapproche et toujours lentement sans un mot
je la lui tends. Pas un instant d'hésitation, elle s'en
empare et me regarde. Je lui ai réservé un grand
sourire. Heureuse, elle dévisage la poupée,
elle en prend possession, puis, tenant fortement le jouet,
d'elle-même, elle regagne 'résolument
sa place au milieu des autres enfants. Il n'y a plus de peur !
Elle
est même venue jusqu'à moi acceptant une légère
bise sur le front.
Ce
simple jouet, une poupée, remue tant de sentiments dans le
cœur d'une petite fille ! C'est magique! La poupée
de la réconciliation!
P.S. J'ai cherché
à comprendre la racine de cette peur-panique.
La
même tentative d'explication m'a été proposée
par les trois auditeurs de ce texte «mais tu es blanc! »
; On m'assure que cet enfant habite assez loin de Bangui, un quartier
où il ne passe aucun blanc.. .Mais alors quelle terrible image
a bien pu éveiller en elle la proximité inattendue du «
petit blanc » que je suis?
******************************************************************************************
Yves Gautier B.P. 780 CF Bangui République Centrafricaine
Email : yvesgautier@hotmail.com
Téléphones:
portable (236) 75 04 1060 Maison Saint Charles: (236) 2161 0002
Supplément
à Etincelles 95
A propos
d'Etincelle 93
La réponse
à mon appel... une vraie déception.
Certes, pour mes
réalisations en Centrafrique, j'ai toujours eu recours à
votre soutien matériel et financier et j'ai récemment
retrouvé avec émotion un bon paquet de lettres reçues
au .cours des années; elles étaient souvent
accompagnées de quelque versement et j'ai toujours été
heureux de votre affection et de votre générosité.
Ordinairement je vous tiens au courant de mes nécessités
sans formuler des appels.
Mais voila que
soudain ici, à Bangui, la situation- se dégrade, nous
risquons un vrai drame avec toutes ces mamans malades qui font
confiance
au Groupe- Espoir. Alors, très exceptionnellement, je vous
envoie «Etincelles 93 », un véritable appel.
J'ai envoyé
400 lettres; les dernières enveloppes ont été
expédiées il y a plus d’un-mois. J’ai-eu-au
total à œ- jour, 24 réponses dont deux n’étaient
accompagnées d'aucun versement, mais elles m'ont réchauffé
le cœur. !
24
réponses bénies, mais 24 réponses seulement, ça
me fait mal!
Je sais
combien de sollicitations vous arrivent chaque jour. J'ai cru être
un solliciteur pas tout à fait comme les autres. J'ai encore
sous mon bureau le paquet des anciennes lettres; ces signatures qui
font
tout
de suite surgir un visage. Tant d'évènements du passé
qui soudent encore des liens qui, pour moi, restent actuels. Alors,
si peu de réponses, ça me fait mal!
Yves Gautier
A
Bangui le 22 Décembre 2010
****************************************************************
Adresses utiles
Gautier Yves
La
Banque Postale. Centre financier de La source. N°39 384 27 P 033
clé RIB 65
Et si c'est
nécessaire :
IBAN:
FR92
2004
1010
1239 3842 7P03 365
BIC;
PSSTFRPPLCE
Pour recevoir un
reçu fiscal,
Intitulez votre
chèque; « Procure des Missions »
Et votre enveloppe,
adressez la aussi à: « Procure des Missions» 30 me
Lhomond 75005
Paris
'
et spécifiez:
« Pour le Père Yves Gautier à Bangui » ;
notre service est très fiable
Décembre
2010
Groupe
Espoir
Soixante ans de
présence; soixante ans d'histoire.
>Le
Samedi 6 Novembre 2010, mes frères spiritains et mes amis ont
voulu organiser une fête pour célébrer mes 60
années de présence en ce pays qui maintenant s'appelle
la République Centrafricaine. Ils me donnaient ainsi
l'occasion d'évoquer ces longues années.de vie. J'ai
parlé, au cours de la messe célébrée pour
cette occasion, de l'appel qui m'a conduit jusqu'à devenir
Père Spiritain et missionnaire en Centrafrique, et j'ai parlé
aussi des grandes heures de l'implantation de l'Eglise pendant toutes
ces années. Ce fut assez long, je n'ai pas voulu alourdir la
cérémonie par la lecture de la page sur la naissance du
pays. Cette page, elle était préparée, la voici:
Je
ne suis pas historien, mais je réfléchis sur ma propre
histoire, moi, qui au cours de ces 60 années, ai suivi au jour
le jour la succession des évènements en ce pays de
Centrafrique, cherchant à en saisir surtout les aspects
positifs et les courants dominants.
Je
vais commencer par évoquer, si non au jour le jour, du moins
années après années, quelques uns des principaux
évènements qui depuis 1950 ont marqué le pays.
Ils sont, chacun, chargés d'histoire et d'une profonde
signification, mais ici, je me contente de les énumérer.
Un
peu en vrac, nous citons : les «
14 Juillet
»
et
les derniers Gouverneurs, la présentation du drapeau et la
proclamation qui fonde la nouvelle République Centrafricaine :
la
mort du Président Boganda, la proclamation de
l’indépendance ;la suite des différents
présidents et les espoirs que, parfois, ils soulevaient ;
l'accueil
chaleureux d'un Président Français ;. mention
aussi de l'Empire et de ces folles années ; sans oublier
les coups d'état et les mutineries, mais aussi, pendant des
années, les espoirs et les efforts du monde paysan pour la
culture du coton et celle du café avec les coopératives
et l'O.R.D. Il y aurait tant d'autres faits intéressants qui
auraient mérité d'être cités
de trouver quelques lignes directrices à cette histoire
En
1950 l 'Oubangui-Chari formait avec trois autres territoires, le
Tchad, le Gabon et le Congo, la ,
colonie
de l'Afrique Equatoriale Française. Certes on avait respecté
.l'encadrement des chefs traditionnels
dans les quartiers et les villages, mais on ne leur laissait que des
pouvoirs très limités, Les vraies instances d'autorité,
à tous les niveaux, et plus encore toutes les institutions
financières étaient dans les mains des Français,
habituellement on parlait des« blancs > ».
Nous
abordons ainsi l'une des grandes questions de cette époque: la
place de l'homme noir dans ce pays organisé par les blancs.
Nous abordons aussi la question plus large de l'ouverture de la jeune
Centrafrique au vaste monde,
>
La
culture traditionnelle était une culture très
localisée, et dans l'espace et dans le temps. L'arrivée
des blancs va tout changer, car derrière ces hommes venus de
France il y a un monde immense avec une variété et une
richesse de cultures difficiles à cerner. Au cours des siècles
ces peuples ont été parfois unis et
parfois antagonistes jusqu'à s'affronter dans des guerres
terribles. Nous entrons dans l'histoire du
monde,
un monde immense dont cette petite contrée de l'Afrique
centrale était restée éloignée. Avec
cette poignée de colons débarquant et voulant imposer
leur propre culture, une culture qui met en avant l'argent et la
maîtrise des forces de la matière, c'est le monde entier
qui frappe à la porte des contrées d'Afrique Centrale.
.
Nous
sommes bien en face de développements culturels inégaux
et avec des données si complexes que l'affrontement
est inévitable quand le monde noir se mesure au monde blanc ;
en
Centrafrique aussi il y eut
des affrontements.
En
ces régions où l'importance des ethnies est si marquée,
et le reste toujours, une petite élite réclame soudain
la naissance d'une >«
Nation
»
et
elle demande aussi laquo;
> l'Indépendance
»
sans
tarder. Sur le plan administratif la chose est relativement facile.
En simplifiant, si les partis, souvent après de longs débats,
décident de signer l'accord, on signe et l'affaire est
conclue. Mais pour la majorité des citoyens, passer du statut
de colonisé à celui de citoyen libre est un long
travail d'information, de prise de conscience et de patience. Il
s'agit
ni plus ni moins de la marche vers la maturité de tout un
peuple. Cette marche doit s'effectuer dans le respect de chacun, une
véritable reconnaissance des personnes, leur plus grande
autonomie. On appelait ce lent effort d'adaptation «
l'évolution
».
A
quelques dizaines de mètres de cette Cathédrale, vous
trouverez les vestiges de ce qui fut un premier essai d'urbanisme
amélioré pour les familles de ceux qui étaient
prises dans ce mouvement. Cet ancien carré de cases .s
I>'appelle
laquo;
I>le
camp des Evolués ».
