Petit pays
« Petit pays, je t’aime beaucoup. Petit, petit, je l’aime beaucoup, chantait avec douceur et nostalgie Cesaria Evora, la célèbre chanteuse cap-verdienne disparue en 2011, Là -haut dans le ciel, tu es une étoile qui ne brille pas. Ici dans la mer, tu es du sable qui ne mouille pas. Éparpillée de par le monde, roche et mer, terre pauvre remplie d’amour… »
Affaibli par un long voyage, M
gr Bessieux est l’un des rescapés d’une belle aventure missionnaire qui donne encore des fruits aujourd’hui. Installé, dès le début, à Sainte-Marie, lieu où est érigée la cathédrale de Libreville, il rencontre les habitants de la côte pratiquant les religions traditionnelles, peu réceptifs à l’Évangile. Il comprend très vite que l’annonce de la Parole doit passer d’abord par l’éducation et par des actions concrètes en lien avec la population, comme la construction, la plantation et l’élevage.
À cette époque, l’accès vers l’intérieur du pays ne pouvait se faire que par voie fluviale. Les spiritains implantent des missions à proximité de la côte puis au bord des fleuves. Ils forment des jeunes et des catéchistes sur lesquels ils s’appuient pour l’annonce de l’Évangile. L’évangélisation prend racine au Gabon et se développe. En 1899, 55 ans après l’arrivée des spiritains, le premier prêtre gabonais est ordonné.
Aujourd’hui, plus de 95 % des paroisses de ce pays sont l’œuvre de spiritains. Le souffle donné par M
gr Bessieux gonfle encore les voiles d’un bateau toujours en mouvement. D’après une note de M
gr André-Fernand Anguilé, ancien archevêque de Libreville : « 
Mgr Bessieux reste un modèle d’homme de foi, engagé et dévoué pour le service de la mission, une flamme de Dieu qui ne s’éteindra point parmi nous. »
Le Gabon fait partie de la fondation spiritaine Gabon-Guinée équatoriale. Et pour le P. Emmanuel Ndong Mezui, supérieur de la fondation, « 
l’éducation est la meilleure façon de continuer à y rendre visible la présence spiritaine ».
Les îles du Cap-Vert ne sont pas facilement repérables sur le grand planisphère. Seuls, quelques points à la surface de l’océan Atlantique indiquent leur présence, à 500 km des côtes du Sénégal et de la Mauritanie. Découvertes en 1456, elles commencent à être peuplées quelques années après. Colonie portugaise jusqu’en 1975, le petit pays doit sa prospérité, durant les XVI
e et XVII
e siècles, au commerce des esclaves provenant d’Afrique puis, au XIX
e siècle, à l’ouverture des lignes transatlantiques, le port de Mindelo – dans le Nord – servant d’escale pour le ravitaillement des navires.
SĂ©cheresses et migration
Une première sécheresse frappe le pays en 1747. La déforestation et les cultures intensives ont supprimé la végétation nécessaire pour conserver l’humidité ; les vents de l’harmattan charriant la poussière de sable du Sahara, de novembre à mars, dessèchent les récoltes. Les grandes sécheresses de 1941, 1942, 1945 et 1946 vécues dans l’indifférence internationale générale, au moment où le pays est complètement fermé aux étrangers, sont restées gravées dans la mémoire collective. Elles ont provoqué plus de 20 000 victimes, sur une population de 150 000 habitants. « 
Nous sommes les damnés du vent d’est ! écrit le poète Ovidio Martins (1928-1998). En notre faveur, il n’y a pas eu de solidarité, les foyers ne se sont pas ouverts pour nous abriter, les bras ne se sont pas tendus fraternellement vers nous. […] Nous sommes les damnés de la terre ! Les hommes ont oublié de nous appeler frères et les voix solidaires que nous avons écoutées ne sont que les voix de la mer qui a salé notre sang… »
S’ensuivent des départs massifs, clandestins, vers le Sénégal, puis vers la France, les Pays-Bas et la Belgique mais, auparavant déjà , d’autres vagues migratoires ont eu lieu. À partir de 1810, les baleiniers venant du Massachusetts et de Rhodes Island recrutent des matelots sur les îles de Brava et de Fogo. En 1866, l’abolition de l’esclavage entraîne la ruine économique du pays et provoque une émigration libre en direction des États-Unis ou, forcée, vers les colonies portugaises de São Tomé et d’Angola.
Le Cap-Vert en chiffres
Superficie : 4 033 km
2
Population : 523 568 hab.
