Cahier Afrique ()


 
ETINCELLES
et SERVICES
en CENTRAFRIQUE


Ce titre souligne des aspects de la vie de l’Eglise en Centrafrique. Missionnaires, nous y sommes attentifs avec les communautés et leurs expériences de vie. Petitement et patiemment, l’Evangile est à l’œuvre !





Etincelles

C’est la feuille de liaison de Caritas-Bangui. Le Père Yves Gautier, Spiritain, qui a plus de 50 ans de présence en Centrafrique, relève ainsi une foule de petites choses qui soutiennent la vie de personnes en très grandes difficultés.


CARITAS-BANGUI N°86
novembre 2008 -

Enfants-sorciers.
Comment oser juxtaposer ces deux mots, "enfant" et "sorcier" et pourtant, à Bangui, on ne surprend personne quand on parle des "enfants-sorciers"; le monde des esprits est toujours très présent en Centrafrique. De plus en plus souvent, on montre du doigt des enfants-sorciers dans les quartiers de notre grande ville, garçons ou filles, même très jeunes si leur petite enfance a été quelque peu perturbée. Ainsi j'ai sur mon bureau la photo d'une petite fille de 6 ou 7 ans, celui qui me l'a donnée a bien dit: "c'est une sorcière ". Pauvre petite sorcière! Je lui cherche un parrainage. .
Parfois de jeunes gamins se prennent au jeu, et ils sont prêts à soutenir qu'ils ont vécu les aventures les plus invraisemblables, transport dans les airs, rassemblement avec d'autres sorciers. Ils sont heureux d'être interrogés, de se singulariser, d'avoir de l'importance, sans se rendre compte combien ce jeu, dans l'ambiance générale de peur latente qui règne à propos de toute sorcellerie, est terriblement dangereux. Pour beaucoup de personnes de leur entourage, ils sont vraiment nocifs et nuisibles : on les accuse d’être responsables de tous les malheurs qui nous tombent dessus. Puisque ces enfants sont habités par un esprit mauvais, on cherchera à s'en débarrasser; il est même arrivé qu'on les tue.
Nous ne devons pas l'oublier, la croyance aux sorciers fut, hélas, très active pendant des siècles dans tous les pays de l'actuelle Europe, et toujours avec des conséquences atroces. Savez vous que la chasse aux sorcières a sévi cinq longs siècles, du XIIIème au XVIIème, faisant des milliers de victimes, la plupart vouées au bûcher. Ce fut un épouvantable abcès du christianisme. J'ai dans ma bibliothèque un livre terrible "le marteau des sorcières " de Jacques Spenger et Henry Institoris, le manuel du parfait inquisiteur, une horreur puissamment raisonnée. Si on a le courage de le lire, il fait frémir.
Pour terminer sur une note positive, je connais des Centrafricains qui sont, remarquons-le, généralement des Centrafricaines, qui ont accueilli dans leur famille, l'un ou l'autre de ces enfants.

CEB et les enfants de la rue
Ce titre devrait être tout un programme d'action
Qu'est ce qu'un C.E.B.? Une Communauté Evangélique de Base. Ces Communautés sont de petites assemblées où les fidèles les plus engagés concentrent leurs efforts et leurs prières pour que la vie de nos quartiers soit vraiment chrétienne, marquée par l'Esprit du Christ.
Or, dans notre grande ville de Bangui, des centaines d'enfants appelés godobés sont livrés à eux-mêmes et, le soir, ils dorment sur le trottoir. On admet beaucoup trop facilement cette quasi institution des enfants de la rue. Parmi les tâches imparties aux C.E.B., le salut de ces enfants devrait tenir la première place. On rêve d'une ville de Bangui où il n'y aurait plus un seul enfant dans la rue car les CEB, aidées de tous les groupes paroissiaux, ont réalisé une grande œuvre : leur réinsertion dans des familles.
Ces "godobés" en effet viennent de chez nous, de nos quartiers où il y a nombre de groupes religieux.
Sommes-nous conscients de notre responsabilité? Nous connaissons chacun de ces enfants et nous connaissons ce qui reste de leur famille. En fait, une fois dans la rue, ils sont rejetés, on veut les oublier et ignorer le phénomène. Le Seigneur n'est pas de cet avis, et il a des paroles fortes: "malheur à ceux qui scandalisent ces petits" Quel groupe, après la lecture de l'Evangile, osera attaquer ce vrai sujet? Un, exemple: nous connaissons tous Jean, le fils de Kossi, mort il y a 6 mois, Jean vient de quitter sa tante pour vivre dans la rue. Nous connaissons très bien, Jean, la tante, le reste de la famille. Nous devons tout faire pour que Jean retrouve une vie normale. Quel groupe de la paroisse peut s'en occuper?