Le
plus important reste souvent pour la finale, or je dois encore
évoquer le monde des esprits. Nous avons conscience de
l'importance de la place qu'il occupe; il
I>est
comme une présence permanente, aussi réelle que l'air
que l'on respire, avec des capacités d'action étonnantes.
Ce monde des esprits est globalement rejeté par l'Eglise car
orienté, trop souvent, vers des pratiques négatives et
habité par la peur. Mais pourtant, n'est ce pas un monde qui
ouvre au spirituel!
N’y
a-t-il pas là, place à une large conversion? »
Nous en venons à
parler de l'Eglise en Centrafrique, à évoquer ses
Grandes Heures sur 60 ans, et ce fut la matière du sermon de
cette messe anniversaire.
BR>
La Caritas du
Diocèse de Bangui change de responsable
>L'Abbé
Elysée Guedjande vient d'être nommé responsable
de la Caritas du diocèse de Bangui. Il remplace l'Abbé
Nicaise Kopedo. Je suis toujours son conseiller à la Caritas,
et je reste chargé du Groupe Espoir. Il y a beaucoup à
faire dans la Caritas Diocésaine et l'Abbé Elysée
saura certainement organiser une action très efficace dans
tous les domaines où on attend un secours en faveur des
nécessiteux..
B>Diffusion de
notre feuille :« Etincelles »
Avez-vous
bien reçu les Numéros 91 92 et 93 ? Nous sommes tout
disposés à vous les envoyer si vous n'avez rien reçu.
Par ailleurs il reste des exemplaires disponibles de tous les numéros
et si vous le désirez, nous pouvons vous aider à
compléter votre collection.
>En route pour
Mobaye Christine
se tient près du fauteuil à coté de ma porte,
tous les matins, depuis trois jours, Le billet bleu de 1.000 Fcfa,
que je lui donne, ne la satisfait visiblement pas. Enfin ce matin je
l'écoute ; je dois lui payer le voyage sur Mobaye ville
située à environ 900 kilomètres de Bangui. Or,
rien de plus risqué que de donner pour un voyage. Cela exige
une somme qui dépasse les petits dons au jour le jour et trois
fois sur quatre, le bénéficiaire bouffe l'argent et
reste à Bangui.
Ma cliente semble
tellement fragile et assurée que je lui demande de préciser
combien elle attend pour payer le voyage. Elle me demande 15.000
Fcfa. C'est beaucoup et j'objecte que cela me paraît cher pour
un voyage Bangui-Mobaye. Alors, Christine se lance dans une longue
explication: elle n'est pas seule, elle part avec tous ses enfants et
elle en a sept. (j'espère qu'ils ne sont pas tous du voyage !)
Elle a négocié longuement pour obtenir ce prix de
faveur. Interloqué par le nombre de passagers, je reprends ma
respiration et, sans rien dire, je lui tends les trois billets verts
de chacun 5.000 frs, ces billets tant attendus. Christine parait tout
interdite devant la somme qu'elle a dans sa main. Avant de partir
elle se retourne vers moi, et tient à me dire qu'elle prie
pour que je ne sois pas oublié par le Seigneur.
Ces lignes ne sont
pas une histoire montée, c'est l'actualité la plus
proche, Christine était encore devant moi il y a deux heures,
La famille devrait prendre la route demain matin... .Je n'ose encore
affirmer qu’ils seront bien à Mobaye dans les jours
suivants? ? ?
Malgré tout,
parfois, j'essaye. Et si, aujourd'hui, j'avais gagné!
Y. Gautier Y.G.
Retour de Guinée
En octobre dernier, j'ai passé une
quinzaine de jours à Conakry, du l" au 15. L'archevêque,
Mgr Coulibaly, m'avait demande de participer à Ia session
d'ouverture de 1'année pastorale : deux jours de reprise
spirituelle à précher pour sés prêtres,
puís deuxjours de session sur lês archives (qui sont
trop souvent négligées en Afrique). Je suÍs
resté avec eux jusqu'à Ia fín de Ia semaine,
heureux de retrouver quelques (rares) anciens, heureux de faire
connaissance avec Ia jeune génération. Tout ceei se
passait à Conakry. Le dimanche suivant, le maître des
novíces spiritaíns m'a emmené avec lui à
Boffa, première mission de Guinée, où a été
bati le novíciat. Je devais >leur
>parler de 1'histoire de Ia
congrégation, de 1'histoire aussi de 1'évangélisatíon
en Afrique de Í'0uest (
Sé négal,
Guinée, Guinée-Bissau, Mauritanie): en tout, dix heures
de cours aux novices. Au retour, le mercredi suivant, je me suis
arrêté à Sonfonia, un nouveau quartíer de
Conakry mais à 25-30 km du centre (Ia villc s'étend
maintenant sans interruptíon jusqu'à 40 km, sur Ia
presqu'ile, et atteint les contreforts du Fouta Djalon, aux pieds du
Kakoulima -1005 mètres). Le curéde cette
nouvelle paroisse, 1'abbé Corréa, est venu souvent aux
archives pendant son sejour en France, quand il préparait son
premier mémoirc. Il a une egiise moderne de 800 à 1000
places, malhcurcusement inachevée (pas de crépissage
extérieur, pas de plafond - quel bruit terriblc quand il pleut
sur les tôles !) et pás de presbytère. J'ai díné
avec
lui dans une famille chrétienne
de militaires. Le chauffeur de Ia famille m'a reconduit ensuite à
Ia villa de 1'archevêque où
je logeais. Mais quelle
circulation, de nuit comme de jour ! J'étais heureux de
n'avoir pas à conduire. Deux matinées passées
aux archives díocésaines m'ont permis ensuite de
commencer un classement adapté, avec lê futur archiviste
du diocèse. Et lê vendredi soir, 15 octobre, je
reprenais 1'avion pour Paris.
L'atmosphère,
en Guinée, était apparemment calme. On sentait tout de
même une grande tension dans 1'attente du deuxième tour
des électíons toujours à nouveau retardé.
Pendant Ia session, Mgr Coulibaly a été appelé,
en même temps que 1'Imam principal de Conakry, auprès du
général Konaté, le Président de
transition : celui-ci leur demandait d"intervenir auprès
des deux candídats restés en lice pour qu'ils
s'accordent sur une date des élections. Ce qui a été
fait. Les « Religieux » ont eu un grand role à
jouer pour que Ia paíx soit sauvegardée. L'un des deux
candidats, Cellou Diallo, est Peul. Les membres de cette ethnie, Ia
pius forte de Guinée, disaíent: c'est notre tour de
gouverner après un malinké (Sekou Touré) et un
sousou (Lansana Conte).] Ils étaient prêts à
utiliser les armes. Les deux candidats ont accepté d'inviter
leurs partisans à rester tranquilles et à respecter le
verdict des umes. Des appels ont été lancés à
Ia Radio, à la T.V. Des neuvaines de prières ont été
dites dans les quartiers. Les élections ont eu lieu le 7
novembre. Contrairement au premier tour. c'est le Malinké
Alpha Conde qui l'a emporté (52,52 % des voix contre 47.48 à
Cellou Diallo). QueJques troubles ont éclaté à
1'annonce de cêerésultat. Un couvre-feu a aussitôt
été établi. Et toutes les autorités ont
repris leurs démarches pour que Ia population reste calme. La
proclamation de Ia Commission Electorale Indépendante (dirigée
par un ancien général malien, neutre donc) a été
approuvée par Ia Cour Suprême. Cellou Diallo, alors, a
accepté le verdíct et le travail a repris
tranquillement à Conakry. On attend maintenant de voir quel
gouvernement Alpha Conde va présenter, puisqu'il a parlé
de gouvemement d'union nationale. Finalement, c'est bien qu'il ait
été élu, il a toujours été dans
1'opposition par rapport à Sékou Touré comme par
rapport à Lansana Conte, il a même connu Ia prison pour
ses prises de position. A 72 ans, ce sera sans doute son seul mandait
II serait grand temps qu'il sorte Ia Guinée de 52 ans de
dictature et de magouilles. La Côte d'Ivoire, elle, n'a pas eu
celte chance...
extrait d'un courrier de Gérard Vieira, déc 2010
Groupe
Espoir
N° 93 Octobre et Novembre 2010
Etincelles », et aussi, « A mes parents et à mes
amis » .
..
Je
viens de tirer la feuille avec les noms de tous ceux, parents et
amis, que j'ai rencontrés pendant mes six semaines de séjour
en France. Un sentiment domine, la joie de ces courtes retrouvailles.
