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Australie  
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Transmettre la Parole de Dieu constitue le sommet et la motivation principale de la présence des missionnaires dans les paroisses. Mais ils ne peuvent pas le faire seuls. Une collaboration avec les laïcs, le lien avec l’évêque du lieu, l’apprentissage des langues et une immersion dans la culture du pays sont indispensables.

Témoignages et annonce de la Parole


L’engagement du P. Paul Hopper à la paroisse de Kings Wood – banlieue pauvre à l’ouest de Sydney où se sont installés un grand nombre de nouveaux migrants – lui a permis de comprendre qu’en raison d’un manque de suivi pastoral, l’animation de la paroisse s’affaiblissait de plus en plus. « Et le seul moyen que j’ai trouvé pour la relancer », dit-il, « c’était de mettre en place des cellules d’évangélisation sous la forme des communautés chrétiennes de base. Des laïcs s’entraidaient pour prendre en charge des activités pastorales, ce qui permettait d’avoir une continuité, même en l’absence du prêtre. » Au bout de quatre ans, les paroissiens et les nouveaux arrivants ne venaient plus à la paroisse comme quelqu’un qui va chercher un service dans une station d’essence. Ils avaient développé un sentiment d’appartenance à une sorte de famille élargie. « Dix ans après, j’ai quitté la paroisse pour Port Macquarie, au nord de Sydney, où je me suis engagé dans un ministère auprès des personnes âgées », conclut le P. Hopper.
Toujours au sud-est de l’Australie (dans le diocèse de Melbourne), travaillent deuc spiritains nigérians : les PP. Bernard Amah (56 ans) et Chinua Okeke (46 ans). Insérés en ministère paroissial à Broadmeadows, banlieue au nord de la ville, ils sont, tous deux, engagés auprès d’une population pauvre et multiculturelle dont plus de 50 % est issue de l’immigration. Selon les chiffres d’un recensement de 2011, la plupart sont venus d’Iraq, de Turquie, du Liban, d’Inde, du Vietnam, de plusieurs pays d’Amérique du Sud, d’Afrique et d’Asie.
Ils appartiennent à des religions différentes (30 % musulmane, 24 % catholique, 8 % anglicane) 9 % sans religion et autres pour le reste. Sur l’ensemble de cette population, plus de 13 % sont au chômage, surtout parce qu’ils ne parlent pas bien l’anglais et qu’ils n’ont pas de qualification professionnelle. Certains sont encore considérés comme réfugiés.
Pour y intégrer tous les catholiques, les messes sont célébrées en anglais, en espagnol et en vietnamien. De plus, en collaboration avec un conseil pastoral très actif, les deux spiritains organisent des temps de formation pour les jeunes et pour les adultes. Ils essaient aussi de mettre en place un lien social afin de soutenir les plus pauvres, mais ils se heurtent au problème majeur de la drogue dans cette banlieue. C’est une sorte de plate-forme où des substances nocives circulent à plein régime jour et nuit.
Dans le quartier, il existe aussi une prison, située sur un ancien terrain militaire, où sont enfermés des clandestins. Les catholiques viennent à la messe le dimanche, accompagnés par les responsables de la prison. Les prêtres leur rendent visite un mardi par mois, surtout pour un temps de prière ou d’échange.
Du côté de Newcastle (Nouvelle-Galles du Sud) Å“uvre le P. Philippe Doyle (Irlandais, 77 ans) qui, après plusieurs années en ministère paroissial à Melbourne (Victoria) et à Mont Baker (Australie occidentale), constate que Â«â€‰la mission spiritaine évolue et doit s’adapter à l’aujourd’hui de notre monde ». Et il ajoute : « Notre rôle, en Australie, n’est pas seulement d’évangéliser le peuple aborigène mais de nous tourner vers tous les Australiens et de semer des graines de réconciliation afin que chacun puisse comprendre le sens d’un vivre ensemble dans le respect de la dignité humaine. Cela n’a aucun sens de cheminer uniquement avec les Aborigènes en oubliant d’éveiller la conscience des autres Australiens sur les problèmes qui séparent les deux camps. »
Dans le diocèse de Bunbury (Australie occidentale) se trouvent deux confrères : les PP. Peter Njau (Tanzanien, 53 ans) et John Brown (Irlandais, 65 ans). Le premier est en mission dans les paroisses de Katanning, de Kojonup et de Broomehill. Celle de Kojonup a commémoré ses cent ans en 2013. Au cours de la célébration présidée par l’évêque du lieu, Mgr Gérard Holohan, sept jeunes de l’école Saint-Bernard de Kojonup ont été confirmés. C’est dans une ambiance de jubilé qu’une centaine de fidèles de la communauté des paroisses se sont rassemblés autour de leur évêque pour marquer ces événements avec solennité et repas de fête.