Qui est Koundé Reni? (copie conforme du texte)
C'est un petit garçon, orphelin total, qui a l'âge de 10 ans maintenant. Il a vécu auparavant avec son grand-père décédé en 2002. Il est resté seul avec sa grande sœur qui devait avoir 12 ou 13 ans. Vu leur situation, ils sont adoptés par une famille d'accueil, mais cette famille est très limitée dans les moyens financiers pour répondre à tous les besoins, surtout suivre l'Ecole et connaître son origine.

Parrainage-Oubangui.
Nous cherchons à mettre en place un parrainage. Parlons-en un peu. Il y a trois éléments essentiels:
1 En Centrafrique, il y a un enfant, particulièrement démuni
2 En France, il y a une famille capable de l'aider et qui veut.s'y intéresser.
3 N'oublions pas, indispensables, ceux qui travaillent à établir un minimum de connaissance et de relation entre France et RCA et qui facilitent aussi, l'organisation de l'entraide matérielle. De part et d'autre il faut des noms et un minimum d'informations.
Savez vous que j'ai sur mon compte en banque les premiers versements des amis de France, mais je n'ai pas encore les 12 photos que nous devons envoyer pour nouer le parrainage,
Vous connaissez les tâches les plus urgentes auprès des enfants :
Assurer la scolarité (Inscription, vêlements, matériel scolaire, assurance..,.)
Intervenir en cas de maladie
Question des loyers
Les nécessités de la vie au jour le jour
Une question délicate demeure: aider un enfant, c'est plus ou moins obligatoirement aider la famille! !

Les enfants des oblates de Notre-Dame de Lourdes
Le 7 octobre est la tète de N.D. du Rosaire ; mes voisines, les Oblates de N.D de Lourdes, m'ont demandé de célébrer la messe dans leur chapelle. Les six Oblates étaient là. Au premier regard je reste quelque peu étonné: il y a des enfants partout. Les plus âgés doivent avoir 15 ans, le dernier et tout nouvel arrivé d'hier, compte à peine deux mois. La semaine dernière nos Oblates ont réceptionné deux nouveau-nés. Personnellement je suis partagé entre l'admiration et l'indignation. Pas question de refuser un de ces petits que les services de la maternité leur envoie car il n'y a personne pour s'occuper de ces bébés. Pourtant, il y a des limites. Je connais les intermédiaires qui leur ont amené ces enfants, particulièrement la "Voix du Cœur" avec qui elles travaillent beaucoup, mais la capacité d'accueil me semble largement dépassée. N'y a- t-il pas aussi la " Maison de la Mère et de l'Enfant " destinée à recevoir ces enfants abandonnés.
Mes Sœurs Oblates commencent à frapper à ma porte pour les urgences. Hier, l'une d'elle m'apporte des ordonnances pour l'un des derniers à avoir intégré leur maison, un bébé de 3 mois; il y a tout une liste de médicaments. Ce soir l'économe me demande l'achat de lait pour la confection des yaourts qu'elles revendent. Il y a tant à faire dans une pareille famille!

Une manifestation d'harmonie inattendue
Encore un chemin de paix modeste mais fort : dans le Nouvel Observateur de fin Août, le grand chef d'orchestre Daniel Barenboeim parle de cet orchestre bien particulier qu'il a créé. Il est entièrement et volontairement composé de musiciens juifs et de musiciens arabes. Barenboeim le présente en expliquant " quand on joue de la musique, il faut faire deux choses: s'exprimer mais aussi écouter l'autre, les autres ". N'est-ce pas le bon tracé d'un chemin de paix?

Nouvelles de l'Eglise à Bangui.
Les journées diocésaines, ont eu lieu du Mardi 20 au Samedi 24 septembre. Ce fut la remise en route des paroisses et des mouvements regroupés 4 jours autour de leur Archevêque. Une assemblée de sept à huit cents personnes, moyenne d'âge 30 ans environ. Ils représentaient les 25 paroisses du Diocèse et la trentaine de Mouvements ou Fraternités reconnus. J'aimerais donner le ton de cette grande réunion d'une simple phrase, " ils en veulent". Quelles capacités d'action et de dévouement dans une telle assemblée !
Les religieux, de leur coté, quelques jours après, commémoraient l'arrivée du premier missionnaire, il y a seulement un peu plus d'un siècle, 104 ans exactement. Dans tout ce pays que nous appelons maintenant la Centrafrique, il n'y avait alors ni une croix, ni un évangile, ni un chrétien. Les premiers missionnaires partaient vraiment de zéro. Au souffle de l'Esprit, quel travail a été accompli!


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" Etincelles ", Feuille de liaison de Caritas-Bangui.
Yves Gautier: BP 798 CF Bangui. Tel: (236) 21617981 et, portable: (236) 75.041060.
CCP: Gautier Yves: La Source Etablissement 20041 Guichet 01012 N° du compte : 3938427P033 clé Rip 65
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