Et certaines sont un peu exceptionnelles, on ne s'était pas
revu depuis une cinquantaine d’années. Très
gentiment beaucoup se préoccupent de ma santé et plus
précisément de l'état de mes yeux atteints d'un
mal assez courant à mon âge, la dégénérescence
maculaire qui se présente chez moi sous une forme où,
pour le moment, il n'y a pratiquement aucun traitement. J'espère
que mes yeux tiendront. Et je garde la lumière de ces accueils
et de toute cette amitié.
Heureux
de retrouver Bangui et l'Eglise à Bangui, bien que cette
Eglise soit encore en pleine crise.
Elle est celle où
depuis soixante ans j'annonce l'amour de Dieu pour chacun de nous,
cet amour manifesté dans le Christ. Elle est celle où
nos efforts se conjuguent pour reconnaître à chacun plus
de dignité, les baptisés ne partagent-ils pas déjà
la vie de Dieu! Cette Eglise est aussi celle où, depuis mon
arrivée en Centrafrique en 1950, nous cherchons à aider
chacun à trouver et à suivre l'un des multiples projets
pour arracher sa vie à la pauvreté. Elle est, cette
Eglise, celle qui nous appelle à vivre au jour le jour la
vraie fraternité entre les hommes, et cela, malgré leur
immense diversité, vivre cette fraternité universelle
que le Seigneur est venu nous annoncer.
N'est-ce
pas là quelques chemins bien orientés de la mission et
de celui qui se dit « missionnaire ». .
Cette Etincelles est
particulière, exceptionnelle; elle est un appel ponctuel, bien
ciblé. J'espère beaucoup votre participation. Je vous
explique au moins le principal de notre action contre le Sida et la
vie du « Groupe Espoir ».
Ce
Groupe Espoir est un grand rassemblement de femmes, la plus part des
Mamans, atteintes par la maladie du
Sida. Elles sont plusieurs centaines, presque un millier, à
venir régulièrement à notre maison, le Centre-
Espoir au quartier Bas-Congo, ou aux dispensaires satellites, où
les médecins et Sœur Irène, notre infirmière,
les attendent. Les réunions ne sont ni tristes, ni monotones;
les nouvelles en sont étonnées car elles se savent
toutes porteuses de ce virus du sida capable de les conduire à
la mort. Ici, on prétend gagner, on veut permettre à
chacune de retrouver malgré sa maladie l'assurance de la vie,
d'une vie normale, et pour les mamans, la joie de voir grandir leurs
enfants.
Leurs
visites régulières sont l'occasion pour chacune de
recevoir sa dose mensuelle de médicament, ceux qu'on appelle
les Anti-Retro-Viraux,(les A.R. V.), les précieux médicaments
traitement spécifique du Sida. En général ces
médicaments sont très efficaces. Ils ne guérissent
pas et les patientes restent contagieuses, mais ils freinent
l'évolution de la maladie et permettent à ceux qui les
prennent de retrouver une vie tout à fait normale. On nous en
propose souvent des nouveaux car les chercheurs découvrent des
« molécules » plus actives que les précédentes,
mais aussi plus couteuses
Le
Laboratoire est pour nous une étape indispensable; le plus
souvent, nous nous tournons vers l'Institut Pasteur de Bangui. Il y
décèle la maladie et avertit le malade qui est devenu
séropositif L'analyse du sang permet aussi de connaître
le degré d'évolution de la maladie. Il s'exprime parce
que les techniciens appellent le niveau du « CD4 ».
Sans
nous perdre dans les précisions techniques, nous savons qu'à
un certain stade de la maladie, il n'y a qu'une alternative, les ARV
pris régulièrement où la mort. Et la prise de
ces médicaments doit être régulière, dès
que l'on arrête cette prise régulière, les
malades retombent rapidement dans de graves troubles et même,
pour certains, vers une issue fatale.
J'ai
eu un choc, ce matin. Sœur Irène me parlait de son
travail et de ses soucis pendant mon absence. Elle me raconte surtout
ses insomnies car elle a risqué de manquer de ces fameux ARV
les Anti Retro Viraux et la situation reste encore très
tendue. Ce n'est pas la première fois qu'une telle éventualité
de rupture dans la fourniture des ARV survient, et si elle se
prolongeait, nous n'osons en augurer les conséquences! Ces
perspectives me font mal.
Depuis
des années le Fonds Mondial nous fournit gratuitement tous les
ARV, il règle aussi tous les frais de laboratoire. Tout cela
est considérable, et nous en sommes très
reconnaissants, mais pour de multiples causes et raisons, il ne peut
nous garantir la permanence et la régularité de la
livraison des ARV. Or c'est une question primordiale et ces périodes
de tension, ces risques de ruptures dans la livraison des médicaments
nous plongent dans l'anxiété tellement l’enjeu
est grand. D'où l'idée de constituer une réserve
d'ARV de deux ou trois mois, petit stock en réserve qui nous
mette presque à l'abri de tous ces aléas. C'est la
justification de l'orientation de cette« Etincelles» car
pour réaliser ce stock il nous faut beaucoup d'argent.
En
ce moment la boite de triomune, le médicament de base parmi
les ARV, nous coûte 16.000 Frs (francs CFA) à Bangui
soit 24 euros ; c'est une dose mensuelle et actuellement nous en
consommons mille par mois! Nous espérons la trouver, cette
boite, bien moins couteuse en nous adressant directement aux
Laboratoires et aux grands organismes. Je n'ose évoquer les
molécules les plus onéreuses qui sont pourtant de plus
en plus nécessaires pour certains malades ; nous devrons
aussi nous en procurer. Je ne puis vous faire un projet très
détaillé.
Si
vous êtes très généreux nous chercherons à
agrandir notre rayon d'action car à coté du
groupe-Espoir, à Bangui et en province, il y a encore tant de
malades qui restent sans secours:
Un
grand merci au nom de toutes. Avec beaucoup d'affection.
J'expédie
cette Etincelles à tous mes amis, ceux que j'ai rencontrés
il y a peu, comme à ceux qui semblent «perdus de vue ».'
Vous pouvez être étonnés de recevoir ce courrier
après des années de silence, mais, savez- vous qu'il
reste en moi comme des fibres sensibles que les années
n'effacent pas et qui vibrent quand je pense à vous. Y ves
Gautier: B.P. 780 CF Bangui Email : yvesgautier@hotmail.com
Téléphones:
portable (236) 75 04 10 60 Maison Saint Charles; 236 2
RCA: ETINCELLES 92
Des nouvelles du Groupe Espoir
Nous avons surmonté, au moins pour un moment, la crise de pénurie de médicaments. Une situation tragique, car, pour les malades, la pénurie d'ARV amènerait la reprise active de la maladie, elle conduit à la mort ! La permanence et la régularité du traitement sont essentielles à sa réussite. Une rupture momentanée de la prise des médicaments provoque de graves troubles qui demandent un suivi médical sérieux et délicat pour permettre au malade de retrouver l'équilibre. Remercions Sœur Irène qui a tout fait pour que chacune ait à temps ces fameux antirétroviraux. Vous le savez, actuellement aucun traitement ne guérit du sida, mais les antirétroviraux permettent de vivre et d'avoir une vie tout à fait normale
Nous envisageons la mise en place dans notre maison espoir du quartier Bas kongo d'un petit laboratoire médical. Mais pour une pareille installation il faut tenir compte de bien des facteurs : les instruments pour les analyses, à commencer par un microscope électronique, puis toute une gamme de produits et, surtout, un minimum de personnel.
Une photo.
J'ai sous les yeux une grande et belle photo de groupe, mais celle-ci est très particulière car c'est la-photo d'une partie du groupe espoir et, à part deux ou trois personnes amis de passage au site du groupe, ce sont toutes des malades séropositives. Certaines de ces mamans, à leur arrivée au groupe, étaient dans un état lamentable et se voyaient déjà mourantes; elles sont maintenant transformées, redevenues souriantes et croyant à la vie pour elles-mêmes et leur famille.
Et des « flashes » que nous diffusons.
J'ai dans mes cartons toute une série de petites histoires réunies sous le nom de « flashes». Beaucoup n'ont jamais été publiées. Ecrites parfois depuis des années, beaucoup ne vieillissent pas et gardent habituellement toute leur tonalité locale.
En voici deux :
« Nana »
En ces jours où notre pays de Centrafrique est à nouveau bouleversé par de dangereux groupes révoltés, l'histoire de « Nana » reste d'actualité même si le pays et les groupes antagonistes ont changé. Cette jeune femme, Nana, est un bon témoin de la grande souffrance de tous les réfugiés.
