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Une Pentecôte afro-brésilienne
Chaque année, à
Contagem, dans l’État de Minas Gerais, la paroisse du
Saint-Esprit célèbre une Pentecôte aux allures baroques.
La tradition populaire du Divino encadre le rite romain de
l’Église catholique.
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«
Divin Esprit, céleste et saint, vous
n’êtes pas une personne royale de la terre, mais bien une
colombe ! » Le message est inscrit sur la banderole tendue
au-dessus de la tribune où bientôt la messe de Pentecôte
sera célébrée sous un soleil brûlant, près
de 3 heures durant. Arrivent, en procession, les délégations de
chaque quartier de la paroisse. Une salve éclate. Un couple
couronné, revêtu de pourpre, précédé de
percussions d’origine africaine, s’avance. C’est
l’empereur et sa femme. Ils ont été choisis par tirage au
sort, l’année précédente, pour présider les
réunions et les activités organisées dans leur quartier
pour financer la grande fête du Divino. Un long mât, brandissant
en son sommet la bannière de l’Esprit Saint, est levé. La
messe peut commencer. «
Du temps où il était privé de
liberté et du secours des prêtres, rappelle en introduction
le P. Ezenaldo,
le peuple a maintenu sa foi et sa religiosité
grâce à la tradition du “Divino
” qui
aujourd’hui encore lui permet d’exprimer sa dévotion
à l’Esprit Saint. »
«
L’Esprit de Dieu m’a envoyé
proclamer aux captifs la délivrance » (Lc 4, 18).
Selon des recherches historiques, du temps où la moitié de la
population était réduite en esclavage (jusque vers 1888), les
confréries placées sous la protection du Saint-Esprit
accueillaient tous les catholiques qui désiraient y entrer sans
distinction de sexe ou d’origine sociale. Déjà élu
par tirage au sort, l’empereur du «
Divino » était choisi parmi de simples
laïcs. Nous sommes au temps de l’empire du Brésil. Le peuple
transfère ainsi la symbolique du pouvoir impérial sur l’un
des siens. On comprend pourquoi, dans plusieurs régions du
Brésil, cette tradition reste si populaire parmi une population
où 60
% sont
d’ascendance africaine. Depuis plus de vingt ans, les Pères
spiritains, en unissant cette tradition religieuse populaire à la foi
catholique, permettent aux fidèles d’exprimer,
conformément à leur sensibilité culturelle, leur
aspiration à une vie digne et libre..