« Un bon Indien est un Indien mort » : l’adage bien connu au Brésil en dit long sur le sort réservé aux premiers habitants du pays. Ils étaient 5 à 6 millions à l’arrivée des premiers colons. Massacrée, soumise à l’esclavage et victime des épidémies, la population amérindienne du Brésil a été réduite à 100 000 autour des années cinquante. Il faut attendre 1988 pour que la Constitution brésilienne reconnaisse officiellement l’organisation sociale spécifique des peuples amérindiens, leurs langues, croyances et traditions ainsi que leurs territoires qui se doivent d’être délimités et respectés.

La Conférence des évêques du Brésil n’a pas attendu cette reconnaissance officielle. En 1972, elle crée le Conseil indigéniste missionnaire (CIMI) dont la prélature de Tefé est l’une des premières à utiliser les services. Jean Robson Pinheiro est l’actuel coordinateur du CIMI de la prélature. Il dispose de 3 équipes qui sillonnent la région pour localiser les besoins de la population indigène en matière de santé, d’éducation ou de défense de leurs droits. Une équipe forme des agents de santé, en vue essentiellement d’éradiquer les cas de malaria, tuberculose et rougeole, des maladies importées contre lesquelles les Indiens ont peu de défenses naturelles. Une autre équipe se charge des affaires juridiques en matière de droits indigènes et des questions économiques. Elle a ainsi enseigné aux tribus éloignées des fleuves comment améliorer leur pêche, la commercialiser et tirer plus d’avantages de leurs plantations à cycle court (en dehors des périodes annuelles de crues). Des actions qui sont nécessaires car la Fondation nationale des Indiens (FUNAI) chargée de la vigilance et de la légalisation des terres indigènes est mal organisée. Aujourd’hui 3 300 Indiens parlent 9 langues et vivent dans 75 communautés sur l’ensemble du territoire de la prélature de Tefé. Au total, 817 000 Amérindiens de 230 ethnies sont recensés au Brésil, soit 0,43 % de la population. Le nombre d’Amérindiens résidant en ville est en augmentation. 61,7 % vivent encore en zone rurale, principalement en Amazonie brésilienne. On estime qu’il existe au Brésil 77 ethnies (constituées parfois de quelques individus) n’ayant toujours aucun contact avec la société moderne.