« Chimène »
Son terrible isolement et sa mort dramatique, l'une des malades que le groupe espoir n'a pas pu sauver. Elle est bien la sœur tragique de toutes ces Mamans qui veulent vivre et qui vivent.
Depuis des années il vient me voir, il arrive à l'instant le plus inattendu, et parfois au plus mauvais moment. Bertrand, très jeune, a voyagé avec son père, qui est mort depuis longtemps, mais ce contact avec l'Europe a laissé des traces, il en rêve; d'ailleurs plusieurs de ses frères sont installés en France. Quant à lui, il n'a pas réussi à quitter Bangui, où il se bat pour survivre. Il m'a parfois raconté des tas d'histoires, plus ou moins vraies, pour essayer de me tirer quelque argent. Il y eut dans sa maison une première femme, un premier enfant, puis il y eut Chimène, une autre Maman. Il y a un peu plus de deux ans, elle lui a donné son second fils.
Il y a quinze jours Bertrand venait, tout heureux, m’annoncer qu’il partait en Province avec femme, enfants et quelques bagages, comme compagnon d'un ami menuisier qui lui offrait logement et 25.000 francs par mois. C'était comme un faible rayon de soleil au moment où tout allait au plus mal avec ses logeurs du quartier à Bangui. Mais, aujourd'hui, trop peu de temps après sa précédente visite, le voici à nouveau et le ton est complètement différent, il me lance, tout de go, « ma vie est en train de s'écrouler » Comment?
Etincelle 92
« Oui Chimène, ma femme, a bu de la soude caustique, et elle vient de se tuer ».
Je reste quelque peu abasourdi, et lentement, Bertrand m'explique : Chimène se savait séropositive. Quand elle a vu mourir du Sida celui qui l'avait fréquentée et contaminée, elle ne l'a pas supporté; Elle a bu la soude caustique, elle s'est suicidée. Mort particulièrement difficile à accepter, ça fait mal. Lentement avec Bertrand, nous évoquons Chimène. Elle avait vingt-quatre ans... Elle était baptisée, mais ne fréquentait plus les messes dominicales, par contre elle faisait partie d'un groupe de prières elle communiquait très peu, elle ne lui a pas dit un mot de son projet.. .. Quel drame a pu se jouer au plus intime de sa tête et de son cœur ? Quel terrible gâchis. Je suis consterné et, je puis dire, habité d'une certaine colère; elle n'a trouvé personne pour lui dire qu'on peut vivre normalement tout en étant séropositive. Mais elle-même n'a rien dit, aucune main n'a pu se tendre pour la sauver, aucune parole réconfortante et fraternelle n'a pu la détourner de son effroyable décision.
Sous ce choc, j'ai été envahi par la pensée, et comme par la présence, de toutes les malades du « Groupe Espoir» ; Chimène n'est-elle pas la sœur tragique de toutes ces mamans, sa mort semble mettre brutalement en relief ce que ce groupe a de dramatique et de merveilleux. De dramatique, car comment évaluer ce qui se passe au cœur de toutes ses femmes, ce qu'elles peuvent ressentir lorsqu'elles se reconnaissent séropositives, et qu'elles se trouvent soudain situées dans l'ombre de la mort, avec l'angoisse de l'abandon des enfants.
Et disons-le aussi, merveilleux, car, pour la très grande majorité d'entre elles, voila que grâce au traitement et soutenues par l'ensemble du groupe, elles peuvent en vérité se tourner à nouveau vers l'avenir et vers la vie.
Chimène n’est pas entrée dans ce courant très terrestre de salut, mais son désespoir a certainement rencontré l’immense miséricorde du Seigneur Y.G.
Nana
Elle est là, derrière la grande grille qui ferme la petite véranda de mon logement. Elle a un bébé dans les bras, les boucles d'oreilles précisent que ce bébé est une petite fille, un an, dix huit mois ? Elle se replie sur sa Maman devant le danger, du moins l'étrangeté que je représente, je suis un blanc. La petite a sur la tête une « casquette américaine, », elle est magnifique, elle est marrante. Je connais certainement cette jeune maman, mais je n'arrive pas à l'identifier. Les précautions avec lesquelles elle se présente font brusquement revivre tout un passé, pas très lointain. Nana et son époux, Papy, sont des réfugiés du Zaïre. Ils venaient implorer secours tous les jours, demandant n'importe quoi, inventant n'importe quoi, semblant jouer avec nos moyens limités et notre pauvre bonne volonté. Jusqu'au jour où tout a cassé; « je ne veux plus vous voir, je ne vous donnerai jamais plus rien » Ils l'avaient cherché. Je n'étais pas le seul à mal les supporter, car le jour où j'ai évoqué ce couple devant mon équipe, tous unanimes se sont récriés: « Papy, celui-là, il n'est pas possible... ! »
Mais, aujourd'hui, Nana est toute petite, elle disparaît presque devant son enfant, il n'y a plus aucune recherche dans sa mise, elle est triste. Je vais chercher deux gros biscuits, l'un pour l'enfant, l’autre pour la Maman qui le range posément dans son sac. Elle me présente deux papiers, vite parcourus, la lettre de leur logeur annonçant que, faute de prompt règlement du loyer, il allait les mettre dehors, et leur lettre à eux, signée Nana Kanga et Papy Samba. En des phrases de style redondant et conventionnel, je deviens, devant Dieu et devant les hommes, leur ultime secours. Evidemment le ciel s'écroule si je ne donne pas immédiatement les 10.000 Frs (soit 15 euros) montant des règlements les plus urgents. J'ai renoué le dialogue, et j'ai même la faiblesse de rappeler à Nana mes grandes résolutions passées et l'incapacité presque physique, dans laquelle je reste, de recevoir son mari, Papy. Oui, je vais lui donner quelque chose, mais, qu'elle le sache, mon intervention d'aujourd'hui est exceptionnelle. En donnant directement je passe outre aux règles de mon équipe et de tout le processus d'intervention que j'ai moi-même pesé et laborieusement mis en place. Nana m'écoute sagement, il n'y a que le résultat qui compte.
Je lui ai remis une enveloppe. Elle ne l'a pas ouverte. Elle l'a rangée dans son sac, à coté du biscuit. Elle me dit deux fois merci avec, dans les yeux, une petite lueur de confiance, puis elle a réajusté l'enfant sur ses reins. Elle repart, mission accomplie, elle va rejoindre Papy et le logeur intraitable. Aujourd'hui, jour de chance, elle va résoudre quelques problèmes.et payer son loyer. Nana le sait trop maintenant, ce n'est pas drôle de n'être qu'un réfugié, Elle semble devenue fragile, il ne faut pas la casser.
Etincelles »,. email : yvesgautier@hotmail.com
Yves Gautier Maison St Charles: BP 780 CF Bangui. Tel; (236) 21 61.00 02
portable: (236) 7504 1060: CCP: Gautier Yves: la Source Des nouvelles du Groupe Espoir
Nous avons surmonté, au moins pour un moment, la crise de pénurie de médicaments. Une situation tragique, car, pour les malades, la pénurie d'ARV amènerait la reprise active de la maladie, elle conduit à la mort ! La permanence et la régularité du traitement sont essentielles à sa réussite. Une rupture momentanée de la prise des médicaments provoque de graves troubles qui demandent un suivi médical sérieux et délicat pour permettre au malade de retrouver l'équilibre. Remercions Sœur Irène qui a tout fait pour que chacune ait à temps ces fameux antirétroviraux. Vous le savez, actuellement aucun traitement ne guérit du sida, mais les antirétroviraux permettent de vivre et d'avoir une vie tout à fait normale
Nous envisageons la mise en place dans notre maison espoir du quartier Bas kongo d'un petit laboratoire médical. Mais pour une pareille installation il faut tenir compte de bien des facteurs : les instruments pour les analyses, à commencer par un microscope électronique, puis toute une gamme de produits et, surtout, un minimum de personnel.
Une photo.
J'ai sous les yeux une grande et belle photo de groupe, mais celle-ci est très particulière car c'est la-photo d'une partie du groupe espoir et, à part deux ou trois personnes amis de passage au site du groupe, ce sont toutes des malades séropositives. Certaines de ces mamans, à leur arrivée au groupe, étaient dans un état lamentable et se voyaient déjà mourantes; elles sont maintenant transformées, redevenues souriantes et croyant à la vie pour elles-mêmes et leur famille.