Capitale : Praia (127 800 hab.)
Moyenne d’âge : 71 ans
Langues : portugais et créole
Taux d’alphabétisation : 89,4 %
Catholiques (92,9 %)
Autres Églises : 2,6 %
Musulmans : 2,8 %
Diocèses : 2
Prêtres diocésains : 17
Prêtres religieux : 35
Religieux : 42
Religieuses : 134
Aujourd’hui, quatre des douze îles produisent de l’agriculture. Barrages et eau de mer dessalée essaient de pallier les pénuries d’eau ; des plantations massives d’acacias freinent l’érosion ; les aides alimentaires ont éradiqué la famine. Mais le Cap-Vert continue à être une terre d’émigration, qui a toutefois diminué ces dernières années. Les ressortissants vivant à l’étranger (États-Unis, Portugal, France, Luxembourg, Pays-Bas, Sénégal, Suisse, Angola, São Tomé et Principe) sont plus nombreux que les locaux. On estime à 700 000 le nombre de Cap-Verdiens vivant à l’étranger pour 500 000 résidant au pays.
Identité culturelle métissée
Dans un pays peuplé, à l’origine, de navigateurs, de colons ou d’esclaves arrachés à leur liberté, pays servant d’escale, d’entrepôt ou de pont entre l’Afrique et le reste du monde, l’exil pour fuir la misère ou connaître l’autre bout de la terre semble s’inscrire dans l’ordre naturel des choses. La mentalité insulaire pousse au voyage. Si certains Cap-Verdiens se définissent facilement comme « citoyens du monde », ils n’en restent pas moins très attachés à leur pays, à leur terre ou à leurs racines. La culture de ce pays, si proche du continent africain, n’est pourtant pas africaine. On ne retrouve pas les divisions ethniques ou linguistiques propres aux populations d’Afrique. Elle résulte plutôt d’un métissage d’origines portugaise et africaine comme l’atteste parfaitement le créole cap-verdien, la langue parlée par tous les habitants. Celle-ci est considérée comme la plus ancienne de toutes les langues créoles parlées dans le monde. Celle en usage au centre de l’île de Santiago serait la plus proche de ses racines africaines. La musique et les danses, aux appellations si évocatrices, l’attestent également : le funaná, la coladeira, la morna, la mazurca, le batuque ou la tabanca.
Ouvert sur l’extérieur
Le Cap-Vert est « 
une parabole ouverte vers la mer et ouverte vers la terre », observe le P. Custodio Ferreira Campos (87 ans, soixante ans de présence au pays). Notre richesse est notre pauvreté : on demande de l’aide et on en reçoit ! » Le Cap-Vert est, en effet, considéré comme un bon élève des organismes internationaux, dont il sait exploiter les aides au développement. Le tourisme, avec 500 000 touristes par an, la pêche et l’émigration sont les trois sources principales de revenus du pays. Les gens sont accueillants et bienveillants envers les étrangers de passage. Le pays reste ouvert aux influences du monde extérieur, notamment la partie nord de l’archipel. Des accords commerciaux viennent d’être signés avec l’Union européenne. Les régions de Ribeira Grande, Santiago et Santa Catarina do Fogo sont membres de l’Association internationale des régions francophones, et les municipalités de Praia et São Vicente font partie de l’Association internationale des maires francophones.
Une population catholique très majoritaire
L’histoire du catholicisme se confond avec l’histoire du pays, dès le début de son peuplement. Après une période de déclin, l’Église catholique reprend de la vigueur grâce à l’arrivée des capucins et des spiritains, en 1941. Ces derniers ont évangélisé la population de l’île de Santiago, la plus grande et la plus peuplée de l’archipel. Ils ont édifié l’Église locale. Actuellement, les spiritains provenant du Portugal ne sont plus que sept. La plupart, fort âgés, doivent laisser la place à leurs jeunes confrères originaires du pays, qui ne sont que trois, présents au Cap-Vert ; les autres sont encore en mission à l’étranger et l’un d’eux, M
gr Teodoro Tavares, est évêque auxiliaire de Bélem au Brésil. Ils devront, avec l’aide d’autres confrères venus d’Afrique, préparer l’avenir de la présence de la Congrégation au Cap-Vert, à un moment où le clergé local se renforce et reçoit les paroisses fondées par leurs aînés spiritains. Les spiritains sont encore chargés de quatre paroisses : Órgãos, Pedra Badejo, Calheta et Cidade Velha.