Aumônerie de la mer
C’est un centre situé dans la ville de Port Hedland, au bord de la mer. « Ce lieu permet aux marins de descendre à terre et d’avoir d’autres contacts que celui du bruit des machines dans les navires où ils passent parfois jusqu’à 9 mois en mer loin de leur famille. Nous y assurons une présence humaine et spirituelle », souligne le P. John, prêtre rédemptoriste qui assure un ministère de collaboration avec les spiritains à la paroisse Saint-Cecilia (Port Hedland) et participe à l’accueil de marins.
Lors d’une visite de l’aumônerie avec le P. January Mkude, l’un de spiritains au service des marins, nous avons rencontré M. Garry South, un aumônier anglican. Ce dernier constate que « les marins ont besoin d’avoir des contacts avec d’autres personnes à terre parce que rester en mer pendant presque une année, voire plus, peut être très ennuyeux. Il arrive qu’un certain nombre de marins tombent malades. D’autres peuvent connaître la dépression, d’où l’importance d’un centre d’accueil comme celui-ci ».
Posant les pieds sur terre, ils en profitent pour consulter Internet afin de communiquer avec leurs familles. En même temps, leur arrivée au port a des retombées économiques vu ce qu’ils dépensent sur place. Ils prennent également le temps de prier dans la chapelle mise à leur disposition. Un dimanche après-midi, il y a eu un débarquement de plusieurs marins philippins, et le P. Mkude a présidé une eucharistie dans la chapelle du centre avec eux. On a pu lire sur leurs visages la joie de ce moment de prière en dehors du navire.


Curé des paroisses et aumônier de deux écoles catholiques, le P. Njau accompagne les professeurs aussi bien que les élèves dans leur cheminement spirituel et éducatif. Il prend le temps de rendre visite aux parents d’enfants qui étudient dans ces écoles afin de les sensibiliser aux valeurs chrétiennes auxquelles les écoles catholiques sont attachées mais aussi à la qualité de l’éducation dispensée. Les visites de malades, de prisonniers et une présence bienveillante à l’écoute de chacun font également partie de ses priorités dans l’animation paroissiale.
Le deuxième confrère, le P. John Brown, Å“uvre quant à lui, dans les paroisses de Mont Baker, de Denmark et de Walpole où il est assisté par deux diacres permanents, MM. Chris Colman et Terry Quinn. Cette communauté de paroisses couvre de longues distances entre les clochers avec des forêts à perte de vue, mais il y a peu de fidèles à l’exception de l’église Sainte-Marie de Denmark où, parfois, des célébrations avec une animation pour les enfants peuvent être prévues. Cela encourage les jeunes parents à y participer avec leur progéniture.
En plus de ses activités pastorales, le P. Brown assure un travail de guide sur les sites historiques, notamment Mollyalup et Albany, où les pas des missionnaires de Libermann ont précédé la présence spiritaine en Australie.
Enfin, le P. Jude Agorchukwu (Nigérian, 53 ans) s’occupe de trois clochers : Newman, Tom Price et Paraburdoo dans le diocèse de Geraldton (Australie occidentale). Ce sont des communautés multiculturelles composées de Philippins, de Nigérians, de Zimbabwéens, de Sud-Africains, de Papous ou d’Australiens. Parmi eux, plusieurs vivent ce que l’on appelle en Australie « Fifo/Dido » (Fly in fly out/Drive in drive out) : ce sont des employés qui prennent l’avion ou leur voiture pour venir travailler dans les mines pendant au moins trois semaines, puis rentrent chez eux pour une semaine, puis reviennent de nouveau.
D’ailleurs, ces paroisses, en particulier celle de Newman, participent aux œuvres de charité en soutenant par exemple les missionnaires spiritains dans le monde. Les fidèles, conscients de la pénurie de prêtres, ont pris l’habitude de s’organiser entre eux pour assurer les célébrations dans leur église tous les dimanches, qu’il y ait un prêtre ou pas.
La reconnaissance de Mgr Justin Bianchini, évêque de Geraldton, pour le travail effectué par les spiritains dans son diocèse couronne la liste de témoignages des confrères. Ce diocèse couvre une superficie de 1,3 million de km2, avec une population de 120 000 habitants dont 28 000 catholiques pour seulement 10 % de pratique. Il y a douze paroisses. Certaines sont éloignées de 600 km. Près de 1 000 personnes sont des musulmanes. Pour cette raison, « le dialogue est un mot d’ordre pour nous, ce qui nous permet de promouvoir une collaboration avec d’autres religions et confessions », rappelle Mgr Bianchini.
Et il ajoute : « La vision du diocèse de Geraldton est celle de devenir une communauté qui accueille, célèbre la présence du Christ et vit une vocation qui traverse les distances et la diversité des cultures. Malgré des ressources en personnel et des finances limitées, nous annonçons l’évangile en collaboration avec les missionnaires – dont les spiritains – dans les lieux isolés. Nous assurons une présence non négligeable auprès du peuple aborigène et auprès d’une population multiculturelle. Ce qui est intéressant pour nous, c’est que les missionnaires sont prêts à aller travailler et à développer des projets là où les diocésains n’arrivent pas à fournir du personnel de manière continue. »
Mgr Justin Bianchini conclut son témoignage en affirmant : « Nous sommes assurés presque à 100 % que si un missionnaire part, un autre vient le remplacer, ce qui serait difficile pour les diocésains, vu le manque de vocations sacerdotales. Et pour avoir une insertion réussie dans la culture australienne, nous insistons pour que les missionnaires apprennent les langues du pays et prennent le temps de l’observation afin de bien comprendre les gens et de mieux travailler avec eux. »
 



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