Et des « flashes » que nous diffusons.
J'ai dans mes cartons toute une série de petites histoires réunies sous le nom de « flashes». Beaucoup n'ont jamais été publiées. Ecrites parfois depuis des années, beaucoup ne vieillissent pas et gardent habituellement toute leur tonalité locale.
En voici deux :
« Nana »
En ces jours où notre pays de Centrafrique est à nouveau bouleversé par de dangereux groupes révoltés, l'histoire de « Nana » reste d'actualité même si le pays et les groupes antagonistes ont changé. Cette jeune femme, Nana, est un bon témoin de la grande souffrance de tous les réfugiés.
« Chimène »
Son terrible isolement et sa mort dramatique, l'une des malades que le groupe espoir n'a pas pu sauver. Elle est bien la sœur tragique de toutes ces Mamans qui veulent vivre et qui vivent.
Depuis des années il vient me voir, il arrive à l'instant le plus inattendu, et parfois au plus mauvais moment. Bertrand, très jeune, a voyagé avec son père, qui est mort depuis longtemps, mais ce contact avec l'Europe a laissé des traces, il en rêve; d'ailleurs plusieurs de ses frères sont installés en France. Quant à lui, il n'a pas réussi à quitter Bangui, où il se bat pour survivre. Il m'a parfois raconté des tas d'histoires, plus ou moins vraies, pour essayer de me tirer quelque argent. Il y eut dans sa maison une première femme, un premier enfant, puis il y eut Chimène, une autre Maman. Il y a un peu plus de deux ans, elle lui a donné son second fils.
Il y a quinze jours Bertrand venait, tout heureux, m’annoncer qu’il partait en Province avec femme, enfants et quelques bagages, comme compagnon d'un ami menuisier qui lui offrait logement et 25.000 francs par mois. C'était comme un faible rayon de soleil au moment où tout allait au plus mal avec ses logeurs du quartier à Bangui. Mais, aujourd'hui, trop peu de temps après sa précédente visite, le voici à nouveau et le ton est complètement différent, il me lance, tout de go, « ma vie est en train de s'écrouler » Comment?
Etincelle 92
« Oui Chimène, ma femme, a bu de la soude caustique, et elle vient de se tuer ».
Je reste quelque peu abasourdi, et lentement, Bertrand m'explique : Chimène se savait séropositive. Quand elle a vu mourir du Sida celui qui l'avait fréquentée et contaminée, elle ne l'a pas supporté; Elle a bu la soude caustique, elle s'est suicidée. Mort particulièrement difficile à accepter, ça fait mal. Lentement avec Bertrand, nous évoquons Chimène. Elle avait vingt-quatre ans... Elle était baptisée, mais ne fréquentait plus les messes dominicales, par contre elle faisait partie d'un groupe de prières elle communiquait très peu, elle ne lui a pas dit un mot de son projet.. .. Quel drame a pu se jouer au plus intime de sa tête et de son cœur ? Quel terrible gâchis. Je suis consterné et, je puis dire, habité d'une certaine colère; elle n'a trouvé personne pour lui dire qu'on peut vivre normalement tout en étant séropositive. Mais elle-même n'a rien dit, aucune main n'a pu se tendre pour la sauver, aucune parole réconfortante et fraternelle n'a pu la détourner de son effroyable décision.
Sous ce choc, j'ai été envahi par la pensée, et comme par la présence, de toutes les malades du « Groupe Espoir» ; Chimène n'est-elle pas la sœur tragique de toutes ces mamans, sa mort semble mettre brutalement en relief ce que ce groupe a de dramatique et de merveilleux. De dramatique, car comment évaluer ce qui se passe au cœur de toutes ses femmes, ce qu'elles peuvent ressentir lorsqu'elles se reconnaissent séropositives, et qu'elles se trouvent soudain situées dans l'ombre de la mort, avec l'angoisse de l'abandon des enfants.
Et disons-le aussi, merveilleux, car, pour la très grande majorité d'entre elles, voila que grâce au traitement et soutenues par l'ensemble du groupe, elles peuvent en vérité se tourner à nouveau vers l'avenir et vers la vie.
Chimène n’est pas entrée dans ce courant très terrestre de salut, mais son désespoir a certainement rencontré l’immense miséricorde du Seigneur Y.G.
Nana
Elle est là, derrière la grande grille qui ferme la petite véranda de mon logement. Elle a un bébé dans les bras, les boucles d'oreilles précisent que ce bébé est une petite fille, un an, dix huit mois ? Elle se replie sur sa Maman devant le danger, du moins l'étrangeté que je représente, je suis un blanc. La petite a sur la tête une « casquette américaine, », elle est magnifique, elle est marrante. Je connais certainement cette jeune maman, mais je n'arrive pas à l'identifier. Les précautions avec lesquelles elle se présente font brusquement revivre tout un passé, pas très lointain. Nana et son époux, Papy, sont des réfugiés du Zaïre. Ils venaient implorer secours tous les jours, demandant n'importe quoi, inventant n'importe quoi, semblant jouer avec nos moyens limités et notre pauvre bonne volonté. Jusqu'au jour où tout a cassé; « je ne veux plus vous voir, je ne vous donnerai jamais plus rien » Ils l'avaient cherché. Je n'étais pas le seul à mal les supporter, car le jour où j'ai évoqué ce couple devant mon équipe, tous unanimes se sont récriés: « Papy, celui-là, il n'est pas possible... ! »
Mais, aujourd'hui, Nana est toute petite, elle disparaît presque devant son enfant, il n'y a plus aucune recherche dans sa mise, elle est triste. Je vais chercher deux gros biscuits, l'un pour l'enfant, l’autre pour la Maman qui le range posément dans son sac. Elle me présente deux papiers, vite parcourus, la lettre de leur logeur annonçant que, faute de prompt règlement du loyer, il allait les mettre dehors, et leur lettre à eux, signée Nana Kanga et Papy Samba. En des phrases de style redondant et conventionnel, je deviens, devant Dieu et devant les hommes, leur ultime secours. Evidemment le ciel s'écroule si je ne donne pas immédiatement les 10.000 Frs (soit 15 euros) montant des règlements les plus urgents. J'ai renoué le dialogue, et j'ai même la faiblesse de rappeler à Nana mes grandes résolutions passées et l'incapacité presque physique, dans laquelle je reste, de recevoir son mari, Papy. Oui, je vais lui donner quelque chose, mais, qu'elle le sache, mon intervention d'aujourd'hui est exceptionnelle. En donnant directement je passe outre aux règles de mon équipe et de tout le processus d'intervention que j'ai moi-même pesé et laborieusement mis en place. Nana m'écoute sagement, il n'y a que le résultat qui compte.
Je lui ai remis une enveloppe. Elle ne l'a pas ouverte. Elle l'a rangée dans son sac, à coté du biscuit. Elle me dit deux fois merci avec, dans les yeux, une petite lueur de confiance, puis elle a réajusté l'enfant sur ses reins. Elle repart, mission accomplie, elle va rejoindre Papy et le logeur intraitable. Aujourd'hui, jour de chance, elle va résoudre quelques problèmes.et payer son loyer. Nana le sait trop maintenant, ce n'est pas drôle de n'être qu'un réfugié, Elle semble devenue fragile, il ne faut pas la casser.
Etincelles »,. email : yvesgautier@hotmail.com
Yves Gautier Maison St Charles: BP 780 CF Bangui. Tel; (236) 21 61.00 02 portable: (236) 7504 1060: CCP: Gautier Yves: la Source Etablissement 20041 Guichet 01012 N° du compte: 39 384 27 P 033 clé Rip 65
La préfecture Apostolique de la Likouala a été créée en fin 2000, en division du diocèse de Ouesso qui couvrait 120.000 Km². Il y avait alors, en 2001, cinq Spiritains : deux Français, le Père Corentin Le Soliec et le Frère Marcel Pelhate, un Père Nigérian, un Congolais et moi-même. Il y avait également deux prêtres Fidei Donum congolais.
Aujourd’hui, après dix ans, toute cette équipe a été renouvelée. Il n’y a plus que trois prêtres spiritains : le Père Lucien Favre (Suisse), le Père Antonio Luis Matias (Angola) et Hervé Moutaleno (Congo) et nous espérons pour l’an prochain un jeune père Nigerian. Nous avons eu depuis trois ans une ordination par an pour le clergé diocésain : un natif de la Likouala, les deux autres natifs du Rwanda arrivés avec les réfugiés de 1997. Il faut ajouter 8 prêtres Fidei Donum : deux Congolais, et six prêtres venus de la République Démocratique du Congo.
Cette vaste région isolée au cœur de la forêt et enclavée, loin de Brazzaville, répond bien au charisme spiritain d’aller vers les plus pauvres, spécialement là où il y a peu d’ouvriers. Notre pastorale s’organise autour de 8 centres paroissiaux très éloignés les uns des autres. La principale difficulté, ce sont non seulement les distances mais les moyens de les franchir par fleuves et rivières et par pistes forestières avec des véhicules 4x4.
Depuis le début, nous avons misé sur l’enseignement par les écoles catholiques avec aujourd’hui 15 écoles primaires, deux collèges et un lycée ; un centre de formation technique que dirige le Père Lucien avec le soutien d’un Coopérant (DCC) et deux écoles dites des métiers : alphabétisation et apprentissage.
Dans le souci d’aller vers les plus pauvres, depuis maintenant quatre ans, nous avons mis sur pied la scolarisation des " autochtones de la Forêt " (nouvelle appellation de Pygmées) par la mise en place d’écoles préparatoires avec la méthode O.R.A. (revoir le numéro de Pentecôte de début 2008). Oserai-je dire que pour un véritable travail d’évangélisation de ce monde de la forêt, il faudrait trouver de " vrais missionnaires " capables de s’engager sur le long terme en apprenant, avec le lingala, la langue spécifique des pygmées Baakas ? Ces missionnaires, nous les cherchons encore.
Ajoutons que depuis novembre 2009 nous avons à faire face et à gérer un afflux de 114.000 déplacés-réfugiés venus de l’autre rive en RDC, suite à un mouvement de rébellion dans la région de l’Equateur
Mgr Jean Gardin
aperçus sur l’Île Maurice et ses Spiritains.
L’Île Maurice, plus petite qu’un département français, présente un grande variété de populations, de coutumes, de religions. Cette richesse provient de la diversité d’origine des peuples qui s’y sont établis. Par ordre d’entrée en scène, sur cette terre inhabitée avant le 15ème siècle : des Français, des Africains et des Malgaches, des Indiens, des Chinois. Tout cela fait un beau mélange, même si les clivages restent bien marqués entre les différentes communautés.
D’un point de vue économique, l’île, qui ne vivait que de l’exportation de la canne à sucre, s’est dotée de nouvelles ressources depuis une trentaine d’années, avec le textile et le tourisme.
D’un point de vue religieux, les hindous sont les plus nombreux suivis par les chrétiens (environ un tiers des 1 200 000 habitants), les musulmans, les bouddhistes, etc. La religion est partout visible : églises, temples, mosquées, sans compter les innombrables petits autels ou grottes que chrétiens et hindous installent sur les chemins, à l’intérieur des maisons ou dans les cours et qui sont ornés de fleurs et de lampes. Les églises sont pleines et les assemblées priantes, animées par des chorales très dynamiques. Le temps du carême est particulièrement fervent. Chaque paroisse organise sa période de " 40 Heures " durant laquelle, devant le Saint Sacrement, viennent se recueillir un nombre considérable de personnes de toutes confessions.
Le 9 septembre, pour la fête du Père Laval, les foules accourent de tous les points de l’île et même de La Réunion pour vénérer " le Saint de l’Île Maurice ".
Nous sommes une quinzaine de Spiritains à travailler à l’île Maurice, auxquels il faut ajouter huit laïcs associés, de diverses nationalités : Mauriciens, Malgaches, Irlandais, Français, Polonais. Dans les paroisses ou Centres d’accueil où nous oeuvrons, voici les principales directions que suit notre pastorale, dans la ligne des orientations diocésaines :
Victor COUSSEAU
A
mes parents, à mes amis
Voici,
exceptionnellement un concentré qui tient la place de deux feuilles, le numéro
91 d'Etincelles et la page «A mes parents à mes Amis» que je construis
habituellement au retour de chaque séjour en Europe.
Cette
feuille est bien sous-titrée « A mes parents à mes amis » pour vous dire à
tous ceux chez qui je suis entré combien j'ai été sensible à l'amitié avec
laquelle vous m'avez accueilli; rencontres souvent trop rapides et pourtant
chaleureuses et positives.
Je m'adresse aussi
à tous ceux que j'aurais tant aimé rencontrer et je me contente de ces lignes
pour leur dire mon regret d'être resté au loin. Jusqu'au dernier moment j'espérais
encore aller vers Lille ou Bordeaux, mais, prosaïquement; j'ai seulement pris
le train pour regagner Roissy.
Parlons de
ces dix semaines passées en Europe, séjour motivé par une très grande
fatigue. Pour moi qui suis habitué dans les paroisses banguissoises à la foule
et à la jeunesse des assemblées dominicales, je ne peux m'empêcher en retour
de ce séjour en France d'évoquer ce qui saute aux yeux: dans les églises :
où sont les enfants, où sont les jeunes?
Pour mieux
marquer l’importance de cette remarque, je vous donne deux chiffres
pris dans ma famille spiritaine qui me semblent révélateurs d'une profonde et
tragique évolution. En Septembre1947, j'étais l'un des 300 jeunes européens
à devenir spiritain par l'engagement des premiers vœux. Pour obtenir ce
chiffre, j'additionne les professions des différents pays où notre Congrégation
avait alors un noviciat. En l'année 2009, combien de jeunes des provinces
spiritaines de l'Europe ont-ils prononcé leurs vœux? «0 », oui, vous lisez
bien, « ZERO », pas un seul: une année vide ! Le phénomène n'est pas propre
à ma Congrégation; à part quelques exceptions pour des groupes religieux
habituellement très récents, les chiffres sont analogues et dans les diocèses,
les ordinations sacerdotales se font rares. Grave problème pour la vie de l'Eglise
en Europe, avec quelles répercutions en Afrique?
Et me voici
encore une fois de retour à Bangui, retour difficile car pour comble de
malchance, j'ai attrapé je ne sais quel bacille et ma belle forme de retour a
fondue comme neige au soleil. Heureusement qu'il y a les antibiotiques, mais
pour le moment je suis à nouveau à plat. !
> Le
groupe Espoir
Il y eut un
moment très inquiétant, nous étions menacés de manquer d'anti-retroviraux, (A.R.V),
les médicaments spécifiques du Sida qui nous sont fournis pas le« Fond
Mondial» une super ONG. La continuité et la régularité de la prise de ces médicaments
est, pour les malades, une question de vie ou de mort. Dans l'état actuel des
recherches, les A .R. V .redonnent à ces mamans une vie tout à fait normale,
mais elles sont toujours porteuses du virus qui reprend vigueur dès que le
traitement est mal suivi.
Je vous raconte maintenant
une petite histoire, prise sur le vif, pour nous remettre dans le bain de l'extrême
pauvreté qui rode dans tous les quartiers de Bangui.
En
titre :« La marmite. » -.
> «
Je veux, aujourd'hui, faire une véritable
sieste, dormir un bon moment, dans
le calme de la demie journée et la
chaleur particulièrement forte de ce mois de Mai. Or, j'entends gratouiller très
discrètement, là, juste derrière la porte fermée. Je décide de n'en tenir
aucun compte et je fais durer comme prévue ce temps de repos.
Une
heure plus tard j'ouvre la porte, et
oui, il y a bien une cliente,
Marie, une petite boiteuse, je
la connais bien, elle est armée
d'un perpétuel sourire, et
depuis des années elle vient régulièrement
demander un peu d'aide. Elle
invente chaque fois un modeste
stratagème pour me soutirer le plus possible
de «pata », la monnaie
nationale. J'oubliais de signaler que depuis
une >dizaine de mois elle ne
vient plus seule car, elle
porte, soudé à elle, un
magnifique bébé,. il s'appelle Dieu Merci»
Autour de > mes
deux fauteuils elle a déposé
tout un bric-à-brac : deux
petits balais tout neufs, un « nylon
» qui renferme sans doute
tous ses trésors, il tient lieu
aussi de sac à main ; ses
espadrilles et je ne sais quels autres
petits objets misérables et bien nécessaires, en particulier une petite
marmite telle qu'on les confectionne au quartier en fondant tous les débris
d'aluminium que l'on peut
trouver. Aujourd'hui cette petite marmite, bien mal fondue, sera au cœur du
débat.
> En
effet, avant même que je
lui ai donné les 2.000 fcfa, (soit 3 €),
limite de ma largesse du jour, Marie m'explique qu'elle veut absolument acheter
la marmite qui n'est pas encore à
elle. Un tel
objet, est nécessaire pour préparer la nourriture du bébé et la sienne aussi
bien sur !
Cette marmite
vaut, assure-t-elle, 5.400 > Frs.
(soit 8,30 €) Elle exhibe
dans le creux de sa main trois pièces de 500 Frs Cfa (soit 0,75 € chacune)
et attend que je fournisse le
complément. Devant un tel
appel, j'ai doublé la mise et
allongé deux billets roses de 2.000 cfa chacun, soit un total de
6 €. Tout en tendant
les billets je réalise que la
marmite ne vaut pas la moitié de
la somme demandée, mais, fatigué, je n'ai pas envie
de discuter, à l'une
de ses prochaines visites, un jour,
je préciserai le vrai prix de la chose !
Un
merci de satisfaction, Marie déploie
savamment le pagne et elle remet
laborieusement le gros bébé sur
son dos, puis, sous un bras, le sac nylon, sous
l'autre, les balais, à la main
la fameuse marmite et voila Marie, toujours souriante, qui repart lentement, en
boitillant, les premiers pas mal
assurés. Elle me rappelle «je
vais à Saint Paul... ».Sa case
est à six kilomètres,- sa démarche
est très lente, patiente, la route sera longue, soutenue par la joie d'avoir cette petite somme d'argent qu'elle désirait tant. !!
Trajet aller, trajet retour, quel effort pour quelques pièces !
«0 Seigneur
envoie ton Esprit, qui renouvelle la face de la terre ! »
Pour conclure un mot
sur la Pentecôte, la fête des Spiritains ; elle fut l'occasion de réunir les
membres des nos trois communautés qui sont à Bangui ( St. Paul, St. Bernard et
St. Charles) C'est aussi l'assurance de la réussite du monde. Voila un langage
plein d'espérance car nous sommes encore si loin de ce royaume de Vérité, de
Fraternité, et de Charité. Pourtant ces vertus sont les fondements du royaume
voulu par Jésus. Mais son Esprit est au travail pour conduire chacun à réaliser
sa part.
«
Etincelles », Feuille de liaison de Caritas-Bangui
Yves Gautier: BP 780 CF Bangui Tel: (236) 75 04 1060: email : yvesgautier@hotmail.com
CCP: Gautier Yves: La Source, Etablissement 20041 Guichet 01012 N° du compte: 39
384 27 P 033 clé Rip 65
Y. Gautier
B.P. 780 Maison ST. Charles .Bangui email : yyesgautier@)hotmail.com Tel: (236) 75 0410 60
Etincelles 88
Et, d'abord, quelques nouvelles,
Je remonte au mois de Février dernier: ce jour là, je sors des bureaux " Air-France" à Bangui. J'ai en main un billet qui me permet de rester en France du 27 mars au 8 Juillet, un long séjour car je suis très fatigué, mais aussi un grand moment où je suis encore assez en forme pour multiplier les rencontres et profiter de nombreuses amitiés.
J'ai encore sillonné la France, (avec, il est vrai, une petite escale en Suisse), sans parvenir à rejoindre ni Bordeaux ni Strasbourg; admirablement bien reçu par tant d'amis. J’ai même~ renoué des amitiés après plus de cinquante années de silence. Bien reposé malgré tous ces voyages, de retour à Bangui, mes visiteurs constatent même que j'ai grossi, et ils y voient le signe de la qualité de l'accueil reçu et de la cuisine offerte pendant mes congés.
le 8 Juillet, je rejoins donc ce pays du Centrafrique, où, je le sais, notre Eglise vient de vivre une forte crise dont les échos ont porté très loin. Dans cette crise qui a saisi le clergé du pays et plus précisément celui du Diocèse de Bangui, .j’ai été particulièrement visé. J’ai été étonne' de lire toutes les inepties et déformations des faits les plus simples et les plus clairs. Je ne prends qu'un exemple : j'ai été affiché sur des pages entières dans la presse locale comme un délateur acharné, or je n'ai jamais adressé, ni à la Nonciature de Bangui, ni à Rome, la moindre lettre ou la moindre parole de dénonciation. La Nonciature peut l'attester. Il est douloureux d'entendre nier la pratique des valeurs auxquelles on a donné sa vie et dont la principale est bien le vœu de chasteté; elles ont été niées gratuitement, de la pure fantaisie. Enfin ce que l'on présente comme l'une des grandes richesses traditionnelles africaines: le respect des anciens! Où est-il ? Tout cela est très lourd car ceux qui ont inspiré ces textes ont semblé oublier un moment tout souci de fraternité.
Que, désormais, le Seigneur nous donne à tous de grandir dans son Esprit de Vérité et de Charité.
Mais aussi j'ai retrouvé toute une famille de grands miséreux. Malgré des années de travail à Caritas et donc une certaine habitude; au retour de l'Europe, je reste frappé par la profondeur de la misère. J’ai retrouvé tout un groupe d'hommes et de femmes et, bien sûr, accompagnés de quelques enfants, qui n'ont rien, mais vraiment rien! Le travail des jeunes est toujours un problème majeur,
Les solliciteurs eux aussi affluent ils sont toute une troupe avec tous les motifs possibles et imaginables pour vous arracher quelques billets. Il est impossible de tout prendre en charge pourtant les nécessités restent grandes.
Le discernement n'est pas chose facile et la patience est mise à rude épreuve : il y a des jours où on en arrive à dire:" les petits pauvres! Je ne veux plus ni les voir ni les entendre !", mais eux sont là avec une patience à toute épreuve.
A coté, sans être aucunement miséreux et solliciteurs, il y en a tant de familles qui vivent avec infiniment peu. Je rappelle souvent que le Smig national est à 25 euros (par mois, bien sûr). Nous touchons là le caractère le plus grave de la pauvreté du pays.
Le " Groupe " Espoir
Il continue sa route. J’admire les membres du groupe, les médecins, l'infirmière, les assistantes familiales qui suivent des centaines de malades. Hélas il y a parfois des moments sombres.
Voici un petit exemple vécu. Je I’appelle
POURQUOI "
Pourquoi courir à la mort quand le chemin de la vie reste ouvert.
" Je lui donne 4 ans, il est tout joli avec un habit orange et une petite casquette rouge. Il tient la main d’une grande femme qui me rappelle que son nom est " Jeanne-Marie ". Elle en vient rapidement au véritable objet de la visite, ce petit garçon a un jumeau qui devrait être opéré de la hernie, il n’y a pas tout l’argent nécessaire pour acheter les médicaments, prévoir les modes opératoire et payer I’ honoraire du chirurgien. Je ne discute pas et lui donne 5000 Fcfa (7,5 euros) ma participation à tous ces frais.
Mais déjà elle me parle des jumeaux, ils sont ses petits-enfants. Le père est mort du sida ; la maman elle aussi vient de mourir du sida; elle a été très malade mais elle ne parlait jamais de sida. Pourquoi ces morts quand le traitement du sida, est, presque toujours efficace quand il est pris; à temps.
Quant aux enfants, les jumeaux, ils sont encore trop jeunes pour comprendre que leur vie vient de basculer maintenant qu'ils sont orphelins. Ils ont~ certes une grand-mère encore assez jeune et très courageuse, mais ce n’est pas tout à fait une Maman. "
Pour le " Groupe Espoir" " un grave problème revient souvent, la question des médicaments~ pour Ies maladies opportunistes et toutes autres maladies attaquant les Mamans et les enfants suivis par notre groupe. En effet le Fond Mondial par l'intermédiaire du CNLS nous donne régulièrement les anti-retro- viraux et paye les tests et les analyses. C'est beaucoup, mais pour tous les autres médicaments, c'est nous qui les achetons. Certes les malades devraient prendre une part.ie de ces frais de médicaments, mais il faut aussi être certain que la question argent et finance n'empêchera personne de se soigner.
Où trouver celui ou ceux qui nous assureront la possibilité d'avoir ces médicaments en quantité suffisante?
Du nouveau avec les musulmans
C'est assez important pour qu'on en reparle.
Du 7 au 4 Novembre le groupe des amitiés islamo-chrétiennes invite à prendre part à une cinquantaine de rencontres en France, mais aussi dans sept pays européens et en Algérie.
Par ailleurs, un premier forum Catholiques-Musulmans s'est tenu au Vatican du 4 au 7 Novembre. Il constitue une étape dans le renouveau du dialogue entre les deux religions. Les deux délégations de 29 participants chacune sont enfermées à huis-clos pour confronter les conceptions de l'amour de Dieu et de l'amour du prochain.
" Parrainage-Oubangui "
Il est sérieusement question de rebaptiser, de changer légèrement le nom de ce groupe qui deviendrait "Parrainage-Espoir ". Nous n'avons plus guère de place dans cette édition d'Etincelles pour en parler plus longuement, mais le N89, le prochain numéro d'Etincelles, s'attaquera d'abord à ce vaste sujet. Il ne se fera pas trop attendre.
Y. Gautier
B.P. 780 Maison ST. Charles .Bangui email : yyesgautier@)hotmail.com Tel: (236) 75 0410 60
Etincelles 88
Madagascar, 20 décembre 2009
Quand je suis arrivé au foyer Brottier, le 17 septembre, c’était pour découvrir une maison d’accueil en étape de finition, et pour repérer tout un tas de petites choses à faire : des lampes, des serrures, des lits et des moustiquaires qui ne sont pas tout à fait au point. Mes deux premiers mois ici ont été occupés par la mise en état de la maison d’accueil, Eden Brottier. Pressé par les premiers hôtes, il a fallu hâter la mise en place du fonctionnement (c’est une activité totalement nouvelle pour moi), la réparation des lacunes… Mais ça y est : ça marche ! Tout n’est pas encore parfait, mais on peut passer quelques jours heureux avec une vue splendide dans notre Eden…
Nous accueillons cette année onze garçons dans le foyer, et comme la DCC nous a octroyé un coopérant, Florian, un séminariste de Reims, les cours que nous dispensions l’an dernier se sont sensiblement allégés pour nous. La marche de Eden, si elle a été une responsabilité de plus à intégrer dans notre programme (la vocation de notre maison d’accueil étant de faire vivre le Foyer, il est normal que chacun de nos gars prenne part aux permanences que nous organisons) ne perturbe aucunement la marche de la maison de formation. Pour la troisième année consécutive, c’est le Père Christian qui est en tandem avec moi et notre communauté à deux est toujours sur un petit nuage. La paroisse, qui a maintenant un Spiritain malgache comme curé, est beaucoup plus liée à notre engagement dans la formation. Une réelle communauté de travail facilite bien les choses.
La température de ce mois de décembre est toujours aussi lourde et difficile à supporter : la chaleur étouffante et les orages proches qui n’éclatent pas (un seul vrai orage à ce jour !) rendent les journées pénibles. Mais les cyclones (déjà 7 dépressions signalées, mais encore trop lointaines pour avoir de l’influence sur Diégo) montrent bien le bout de leur nez. Vivement un peu de fraîcheur et d’eau ! Pour la première fois depuis que je suis ici, nous avons eu une baisse sensible de la pression de l'eau et de notre ravitaillement. Et comme par hasard, c’était la semaine où notre maison était pleine. Mais enfin, vaille que vaille, la situation se rétablit tout doucement et nos hôtes actuels n’ont plus à économiser sur les douches.
Nous voilà donc repartis pour un nouveau triennat… Christian, beaucoup plus jeune que moi, a pris davantage de responsabilité dans la maison et c’est lui qui conduit actuellement la communauté.
Je vous laisse en vous redisant mes meilleurs vœux pour les fêtes qui approchent et pour l’année nouvelle. Quelle sera-t-elle ? Les dernières décisions du semblant de pouvoir malgache laissent augurer un départ difficile. Mais après tout, il y aura toujours des tas de gens à aider et qui comptent sur nous… Essayons de ne pas les décevoir.
Gaby Vuittenez
Congo, décembre 2009
Dans la LIKOUALA, en arrivant, j'ai trouvé une situation difficile du fait de l'afflux de nouveaux réfugiés revenus de la République Démocratique du CONGO voisine où des querelles ont éclaté entre deux ethnies qui se disputent des terrains de culture, des zones de pêche et de chasse après le rapatriement par le HCR de nombreux réfugiés qui avaient passé 7 ou 8 ans au Congo. Ces gens, qui ont de nouveau fui leur pays par peur de massacres, ont bien sûr de nouveau traversé l'Oubangui. Ils sont arrivés sans rien, particulièrement sur les secteurs de BETOU, BOYELLE, DONGOU et IMPFONDO.
Beaucoup se sont bien tournés vers l'Église et la Communauté protestante américaine qui a un hôpital à Impfondo. Ils continuent à arriver et sont déjà plus de 95.000 personnes. Ils ont occupé des salles de catéchisme et de réunion, des bâtiments publics inoccupés car inachevés.
Des chrétiens et d'autres personnes ont partagé un peu de nourriture et des vêtements, mais ce ne sont que quelques gouttes d'eau. Les secours officiels avec le PAM, l'UNICEF, MSF ont commencé à arriver à partir de BANGUI, mais les autres traînent encore (les ONG et les institutions officielles demandent beaucoup de temps pour réagir et nous sommes loin de Brazzaville)
J'ai pour ma part passé les fêtes de Noël avec le Père Lucien Fabre dans les paroisses de MOKABI, ENYELLE et BETOU : une tournée de près de 800 km en pirogue puis en 4x4 par les pistes forestières. C'est le secteur où nous avons la majorité des écoles préparatoires pour les enfants autochtones de la forêt, les pygmées, une expérience qui, grâce à plusieurs d'entre vous, commence à donner de bons résultats.
La principale difficulté est toujours de pouvoir assurer le soutien des animateurs enseignants et de les suivre dans leur lieu de travail.
Quelques enfants ont déjà intégré les écoles dites normales avec les enfants bantous et là ils sont souvent parmi les premiers. Parfois ce sont les Bantous, les maîtres, qui demandent que leurs enfants puissent étudier avec ceux qu'ils considéraient comme des sous-hommes. A Enyelle, aux messes de Noël de la nuit et du jour, c'est même un pygmée qui a dirigé la chorale, composée en majorité de Bantous. Une véritable révolution due à l'Évangile.
La crise au niveau des sociétés forestières continue, avec un petit espoir de reprise, mais avant cela il y a une vague de compressions : La CIB vient, la semaine dernière, de licencier 675 salariés. La paroisse de MOKABI a perdu une grande partie de ses habitants qui ont rejoint leur région au Cameroun, en Centrafrique ou au sud du Congo à la suite des licenciements. Ce qui nous oblige à repenser la pastorale dans ces secteurs forestiers. Heureusement, l'an passé nous avons reçu de l'aide pour nous équiper en véhicules tout terrain.
Il n'y a toujours que 12 prêtres et un diacre dans la préfecture apostolique, mais nous avons eu cette année 4 entrées au grand séminaire de Brazzaville. Ils sont maintenant huit. Merci à ceux qui ont commencé à nous aider pour les études et la pension (environ 1000 Euros par séminariste).
Le 26 septembre 2010, nous aurons la célébration du centenaire de la première évangélisation de BETOU, commencée par le père AUGOUARD en 1910.
Jean Gardin
ARCHIVES (1)
- Ethiopie : éducation. .
- Algérie : Bulletin N°1.
- RCA : Etincelles 86. .
- Dossier Maasaï1
- Angola : la reconstruction...
- Guinee : retour en France.....
- Conakry : regards d'un jeune missionnaire
- Guinee : avec les réfugiés
- Un foyer de charité au milieu de troubles et de guerres
- R.C.A. : Etincelles (2005-2006)
- Bangui : Après la tempête ?
- R.C.A. : 3 jeunes spiritains et une paroisse de 50 ans (2005)
- Mozambique
- Mozambique : c'est Noël chaque fois...
- La Likouala au Congo
- Kinshasa :Actions qui engagent
- Madagascar : à Noël 2007...
- Guinee : l'Afrique c'est aussi un potentiel humain...
- FANO : Apport du christianisme.
- Mauritanie : Un "was neïes" (quoi de neuf?).
- Réunion : Une paroisse "historiquement" engagée.
- Algérie : Non! le peuple ne se résigne pas.
- F.O.I.: transition, espoir, relance...
- Bénin : Tanguieta - vers les communautés de base
- Congo : Ouesso - espérances et difficultés
- Gabon, PAC : objectifs témoin et homme
- (1) Ce cahier est un composé d'extraits de correspondance de missionnaires travaillant dans
le pays indiqué.
-(2) Le dossier est une reprise d'articles de spiritains parus dans
Missi Nø85 (1er trim. 2004) avec l'aimable autorisation des responsables
Retour Sommaire Afrique ***
../.. page1
|